Ecclesiam suam : son Eglise, l’Eglise de Dieu
Regards de Bénédicte Jacquemont, membre du service permanent de formation du diocèse
Paul VI a écrit cette encyclique juste après son élection, entre la 2° et la 3° session du concile Vatican II, au cours d’un pèlerinage en Terre Sainte.
Chaque pape procède ainsi : par une encyclique en tout début de pontificat il donne une orientation vers ce quoi il veut tendre. Une encyclique est une lettre solennelle du pape adressée à l’ensemble de l’Eglise ou à une partie dans un but d’enseignement ou de rappel de la doctrine de l’Eglise.
Ecclesiam suam, « son Eglise », rappelle que l’Eglise naît du dessein du Père par la mission du Fils dans le souffle de l’Esprit. L’accueil de l’Evangile par le monde n’est pas de notre ressort mais dépend de Dieu lui-même. Il s’agit de retrouver l’authenticité de la foi. De porter un regard positif sur l’Eglise, un regard plein de lumière et de vie.
Pour cela l’Eglise doit tout d’abord, prendre conscience d’elle-même. Autrefois, l’Eglise était toute puissante. Depuis Vatican II, elle se découvre humble et servante du Christ. Le concile a réveillé le caractère de vérité de la foi. Dans cette optique, Paul VI est très prudent. Lorsqu’il écrit cette encyclique, le concile n’est pas fini et il veut le laisser seul introduire de nouvelles règles dans l’Eglise. Ce n’est plus le pape qui décide seul !
Ensuite l’Eglise doit se dépoussiérer. Il ne s’agit pas de tout bouleverser mais de faire un nettoyage. Permettre une Eglise vivante répondant à un Christ vivant. L’Eglise doit donc réformer son fonctionnement. En prenant conscience d’elle-même, l’Eglise prend conscience de l’écart entre ce qu’elle est et le projet de Dieu. Dieu permet que l’Eglise soit constituée d’hommes pécheurs mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas la changer. Elle cherche donc à se renouveler pour cela elle regarde le monde autrement sans le rejeter ni l’aduler.
Et donc l’Eglise doit dialoguer avec le monde. C’est nouveau pour l’Eglise qui jusqu’à présent avait SA vérité. Le dialogue trouve son origine en Dieu trinité. Le dialogue est la communion entre le Père, le Fils et l’Esprit. Le dialogue découle de l’obligation d’évangéliser. L’Eglise doit se faire parole, message, conversation. L’Eglise doit dialoguer avec l’humanité toute entière : athées, religions non chrétiennes, autres chrétiens et au sein de l’Eglise elle-même. Et l’Eglise, c’est chacun de nous !
Le pape François, très admiratif de Paul VI, a écrit une lettre adressée au peuple de Dieu ! Il a renversé la hiérarchie en ne s’adressant pas d’abord aux évêques mais directement au peuple de Dieu. Le peuple de Dieu doit être le maître d’œuvre de la lutte contre le cléricalisme. C’est une révolution dans l’Eglise ! Il appelle à la conversion et à sortir du « On a toujours fait comme ça », à se laisser bousculer et à aller vers Dieu.