Evangiles et apocryphes- Topo

Comment l’Eglise a-elle créé et choisi ses textes canoniques ? Les quatre évangiles, les lettres des apôtres. Et les apocryphes ?

1. Le sujet


“Comment l’Eglise a-t-elle choisi ses textes canoniques ?” Des publications récentes font mieux connaitre tel et tel apocryphe, (évangile de Judas, de Thomas, etc.). La littérature chrétienne a beaucoup produit. Tout n’a pas été retenu. Régulièrement notre imaginaire est sollicité (Da Vinci code, Crpus Christi, Apocalypse de J. Mordillat et G. Prieur, le sarcophage de Jacques, la place des femmes, etc.). Connaitre, comprendre, discerner !

 

2. Question de vocabulaire 

 

canonique, apocryphe, agrapha, apocalypse, gnose, Qumran, Flavius Josèphe.

 

  • Canon/canonique. Dérivé de « règle », le mot apparait au 4ème siècle. Les hésitations sur la valeur de tel livre amènent à la mise en place de listes de livres reconnus par le consensus des communautés puis par l’autorité chrétienne comme livre utile à la foi des chrétiens. Mais ce n’est qu’au XVIè siècle au Concile de Trente (1545-1563) qu’est créée une liste qui fait autorité : le canon des écritures. Plutôt que de parler de vrai ou de faux, il faudrait parler, comme pour la théologie, des degrés de foi. Tout n’est pas à mettre au même niveau (par ex. L’existence de Dieu, le Christ ressuscité ne sont pas au même niveau que l’adhésion aux miracles, aux apparitions).
     
  • Apocryphes. Livres chrétiens ou juifs censés révéler des choses cachées. Ces siècles derniers le mot signifie « livres cachés », non authentiques par opposition à canoniques. De ce fait ces livres ont acquis une dimension sulfureuse, voire malsaine et attirante. Certains écrits seront approuvés, reçus dans les communautés, d’autres délaissés, quelques-uns condamnés, ceci en fonction de la doctrine chrétienne héritée des apôtres. (jusqu’aux 6-7ème siècles). Il existe des apocryphes juifs. Des écrits Ils reflètent des courants de pensées et des espérances du peuple juif durant les 2 siècles qui précèdent l’ère chrétienne et le premier après. Les apocryphes chrétiens sont postérieurs au 1er siècle. Le fait de ne pas être inclus dans les listes n’entrainait pas un rejet.
    L’opposition entre canonique et apocryphe n’est pas pertinente pour les premiers siècles chrétiens. Les protestants parlent de pseudépigraphes (écrits menteurs).
     
  • Apocalypses. Ne pas confondre avec apocryphes. Langage, mode d’écriture entre -150 et +150, (périodes troublées : persécution juive au temps des Maccabées, persécutions chrétiennes par l’empire romain). Au milieu des catastrophes, des auteurs cherchent à soutenir l’espérance et la foi. Ils annoncent que Dieu viendra sauver son peuple (ex. Le fils de l’homme en Daniel ; la Jérusalem Nouvelle dans l’Apocalypse de Jean, 144.000 élus et beaucoup plus). Livres d’espérance et pas seulement catastrophisme. Littérature voilée, avec des codes à déchiffrer (les couleurs, les chiffres et symboles). La notion de cieux fermés fait partie de la conception du rapport de Dieu à son peuple ; le blanc est la couleur de Dieu, le rouge celui des martyrs).
     
  • Agrapha. Paroles attribuées à Jésus, absentes des évangiles canoniques. Les agrapha sont supposés authentiques. A distinguer des fragments évangéliques, proches des évangiles, mais non canoniques, désignant des documents et morceaux épars…
     
  • Gnose. Mot qui recouvre une diversité de doctrines entre 2 et 4ème siècle. Les écrits gnostiques développent une théologie selon laquelle c’est la connaissance, l’adhésion à la connaissance, qui donnent accès à Dieu… contre l’affirmation de l’incarnation, des actes mêmes de Jésus. On trouve des réactions déjà en St Jean « ce que nos yeux ont vu, ce que nos mains ont touché du verbe de vie… nous vous l’annonçons
     
  • Esséniens/Qumran. Des documents écrits sont découverts à partir de 1947, dans la région de Qumran. Une édition complète commence, à partir de 2000 seulement. Les thèses anciennes sont revisitées, et l’on retient aujourd’hui que le site est était un Scriptorium/bibliothèque au carrefour Nord-Sud et Est-Ouest. Lors de l’avancée de la répression romaine, les esséniens ont caché dans des jarres de terre cuite leurs écrits. Outre les livres et manuscrits bibliques. (recopiés ou créés entre -200 et +60), on trouve des écrits de la communauté essénienne. C’est une source pour connaitre le judaïsme du premier siècle.
     
