Semeurs de solidarité-1er dimanche de carême - semeurs de paix
méditation sur l'évangile du premier dimanche de carême
Tout de suite après son baptême, Jésus est conduit par l'Esprit au désert, où il est mis à l'épreuve. Au Jourdain, Il a entendu la Voix du ciel qui proclamait: "Tu es mon Fils bien aimé". Au désert , Satan par trois fois le met au défi et lui susurre : "Si tu es le Fils" ...Et voilà le Christ poussé à douter de lui -même , et de douter de Dieu.
Ce qui se cache en effet au cœur de toute vraie tentation, c'est la mise à l'écart de Dieu. Croire qu'on peut se rassasier soi-même et de soi-même, c'est écarter Dieu comme une illusion superflue. La seconde tentation, qui est celle de toutes les idolâtries et du fantasme de la toute-puissance, conduit à s'en remettre à quelque veau d'or qui comblerait toutes nos attentes. Enfin, rêver d'un Dieu qui se soumette à nos conditions et à nos défis est une sûre façon de ne pas Le trouver... puisque cette présomption revient à se prendre pour lui!
Jésus a résisté à la tentation avec la force de la parole de Dieu. C'est dans le Deutéronome qu'Il va puiser ses réponses, dans le fil de la confession de foi que le croyant récite trois fois par jour : "Ecoute Israël : le Seigneur notre Dieu est un . Tu l'aimeras ...". Jésus vit de cette écoute : il sait qu'être fils ce n'est pas se donner soi-même la vie, mais d'abord la recevoir d'un Père.
Dans cet évangile, ce qui touche à l'avoir, au valoir, au pouvoir dans toutes leurs déclinaisons, "épuise toutes les formes de tentation". Personne ne fait l'économie de ces tentations... Nous les voyons à l'œuvre dans les relations économiques mondialisées et les rapports entre les peuples. Et nous repérons sans peine dans notre quotidien les comportements à risques qui menacent notre identité humaine et spirituelle : recherche des seuls biens matériels, culte de la réussite et de l'apparence, esprit de domination dans nos relations avec les autres .... Toutes choses qui nous éloignent de Dieu .
Le temps de carême nous est donné pour faire la vérité sur notre propre vie. Le mercredi des cendres a donné le ton: les cendres nous rappellent ce que nous sommes, les lectures nous invitent à "revenir à Dieu de tout notre cœur". L'évangile de Matthieu nous offre trois voies pour réexaminer notre rapport à nous-mêmes , aux autres, et à Dieu : jeûner, partager, prier .
Pendant les semaines qui viennent, nous sommes donc invités à nous nourrir plus que jamais de la Parole -"Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur" rappelle St Paul- C'est bien dans la Parole que le CCFD-Terre Solidaire puise son inspiration et son élan.[1] Benoît XVI disait que c'est là où la Parole est vraiment entendue et vécue "que naissent et grandissent les sentiments qui permettent aussi de procurer du pain à tous". "L'homme" en effet " ne vit pas seulement de pain". Il a aussi besoin d'égards pour continuer à croire à son humanité; il a besoin de dignité , de fraternité. Il vit de relations pacifiées avec les autres: la paix est "la condition première pour rétablir la sécurité alimentaire ", comme le savent bien les partenaires du CCFD-Terre Solidaire , qui appelle aujourd'hui à "soutenir leurs efforts" , et à "devenir semeurs de paix dans notre vie" .
Prier, jeûner, partager...Non pas comme une corvée mais comme un exercice de liberté personnelle. Une sorte de mise à distance du "prêt-à-penser" ambiant: retrouver l'intériorité et l'intimité silencieuse là où règnent les apparences et le tapage ; se faire artisan de paix quand s'affrontent préjugés , rivalités et condamnations sans appel; redire face à l'obsession du profit que le don gratuit est aussi une profonde vérité humaine ... et joindre le geste à la parole!
---
[1] à ce titre, ce n'est pas une simple ONG : c'est aussi un Service d'Eglise, qui tient sa mission des Evêques de France.