L'église saint Martin de Carvin

Présentation de l'église et de son histoire

Saint Martin a vécu au IV° siècle: né vers 316 à Saboria en Pannonie (Hongrie et Slovénie actuelles, sur la rive droite du Danube) Il est mort en 397 à Candes en Touraine. Enrôlé à 15 ans comme légionnaire, il se fait baptiser à 18 ans à Amiens où il avait partagé son manteau. Ordonné prêtre à Poitiers; élu évêque en 371. Il a effectué des tournées missionnaires permettant l’organisation des paroisses rurales et de monastères. Pour mémoire St Piat a vécu au 3° siècle. St Martin et St Piat ont du passer sur la route devant l’église. St Piat a été martyrisé à Seclin, à l’emplacement de la zone industrielle située sur Wattignies.

 

L'église Saint Martin

L’église actuelle, rare monument survivant des édifices baroques du nord de la France, est dans le style de la Renaissance néerlandaise. Elle fut construite au 18° siècles en remplacement de l’église romane datant du 13° siècle qui a brûlé en 1640 et 1656, elle-même construite sur les fondations d’un oratoire élevé par St Martin en 380. Elle a été classée monument historique en 1921 et restaurée de 1957 à 1960.

 

Description

 

Son large vaisseau, divisé en 3 nefs et 5 travées par 8 colonnes ioniques en pierre de Soigny est du type “ Église Halle ”. Nef centrale avec voûtes en berceau portant à l’avant dernière voûte des armes taillées dans la pierre et difficilement lisibles. Bas-côtés de même hauteur en voûtes d’arêtes. Le chœur, éclairé par deux couples de vitraux superposés.


Côté évangile
• Saint Mathieu en haut: lance, hache, bourse, homme
• Saint Marc en bas lion
Côté épitre
• Saint Jean en haut: calice empoisonné, chaudière d’huile bouillante, aigle
• Saint Luc en bas: boeuf
Six pilastres corinthiens en bois supportent une corniche circulaire.
Dans le cul de four du fond, une peinture murale, découverte au cours des travaux de restauration, représente Saint Martin, évêque, qui domine, majestueux, cette église qui lui est dédiée. Cette fresque naïve est un rare témoin de cet art du milieu du XVIII ° siècle.

 

 

A remarquer dans cette église

 

Les stalles et boiseries du chœur de style Louis XV
La chaire en chêne
Le maître autel de marbre blanc devant une peinture (Nativité) signée Van Mine 1757
Le carrelage du chœur, milieu XIX° , avec sa grande étoile à 12 pointes, reproduisant celle de la nativité à Bethléem.
La table de communion en chêne sculpté et historié: la Cène (autel actuel recto-verso) insignes du pape, des évêques, emblèmes eucharistiques.
-Les pierres tombales au pied des autels de Notre-Dame et Saint Joseph . On remarque à droite de l’autel de Saint Joseph la sépulture d’un sieur Martin de Robespierre. A gauche, la pierre tombale de Antoine de Dourges (1766) où des fouilles (Novembre 59) firent découvrir des ossements, un caveau et plus bas des tuiles romaines.

 

Les vitraux
côté gauche( du fond vers l’autel) : Annonciation, Adoration des mages, Crucifixion, Ascension, Assomption.  Côté droit ( du fond vers l’autel.)Saint Charles Borromée communiant les pestiférés de Milan. Saint Louis , roi de France, apportant la couronne d’épines. Saint Félix de Nole préférant la palme des martyrs à la crosse. Saint Jules I° Pape accueillant Saint Athanase. Saint Martin partageant son manteau ( portant la date 1937 et la signature Magne ).


Les tableaux
Au-dessus de l’autel de la Sainte Vierge, copie de la crucifixion de Rubens. Au-dessus de l’autel de Saint Joseph, Saint Martin défenseur des opprimés devant l’empereur Valentinien à Trèves.
Le vestibule ( sous la tour ) en pierres blanches et en briques plates qui a l’allure d’une salle de garde fortifiée à la Vauban avec une fausse clé de voûte à trappe.
La chapelle Sainte Philomène (liste des soldats de Carvin tués pendant la guerre 14-18)
Dans la chapelle des fonts baptismaux, bustes reliquaires en bois de Saint Martin soldat de Saint Bernard.
A droite du petit portail, la plaque funéraire du Frère Martin, instituteur, mort en odeur de sainteté.