  • Hérésies et hérésiologues. Mot créé du grec pour désigner l’action de prendre, de choisir. Par rapport à un corpus de doctrine, c’est une opinion particulière divergente. Hérésiologue : quelqu’un qui parle contre les hérésies (docétisme, arianisme, gnoses, etc.). Devant les hérésies naissantes, de nombreux pères de l’Eglise ont pris la défense de la foi chrétienne. Irénée de Lyon (après 178) dénonce en s’appuyant sur les lettres de Paul et les Actes des apôtres. « Dénonciations et réfutations de la prétendue gnose au nom menteur » (contre les hérésies).

 

3. Panorama de l’histoire des écrits.


Les étapes de la création d’une littérature chrétienne autour de Jésus font partie de l’histoire universelle. Aux XIXè et début XX° ce fut un lieu de conflits entre la pensée des croyants et les agnostiques. Cette attitude est fort heureusement dépassée, ce qui ne veut pas dire que tout est simple. Les sciences humaines comme l’histoire ne sont pas des sciences exactes, mais des disciplines qui cherchent à approcher les faits, selon le processus : observation et découverte ; hypothèses et vérifications, nouvelles découvertes et hypothèses etc. Parfois c’est l’affectif qui l’emporte sur la raison (l’affectif ou le profit, par ex. ossuaire de Jacques, fils de Joseph, frère du Seigneur, qui est le produit d’un antiquaire faussaire, ou la publicité sur un roman).


JESUS ET LE PAYS D’AVANT LA MORT DE JESUS

Historicité du personnage Jésus.
Son existence autour des années 30 (-4 à +28) n’est plus contestée. Il fut une époque (19-20ème siècle, lors de l’expansion de l’archéologie, des sciences et du positivisme) où il était de bon ton de nier l’existence de Jésus, de dire que tout cela, ce sont des légendes, des inventions et des écrits produits entre 150 et 300 et non ce que prétendaient les chrétiens. Par la suite, les nouveaux développements des sciences historiques, littéraires, de l’archéologie, les découvertes à Qumran, ont ramené du calme sur ces sujets, et confirmé ce qui était déjà dit. A supposer encore que Jésus n’ait pas existé, il faudrait pouvoir expliquer comment des textes comme les lettres de Paul vers 50-60, les évangiles, les actes des apôtres aient pu exister…


A part Michel Onfray , plus aucun historien ne conteste aujourd’hui que Jésus ait existé. Trop de documents, de détails authentifiés, de confrontation avec les connaissances sur l’histoire et les civilisations du bassin méditerranéen sont là pour confirmer l’hypothèse de son existence. Des documents extérieurs au monde chrétien, comme Flavius Josèphe, Pline le jeune, Suétone, Tacite, puis Lucien de Samosate, Celse (philosophe anti-chrétien). Le rapport à l’histoire se fait aussi par des recoupements, l’étude comparative des noms de personnage : Pilate, Hérode, les mœurs de l’époque, le merveilleux, les miracles, les ouvriers de la 11ème heure (chômeurs et travail, crise économique), Pilate, les dates et personnages qui apparaissent. La technique de navigation et naufrage en Actes. Les techniques d’écriture et leur évolution au 1er siècle (Marie-Françoise Baslez ; l’histoire des hommes illustres et histoire de Jésus). On ne peut écrire une histoire de Jésus, mais chercher à comprendre les histoires de Jésus racontées par des témoins divers (évangiles, apocryphes etc.)


