présentations d'ensemble (plan et thèmes) et manières de lire

Une ou deux manières de présenter la structure de l'encyclique et sa logique d'exposition ...et des façons de la lire

 

              

Une première manière de  décrire l'organisation  générale de l'encyclique consiste à en faire une lecture  par couples de chapitres :

 

            A. Un état des lieux :

1. ce qui se passe (les facettes de la dégradation de la maison commune)

2. en vis-à-vis , l'état de nos ‘ressources' et de nos lumières

            B.  changer de regard :

3. la racine de la crise (technologisme, relativisme, individualisme)

4. un antidote : l'écologie intégrale

            C. les moyens d'agir :

5. le dialogue entre économie et politique,  et des lignes d'orientation et d'action ( à différentes échelles)

6. l'éducation et la spiritualité : miser sur un autre style de vie, et agir sur soi-même à la lumière de la foi.

 

 

D’autres préfèreront y retrouver une démarche familière , en trois temps :

                         voir  (établir les faits, chapitre 1),

                         juger (selon la foi et la raison , chapitres 2 et 3) ,

                         agir  (chapitres 4 à 6). 

 

 

 

La construction d'ensemble de l'encyclique peut encore évoquer une maison à explorer , comme sur le dessin ci- joint (d'après  une idée du père Sébastien Carcelle)

 

-Le seuil de la maison, c'est le constat posé dans l'introduction ("la terre crie en raison des dégâts que nous lui causons") ; la porte , c'est le défi qu'elle propose (d'urgence "il faudrait unir toute la famille humaine dans la recherche d'un développement durable et intégral"). Porte ouverte  "à toutes les personnes de bonne volonté"...

Au fronton apparaît une figure tutélaire : celle de François d'Assise, saint patron "de tous ceux qui étudient et travaillent autour de l'écologie". Le titre Laudato Si' reprend les premiers mots de  sa  prière  : "Loué sois-tu mon Seigneur pour sœur notre mère la terre qui nous soutient et qui nous gouverne"... Saint François est un "beau modèle", capable de nous instruire et de nous inspirer , à la fois  guide  et témoin (n°10-11)  Et aussi un maître "qui proposait la nature comme un livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté" (n°12)

 

-Les six chapitres constitueraient les différentes pièces de la maison, qui n'ont pas toutes même décor ou même usage.  On peut toutefois les regrouper ainsi  (ce que traduit la couleur sur le croquis):

 

...Trois chapitres  ramassent tout ce qui relève de l'analyse  (constat des faits , pourquoi, comment) :

            1. ce qui se passe ...     3. la racine de la crise       5. lignes d'orientation et d'action

Chacun puise sa substance d'abord  dans les sciences : celles  de la terre (chapitre 1) , sciences  humaines et sociales (3), économiques et sociales (5) .  On a là tout ce qui  peut être lu comme diagnostic ou projet raisonnable et approuvé par tout le monde , croyants ou non.

 

...La tonalité des trois autres chapitres est un peu différente :

        2. l'évangile de la création     4. l'écologie intégrale        6. éducation et spiritualité

Ici le discours est aux couleurs de la foi, de la théologie et de l'enseignement social de l'Eglise.

 

L'encyclique aurait pu traiter l'un puis l'autre, en deux grandes parties. Elle  a préféré les tricoter plutôt que les poser en vis-à-vis.  L'idée est bien celle d'un dialogue - un des mots clefs du texte- entre les sciences et les lumières de la foi, d'où pourrait naître une intelligence collective de la situation et des réponses qu'elle appelle. Comme une sorte de discernement construit pas à pas. Les réponses à la crise écologique, sociale et culturelle doivent aussi recourir aux richesses culturelles des peuples, à la vie intérieure, à la spiritualité (n°199-200).

 

- Enfin , des "couloirs" joignent  les pièces : "certains axes qui traversent toute l'encyclique" (16);  en particulier deux :

...la conviction que "tout est lié":  non seulement  les rapports  qui définissent l'environnement ou les articulations  entre nature et société,  mais aussi la relation de l'homme avec lui-même, les autres, et Dieu , et les liens qui se tissent  entre la pauvreté , la fragilité humaine et celle de la terre....

...l'intime relation entre les pauvres et l'état de la planète : ce sont eux qui souffrent le plus des "effets de toutes les agressions environnementales identifiées : pollution, changement climatique, question de l’eau, perte de biodiversité"  , comme de  la dégradation de qualité de vie humaine et dégradation sociale (inégalité planétaire, n°48)

 

C'est pourquoi "une vraie approche écologique se transforme en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres » [n°49]

 

 

On peut encore tracer au sein de l'encyclique des itinéraires de lecture selon un "fil" particulier :

 

            -Sur le site national du CCFD -Terre solidaire  on trouve ainsi un "parcours"  intitulé: "LaudatoSi' et la souveraineté alimentaire", où sont retenus et soulignés les développements qui touchent directement aux thématiques et perspectives de la lutte contre la faim et du développement rural.

 

https://ccfd-terresolidaire.org/nos-combats/souverainete/dossier-faim-et/les-chretiens-s/l-encyclique-laudato-si-5162

 

            - Ce site (dans la présente rubrique) en propose un autre : "L'encyclique Laudato Si et la solidarité".

http://arras.catholique.fr/laudato-solidarite-universelle.html

 

          - D'autres lectures 'spécifiques' sont possibles. Ainsi, la série de conférences-débats tenues à Vitry-en-Artois en 2016 explorait-elle d'autres voies  comme:  la Paix, la Miséricorde, l'engagement, toujours en lien avec l'encyclique. (article de Vincent Salomé "Rencontres à Vitry-en -Artois", Eglise d'Arras n°11 , 3 juin 2016).

 

Bien entendu , aucune lecture  particulière ne rend justice à elle seule à la richesse du texte; une lecture trop sélective , oublieuse du propos d'ensemble, risquerait d'ailleurs de passer à côté de choses essentielles ou d'instrumentaliser le texte. Mais cette manière de faire  n'est pas non plus dépourvue d'avantages : elle conduit à une lecture très attentive, au terme de laquelle le lecteur se sent plus à même d'exprimer ses convictions, ses intentions et son engagement. Confronter plusieurs lectures conduit à une connaissance très fine du texte.

 

 

Article publié par Guy Jovenet - CCFD Terre Solidaire • Publié • 810 visites