Artisans de Paix : PIJCA Centrafrique

En cette année de célébration provinciale de la Paix ("Faites la paix"2018),n'oublions pas que la revue OKAPI consacre un numéro spécial à la situation et aux partenaires de Centrafrique...

 

On trouvera une présentation  cursive du numéro spécial d'OKAPI  sur ce site :

https://arras.catholique.fr/okapi-2018-ndspecial-disponible-centrafrique-avec-artisans-paix.html

 

 

 Une présentation plus étoffée , extraite de l'intervention de samuel Pommeret (formation DD62 /janvier 2018):

 

                        PIJCA Centrafrique : désamorcer la violence et préparer l'avenir"

         

         La Plateforme interconfessionnelle des jeunes Centrafricains  -PIJCA-  qui regroupe 18 associations, rassemble des jeunes des différentes religions unis par un même objectif : désamorcer la violence et préparer l'avenir. Ils ont fait le pari audacieux de  former des médiateurs capables d'agir localement.

             Ces associations viennent s'insérer dans un réseau complexe d'acteurs situés à des différents niveaux. On doit ici en citer quelques-uns. L'Archevêché de Bangui  et la Plateforme de paix inter-religieuse[8]; quand tout s'écroule, il reste l'Eglise, son inscription dans le paysage, sa capacité d'organiser, de mettre en réseau, de maintenir des liens et  d'ouvrir des possibilités de dialogue.  Les " personnalités de base"  - prêtres ou  pasteurs, imams, notables, chefs coutumiers et autres référents communautaires - souvent isolées, en quête de soutien, avec lesquelles il convient de travailler.

            Cela ne résume évidemment pas toutes les parties prenantes.  Impossible d'ignorer les combattants de l'ex-Séléka  aujourd'hui divisée, et des milices anti-balaka,  soit  autant de "seigneurs de guerre" plus ou moins  installés dans le "business de guerre". Ce qui rappelle opportunément que la manière de sortir d'une crise ne consiste  pas à faire la morale, mais à  passer des compromis et  à distribuer des intérêts; cela relève avant tout des instances politiques.

           Cela dit, il faut aussi "déconstruire" la guerre pour construire la paix; apprendre à "penser autrement". Et là, c'est  le registre  de  la PIJCA.  Personne ne naît combattant ; la guerre et la violence se construisent, dans les têtes. Alors il faut bien travailler sur les imaginaires, les habitudes de pensée,  les manières de voir et de dire ; travailler sur ce qu’Amin Maalouf a appelé les "identités meurtrières" [9] et se demander pourquoi l'affirmation de soi s'accompagne  de la négation d'autrui, constitué en  adversaire.  

            Quand on a connu que l'injustice et qu'on est attaqué  se développe vite un sentiment de repli sur ce qui ne peut pas vous être arraché -l'identité.  Celui qui est confronté à la violence développe en retour des réactions de  rejet, de détestation de l'autre et des aspirations à la vengeance: "on me tue pour ce que je suis, alors je tuerai l'autre pour ce qu'il est".  C'est bien ce que racontent les jeunes témoins  de la PIJCA présentés dans le numéro spécial d' OKAPI .Ainsi  Josette -21 ans , protestante-  quand  "mon grand frère a été tué à Km5 ,  j'ai été remplie de haine à l'égard des musulmans" , ou Carmelle -27 ans , catholique : "quand mon oncle a été tué , les parents ne voulaient plus entendre parler de réconciliation". Leur prise de conscience et leur engagement s'apparentent à une conversion.

         Les partenaires du CCFD qui  aident  les acteurs locaux à se décentrer, à penser la situation autrement, entreprennent une tâche nécessaire et difficile, à  la fois  pour eux et pour les participants. Oser réfléchir par soi-même, hors  de son groupe d'appartenance, c'est risquer de se mettre en danger par rapport à sa propre communauté. C'est affronter la complexité des sentiments humains  et  des réactions : un combat contre soi-même, ses propres colères ou ses certitudes, une confrontation  à l'incompréhension  des proches, à la méfiance  et à l'hostilité des adversaires."

 

                                                              MISE à JOUR (mars 2021 et janvier 2022):

 

Signalons l'article de Thierry Bresillon  (2016- mise à jour 2022):

"Centrafrique , témoignages de jeunes combattants pour la Paix"... qui expose la "trajectoire" d' Adja Hamat el Magido, Ed. Banguela, Barbara Semga et Djamila Lengue 

           https://ccfd-terresolidaire.org/centrafrique-temoignages-des-jeunes-combattants-pour-la-paix/

 

La revue du CCFD-TerreSolidaire:  "Echos du monde" (qui prend la suite de "Faim et développement") consacre un long reportage (cinq articles) à la situation actiuelle en république Centrafricaine et à l'action inlassable  de la PIJCA...

Notons le  beau portrait d'Adja Kadije (article de Gwenaëlle Lenoir, à qui on doit aussi la photo jointe), qu'on peut lire sur le site national https://ccfd-terresolidaire.org/nos-publications/edm/2021/316-mars-2021/en-centrafrique-adja-6896

 

Un article de Gwenaëlle Lenoir (chargée de mission)  écrit en  2021 (mis à jour 2022)  intitulé "RCA: Femmes médiatrices de paix" qui  donne une belle image , au féminin et très à jour : https://ccfd-terresolidaire.org/rca-femmes-mediatrices-de-paix/

 

 

Un podcast de 2'30 RCF : "comment les centrafricaines agissent en médiatrices de paix dans leur pays en crise" ( 2022)

https://ccfd-terresolidaire.org/comment-les-centrafricaines-agissent-en-mediatrices-de-paix-dans-leur-pays-en-crise/

 

 

Article publié par Guy Jovenet - CCFD Terre Solidaire • Publié • 811 visites