Distinguer ce qui est de la connaissance et l’existence de Jésus par l’histoire de ce qui est le contenu des écrits et de ce qu’en dit la théologie catholique. Il est acquis qu’un homme Jésus ait vécu à cette époque, qu’il ait entrainé des gens avec lui, qu’il fut considéré comme réformateur-blasphémateur (révolutionnaire ???), condamné et exécuté sous Ponce-Pilate. La crucifixion comme mode d’exécution était d’usage courant dans les pays colonisés par l’armée et le pouvoir romain. On parle de 3.000 exécutions. La résurrection ne fait pas partie de l’histoire : l’histoire de Jésus s’arrête à sa mort, mais les historiens ont de nombreuses traces-preuves de l’existence de groupes de disciples aussitôt après sa mort qui affirment que… Les historiens ne s’engage pas sur les contenus de leurs affirmations, que ce soit avant oou après la crucifixion, mais ils reconnaissent le fait que des gens aient écrit et publié ces contenus, se soient réunis au nom de ce Jésus.


[Note sur Michel Onfray. Cf. Etudes Novembre 2008, p.486 article du père Maldamé Les sources de la foi. "A propos de Jésus, Michel Onfray reprend sans examen des affirmations non fondées. Il considère d'abord que Jésus n'est pas un personnage historique, et il écrit: « L'existence de Jésus n'est aucunement avérée historiquement» (p. 147). Cette affirmation a été maintes fois réfutée par les travaux scientifiques, si bien que, depuis plus d'un siècle, nul historien n'ose se hasarder à reprendre cette vieille thèse - hélas encore répandue dans le monde laïque - qui considère l'Evangile comme une légende. Au contraire, l'histoire reconnaît aujourd'hui que la vie publique de Jésus est l'une des mieux connue de l'Antiquité. La compréhension des mécanismes de la transmission orale et écrite qui ont présidé à l'écriture du Nouveau Testament confirme la véracité des évangiles canoniques et explique bien les divergences dans l'espace de liberté que suppose et suscite la foi. Jésus n'est pas l'être imaginaire présenté par M. Onfray; c'est un homme bien réel." ]


Le pays l’environnement religieux, sociopolitique
L’existence de Jésus se déroule entre -4 et + 30, alors que la Judée est soumise à Rome. Pompée avait conquis Jérusalem en -63 ; peu à peu, la présence romaine devient moins acceptée. Sicaires et zélotes font le coup de poing contre l’armée. La guerre juive (+66-70) entraine la répression de Rome (70.000 légionnaire) et la chute de Jérusalem. Jérusalem rasée est l’expression de la volonté de faire disparaitre toute trace juive en 70. Ceci explique les difficultés à connaitre la vie ordinaire du temps de Jésus. Les manuscrits de Qumran lèvent une partie du voile. La guerre se poursuivra jusqu’en 135 (révolte de Bar Kochba)


Des groupes religieux et politiques très divers coexistent, qui s’acceptent plus ou moins : pharisiens et scribes, sadducéens proches du courant des grands prêtres et hérodiens proches du pouvoir, zélotes, baptistes, les esséniens qui ont pris leur distance de Jérusalem, Galiléens, Samaritains etc.). Il n’y a pas d’unité/uniformité. Dans ce contexte de domination étrangère se développe le sentiment religieux et spirituel de l’attente. Des prédicateurs messianiques annoncent la venue du messie, et un renouveau spirituel et politique (fils de David), les baptistes, Jean, Jésus insistent sur le renouveau intérieur et religieux. Certains, les zélotes ou sicaires, prônent la lutte armée contre Rome. Le groupe des douze peut être considéré comme l’école du rabbi Jésus, tout comme il y avait d’autres groupes autour d’autres rabbi. Retenons que, de tous les groupes juifs de cette époque, ce groupe juif autour de Jésus a réussi et s’est imposé dans l’histoire de l’humanité. Il y aura conflit ouvert lorsque les pharisiens auront réussi à reconstituer une autorité morale et religieuse après la chute de Jérusalem (assemblée de Jabné)

 

Géographie et spiritualité :
Pour faire simple : autour du Temple et de Jérusalem une religion plus étriquée et des compromissions avec le pouvoir romain ; sur les rives du Jourdain, des prédicateurs religieux.

