2. Où il est question de piliers (Inspiration, valeurs et principes)
Une présentation de L’Appel pour une Terre solidaire, feuilleté à la lumière des évangiles des dimanches de l’Avent - Deuxième dimanche /semaine
Où il est question de piliers
(Inspiration, valeurs et principes)
La deuxième partie de l'Appel pour une Terre solidaire, s'intitule : "Les piliers" ... Ce n'est pas un hasard! Depuis 60 ans, le CCFD-TS a consolidé et enrichi sa vision de ce peuvent être les fondements et les visées de son action. C'est en premier lieu dans l'Evangile qu'il a puisé "ses valeurs et ses principes". L'Enseignement social de l'Eglise qui en dérive a été "source d'inspiration tout au long de son histoire". Ce sont là ses racines.
Les grandes encycliques papales ont constamment nourri et vivifié son inspiration et ses réflexions. Les plus récentes -celles du pape François- sont désormais au cœur du propos. Laudato Si et Fratelli Tutti invitent à habiter fraternellement la maison commune, au prix d'une conversion qui "[engloberait] de manière systémique le développement de l'homme, la relation à la terre, aux autres et à Dieu".
Autant dire que le CCFD-TS se veut profondément ancré dans une Parole, destinée à tous et à chacun, à la fois publique et intime, que tout croyant entend au présent, enraciné dans sa propre histoire, à toute époque.
Ce deuxième dimanche de l'Avent nous entendons justement un épisode bien connu de l’évangile de Luc. Pour arrimer son récit dans l’histoire humaine l'évangéliste prend le temps de citer les responsables religieux et politiques du moment. Face à ces puissants, il campe ensuite en quelques lignes un homme simple et pourtant décisif, ainsi inscrit à son tour dans l'histoire - à sa manière:
Luc 3,1-6
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée,
Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain, proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète :
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux deviendront droits,
les chemins rocailleux seront aplanis ;
et tout être vivant verra le salut de Dieu.
« La parole de Dieu fut adressée à Jean … »
Jean Baptiste apparaît comme un homme libre. Loin des palais et des temples, il campe en pleine nature, près du gué de Beth Anania sur les rives du Jourdain. En plongeant les gens dans l’eau une seule fois -une fois pour toutes- en vue d’un pardon des fautes, Jean se distingue à la fois de sadducéens attachés aux rites de pardon dispensés au temple et des pharisiens obsédés par les ablutions et les rites de pureté sans cesse répétés. Il ne se réclame d'aucun maître rabbinique et prêche de sa propre autorité, radical comme peut l'être un prophète.
Jean-Baptiste en effet crie très fort ce en quoi il croit. Il est au service d'une parole prophétique qu'il a faite sienne et qui le fait vivre. Dans le monde de son temps, il revendique sa liberté d'esprit et fait entendre quelque chose de nouveau.
La liberté du Baptiste interpelle la nôtre…Que dire de notre indépendance d'esprit ou de notre capacité d'écoute ? De notre façon de regarder le monde? De notre manière de servir la Parole d'un Autre ? Notre prière pourrait s’y arrêter un instant, qui emprunterait quelques-uns de ses mots à celle de F. Le Corre, adressée à Celui « qui fait toute chose nouvelle » :
Seigneur, toi qui fais toutes choses nouvelles
quand passe le vent de l'Esprit,
Viens encore accomplir tes merveilles aujourd'hui.
Donne- nous la grâce d'une écoute libre,
sans préjugés, sans interprétations hâtives, et sans crainte.
Donne-nous la grâce d'un regard libre et renouvelé,
qui ne s'arrête pas à la surface des choses,
à l'image que nous avons des autres, ni au souci de notre propre image.
Donne-nous la grâce d'une intelligence libre et ouverte,
Et sans esprit de système.
Donne-nous la grâce d'une parole libre
toujours respectueuse des autres,
Donne- nous l'audace des projets ambitieux
et la patience de la mise en œuvre;
et délivre nous de l'instinct de propriétaire sur les projets que nous formons.
Tout cela nous ne pouvons le recevoir que de Toi
Amen
Extraits de « Toi qui fait toute chose nouvelle » (F. Le Corre)
« Tout homme verra le salut de Dieu » …
Le projet de Dieu, c’est "le salut" de tous, note l'évangéliste. Le salut, Dieu seul peut l’offrir ; mais il dépend de chacun de s’y préparer! Pour attendre la venue du Seigneur il convient dit le Baptiste d' «aplanir la route ». Notre propre route, par une conversion qui change notre relation aux autres et à Dieu comme notre façon de regarder et d'être au monde -Laudato Si le dit assez. Et la route de Dieu dont les attentes doivent rencontrer la réalité du monde. Ravins, montagnes et collines, chemins tortueux et rocailleux, toutes les images empruntées à Isaïe expriment à la fois les changements intérieurs auxquels nous devrions consentir, et les chantiers qui nous attendent dans ce monde.
Les textes fondateurs invoqués par le CCFD-TS dans "l'Appel pour une Terre solidaire" revivifient les images prophétiques, les déclinent en termes contemporains, comme autant de principes d'action et de valeurs partagées, d'ailleurs proposées à tous. Ainsi sommes-nous conviés à " écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres" (LS49), à donner corps à la destination universelle des biens et à la lutte contre la faim, à défendre le respect des droits humains qui garantissent la dignité personne humaine.
L'importance et la fécondité de ces principes d'action « s'incarnent particulièrement dans le partenariat » (p.30). Le CCFD-TS travaille en effet sur des projets de développement conçus et mis en oeuvre par des organisations paysannes, des coopératives, des ONG, des mouvements de femmes ou de jeunes, modestes ou d'importance nationale, répartis dans plus de 60 pays. Ces partenaires bénéficient d'un soutien financier, d'une aide au renforcement de leurs structures, d'une mise en réseau avec leurs homologues, ou d'un travail de plaidoyer partagé. Dans tous les cas, le mot "partenaire" dit bien qu'ils sont pleinement reconnus pour ce qu'ils sont et dans ce qu'ils font: ce sont eux qui prennent en main leur destin et imaginent leur mode de développement.
accès au texte intégral:
troisième chapitre / troisième dimanche de l'avent:
Semaine 3 : https://arras.catholique.fr/etre-forces-changement.html