Jean-Marie Vianney

Curé d'Ars

Saint Jean-Marie Vianney (1886-1859)
 

Une formation laborieuse

 

St Jean-Marie Vianney St Jean-Marie Vianney  Jean-Marie Vianney est né en 1786, juste avant la Révolution, et fut témoin des tensions entre le pouvoir et l'Église, alors que sa famille cachait des prêtres clandestins. Ainsi, Jean-Marie recevra sa première communion dans la clandestinité. Le jeune campagnard, qui n'a jamais fréquenté l'école, voudrait devenir prêtre pour guérir les âmes privées de l'Evangile et des sacrements mais son père est réticent.

 

En 1805, à 19 ans, son père l'autorise enfin à rejoindre le curé d'Écully, Monsieur Balley, qui prend en mains sa formation tardive. En 1809, il est recruté dans l'armée de Napoléon mais parvient à s'échapper. A vingt ans, il commence ses premières études, mais il est si peu doué pour les études que le séminaire de Lyon, où il a fini par entrer, décide de le renvoyer en 1813. Monsieur Balley continue à le soutenir et à l'instruire, si bien qu'après un nouvel examen, il est ordonné prêtre en 1815, à 29 ans à Grenoble... Durant trois ans il consolide sa formation en restant vicaire auprès de M. Balley. À la mort de ce dernier, en 1818, il fut nommé sur la paroisse d'Ars-en-Dombes, où il devait demeurer le restant de ses jours, soit 41 ans.

 

On peut dire que, s'il fut admis à la prêtrise, c'est parce que l'Église de France, sortie exsangue de la période révolutionnaire, manquait de pasteurs et devait combler les vides de toute urgence. La paroisse d'Ars était restée huit ans sans messe et sans curé; on répétait: « Laissez une paroisse 20 ans sans prêtre et on y adorera les bêtes! »

 

Ars, est un tout petit village de 230 habitants, à 40 km de Lyon. Jean-Marie Vianney y restera jusqu'à sa mort. Sa bonté, la joie dont il rayonne, ses longues heures de prière devant le Saint-Sacrement, impressionnent peu à peu ses paroissiens. Pour écouter, réconforter et apaiser chacun, il reste jusqu'à seize ou dix huit heures par jour au confessionnal. Pendant les dernières années de sa vie, jusqu'à 100.000 pèlerins viendront chaque année pour entendre une parole de réconfort et de paix de la part de ce curé ignorant de tout, mais non pas du cœur des hommes ni de celui de Dieu. Complètement donné à sa tâche pastorale, épuisé, il aura ce mot vers la fin de sa vie : « Qu'il fait bon de mourir quand on a vécu sur la croix. ». Il est exaucé le 4 août 1859 quand il meurt à l'âge de 74 ans.

 

De la simplicité à la célébrité

 

Les gens d'Ars furent vite gagnés par la bonté de leur curé. Constatant qu'il ne prenait pas de servante, qu'il ne dînait pas au château, qu'il ne vivait pas avec ses confrères, ils apprécièrent sa proximité, sa pauvreté de vie et sa piété: longtemps agenouillé devant le tabernacle, il les persuade que leur église n'est pas vide et qu'ils peuvent y rencontrer Dieu personnellement présent. Interrogé sur l’environnement des objets sacrés autour du Saint Sacrement ne dira-t-il pas « rien n’est trop beau pour le Seigneur ».

 

Les signes de pauvreté qu’il a manifestés contrastent fort avec les manières de vivre du haut clergé et de nombreux curés. Les reproches faits par les canuts de Lyon sont-ils sans fondement quand ils chantent : « Pour chanter Veni creator, il faut avoir chasuble d’or. Nous en tissons pour vous gens de l’Eglise mais nous pauvres canuts n’avons pas de chemise… » Il faudra du temps pour que l’Eglise découvre ce qu’est la proximité avec les hommes au travail dans l’industrie naissante. D’autres prêtres feront ce travail, comme le bienheureux Antoine Chevrier à Lyon (1826-1879). Tous deux se sont rencontrés, et le curé d’Ars n’a pas hésité à encourager son jeune confrère dans son ministère.

 

Jean-Marie Vianney regroupe des jeunes filles dans une confrérie du Rosaire, fonde une école et un orphelinat, désapprouve les bals et les cabarets. On dit même qu’il soudoyait les musiciens pour qu’ils fassent demi-tour. Il incite les paroissiens à prier tout en travaillant aux champs. « Le respect humain était renversé, témoigne Catherine Lassagne. On avait honte de ne pas faire le bien et de ne pas pratiquer sa religion. »

 

 Bientôt la réputation de sainteté se répand au-delà de Lyon; Ars devient un lieu de pèlerinage. Ce ne sont plus les missionnaires qui parcourent les villages, ce sont les affamés de Dieu qui affluent vers le missionnaire dont la mission s'exerce surtout par le sacrement de réconciliation: il écoute chacun dans le secret, apporte le réconfort, le pardon de Dieu et des conseils pour mieux vivre. Et ceci durant des heures, jusqu'à l'épuisement. Au début de son ministère, il prêchait une spiritualité sévère héritée de son maître, Monsieur Balley : le pécheur doit se rendre digne des sacrements. Peu à peu, il infléchit sa pastorale dans le sens de la douceur et de la consolation: le sacrement permet au pécheur de rencontrer Dieu et d'être sauvé.

 

Si Pie XI l'a proclamé « patron des curés de l'univers» (23 avril 1929) c'est parce qu'il témoigne que la mission du prêtre n'est pas d'être un homme surdoué, mais un homme donné, qui devient l'instrument de Dieu au service de tous.

 

Un pèlerinage pour les prêtres est prévu, les 17-18 et 19 mai 2009 à Ars et Limonest, pour honorer Jean-Marie Vianney et Antoine Chevrier, deux prêtres contemporains du XIXème siècle

 

Benoit XVI a décrété l'année 2009-2010 année sacerdotale. Lire la lettre du cardinal Hummes