"Je vous souhaite à tous la paix, intérieure et extérieure, entre vous et pour toujours !"

Souhait de X. , musulman syrien, lors du temps fort du 11 novembre après-midi à Bapaume "Faites la Paix"

Ce voeu très fort vient d'un ingénieur dans le génie civil, professeur en université, accusé de terrorisme dans son pays natal, la Syrie. Il a osé enseigner à ses étudiants :
"Un crime commis par qui que ce soit, même par le président Bachar El-Assad, n'est pas admissible. Personne n'a le droit d'ôter la vie à quelqu'un ! Il n'y a que Dieu qui  peut nous priver de la vie."   X. nous a parlé de sa peur, pour lui-même et pour sa famille, en Syrie : il risquait d'être enlevé à tout moment.


X. :  " La paix est une question pour nous les Syriens. Quand va-t-elle advenir ? Que faire pour qu'elle se réalise ? Ca nous dépasse ! Les civils qui ont subi des massacres ne trouvent plus la paix. Ce matin, j'ai assisté aux commémorations de la fin de la première guerre mondiale et j'avais l'espoir d'assister, un jour, à Alep, à de telles manifestations. On doit casser les barrières entre les peuples. Il n'y a pas de différence entre nous et vous."


Arrivé en France, X. a subi une greffe de cornée. Il ne connait pas son donnateur. Il sait que c'était un jeune homme décédé récemment. " Quelle était sa nationalité, sa culture, sa religion, sa couleur de peau, je ne le sais pas." dit X. "Tout ce que je sais, c'est que ce jeune homme avait un coeur immense puisqu'il m'a fait ce don. Je prie pour la paix de son âme. C'est une question de partage. On est tous dans le même bateau. La religion ne doit pas nous diviser mais nous aider à faire grandir la paix."


En 2015, X. a lancé un appel au secours sur internet. Y. qui l'avait déjà rencontré auparavant, y a répondu en l'aidant à venir en France avec sa famille. Une amitié forte est née entre eux.


Y. :  " Etre en paix, ce n'est pas être toujours d'accord sur tout, sinon le monde serait plat ! La rencontre  permet de s'enrichir des différences mutuelles. Dans notre métier ( X. et Y. travaillent ensemble) nous sommes amenés à rencontrer des personnes de toutes religions, de toutes cultures : c'est une richesse !"


X. :   " La question de l'amitié est essentielle. Y. est plus qu'un ami. Il y a deux mois, ma mère restée en Syrie m'a dit de saluer Y. de sa part parce qu'il est MON frère. La fraternité, on peut la lire sur les frontons des mairies mais la vivre, c'est autre chose. Je vous souhaite à tous la paix, intérieure et extérieure, entre vous et pour toujours (...) Arrivé en France, j'ai eu la chance de tomber sur des personnes qui m'ont aidé dans les démarches administratives. Des gens comme ça, il y en a beaucoup. Ils travaillent sans attendre de récompense. C'est un principe très sain. A nous de faire de même (...) Dans la bible comme dans le coran, l'amour de soi et du prochain sont essentiels. Notre religion nous demande de rendre cela concret dans la vie, ... en faisant aussi bien qu'on peut... alors, on peut se regarder en face dans le miroir. Chaque nuit, je dors comme un bébé. Je préfère ne voir que le bon côté de la vie."


Plus de soixante personnes se sont retrouvées, ce samedi 11 novembre, pour réfléchir, méditer et prier ensemble pour la paix. Avec X. et Y., puissions-nous prendre conscience que nous regardons vers les mêmes étoiles. Claude nous dit : "A la porte de l'église de St Etienne du Rouvray, où le père Hamel a été assassiné, un tableau peint par un ami musulman nous rappelle que nous pouvons porter un même regard d'espérance."
 

Article publié par Catherine Lux - Catéchuménat Notre Dame de Pitié du Pays de Bapaume • Publié • 2910 visites