Mouvement des peuples pour la paix à Mindanao(Philippines) partenaire invité dans les Hauts de France en mars 18
présentation de MPPM qui milite pour la résolution des conflits à Mindanao, dans le respect des droits des peuples indigènes, en visite dans notre région en mars 2018
MPPM, combattant de la paix aux Philippines,
Partenaire du CCFD-Terre Solidaire invité dans les Hauts de France
du 9 au 26 mars 2018
"Mouvement des peuples pour la paix à Mindanao", MPPM : tel est le nom du partenaire du CCFD invité pendant la campagne de carême 2018 pour l'ensemble des diocèses de la Région. Un choix qui entre en résonance avec la Commémoration du centenaire de la Paix qui anime notre province, et au-delà. Si le programme n'est pas encore totalement fixé, on sait que la représentante du Mouvement, Amabella CARUMBA, sera présente dans notre diocèse plutôt en fin de son séjour, du 22 au 25 mars. Cette jeune femme, titulaire d'un Master en sciences politiques, a été secrétaire générale de MPPM avant d'en être élue vice présidente en 2011. Elle est plus particulièrement impliquée dans le programme de plaidoyer pour les droits des peuples indigènes.
Située au sud des Philippines, l'île de Mindanao, à la fois grande et peuplée (20 millions d'habitants sur 98 000 km2, soit 200 hab /km2) a constitué depuis le début du XXème siècle ème un espace frontière et un front de colonisation propice aux tensions. Rattachée sans consultation au reste du pays au moment de l'indépendance (1946), elle a vu des conflits opposer des mouvements indépendantistes au pouvoir central.
MPPM (Mindanao People Peace Movement) regroupe des associations ou organisations alliées autour de la question des droits de l'homme et de la construction d'une paix durable à Mindanao. MPPM a toujours eu le souci d'inclure les trois grandes composantes de la société locale: les Moro, populations musulmanes des provinces occidentales travaillées par les mouvements séparatistes, les Katawhang "colons" ou "migrants" venus de l'île de Luçon ou des Visayas, installés en grand nombre dans les années 1960, et les populations indigènes Lumad ("nés de la terre"). Le mouvement a joué le rôle de médiateur entre le Front Moro de Libération Islamique (MILF) et le gouvernement afin de faciliter les négociations et la prise en compte des revendications des autres communautés, jusqu'à leur autodétermination.
En 2014 , après de longues tractations, le Front Moro signe un accord de paix avec le gouvernement, qui prévoit de créer une entité autonome administrée par la minorité musulmane : Bangsamoro ("le terre des Moros"). Mais cet accord néglige les populations indigènes : le projet de loi organisant le transfert de compétences ne reconnaît ni leur identité, ni leur culture, et ne les associe aucunement à la gouvernance future. Leurs droits sur les domaines ancestraux sont ignorés, livrant les terres communes aux convoitises des compagnies minières et de l'agro-business. Suspendu en 2015, le processus de paix a été relancé en 2017, procurant aux Lumads une nouvelle chance d'être entendus et de faire valoir leurs droits. MPPM les accompagne dans cette tâche.
Le Mouvement milite donc pour une pleine inclusion des populations indigènes dans les accords de paix en cours de négociation, à travers l'affirmation d'une "voix indépendante" représentant ces populations : LMH, Lumad Husay Mindanao.
MPPM soutient du même coup la campagne pour la protection des domaines ancestraux et des communs, qui font l'objet d'accaparements systématiques d'investisseurs philippins et étrangers, lesquels usent parfois d'intimidations, de harcèlements et de menaces envers les groupes indigènes qui chercheraient à résister. Cela par les voies pacifiques du développement des capacités d'analyse, de la réponse légale et politique , du plaidoyer pour le respect des droits des Lumads.
A cette fin, il convient donc aussi de renforcer les structures politiques indigènes autogérées -assemblées tribales, conférence intertribale, et liaison avec LHM.
Le Mouvement sait aussi qu'une paix durable passe par le changement des mentalités lié au respect des droits de chacun : aussi entend-il faire reculer les préjugés et l'ignorance de l'autre, sources de tensions entre ces peuples qui doivent d'une manière ou d'une autre vivre sur la même île...
Guy Jovenet
photos jointes :
-Amabella Carumba connaît le CCFD depuis 2005, et un peu la France, où elle a déjà
passé trois brefs séjours.
-le logo de MPPM
-le comité éxécutif de MPPM élu en 2011; Amabella est au premier rang , cinquième à partir
de la droite (photographie MPPM)
-manifestation à Manille en 2015 contre les violences à l'égards des Lumads(photographie
MPPM)
-affiche du Mouvement pour le 8ème sommet de la Paix de décembre 2016; les logos
des partenaires et soutiens -dont le CCFD-Terre Solidaire- figurent en haut à droite