 

A l'extérieur de l'église


En sortant, admirer la tour qui abrite un carillon de 22 Cloches.
Au-dessus du portail encadré par quatre pilastres toscans, la statue de Saint Martin.
La galerie du 3 ème étage avec sa balustrade dorique.
Au-dessus des cadrans de l’horloge, les armes des Melun, comte puis prince d’Epinoy “d’azur à sept tourteaux de gueule posés trois, trois et un, et au chef d’or” plus couronne ducale, plus lambrequins de prince.
Sur le cadran sud, la date de 1748, date de la fin de la construction de l’église.
A l’étage supérieur sur chaque face, trois arcades en plein cintre imitées du style roman de Vézelay.
Sous les pots à flammes de la balustrade supérieure, face sud, la date 1702, fin de la construction commencée vers 1690.
 

Histoire locale au sujet de l'église
 

 

Après les incendies de 1640 et 1656 , il ne restait que les trois nefs recouvertes d’une toiture provisoire. En 1666, l’épouse de Guillaume de Melun, Louise de Béthune est enterrée dans l’église ainsi que ses descendants. Guillaume de Melun se remarie en 1668, avec Pélagie Chabot de Rohan. A sa  mort en 1679, Guillaume est enterré auprès de sa 1ère épouse, Louise de Béthune. ( Leurs corps seront déterrés pendant la révolution en 1793, pour récupérer le plomb et les autres métaux, précieux ou non). Pour honorer son époux, Pélagie Chabot de Rohan décide de reconstruire la tour de l’église.


Financement: adjudication des parts de marais pour 10 ans. Les Princes d’Epinoy sont propriétaires du tiers des marais. En 1698, mort de Pélagie Chabot de Rohan
En 1702, fin de la construction de la tour. Martin de Robespierre, arrière-grand-père de Maximilien est parrain de la grosse cloche. En 1704, mort de Louis de Melun sans descendance.
De 1701 à 1712, guerre de succession d’Espagne
De 1708 à 1712, Carvin est occupé par les impériaux, le pays est ravagé.
1712, victoire de Denain-fin de la guerre.
1730, affermage des marais. Revenu des marais: 110 000 livres
Des pierres tombent, la nef est en danger. .


1735, seconde adjudication 39 977 livres. Emprunt à 4,5 % jusqu’en 1760.
En mars 1732, l’Abbaye de Saint Pierre de Gand, propriétaire de l’autel depuis 994 a accepté de prendre à sa charge la construction du chœur et de la sacristie. Du 1er 9 septembre 1732, démolition jusqu’aux fondations.
9 septembre 1732: pose de la 1ère pierre. 1735: pose de la charpente.
En 1737, il reste encore 18 000 livres à payer pour les affermages. Les revenus des marais sont engagés pour payer la construction de la tour et de la nef.
1748: fin de la construction, date dans l’horloge ( face sud ), .

 
1793: tous les objets du culte sont envoyés à Arras pour être monnayés ainsi que tout le mobilier et 3 cloches sur 4. La 1ère élection municipale a lieu dans l’église. La maison échevinale voisine devient la mairie jusqu’en 1932. 1794: installation du télégraphe Chappe sur la plate-forme de la tour jusqu’en 1846. La1ère transmission annonce la victoire de Condé sur Escaut en 1794


8 Octobre 1914: les Allemands arrivent à Carvin. 7 Février 1917: temps très froid. La sentinelle sur la plate-forme de la tour se réchauffait avec un brûlot. Geste maladroit ou volontaire, le brûlot est tombé, le feu s’est propagé dans la tour, les cloches sont tombées. 15 Octobre 1918: les Allemands veulent faire sauter la tour. Ils ne l’ont pas fait à Carvin mais l’ont fait à Seclin.


Les vitraux de St Martin avaient été soufflés par les différentes explosions d’obus. Après la guerre, les baies étaient neutres. Les vitraux actuels furent installés en 1937 et en 1956.
 

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 6419 visites