« Ils m’ont exclue…. »
« Bien qu’ayant participé à la catéchèse préparatoire à la communion, le curé a refusé parce qu’ll fallait attendre un an … je ne me suis jamais permise de communier par la suite… ».
Quelle souffrance : « Nous avons de l’eau, du pain et nous ne donnons pas à boire à celui qui a soif ou est affamé dis-je »……
C’est autour de 2 catéchumènes que nous avons échangé après les interventions du Père Evêque… Des questions étaient posées : « qu’est-ce qui m’a mis en route ? » « Qu’est-ce que je retiens de l’intervention du Père Evêque ? » « Qu’est-ce que j’ai le plus de mal à quitter ? ».
L’Esprit-Saint emprunte des chemins imprévus….
En effet, nous étions un petit groupe autour de E…. la dame catéchumène que nous accompagnions. Au moment du 6 X 6, je voulais tourner ma chaise vers le rang derrière –j’y avais remarqué un monsieur au visage étranger – peut-être Irakien ? Et je pensais que l’écouter et parler avec lui, changerait du parcours des « autochtones ! »
S…. à côté de moi me fait la réflexion : « Reste là, les personnes qui sont devant tournent leurs chaises »… ( mission du frère ?).
Nous commençons l’échange : » Ce qui m’a mise en route dit E….. c’est le désir du Baptême et une rencontre où j’ai compris que l’on pouvait demander le Baptême à n’importe quel âge… ». « Moi, c’est aussi ce désir de participer à l’Eucharistie alors que mes parents m’avaient fait baptiser lorsque j’étais bébé »….V… est accompagnée de son père, de sa mère et de son époux.
Un même parcours semble-t-il, au moins, 2 parcours que l’on peut croiser : L’une E…est née dans un foyer d’Evangélistes et c’est la seule enfant du couple qui n’a pas reçu le Baptême.
Pourtant ? Mariée avec un catholique – pas trop pratiquant, mais qui tient à faire baptiser ses 3 enfants et plus tard à leur faire faire le parcours catéchétique et la « communion »- elle accepte de bon cœur. Pendant la catéchèse de ses enfants, elle participera avec une autre dame aux séances de catéchisme – pas baptisée et déjà « porteuse de la Parole de Dieu pour les enfants confiés ! ».
Je reconnais-là, son honnêteté foncière… Elle dit souvent qu’à cette époque, elle n’a pas trop le temps de « penser à elle » et à ses « états d’âme »: le travail de mère de famille, la vie d’épouse, le travail professionnel, prennent tout son temps… Elle a en elle ce désir, « il manque quelque chose » – elle exprime cela comme ça-et la vie passe, les enfants grandissent, son mari décède alors que les enfants sont juste élevés, puis il y a les petits enfants…Un jour, la rencontre avec une petite sœur de l’Agneau lui fait comprendre qu’elle pourrait demander le Baptême, même à son âge. Elle entreprend le cheminement….
V… a un chemin différent, elle aussi ressent un manque » c’est la même expression. Elle a été baptisée bébé. A l’âge de la catéchèse, ses parents essayent de l’inscrire. Mais problème : dans la journée, elle est confiée à une nounou dans la ville où sa Maman est infirmière en centre psychiatrique (c’est dans département voisin). Les personnes qui accueillent cette demande disent qu’il n’est pas possible de l’inscrire dans les groupes puisqu’elle ne réside pas dans cette ville ou paroisse.
Dans la ville où la famille réside, elle ne peut être inscrite puisqu’elle est absente au moment où ont lieu les rencontres (elle est chez la nounou, toute la semaine, ne revenant que le soir). Elle n’a donc pas fait de catéchèse, donc pas d’Eucharistie ! – à l’époque on disait plutôt, pas de communion.
Les accompagnatrices que nous sommes se sont un peu étonnées de voir qu’une porte c’était fermée en raison d’un problème administratif de résidence ????? Y-a-t-il eu assez de dialogue avec la famille ??? « Ils m’ont exclue, dit cette jeune femme ».
Je me risque à lui dire, « il y avait de l’eau, vous aviez soif et vous n’avez pas pu boire !! » : souffrance très vive encore, elle a pleuré.
A ce moment là, la Maman, présente à l’appel décisif et fort intéressée, nous explique « son problème personnel ». Elle aussi a été baptisée bébé, elle a participé à la catéchèse avec ses/son ? frère et sœur, elle faisait partie d’une fratrie – je n’ai pas compris si elle avait un frère et une sœur plus grands ou seulement un frère. Quand est arrivé le moment de la communion, la maman a demandé (sans doute pour ne faire qu’une fête « que les enfants fassent leur communion ensemble » peut-être pour une bête question financière, je ne sais – nous n’avions que 6 minutes de 6 X 6 –en tous cas le prêtre a refusé et la maman « s’étant disputé avec Mr le Curé, les enfants n’ont pas fait leur communion – porte fermée là aussi-
Je me suis aussi risquée à dire : Ce que l’on appelait la profession de foi, c’était une sorte de rite de passage… « Au fait l’Eucharistie, c’est une récompense ou bien une nourriture. Vous n’avez jamais communié par la suite ? » « Je ne me suis jamais permise de communier ! » « Mais puisque vous aviez participé à la catéchèse ? Ce qu’on appelait la communion c’est une porte ouverte, le premier repas d’une nourriture de toute la vie. Là aussi, j’ai osé dire d’aller voir le curé actuel de lui exprimer son désir et, probablement après un petit « recyclage » (car l’Evangile n’est pas compris de la même façon quand on a l’âge adulte que lorsqu’on est enfant) « vous pourrez communier »…je crois qu’elle a parlé de « libérée ou libération », elle m’a embrassée.
Tout ceci s’est passé très vite, pas le temps de demander des précisions sur la catéchèse suivie, sur les dialogues qui avaient pu avoir lieu ou non entre les parents et les curés ou personnes accueillantes aux inscriptions de KT.
J’ai senti cette très grande souffrance traînée longtemps…. Ces désirs que l’on porte pendant une partie de sa vie sans oser les exprimer et les années passent…Mon expérience d’accompagnement de quelques malades mourants m’invite à être très attentive à ce genre de problèmes existentiels, difficiles à « gérer » au dernier moment – je sens cela sans savoir trop bien le verbaliser pour être comprise…..
Et quand la question se pose : « qu’est-ce qui est le plus dur à quitter ? » « La colère vis à vis de ceux qui m’ont fait mal ». Réponse de l’une des catéchumènes, là il y a le pardon et la confiance.
La rencontre était terminée, je ne garantis pas tous les termes de cet échange, cela a été rapide. Voilà ce que j’ai retenu et exprimé avec mes mots. En tous cas, les expressions fortes : « ils m’ont exclu » « je ne me suis jamais permise de communier » et « la colère vis-à-vis de ceux qui m’ont fait mal » et « ça me manque » sont les termes employés. Etant données les réactions des personnes, je ne crois pas avoir trahi ce qu’elles ont dit.
Il m’a semblé important toutefois de pouvoir donner quelques pistes d’ouverture à tout cela même si nous avons surtout écouté.
QUELLE BELLE JOURNEE AVEC VENT, PLUIE, GRELE, TEMPETE……Mais chez moi un grand SOUFFLE DU SAINT-ESPRIT est passé qui m’invite à l’ESPERANCE et j’en rends grâce, c’est sans doute cela être EVANGELISE ….
Michelle MARTIN