Neuvaine 2015 à saint Benoît-Joseph Labre
Messe de clôture; visite de Mgr aux migrants à Norrent-Fontes
"L'Esprit du Seigneur est sur moi." Cette phrase d'Isaïe accompagnait les milliers de pèlerins qui sont venus prier avec saint Benoît-Joseph Labre au cours de la neuvaine d'Amettes 2015.
Traditionnellement, la neuvaine d'Amettes se déroule entre le dernier dimanche d'août et le premier de septembre. Le prédicateur de cette année était un prêtre congolais, le père Stanis. Il a apporté un éclairage parfois loin de nos préoccupations européennes sur les thèmes qui étaient proposés chaque jour : les vocations, la prière, la famille, etc.
La journée des vocations a permis de réfléchir sur le sens de la vie. La vocation est un échange entre Dieu et l'homme (ou la femme). Dieu attend de l'homme une réponse, positive ou négative. La vocation est à la foi une liberté et une mission. Celle de Benoît-Joseph Labre, dont le cloître était les routes d'Europe, en est un bel exemple. La prière est aussi un échange, « mais cette fois-ci, précise le père Stanis, entre l'homme et son Dieu ». La meilleure des prières est la prière spontanée, celle qui vient du cœur et qui est inspirée par l'Esprit.
La famille est la base de toute vocation. La manière dont les parents nourrissent leurs enfants est valable aussi pour leur foi. C'est un travail de couple. En créant l'homme et la femme, Dieu les a mis à égalité. Mais de plus en plus, l'initiation à la foi revient aux grands parents.
La journée des malades a été l'occasion d'insister sur l'attention que Jésus avait envers les souffrants en souffrant avec eux, jusqu'à mourir sur la croix. À l'occasion de leur journée, les bénévoles ont compris qu'être bénévole signifie « vouloir le bien, faire le bien ». Le bénévole a aussi la grande qualité de se donner gratuitement. C'est à la foi un signe de respect et d'amour pour son prochain.
La journée de clôture a été présidée par Mgr Jaeger. Celui-ci a fait remarquer que la phrase d'Isaïe "L'Esprit du Seigneur est sur moi » était suivie de « pour annoncer la délivrance ». Ce thème résonnait de façon singulière avec l'actualité récente. "C'est peut-être un signe de la providence, a déclaré Mgr Jaeger, que ce soit dans le pays de Benoît que les circonstances nous appellent à regarder de façon particulière des hommes et des femmes qui arrivent chez nous. Certes, ce n'est pas à Amettes, au pays de Benoît, que l'on va résoudre tous les problèmes de notre humanité, tous les mouvements des peuples, tous les déplacements des hommes et des femmes. Ce n'est pas à Amettes que l'on va faire tout à coup que tous les pays soient en paix et que tous les pays se développent et que dans une collaboration harmonieuse ils travaillent ensemble à la beauté et à la joie de l'humanité...
Mais à Amettes, à la suite de Benoît, nous pouvons ouvrir nos yeux et nos cœurs. Nous avons appris par une image saisissante cette semaine que nos frères réfugiés n'étaient pas d'abord un problème, une question, mais qu'ils avaient un visage qui peut être douloureux, un visage qui peut être celui de la mort d'un enfant syrien sur une plage. Quoi de plus dramatique ? La conversion n'est pas de trouver la solutions aux difficiles problèmes que nous rencontrons, à l'échelle de la planète. La conversion, c'est de découvrir que chaque frère humain, quelle que soit son origine, a un nom et un visage. Nous ne pouvons pas rencontrer tout le monde, mais nous pouvons serrer la main, sourire et accueillir une personne, deux personnes, une famille.
Nous pouvons faire un bout de chemin ensemble. Il y a parmi nous ce matin dans notre assemblée des hommes et des femmes qui cherchent un avenir de paix, un avenir de joie, un avenir de bonheur. Ils ont une histoire. Ils ne sont pas des réfugiés. Ils sont des frères et sœurs que Jésus Christ nous donne et que nous avons à aimer. Entrer en relation fraternelle avec eux, ce n'est pas résoudre des problèmes immenses, mais c'est changer un rapport, une relation, une vie. Et c'est ce qui est sans doute premier et fondamental dans ce que nous avons à opérer ensemble. Et c'est là que nous trouverons l'énergie pour que notre humanité se transforme et se renouvelle."
Après la clôture de la neuvaine, Mgr Jaeger s'est rendu au camp de migrants tout proche, à Norrent-Fontes. Il a dialogué avec de nombreux Érythréens. Il a été révolté d'apprendre que le maire de la commune venait de déposer deux plaintes contre Terre d'Errance suite à la reconstruction d'un abri en bâche à la place des deux baraques en bois qui ont été détruites par le feu.
Jean Capelain