"La sécurité alimentaire mondiale à l'épreuve du climat"
Le GIEC a présenté le 8 août 2019 un rapport copieux (1200 pages) et emprunt de gravité sur «les changements climatiques, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durable des terres"
Le Groupe International d’Experts sur l’évolution du Climat (GIEC) a présenté le 8 août 2019 un rapport sur les changements climatiques, la gestion des terres et la sécurité alimentaire.
Cette analyse s’insère dans un ensemble de trois rapports, avec celui sur « les effets d’un réchauffement climatique de 1°5 C » (rendu en octobre 2018), et celui attendu en septembre sur « les océans et la cryosphère » (banquises, calottes polaires et glaciers).
Le fil conducteur est relativement simple …
Nous vivons sur une Terre protectrice et nourricière : les « êtres humains exploitent désormais plus de 70 % des terres sans glace de la planète ». Mais la consommation effrénée des ressources et l’exploitation trop intensive de ses sols et de ses forêts compromettent notre capacité à faire face au réchauffement climatique autant que nos conditions de vie et de subsistance. Comment nourrir dix milliards d’hommes à l’horizon 2050 sans détruire la nature dont ils dépendent ?
Il devient urgent d’adopter à l’échelle mondiale une gestion des terres plus durable, et la réduction réduction sensible de nos émissions de gaz à effet passe désormais par la révision profonde de notre modèle alimentaire. « Retarder le passage à l’action pourrait avoir pour conséquence des effets irréversibles sur certains écosystèmes »… Et à ne rien faire, il faudrait un jour choisir entre se nourrir, produire de l’énergie à coup d’agro-carburants, ou séquestrer du carbone.
Le rapport décline les interactions entre changement climatique et sécurité alimentaire
L’agriculture, qui exploite un tiers de toutes les terres émergées et les trois quarts de l’eau douce de la planète, contribue sous sa forme intensive à l’érosion des sols et à la disparition de la biomasse terrestre.L'élevage représente 30 % des émissions de méthane liées à l'acticité humaine ; le potentiel de réchauffement de ce gaz est 25 fois supérieur à clui du gaz carbonique (CO2). L'agriculture , en raison de l'usage intensif d'intrants chimiques , est responsable de 60% des émissions de protoxyde d'azote ( dont le potentiel de réchauffement est 298 fois celui du CO2).
D’un autre côté, le changement climatique accroît la vulnérabilité des terres, en augmentant la fréquence et l’intensité des phénomènes extrêmes (sécheresses, pluies intenses, typhons et canicules). C’est particulièrement le cas des zones arides et subarides, qui occupent plus de 45 % des terres émergées et accueillent trois milliards de personnes.
De possibles orientations nouvelles :
Le GIEC souligne pourtant l’existence de toute une gamme d’actions possibles, applicables assez vite selon les différentes régions du monde, qui touchent à la réduction de la déforestation, à la gestion durable des terres et des forêts, à la restauration des écosystèmes dégradés.
D’autres changements passent par la modification de nos habitudes alimentaires. A commencer par la réduction du gaspillage, puisque 25 à 30 % de l’alimentation qui est produite dans le monde est perdue, quand 820 millions de personnes souffrent de la faim ! L’autre visage de la malnutrition n’est pas oublié : deux milliards d’adultes sont en surpoids ou obèses, ce qui est lié à une surconsommation de produits très transformés.
Le rapport pointe aussi la consommation mondiale de viande industrielle qui pèse sur la déforestation et sur les émissions de gaz.
Les experts épinglent encore l’ensemble du « système de l’alimentation », qui inclut la partie « aval » (transport-stockage-transformation-distribution) et qui contribue pour 8 à 10 % des émissions mondiales annuelles.
Le GIEC ne prescrit rien d’obligatoire pour les décideurs politiques ; il pose des faits, suggère et conseille. Reste donc à voir comment les responsables de ce monde vont rebondir sur ce rapport, dès septembre au sommet de l’ONU sur le climat, puis lors de la COP 25 cet hiver au Chili. A nous d’être vigilants et de faire entendre nos voix.