  • • Autour du Temple. Le temple, est restauré magnifiquement et agrandi par Hérode le grand Magnificence. Une fierté certaine se développe et les courants liturgiques ritualistes s’en donnent à cœur joie. (Cette débauche autour du culte est dénoncée par les esséniens, par Jésus lors de l’épisode des vendeurs chassés du Temple.) Plusieurs fois les évangiles signalent l’opposition de Jésus à une religion de la sécheresse du cœur. De nombreux pèlerinages drainent des foules considérables venues Judée-Galilée et de la diaspora dispersée bien au-delà dans tout l’empire romain. L’armée romaine surveille les foules et les risques de manipulations de foules et rebellions.
     
  • • Autour du Jourdain. Des groupes/groupuscules se détachent plus ou moins de la religion du Temple, des gens en nombre qui attendent autre chose que le cultuel : une religion du cœur, un Dieu qui soit plus proche de leur quotidien. Les esséniens, les groupes baptistes, dont Jean Baptiste, Jésus. On peut dire de Jésus qu’il prêche une réforme religieuse. Jusqu’à un certain point ça passe. Tant que les prédicateurs sont au bord du Jourdain et en Galilée (Lac de Tibériade ou Capharnaüm), on les observe, on les interroge. La Galilée, c’est loin de Jérusalem, la vie est plus cool dans un pays prospère que sur la crête rocailleuse de Jérusalem ! Mais quand Jésus vient prêcher à Jérusalem, dire la Loi à la place des pharisiens et des responsables religieux (grand prêtre, grand sanhédrin, c’est l’opposition frontale. Jalousie que les foules le suivent, peur d’une prise de pouvoir qui déplairait à Rome : Il mérite la mort. Les évangiles rapportent une double condamnation d’abord religieuse (blasphème) mais qui doit être ratifiée par le pouvoir occupant Ponce-Pilate,. « Il parle contre l’empereur ! » condamnation politique. Jésus est exécuté selon la méthode romaine à l’égard des étrangers : la crucifixion. Pour les romains, comme pour le sanhédrin (tribunal suprême de 72 personnes, composé de trois groupes).
    La question est réglée!

 

Eh bien non !

ENTRE 30 ET 70 - LE TEMPS DE LA PROPAGATION

 
Prédication et expansion, source Q, lettres des apôtres.
Les disciples de Jésus affirment que Dieu n’a pas abandonné Jésus. En Judée, mais aussi dans l’empire romain, car de nombreux pèlerins sont passés par le Jourdain ; ils colportent ce qu’ils ont entendu et qui leur a chauffé le cœur : un prophète a dit que Dieu revient chez nous… (depuis si longtemps aucun prophète n’a parlé ; aujourd’hui les cieux se déchirent ! L’envoyé, c’est Jésus… mais les chefs l’ont condamné comme blasphémateur, c’est-à-dire qu’il a parlé contre la Bible. Cependant leur foi demeure en ce Jésus, messie de Dieu. Alors se développe une recherche de textes de l’Ecriture qu’ils rapprochent de ce qu’ils ont vécu (tous les textes qui commencent par “comme il écrit”.. Moïse, Elie, les prophètes sont appelés pour authentifier un messie qui n’est pas le messie glorieux, roi de majesté, fils de David, mais un messie souffrant, serviteur.


Multiplication de groupes juifs disciples de Jésus dès les années 30. Des groupes se développent à Jérusalem et en Judée-Galilée, avec extension jusqu’à Antioche et Chypre (penser au rôle des synagogues comme communautés d’accueil des frères dans la diaspora. Pensez aux suites des pèlerinages à Jérusalem. Extension même à Rome : des juifs et chrétiens sont chassés de Rome en 48 (édit de Claude). Dans cette première étape, on ne peut guère distinguer juifs et chrétiens. Les chrétiens sont un groupe juif qui honore la pensée de Jésus. Les pharisiens essaient de convaincre ces juifs disciples de Jésus qu’ils font erreur. La rupture officielle et totale se fera en 90 à Jabné.

 

Barnabé et Paul, initiateur d’une annonce au-delà des frontières du judaïsme. La conversion de Paul ses voyages et lettres aux communautés qu’il a fondées. Ils ne sont pas les seuls. Les documents concernant l’Egypte, l’Asie sont assez pauvres, et les ruptures (arianisme, puis Islam) ont coupé des possibles transmissions et donc études sur ces périodes anciennes.

