Canonisation de Charles de Foucauld

Rome

Un message pour notre temps

 

Charles de Foucauld sera canonisé le dimanche 15 mai 2022 à Rome. Nous serons quelques-uns du diocèse à être présents place Saint-Pierre. Si cette canonisation a lieu maintenant, aux yeux de Dieu, elle doit avoir un certain sens pour notre temps.

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Charles_de_Foucauld_JC-removebg-preview Charles_de_Foucauld_JC-removebg-preview  Charles de Foucauld est issu d’une famille aristocratique dont les ancêtres remontent à saint Louis et dont la devise était : « Jamais arrière ». On comprend mieux le tempérament de feu de cet homme. En même temps, c’est un grand intellectuel qui a su mettre son intelligence au service des plus pauvres. On peut ajouter que ce fut un véritable explorateur, assoiffé de découvertes. On aurait pu croire qu’il resterait l’homme des châteaux ou l’officier, défenseur des valeurs patriotiques et colonisatrices. Il est devenu l’homme qui est allé à la rencontre de l’inconnu, de la différence, de l’étranger. Il a été un prêtre assoiffé d’absolu, un authentique missionnaire en terre d’Islam, vivant seul au milieu des pauvres. Finalement, il a su assumer les contradictions de sa propre histoire. Comme l’écrit Paul Claudel : « Pour comprendre une vie comme pour comprendre un paysage, il faut choisir le point de vue et il n’en est pas de meilleur que le sommet ».

 

À cause de Jésus et de l’Évangile

On pourrait résumer la vie de cet homme par cette phrase : « À cause de Jésus et de l’Évangile ». Parce que c’est toujours Jésus et l’Évangile que l’on reconnaît à travers les saints. La rencontre du Christ a bouleversé sa vie et en même temps, il a été habité par cette soif de la Parole de Dieu. Il a été un véritable amoureux de Jésus et c’est en se mettant à l’écoute de l’Évangile qu’il a découvert le cœur miséricordieux de Dieu.

 

Il a vécu intensément la vie cachée de Jésus de Nazareth. Il a été comme le grain de blé jeté en terre au cœur du désert, symbole de nos déserts humains. Et pourtant, sans voir l’éclosion de la Pentecôte, il a eu assez de foi pour en pressentir les fruits. Il a tenu bon dans la foi, espérant contre toute espérance, croyant que la fécondité de sa vie serait l’œuvre de l’Esprit Saint. Il avait assez d’humilité pour croire que la fécondité de Dieu traverse nos stérilités humaines. C’est ainsi qu’il a été un vrai missionnaire tout en restant le seul chrétien au milieu des populations musulmanes. Il a compris que la mission à l’exemple de la petite Thérèse qu’il découvrira en 1915, est toujours un rayonnement d’amour. Il ne s’est pas contenté de réaliser les œuvres de Dieu, il est devenu lui-même l’œuvre de Dieu. Il est passé par la Passion, avant de communier à la Résurrection du Christ et à la Pentecôte. C’est ainsi qu’il a vécu le Mystère Pascal, dans sa propre histoire. Peu à peu il a aussi découvert que Dieu écrit droit avec les lignes courbes de sa vie, parce qu’il a su, jour après jour, s’abandonner entre les mains du Père comme Jésus sur la croix.

 

L’offrande de sa pauvreté.

