réserves de charité ?

libérer de l'énergie pour la fraternité, l'Évangile et la mission !

correction fraternelle correction fraternelle  La situation géopolitique internationale crée de fortes tensions sur l'approvisionnement en énergie. On nous invite à prendre des mesures pour en consommer moins et on se demande si nous pourrons passer l'hiver sans accroc. Le temps est à l'économie et à la constitution de réserves.

Ne serait-il pas temps aussi de constituer des réserves de charité ? Dans un monde qui a perdu ses certitudes, une Église bousculée et, alors que septembre est le temps des nouvelles missions qui commencent, certaines communautés connaissent de sérieux soubresauts.

Il est normal, en famille, qu'au moment de certains changements, des explications soient nécessaires. Et la communion à laquelle nous sommes appelés autour du Christ ne signifie pas que nous devions toujours être d'accord sur tout. La correction maternelle, celle à laquelle Jésus invite entre frères et sceurs (cf. Mt 18,15-18), fait également partie de l'exercice de la charité dans la vérité.

Cependant cela ne peut se vivre n'importe comment. Il me semble que deux petites attentions pourraient éviter bien des violences et nous aider à constituer de véritables réserves de charité :

— Renoncer définitivement à cliquer sur "réponse à tous" quand on reçoit un mail qui concerne des personnes ou des situations.

Si on a quelque chose à dire à un frère ou à une soeur, on le lui dit, on ne rend pas tout le monde témoin. Si possible même, on va le rencontrer face à face. Et si on doit en avertir l'autorité, on contacte celle-ci sans inonder la toile de ses remarques. De telles attitudes détruisent la charité et nuisent à la justice. Elles relèvent de la lâcheté ;

Renoncer définitivement aux lettres anonymes. Je suis surpris de leur récente inflation. Peut-on espérer que nous soyons une authentique communauté fraternelle, clairement blessée et pourtant en espérance de vérité dans la charité, dans la grâce de son Seigneur ? Est-ce le signe que nous n'osons plus risquer une parole, que nous n'avons plus confiance en ceux qui portent une responsabilité, que nous avons peur les uns des autres ? Nous avons besoin de guérisons. Demandons-les au Seigneur avec insistance.

Ces deux attentions pourraient nous permettre d'emmagasiner de la charité, d'en accroître nos réserves. Elles nous donneraient d'éviter bien des conflits inutiles, bien des enlisements de situation et des dérapages si destructeurs. Et de libérer de l'énergie pour la fraternité, l'Évangile et la mission !

Bonne rentrée

 

+ OLIVIER LEBORGNE,

Évêque d'Arras, Boulogne et Saint-Omer