 

Caractéristique de ces groupes :

  • Ils enseignent. Ilsreprennent les enseignements de Jésus, les paraboles ; racontent et développent la vie de Jésus, faits et gestes. (Ils ne se contentent pas de redire ce que Jésus a dit. (catéchèse), expliquent le rapport qu’ils établissent entre Jésus et les Ecritures.
  • Ils prient. Ils reprennent a manière de prier de Jésus (proche de celle du Temple, qu’ils continuent à fréquenter), avec mémoire du dernier repas : le pain rompu dans les maisons (liturgie)
  • Ils proclament et se développent. Ils entraînent des nouveaux à leur cause, des juifs de Palestine, mais surtout des juifs de la diaspora et aussi des païens, des “craignant-Dieu“ et, comme Paul, Athènes ou Corinthe… des venus d’ailleurs. (apologies)
  • Ils réfutent les arguments des opposants, surtout venant des pharisiens/scribes et caste des lévites. (controverses)
    Selon les Ecritures. La première préoccupation des premiers chrétiens était de se référer aux Ecritures. Leur conviction, c’est que Dieu n’a pas pu abandonner dans la mort celui qui l’a servi et annoncé. Jésus est le nouveau prophète attendu… Cf. “comme le dit Isaïe” Mc 1,2 ; ou encore les chants du serviteur. Alors que les autorités juives affirment que Jésus est « hors Ecritures » et blasphémateur, ils affirment au contraire, que de nombreuses pages des Ecritures renvoient à Jésus. Selon la dialectique rabbinique, on peut tout affirmer, à condition que ce soit justifié par les Ecritures. C’est ce que les chrétiens ont fait

    On imagine la mise par écrit de ces paroles en forme de documents de synthèse ou aide-mémoire, pour soutenir les prédicateurs dans leur enseignement. Par la suite, ces écrits ont pu alimenter les auteurs des apocryphes
      

Les lettres apostoliques

  • Lettres de Paul celles qui viennent de lui et celles mises sous le nom de Paul. Objectifs de Paul : il a mis en route des communautés et les a quitté soit par nécessité (fuite devant les persécutions) ou par désir de fonder ailleurs. De synagogue en synagogue… selon le réseau des juifs de la diaspora, en Asie mineure d’abord, puis en Macédoine e en Grèce (Philippes, Thessalonique, Athènes, Corinthe). Ce sont surtout des courriers de circonstance, en réponse à des questions que se posent ses nouveaux convertis. Il les conforte, leur répond et/ou les remet en cause dans leurs comportements (Les questions sur la résurrection, à Thessalonique, Les partis et divisions à Corinthe; les déviations chez les Galates)

Nous pouvons regrouper les lettres écrites par Paul d'après leur date de parution probable (entre 49 et 60):
? première et deuxième lettres aux Thessaloniciens ;
- première et deuxième lettres aux Corinthiens (la deuxième regroupe plusieurs lettres) ;
- lettres aux Galates et aux Romains; aux Philippiens ; à Philémon.
? Les lettres aux Colossiens et aux Ephésiens. Il n'est pas certain que Paul les ait écrites.
? Enfin, des écrits postérieurs à 70 ap. J.-C., les épîtres dites « pastorales » : 1ère et 2ème lettre à Timothée, lettre à Tite; l'épître aux Hébreux.

 

  • Lettres de Pierre, de Jacques ; de Jean ; l’Apocalypse. Certains lettres ont été écrites par la communauté et mises sous le nom de l’auteur.

ENTRE 70 ET 100, LA REDACTION DES EVANGILES

 

Les historiens des textes pensent que les écrits aide-mémoire ont pu constituer une synthèse, appelée document Q (pour “Quelle”-source) dont on n’a aucune trace mais que les évangélistes auraient utilisé. Rappel des 4 motivations pour “faire du texte” sur Jésus : catéchèse ; liturgie ; apologie, controverse.

 

L’Evangile de Marc, avant 70. La mort de Pierre, de Paul (62-64) les persécutions (en monde juif, et monde païen avec Néron..) la disparition des piliers de l’Eglise ont pour conséquence la demande de mettre par écrit les témoignages des apôtres. Marc, entre 65 et 70, écrit pour les chrétiens de Rome.
Pour faire simple : Marc, vers 70, pour Rome
 

 

Luc, vers 80 en Syrie. Luc est un homme cultivé, grec païen, citoyen d’une grande ville d’Asie mineure, devenu prosélyte dans la diaspora juive puis converti au christianisme. Il a rédigé une œuvre en deux parties, Evangile et Actes. Il a une vision positive de l’empire romain et une vision universelle du salut.


