Célébration oeuménique
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens
Dans le cadre de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens,célébration oecuménique
à Arras Eglise Notre-Dame des Ardents
le 18 janvier 2013 à 20h15.
Accueil par le père G.Leprêtre,Prédication par Robin Sautter, pasteur. compte-rendu Arras
A Coulogne, le même jour, 18h30 pour le Calaisis, église saint Jacques, avec l'Association oecuménique du Littoral
D'autres célébrations sont prévues en plusieurs lieux du diocèse.
Pour alimenter notre réflexion sur le thème, les propositions de lectures et commentaires d'Ecriture. Retrouvez le site d Oikouméné
______________________________
La patience et l'utopie, Jalons œcuméniques
Ce qui piétine : la conversion œcuménique du peuple des Églises
C'est ici que nous rejoignons un certain piétinement, je dirai pour ma part: un plafonnement du mouvement œcuménique. Celui-ci n'a vraiment atteint qu'un nombre limité de chrétiens dans les différentes Églises et l'on a pu parler de son caractère relativement marginal. Ce qui a été accompli reste encore réversible. Ne discerne-t-on pas aujourd'hui chez certaines Églises un dangereux souci de cultiver leur propre identité confessionnelle ? Or si les identités confessionnelles sont porteuses de vraies richesses qui sont à intégrer dans un légitime pluralisme, elles véhiculent également un égoïsme et un nombre de points aveugles qui doivent être radicalement convertis.
Le danger serait de désigner les autres comme responsables : par exemple, les autorités, trop prudentes, des Églises ; les catholiques d'une autre tendance que nous-mêmes éventuellement nos partenaires chrétiens encore séparés de nous, aux résistances desquels nous sommes spontanément plus sensibles. Mais nous oublions de nous mettre en cause nous-mêmes. Or la démarche de réconciliation veut que l'on commence par soi.
Si l'œcuménisme plafonne, c'est parce que nous, catholiques en général, nous, le milieu concret qui est le mien et sur lequel je peux avoir une action, moi-même en définitive, nous ne nous convertissons pas aux exigences et aux sacrifices qui rendraient possible l'unité des chrétiens. En quoi une telle conversion consiste-t-elle ? Elle demande de chercher à connaître les chrétiens des autres confessions, afin de les aimer, de les reconnaître en tant que chrétiens, et même de me faire évangéliser par eux partout où ils témoignent d'un sens de l'Évangile plus grand que le mien. Elle demande en échange de témoigner devant eux de toute la vérité qui nous semble imprescriptible dans l'Évangile. Pour rendre ce témoignage en vérité, il m'importe de m'informer sur le contentieux doctrinal en cause, afin de discerner ce qui appartient à la nécessaire unanimité de la foi et à la recomposition des Églises dans la pleine communion, et ce qui est de l'ordre des diversités légitimes : traditions spirituelles, liturgiques, théologiques même, certaines différences d'interrogation... Cela suppose une difficile conversion de mentalité. Elle demande enfin de prier ensemble, de collaborer dans la vie des communautés partout où cela est possible, d'œuvrer en commun au service des pauvres et des victimes de l'injustice. C'est à ce prix que de nouveaux miracles de la réconciliation sont possibles. Car il est vrai que des choses qui seraient dès aujourd'hui doctrinalement possibles ne le sont pas parce que le peuple des Églises ne peut les comprendre ni les vivre positivement.
Je risque en terminant cet aphorisme : à vues humaines, l'unité des chrétiens n'a aucune chance de se réaliser. Le poids des égoïsmes personnels, collectifs et institutionnels est un obstacle trop fort. Mais au regard de la foi, quand on constate les progrès inespérés qui se sont produits depuis vingt ans, quand on discerne le don et l'action de Dieu chez tant d'hommes et de femmes de bonne volonté, alors on pense que ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu, on agit et on espère dans l'attitude du veilleur tendu vers l'aurore qui se lèvera immanquablement (pp. 45-47).
La patience et l'utopie, Jalons œcuméniques. B.Sesbouë, Paris, DDB, 2006
________________________________________
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens
“Que nous demande le Seigneur” Michée 6, 6-8
Témoignage d’une réflexion chrétienne en Inde
À l’occasion de son centenaire, le Mouvement des Étudiants chrétiens de l’Inde (SCMI) a été invité à préparer le matériel de la Semaine de prière pour l’unité 2013, et a associé la Fédération universitaire catholique indienne et le Conseil national des Églises en Inde à cette préparation.
Au cours de cette étape préparatoire, la réflexion sur la signification de la Semaine de prière pour l’unité a fait apparaître qu’en un contexte de graves injustices envers les Dalits, tant dans la société indienne que dans l’Église, il ne fallait pas dissocier la recherche de l’unité visible du démantèlement du système des castes et de la valorisation de la contribution des plus pauvres des pauvres à l’unité.
Dans le contexte indien, les Dalits constituent des communautés estimées « horscastes ». Ce sont les populations les plus touchées par le système des castes, qui est une forme rigide de stratification sociale basée sur des notions de pureté et d’impureté rituelles. Dans ce système, chaque caste est estimée ou « plus haute » ou « plus basse ». Les communautés dalites sont considérées comme celles qui sont le plus impures et qui rendent impur ; on les situe donc en-dehors du système des castes, et on les qualifiait même autrefois d’« intouchables ». Il résulte donc de ce système que les Dalits sont marginalisés socialement, sous-représentés politiquement, exploités économiquement et asservis culturellement. Or, près de 80% des chrétiens indiens sont d’origine dalite.
En dépit de progrès fantastiques survenus au XXe siècle, les Églises de l’Inde ont conservé les divisions doctrinales héritées d’Europe et d’ailleurs. La désunion des chrétiens indiens, à l’intérieur même des Églises et entre elles, est encore accentuée par le système des castes. Celui-ci, tout comme l’apartheid, le racisme ou le nationalisme, représente un gros défi pour l’unité des chrétiens en Inde, et par conséquent pour le témoignage éthique et ecclésial de l’Église, en tant qu’unique Corps du Christ. La question des castes, en ce qu’elle divise l’Église, est donc une question doctrinale aiguë. C’est dans ce contexte que, cette année, la Semaine de Prière pour l’unité chrétienne nous invite à approfondir le texte biblique bien connu de Michée 6,6-8, en se concentrant sur la question « qu’attend de nous le Seigneur » qui en fait le thème principal. L’expérience dalite sert donc de creuset pour permettre l’émergence de réflexions théologiques à partir du thème biblique.
Michée faisait partie des douze petits prophètes de l’Ancien Testament qui ont prophétisé en Juda entre environ 737 et 690 avant J.C. Il a vécu dans les mêmes conditions politiques, économiques, morales et religieuses que son contemporain Isaïe et fut témoin, avec lui, de la destruction de Samarie et de l’invasion du Royaume du Sud par le roi d’Assyrie, en 701 avant J.C. Le chagrin avec lequel il pleure le sort de son peuple imprègne la tonalité de son livre, et sa colère vise les responsables (2,1-5) et les prêtres qui ont trahi ce peuple.