Formation catéchuménat
Rencontre annuelle des accompagnateurs de catéchumènes
Relire l'accompagnement avec le texte Actes 8, 26-40 et le Père Marxer, directeur adjoint du Service National de la catéchèse et du catéchuménat
Une quarantaine d’accompagnateurs de catéchumènes se sont retrouvés se samedi à la maison diocésaine d’Arras pour la journée de formation diocésaine annuelle.
Rentré tout récemment de la conférence des évêques Français à Lourdes, Monseigneur Jaeger a ouvert la journée en partageant leur réflexion sur la nouvelle évangélisation. Dans le contexte de la société actuelle, il nous a redit l’appel fait à chacun d’oser innover en Eglise. Il a remercié les accompagnateurs pour la mission qu’ils assurent auprès des catéchumènes du diocèse.
Tout au long de la journée, le Père Philippe Marxer, directeur adjoint du service national de la catéchèse et du catéchuménat, a ensuite guidé la réflexion proposée pour cette journée à partir d’un module de relecture extrait du document national pour les accompagnateurs de catéchumènes : « Rencontre avec Jésus le Christ ».
P Philippe Marxer Le Père Marxer nous a proposé de relire nos accompagnements à la lumière du texte Ac 8, 26-40, la rencontre de Philippe et l’Eunuque. Dans une démarche toute ignacienne, il nous a proposé de « vérifier » que notre chemin aux côtés des catéchumènes s’inscrivaient dans une fidélité qui appelle un regard aiguisé sur ce que nous faisons :
- Une fidélité qui nous inscrit dans une forme de contrat envers la personne accompagné et notre témoignage du Christ ressuscité, à l’instar de Philippe qui part « sans rien » d’autre que cette expérience de la résurrection du Christ ;
- Une fidélité qui nous fait entrer avec le catéchumène dans des relations ecclésiales et communautaires, en baptisant l’Eunuque, Philippe lui permet d’entrer dans cette d’appartenance ;
- Une fidélité à la tradition de l’Eglise dans laquelle s’inscrit la démarche catéchuménale. « Comment croire si personnes ne me parle du Seigneur ? » demande l’Eunuque.
Pour le Père Marxer, cette fidélité appelle des qualités de posture dans l’accompagnement telles la constance, le respect et l’audace.
En nous appuyant sur ces différents points, il nous a montré que la relecture est un travail profond qui met sans cesse en mouvement ce que nous faisons :
- en identifiant la teneur de notre accompagnement : A quoi préparons-nous la personne, à une vie chrétienne ou uniquement au baptême ?
- En construisant avec d’autres un itinéraire qui s’adapte aux besoins de la personne accompagné ;
- En évaluant le chemin parcouru à la lumière de différents indicateurs :
· Comment permettons-nous à la personne de grandir humainement ? Comment distinguons-nous, dans le cheminement, la juste place de chacun – accompagnateur, catéchumène, prêtre, communauté… Quel est notre rapport au réel : le chemin est ce qu’il est et non ce que nous voudrions qu’il soit…
· Nous engageons notre image dans l’accompagnement. Comment gérons-nous l’écart qui existe parfois entre notre propre désir et les besoins réels du catéchumène ? Comment gérons-nous les difficultés parfois rencontrées (par exemple la frustration de « mal faire »…) ? Comment parvenons-nous à faire de nos « chutes » des moments féconds ? Comment usons-nous du « pouvoir » que nous avons dans l’accompagnement ? Ne cherchons-nous pas, inconsciemment souvent, une forme de reconnaissance ?
· Comment lions-nous notre action à la tradition de l’Eglise ? Comment faisons-nous ce que nous faisons au nom d’un Autre, par Amour ? Comment permettons-nous à la personne de se sentir aimée pour elle-même ?
Après un temps d’appropriation personnelle de ces éléments, un temps de partage en petits groupes de nos accompagnements a permis de mettre en évidence nos découvertes et questions dont voici quelques échos :
Quelques découvertes :
- Nous sommes passés ici de relire le cheminement du catéchumène à la relecture de notre propre cheminement à travers l’accompagnement.
Partage en groupe 2- Ne pas vouloir aller trop vite, respecter le rythme de chacun. Il nous faut garder à l’esprit que le temps est important.
- Intérêt d’accompagner à plusieurs.
- Le sacrement n’est pas toujours la réponse au désir de la personne en demande.
- Transmettre la Parole, c’est transmettre à travers elle l’Amour de Dieu.
Quelques questions
- Comment discerner ? De quel droit pouvons-nous le faire ?
- Les catéchumènes ont soif de découvrir, parmi les paroissiens beaucoup sont plutôt consommateurs, comment permettre qu’ils se rejoignent ?
- Comment faire évoluer les demandes qui se font d’abord par tradition ?
Le Père Marxer a repris ces découvertes et questions en les reliant au texte d’Ac 8, non pas en nous apportant des réponses, mais en nous renvoyant à nous-mêmes pour les « creuser »…
Quelques éléments de sa réflexion :
- Philippe part « sans rien » et interroge l’Eunuque : « Connais-tu ce que tu lis ? »…Comment situons-nous le catéchumène dans une interrogation et non en partant de nos propres évidences ?
- Philippe monte dans le char et s’assoie à côté de l’Eunuque… Montons-nous dans le char de la personne que nous rencontrons ou la faisons-nous monter dans le nôtre ?...Sommes-nous assis à côté ou nous situons-nous en vis-à-vis ? La posture est différente…
- Philippe part du passage de l’Ecriture pour annoncer la Bonne Nouvelle… Comment partons-nous de l’Ecriture et non des problèmes de certains des catéchumènes pour permettre à la celui-ci un recul qui l’aidera d’avantage à avancer ?
- L’Eunuque demande à Philippe : « Dis-moi de qui parle le prophète ? De lui-même ou de quelqu’un d’autre ? »… Et nous, que donnons nous à croire au catéchumène ? S’agit-il de faire croire quelque chose à quelqu’un, ou de lui permettre de croire ?
- Nous n’avons aucun droit de juger si ce n’est comme Dieu, avec Amour. Nous avons à discerner ensemble de façon juste, non pas entre ce qui est bien ou mal, mais entre le bien et le mieux.
- Quels moyens prenons-nous et quand partageons-nous avec la communauté ce que nous vivons du cheminement d’un catéchumène ?
En fin d’après midi, la rencontre a été portée dans un temps de prière. Chaque accompagnateur a pu entrer dans un geste symbolique face au livre de la Parole et à un livret où avaient été rassemblés des récits d’accompagnement rédigés pour cette journée.
Au nom du Père Jaeger, le Père Marxer et le Père Jacques Dubois ont remis à chacun une Parole d’encouragement du Père Evêque. Le Père Marxer a terminé cette journée en nous inscrivant dans la continuité de Saints qui ont marqué la tradition de l’Eglise : Saint Augustin, Thérèse d’Avila… Nous invitant comme eux, à toujours chercher Dieu et à faire sa volonté, par Amour.