Inauguration de l'église restaurée de Ames
et homélie de Mgr Jaeger
Inauguration de l’église Saint-Pierre de Ames rénovée
L’église de Ames était fermée depuis plus de cinq années. Son accès a même été interdit à cause de chutes de pierres à répétition. La couverture du clocher est longtemps restée sans ardoises. Pendant la fermeture, la municipalité mettait sa salle communale à la disposition de la paroisse pour certaines célébrations comme les funérailles.
Les villageois n’ont pas baissé les bras. Ils ont créé l’association Saint-Pierre qui a manifesté sa détermination à réouvrir leur église. La municipalité a établi un dossier de subventions auprès de l’État et du Conseil général et les réparations ont pu être envisagées. Les travaux viennent de se terminer. Les vitraux, l’éclairage... tout a été restauré. L’église a retrouvé sa blancheur d’origine.
Le 25 octobre, elle a été inaugurée par Marcel Cocq, maire, par Michel Lefait, député, par de nombreux élus des environs et par Mgr Jaeger. L’harmonie municipale d’Aire-sur-la-Lys a assuré l’animation républicaine sur le parvis. Ensuite, Mgr Jaeger a présidé une messe d’action de grâce. L’église étant pleine, son aménagement très particulier a conduit les célébrants à une disposition inhabituelle pour une messe.
Extraits de l’homélie de Mgr Jaeger.
La beauté qui m’a séduit me fait mieux accueillir la parole de Dieu. Nous n’aimons pas beaucoup implorer la pitié car cela donne l’idée que nous ne sommes pas grand chose. En contemplant la beauté, je me dis que le fils de Dieu ne vient pas nous montrer de façon condescendante que nous sommes mauvais et que Lui est bon. Il vient faire briller la splendeur de nos vies. Laissons-nous emporter par cette réalité-là.
Nous avons des qualités. L’être humain a fait de grands pas, de grands progrès. C’est ça la beauté de l’homme, et pourtant, cette beauté est souvent abîmée, voilée par d’autres forces qui nous travaillent. Depuis que l’homme est homme, on a vu beaucoup de conflits, de guerres et on pourrait penser que les progrès de l’homme auraient permis de les supprimer. Pourtant, il y a toujours tant de réalités qui abiment. La globalisation nous le rappelle cruellement. Des hommes fuient des lieux de terreur pour trouver une vie meilleure. Oui, finalement, nous avons bien besoin d’être sauvés de nous-mêmes.
Une église dans un village, c’est le lieu de rassemblement de la communauté chrétienne et de nos communautés humaines. Historiquement, c’est autour des églises que nos communautés se sont construites. Nous nous sommes construits et unis autour des clochers. D’ailleurs ne parle-t-on pas de l’esprit de clocher ? C’est notre signe de ralliement, c’est lui qui nous rappelle notre attachement à une communauté chrétienne et humaine.
Les églises sont ouvertes à tous. Chacun y est chez lui. Si on souhaite les rénover, c’est parce que nous voulons qu’elles restent des signes visibles. Quand on refait une église, la beauté nous dit quelque chose de la communauté humaine que nous sommes invités à construire. Cela questionne notre identité profonde : qu’avons nous à vivre les uns avec les autres, les uns pour les autres ?
Dans l’Évangile, il est question de cette lumière, de la vue que l’aveugle veut retrouver. Dans la tradition juive, le handicap physique est perçu comme un châtiment. En guérissant cet homme, Jésus lui redonne la vue, mais il lui redonne aussi sa place dans la société. Et l’Évangile nous dit que cet aveugle guéri va suivre Jésus. Cette église sera le signe, la guérison de toutes nos blessures, de toutes nos peines, de toute cette souffrance qui vient parfois frapper à notre porte et nous déranger. Cette église nous dit ce que nous devons construire les uns avec les autres, les uns pour les autres. Nous avons à être le signe de ce qui nous est donné quand nous sommes guéris. C’est notre propre beauté que nous venons célébrer malgré nos faiblesses. Et nous savons que le Christ vient à notre rencontre et nous appelle à la beauté.