4 questions à l’Abbé Merlier
Avec l’EAP, vous souhaitez relancer les célébrations de la parole, dans les deux paroisses dont vous êtes curé, Notre Dame de pitié et Notre Dame du Bois d’Arrouaise.
- Pourquoi ces célébrations de la parole qu’on appelait ADAP ont- elles été arrêtées ?
Les gens étaient habitués à l’eucharistie, comme un besoin personnel. Ils étaient habitués au rôle prépondérant du prêtre mais beaucoup n’avaient pas perçu l’importance du rôle de la communauté. Pour certains, à plus ou moins juste titre, il s’agissait d’accomplir un devoir au moins une fois par semaine, de confier ses peines au Seigneur. Il paraissait difficile de se confronter à la seule Parole de Dieu, qui leur semblait réservée à leur pasteur, au mieux à quelques chrétiens formés. De ce fait, les participants à ces ADAP (Assemblée Dominicale en l’Absence de Prêtre : façon bien négative de nommer les choses) étaient de moins en moins nombreux.
- Pourquoi les reprendre aujourd’hui ?
Tout d’abord, parce que la Parole de Dieu est essentielle pour la vie de tout chrétien : Parole étudiée personnellement, méditée, partagée en équipe, en communauté … Il ne s’agit pas d’accueillir un savoir mais d’entrer en relation avec Jésus qui est Parole du Père. « Au temps voulu, Dieu a manifesté sa Parole » Tite 1, 3 , cf : Jean 10, 37-38.
C’est cette Parole qui nous a donné la Parole de la consécration : « Prenez et mangez- en tous, ceci est mon corps ». Au moment où les ministres consacrés sont de moins en moins nombreux, il est important pour toute la communauté chrétienne, dans nos assemblées, de découvrir que la nourriture eucharistique est riche : la Parole, le Pain, la Communion fraternelle c'est-à-dire la communauté. Il est donc VITAL que cette dernière maintienne localement, ces rassemblements dominicaux.
- Seront-elles des ADAP bis ou seront-elles différentes ?
Redisons bien ici que le critère de nos rassemblements dominicaux ne sont pas un fait négatif, « une absence de prêtre », mais la présence dans nos quartiers et nos villages d’une communauté fraternelle, vivante, priante, formée et « présente aux hommes de ce temps » (concile Vatican II). Les chrétiens ont de multiples façons de se rassembler, de rendre grâce, de célébrer leur Seigneur, autres que le partage du Pain.
- Quels enjeux percevez-vous ?
L’enjeu de cette proposition, pour l’instant une fois par mois, est de ne pas fermer nos églises. Le clocher, mais aussi des visages fraternels sont le signe de la présence des chrétiens, en fait de la présence de Dieu, dans nos lieux de vie. Il est important que chacun mesure la profondeur de cette démarche communautaire et de se convertir à la volonté de Dieu, aujourd’hui.