3. Etre les forces du changement !

Une présentation de L’Appel pour une Terre solidaire, feuilleté à la lumière des évangiles des dimanches de l’Avent

 

         Dans sa troisième partie, l’Appel pour une Terre solidaire nous invite à « être les forces du changement »…formule attrayante qui accompagne le nouveau logo et trace une perspective dynamique.

 

         Il convient pour cela de nourrir notre vision commune, afin « d’ajuster (l’) action au plus près des réalités et développer (la) capacité d’agir ». Cette réflexion prospective se construit avec tous les acteurs du CCFD-TS : bénévoles, partenaires, salariés, autant que les experts. On ne s’étonnera pas de  la priorité accordée à l’intégration de la conversion écologique proposée par le pape François ; elle entre bien dans les préoccupations d’un mouvement qui n’a jamais cessé de retravailler sa conception du développement.

         Etre une force du changement suppose en outre qu’on se donne de nouveaux moyens d’action, à commencer par l’accueil de nouveaux bénévoles, mais aussi de nouveaux outils  comme les prises de position sur des questions  de solidarité internationale, et dans certaines circonstances l’action en justice, voire l’appel à la désobéissance civile (p.48-49).

         L’action du CCFD-TS vise « toutes les formes d'injustice » afin que « les droits fondamentaux de chacun-e  soient respectés et promus. En premier lieu celui de ne pas souffrir de la faim, de la pauvreté et des inégalités" (page 39) Construire la souveraineté alimentaire, et promouvoir un modèle de développement fondé sur la justice économique, sont en effet deux des « champs d'action prioritaires» du CCFD-TS, constitutifs de sa raison d'être. Cet engagement collectif procède avant tout de la justice.

 

« Travailler pour la justice »

 

         La justice, justement, est au cœur du propos de Jean-Baptiste dans l’évangile du troisième dimanche de l’Avent. Prédicateur rugueux ! Qui pourtant attire les foules, scribes, pharisiens  et petites gens confondus- jusqu’aux rudes soldats d’Antipas et ces infréquentables collecteurs de taxes nombreux à la frontière de la Pérée.

S’ils se pressent sur les rives du Jourdain, ce n’est pas seulement par curiosité, mais parce qu’ils sont mal dans leur peau, en ces temps où Dieu paraît bien silencieux. Ils sont en attente de quelque chose ou de quelqu’un, travaillés par le pressentiment que les choses peuvent encore changer. Et voici qu’apparaît  un prophète, témoin d’un autre monde  par sa façon de parler,  et sa manière de vivre -  c’est bien  pour cela qu’on peut l’entendre et lui faire crédit.

 A ceux qui le désirent, Jean propose un « baptême de conversion », prémisse d’un pardon futur. Une promesse forte, qui engage une vie nouvelle. Alors ces gens interrogent le Baptiste : « que devons nous faire » ? Les réponses jaillissent: brèves, concrètes et réalistes…

 

                                       Evangile selon Luc : Lc 3, 10-18

 

    "En ce temps-là, les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient:« Que devons-nous faire ? ». Jean leur répondait: «Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! »
Des publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) vinrent aussi pour être baptisés ; ils lui dirent : «Maître, que devons-nous faire ? ». Il leur répondit: «N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé.» Des soldats lui demandèrent à leur tour:«Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit:« Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort, et contentez-vous de votre solde.»
    Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes  si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous: «Moi, je vous baptise avec de l’eau; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » Par beaucoup d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle."

 

 « Que devons-nous faire ? »

 

Jean n'impose à ses baptisés ni sacrifices mirobolants, ni jeûnes prolongés; il ne leur dit pas non plus de se retirer au désert ou de changer de métier. Il leur demande de trouver à l’intérieur de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font, de ce qu’ils vivent, une manière juste de traiter les autres, chacun pour sa part. A ceux qui détiennent une parcelle de force ou d’autorité il enjoint de n'en point abuser. A ceux qui possèdent quelque chose, il propose de partager avec ceux qui n'ont rien, afin que nul ne soit privé des biens les plus élémentaires - à commencer par la nourriture et le vêtement. Il dissuade les uns de vouloir tout prendre, convainc les autres de ne pas exiger plus qu'il ne convient.

         Et cela sonne juste parce que Jean parle le langage de la justice, qui exige aujourd’hui comme autrefois que soient reconnues et respectées la dignité et la liberté de tous les hommes. Cette exigence là nous touche : elle anime tout le CCFD-TS  qui entend "travailler pour la justice au nom de la dignité de tout homme".

         C’est cet ancrage assumé dans l’Evangile  qui inspire et porte une ultime orientation: "faire vivre l'esprit de fraternité dans l'Eglise et le monde" (p.36)

 

« Rejoindre tous les baptisés »

 

Pour les croyants, il a chez Jean  davantage qu’une invitation  à se bien conduire. Le Baptiste « annonçait au peuple la Bonne Nouvelle » (v.18).Il annonce l’imminence du Royaume et la venue d’un Messie, "bien plus grand que lui", qui baptisera dans l'Esprit et accomplira la Promesse... Accomplissement  au-delà même de ce que Jean imagine puisque  le salut n’est pas réservé aux "purs et durs", arc-boutés dans l'effort, mais offert à tous ceux qui l'accueillent, confiants dans l’irruption du règne.

Aussi la véritable conversion consiste-t-elle d’abord à croire en Jésus Christ. La clef de cette conversion  c’est l’Esprit reçu au jour du baptême ;  c’est  dans le souffle  de l’Esprit que nous prions Dieu « en l’appelant par son nom ».

 

         Alors les mots de Jean–Yves Quellec (moine et poète) porteraient plutôt bien la prière d’un Mouvement qui s’attache en toute humilité à "promouvoir une spiritualité chrétienne ouverte sur le monde"  et qui s’engage pour une Eglise plus synodale au sein de la démarche « Promesse d’Eglise » …

 

Seigneur Jésus Christ,

Envoie ton Esprit sur le monde :

Qu’il souffle en tempête sur notre terre,

Qu’il chasse la haine

Incrustée au cœur des peuples comme un ver,

Qu’il détruise les indifférences mortelles,

Qu’il enseigne la vanité de la puissance dominatrice,

Qu’il donne à tout homme le désir

Et le courage d’une fraternité véritable,

Qu’il relève les bras fatigués

De tant d’efforts sans résultat,

Qu’il ranime l’espérance en un avenir meilleur.

 

Seigneur Jésus Christ, envoie ton Esprit sur l’Eglise.

Donne-lui ton Esprit pour que cessent de l’habiter

Les silences honteux, les bavardages inutiles,

Les certitudes sectaires, les actions démagogiques ;

Pour qu’elle se mette avec une vigueur renouvelée

Au service des hommes.

Donne lui la passion de la vérité, la soif de l’amour,

Le goût de la bonté. Rends-la audacieuse

Dans l’annonce de la Bonne Nouvelle.

 

« L’audace de l’Esprit »  J.Y Quellec (1945- 2016)

-prêtre diocésain puis moine bénédictin ; écrivain et poète-

 

 

Accès au texte intégral :

https://ccfd-terresolidaire.org/nous-connaitre/vie-associative-et-gouvernance/rapport-d-orientation-6954

 

Sur "Promesse d'Eglise" :

https://www.promessesdeglise.fr

ou

https://arras.catholique.fr/paix-vivre-ensemble-trois-eclairages.html

(voir §3 : intervention de François Bausson)

 

 

quatrième chapitre /quatrième dimanche :https://arras.catholique.fr/femmes-premiere-ligne-champs-action.html