2019 : MPPM toujours sur la brèche...
Mindanao Poeple Peace Movement oeuvre toujours à la coexistence pacifique entre les communautés de l'île, où "la paix reste à construire". Un article de Ph. Revelli fait le point de la situation dans "Faim et Développement" n°311 (décembre 19)
"Bangsamoro : la paix reste a construire"
L'autonomie du Bangsamoro ("Le pays des Maures", dans l'ouest de l'île) entérinée par référendum en janvier 2019 ,génère pour le moment "autant d'espoirs que de doutes" quant à sa capacité "à favoriser la construction d'une paix juste et durable".
La nouvelle entité administrative dispose certes d'un parlement élu, de compétences et de ressources accrues. Reste maintenant à éviter les dérives qui avaient compromis la réussite de l'ancienne "Région Autonome" (1997-2014) : absence de contrôle démocratique, rivalités politiques, corruption, accroissement des inégalités.
Les djihadistes -qui avaient frappé fort à Marawi en 2017- sont toujours présents et actifs. C'est pourquoi la loi martiale en vigueur depuis trois ans a été reconduite . Mais cela contribue à la détérioration de la situation des droits de l'homme et restreint les capacités d'action de la société civile.
La politique économique de la nouvelle administration ne semble pas avoir comme premier souci les besoins des communautés rurales et la réduction des écarts de richesse; en fait, elle "se démarque peu des orientations résolument néolibérales mises en oeuvre depuis Manille". Tout est fait pour attirer les capitaux étrangers, entreprises agro-industrielles et compagnies minières en tête. Bangsamoro est concernée par le vaste programme de grands travaux d'infrastructures cher au président philippin Duterte: on prévoit ici la construction ou l'élargissement de 200 km de routes et de ponts . Ce qui devrait améliorer la liaison avec les autres provinces de Mindanao, mais aussi servir d'argument pour séduire des investisseurs, très attendus par les élites politiques.