Hommage à Frère André Dagniaux
lors de ses funérailles
Frère Etienne-André Dagniaux +
Accueil Eglise Saint-Sauveur Arras, 21.07.2017
Pères,
Frères de la communauté de Roubaix,
Chers parents et amis,
« Ma demeure m'est enlevée, arrachée, comme une tente de berger,
Tel un tisserand j'ai dévidé ma vie, le fil est tranché »
Ces paroles de sagesse du prophète Isaïe me viennent en mémoire depuis lundi denier lorsque nous avons tous appris avec tristesse le départ de Frère Etienne-André pour la maison du Père. Assemblés en cette église Saint-Sauveur, frères, famille et nombreux amis de la paroisse, du quartier, du diocèse, de l'enseignement catholique, nous rendons grâce pour l'itinéraire d 'André.
André Dagniaux est né à Lille le 6 février 1931. Il voit le jour dans une famille de trois enfants dont il est le benjamin. Les liens familiaux demeurent importants comme en témoigne la présence, ce matin, de sa sœur , de ses neveux et nièces qui l'ont accompagné jusqu'à son dernier souffle. Nous leur témoignons notre respectueuse sympathie.
Comme il l'a écrit, sa vocation germe dans le cadre familial. Ses parents Jean et Simone soucieux de l'éducation des deux garçons les scolarisent à l'école Saint-Michel de Lille. Pour André, premiers contacts avec les frères des écoles chrétiennes qui le conduisent, encouragé par un cher frère zélé, au petit-noviciat d'Annappes à l'âge de 13 ans, puis au noviciat de Bettange au Luxembourg (1948) où il prononce ses premier vœux, avant de revenir en terre française pour le scolasticat de nouveau à Annappes .
Ses années d'études religieuses achevées frère Etienne-André reçoit une première obédience pour Arras Louez-Dieu. Il n'a que 21 ans lorsqu'il arrive en cette ville où les frères ouvrent une nouvelle école dans le faubourg Ronville, école qui prend le nom de Saint Jean-Baptiste de La Salle. Le jeune frère, encore peu expérimenté, part donc chaque matin, par tous les temps, de la communauté des Louez-Dieu pour traverser la ville, la voie de chemin de fer, en vélo, petite expédition quotidienne qui révèle son courage, son ardeur apostolique pour rejoindre les écoliers qui lui sont confiés !
Commence donc une première étape de vie d'un frère instituteur, sérieux, motivé, qui exerce avec fidélité son travail de 1952 à 1967, période entrecoupée par deux années de service militaire en Allemagne et Algérie (1955-1957). Dans un courrier de février de cette année, il m'écrit : « Après le service militaire prolongé , je m'engageais dans la ferveur et l'enthousiasme pour le service de Dieu et l'éducation des enfants. Je reprenais une école et une classe que j'aimais depuis l'ouverture le 1er octobre 1952. »
Mais, en 1967, surgit au cœur de Frère André comme un second appel : « J'éprouvais le besoin de me perfectionner dans le but de transmettre la foi chrétienne le mieux possible... » Il a 36 ans, quand lui sont accordées deux années de recyclage à l'école régionale de catéchistes de Lille. Sa formation validée par le diplôme de « catéchiste professionnel » en 1969, André va se consacrer totalement à cette nouvelle mission, en école et paroisse, répondant à ce que Saint Jean-Baptiste de La Salle demande à ses frères : donner une éducation humaine et chrétienne pour que les enfants deviennent de « véritables disciples de Jésus-Christ. »
Mais à Arras, l'engagement de frère André dépasse le cadre scolaire et paroissial il met ses talents au service du diocèse.
De 1982 à 1991, permanent de catéchèse, il œuvre au sein du service diocésain de catéchèse pendant vingt ans notamment comme formateur de catéchistes, puis élargit son horizon de jeune retraité en acceptant de se mettre au service de la Coopération missionnaire du diocèse. Dans ses responsabilités successives, il entretient des liens amicaux avec de nombreux prêtres , religieux, religieuses ou laïcs, les collaborateurs deviennent de vrais et fidèles amis. André est un homme simple, discret, chaleureux et généreux : animation liturgique en paroisse et à Annappes à la maison des frères, chant choral sont des espaces où il rayonne de délicatesse et d'élan apostolique. Avec toutes ces personnes, et les anciens des Louez-Dieu et de St Jean-Baptiste, il vit un réel compagnonnage de fraternité.
Ces années de vie apostolique intenses ont été marquées, en 1980, par le départ de la communauté des frères des Louez-Dieu. Si Frère André veut continuer sa mission sur place il désire sincèrement rester fidèle à son engagement au sein de l'institut. Il rejoint alors régulièrement la communauté de Loos à laquelle il est rattaché, visite les frères et anime les funérailles à la communauté Saint-Jean d' Annappes, il s'informe des nouvelles de la famille lasallienne grâce à l'informatique, et le courrier et le téléphone permettent un contact avec des confrères amis ; heureux encore, en octobre dernier, de communier à la joie de l'institut célébrant la canonisation du Frère Salomon, originaire de Boulogne-sur -mer !
Mais une dernière étape se prépare qui va nous révéler progressivement le cœur de sa discrète, humble et riche personnalité . En réponse à mes souhaits de bon anniversaire, le 10 février 2015, il m'écrit : « Pour moi, vient de commencer un traitement pour soigner des lésions au foie (cancer). Ce sera sans doute long, mais je pense être entre bonnes mains et entouré de mes amis fidèles de longue date … je garde confiance et courage avec la grâce de Dieu. »
Au fil des traitements et des contrôles médicaux successifs, des mieux et des rechutes, jusqu'à l'éprouvante hospitalisation de ce printemps 2017 et son entrée en EHPAD le 25 avril dernier, André a su trouver la force d'un mot délicat, d'un merci, d'une attention particulière pour les siens ou le personnel soignant, avec parfois un note d'humour accompagnée du sourire malicieux et complice que nous lui connaissons …
On peut dire qu'il a demeuré, ces toutes dernières semaines, comme Marie au pied de la Croix. Or, c'est en la fête de la Nativité de la Vierge Marie, le 08 septembre 1957, il y a soixante ans, à Estaimpuis, qu'il a prononcé le OUI définitif de sa consécration religieuse. Nul doute que Notre-Dame prend maintenant André – « tonton dédé » - par la main pour le conduire vers Jésus qu'il a aimé et servi auprès des enfants … sans doute accompagné du chant des oiseaux et de l'envol multicolore des papillons, dans un décor de fleurs des alpages qui l'ont tant réjoui ici-bas !
A notre tour de te dire en ton église : « Merci, André ! »
Frère Jean-Paul Aleth, visiteur fec.