Il lui a fallu cinquante ans pour apprendre à recevoir de Dieu et des autres. Jusqu’alors il voulait se donner et donner aux plus pauvres. C’est parce qu’il a accepté de devenir pauvre lui-même qu’il a compris ce que veut dire être frère des petits. Comment être frère des petits sans devenir soi-même petit frère ? De même il lui a fallu presque cinquante ans pour se réconcilier avec lui-même sans renier ses racines. Il a pu assumer alors les failles de son histoire, de ses blessures affectives et psychologiques, des nuits de la foi qu’il a pu traverser, des lourdeurs institutionnelles et ecclésiales qu’il a pu rencontrer. À travers ces failles, l’Esprit de Dieu s’y est introduit et il a pacifié le fougueux « de Foucauld » de son Amour. Le Frère Charles n’est pas venu pour condamner l’histoire de son pays ni de cette terre d’Islam mais pour la libérer des forces des ténèbres. Il a voulu par l’offrande de sa vie imiter Jésus qui s’est offert pour sauver le monde. Il a voulu être une sentinelle de l’Invisible pour son temps. À une époque où la société vantait le progrès, la science et la puissance de l’atome et où l’Église de France se repliait sur elle-même et défendait ses institutions, il a su s’ouvrir à l’impossible de Dieu. Au moment où l’homme se faisait Dieu, il a cru en un Dieu qui s’est fait homme. Au moment où l’amour de la force et de la puissance, de la race et de la classe allait dominer le monde, il a cru à la force de l’amour humble et fraternel. Au moment où tant de catholiques français vivaient cette période de l’histoire comme un déchirement et une mort, il a cru que de la mort, même physique ou institutionnelle, la vie de Dieu peut jaillir. Car c’est toujours du côté blessé du Christ que jaillit la grâce. Et c’est encore dans les failles de l’histoire que ce soit celle de l’humanité ou celle de l’Église que Dieu inscrit sa présence.

 

Ce qui a unifié sa vie, c’est à la fois cet amour de Jésus et l’amour de ses frères en humanité, en particulier les plus pauvres de Tamanrasset qui étaient des esclaves et que l’on appelait « les harratins ». Comme il l’écrira, il a voulu voir en tout être humain, le visage du Christ, le visage du frère. Par toute sa vie, il a été solidaire des hommes de son temps. Finalement cet homme a été transfiguré par l’Amour de Dieu. Il suffit de regarder son visage. Mais pour se laisser posséder par l’Amour, il faut accepter sur cette terre de se laisser déposséder de soi-même. Peut-être que ce qu’a écrit Edith Stein, à propos de Thérèse pourrait s’appliquer à Charles : « Je me trouve devant une vie humaine, uniquement et totalement traversée jusqu’au bout par l’Amour de Dieu. Je ne connais rien de plus grand, et c’est un peu cela que je voudrais autant que possible transporter dans ma vie et dans la vie de ceux qui m’entourent ».

 

+ Jean Claude Boulanger

Évêque émérite de Bayeux - Lisieux

 

 

Charles de Foucauld (1858-1916)


À 6 ans, Charles perd ses parents et il est pris en charge par son grand-père. Au cours d'une adolescence difficile, il perd la foi et s'enfonce dans une vie de jouissance et de désordre. en 1876, il entre à l'école d'officiers de saint-Cyr et à 22 ans, il est envoyé́ en Algérie. De retour en France, touché par l'accueil de sa famille profondément chrétienne, il se met en recherche. en 1886, à 28 ans, il se convertit. Son existence en est complètement transformée et désormais il cherchera comment répondre par toute sa vie à l'amour infini de Dieu. Le frère Charles vit d'abord en ermitage.Au cours de ces années marquées par la prière et le silence, Dieu parle à son coeur. Il est ordonné́ prêtre en 1901 et part pour l'Algérie où il s'établit parmi les touaregs dans les montagnes sauvages du Hoggar. Au soir du 1er décembre 1916, il est pris en otage par un groupe de rebelles qui le tuent. Il avait 58 ans.

 

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Exposition - Sur les pas de saint Charles de Foucauld


Pendant le mois de mai 2022 La Cité de L’Évangile présente
une exposition sur Charles de Foucauld bientôt canonisé. À
coté de maquettes et panneaux on peut découvrir un DVD
avec 6 interviews historiques des disciples du saint.


Du mardi au samedi 14h-18h. Dimanche 15h-18h.
Cité de l’Évangile
59 rue de Gand 59000 Lille. 03 20 74 46 83.