Matthieu : 85 milieu palestinien judéo-chrétiens


Jean 90-100 : Asie Mineure, sans doute à Ephèse. Apocalypse)

 

Le cas des récits d’enfance en Luc et Matthieu. Ils ont été écrits après les récits concernant la mort-résurrection du Christ. Ils correspondent, eux aussi, aussi au désir d’écrire pour instruire les communautés, et pas seulement pour raconter ce qui s’est passé. Ils ont une portée théologique (fils d’homme et fils de Dieu ; universalité du salut aux lointains et aux petits (les mages les bergers), descendant de David, incarné dans une histoire (généalogie, référence chronologique, contexte). La vérité qu’ils croient y est exprimée et non la vérité selon nos concepts de vérité historique du XXIème siècle. Nous demandons aux récits sur Jésus des vérités historiques (au sens moderne d’histoire) pour lesquels ils n’ont pas été écrits.

 

MULTIPLICITE DES AUTRES DOCUMENTS

 

Les récits apocryphes.

 

Autour des évangiles officiels gravite une littérature populaire intéressée par les premières années de Jésus, de ses parents, de son enfance. Ces écrits remplissent les années silencieuses par de nombreux écrits emplis de merveilleux (voir fuite en Egypte, miracles de Jésus enfant). Les communautés selon leurs besoins mettent aussi par écrit des récits sur Jésus, des paroles, en fonction de leurs « connaissances » sur Jésus, mais aussi selon leurs interprétations et les influences religieuses et philosophiques diverses. Les gnoses et hérésies naitront surtout dans les régions au confluent du monde juif/chrétien d’autres religions ou philosophies ((Egypte, Syrie, Mésopotamie). Les auteurs répondent aussi au besoin de compléter les « trous » de ce qu’on pourrait dire une biographie sur Marie, Anne et Joachim, Jésus enfant, ses jeux, les principaux saints (Pierre, Jacques, Judas, Thomas etc.). les textes sont créés dan set pour leurs communautés. Cela va s’étaler sur 400 ans du 2ème à la fin du 6ème siècle). Le plus ancien semble être l’apocalypse de Pierre écrit entre 132 et 135, à l’époque de la dernière révolte contre l’empire romain, écrit pour des chrétiens persécutés par les juifs, pour n’avoir pas voulu suivre les juifs résistants. L’écriture des apocryphes est postérieure à 150. Elle est très libre, très diverse, assez facilement ésotérique, c’est-à-dire obscure et réservée à des initiés. Ces écrits seront à l’origine d’un style de récit qu’on appellera « vie de saint », pavée de bonnes intentions et à l’imagination fertile.

 

Beaucoup de documents ont disparu. Certains textes sont connus par les écrits de controverse contre ceux qui étaient estimés non conformes à la doctrine des chrétiens et de l’Eglise. En 1945, Nag Hammadi, prés de Louqsor, on découvre une bibliothèque contenant 50 textes du 2 au 5ème siècle, dont l’évangile de Thomas, contenant 114 paroles attribuées à Jésus. C’est l’expression du besoin des communautés d’entretenir la mémoire de Jésus et la mémoire des apôtres. On ne peut pas accuser de vouloir bien ou mal faire… mais volonté de raviver la mémoire… de la créer et de l’enjoliver !


Les apocryphes sont l’expression du climat du milieu chrétien des premiers siècles. Leur découverte et études donnent un nouveau regard sur ces époques disparues, ils ne remettent pas en cause les documents reconnus. Connaissance et compréhension et discernement sont à faire. Il reste cependant très difficile de préciser les lieux de production de chacun des écrits, de préciser leur géographie.

La pseudépigraphie : la notion de droits d’auteur est récente. A l’époque, on ne se gênait pas pour mettre sous le nom d’un auteur connu un texte qu’on a soi-même rédigé, on n’hésite pas à « compléter ». Il importe donc d’être prudent sur l’attribution de tel texte à tel ou tel apôtre.

 

Les écrits gnostiques.

 

Parmi les apocryphes ils tiennent une place particulière. Les gnoses sont des déviations de la foi chrétienne où l’on affirme obtenir le salut par la connaissance. Les doctrines sont multiples. Déjà l’Evangile de Jean porte les traces de réaction à certaines idées. Cf. “le Verbe s’est fait chair”. Ce que nos mains ont touché etc. L’insistance du ch.6, discours sur le pain de la vie, sur “descendu duu ciel”. Jésus est vraiment mort. L’épisode de Thomas et les plaies du Christ etc.

La doctrine catholique parle de foi et d’amour dans les actes concrets de l’existence, de la matérialité de l’incarnation : Jésus n’a pas fait semblant ; Dieu le premier nous a aimés, et non pas l’inverse : nous, par notre savoir. Les gnoses disent autre chose. Elles affirment que l’on ne reçoit la Connaissance que si on en est digne (il ya une étincelle au fond de chacun…) Ce n’est donc pas pour tous ! Pour les gnostiques, la vie d’en-bas est déchéance, influence d’autres religions de Mésopotamie et philosophies grecques. Jésus n’est pas vraiment homme. La gnose est une voie pour passer du chaos d’ici vers le Père qui a envoyé Jésus. Le sauveur ne pouvait être crucifié et mourir car il est spirituel et immortel. Le corps crucifié n’est qu’une dépouille mortelle (de Jésus ou d’un autre), mais ce n’est pas le Jésus spirituel. Ainsi les secrets qui se dévoilent au cours de l’initiation et les sacramentaux (apportés par le Christ) permettent de gravir les échelons. Autre caractéristique : la déconsidération de la femme dans les écrits gnostiques (cf. la fille du jardinier). Les gnoses perdurent jusqu’au 4ème siècle. Les écrits sont surtout connus grâce aux controverses des hérésiologues (pères de l’Eglise qui ont régi contre les hérésies).

Les apocryphes suppléent les absences d’informations, surl’enfance, vies. Les gnoses éloignent de la foi

 

Statuts des textes. Processus d’authentification. Listes et canon 

 

Chez les chrétiens et leurs pasteurs, grandit le désir de connaitre la qualité, le statut des textes : textes fondateurs, de référence : voir clair, authentifier l’utile et le faux. Devant la prolifération anarchique des livres et fragments (agrapha) en toutes langues (grec, latin, syriaque, copte éthiopien, arménien, géorgien ; slavon, irlandais, vieil anglais, vieil allemand, provençal, bulgare, etc.) est né très vite le désir de voir clair, de classer, de retenir ce qui est fondement pour la foi des chrétiens, digne de foi, pour la dévotion privée, doctrine hasardeuse ou fausse (sérieux, pas sérieux) hérétiques. Il n’y a pas d’autorité régulatrice, mais des conseils. St Augustin invitait à retenir les textes reconnus et lus par la plupart des Eglises.

 

Un textes comme l’Evangile de Pierre fort apprécié, ne sera finalement pas retenus car trop anti-juif et trop apologétique. Il existe des listes dès la fin du 2ème siècle. Irénée de Lyon, vers 175 reconnait l’usage de 4 évangiles, des Actes, des épitres de Paul, Pierre, de Jean et Apocalypse, à la différence de Marcion. Le canon de Muratori, vers 200, contient déjà la plupart des livres actuels, dont l’évangile de Jean pourtant fort attaqué comme non authentique par les hérésies d’alors, les gnoses en particulier, contre lesquelles Jean réagissait. Il y aura d’autres listes, mais peu de variations sur les livres reconnus. La liste « définitive » au sens de canon, ou règle de référence, pour l’Eglise catholique, date du concile de Trente, 16ème siècle. Donc pas de fausse polémique sur les hypothétiques condamnations dans les premiers siècles.

Dès le 3ème siècle, les écrits qui deviendront canoniques sont entourés de respect, davantage recopiés ; d’autres, plus ou moins tolérés, appréciés ou considérés de « dévotion privée, d’autres sont rejetés comme impies.


Parmi les critères, vient en premier l’aspect « utile pour entretenir et développer la foi des chrétiens. ». Autre aspect : se fier à la majorité des Eglises et à leurs choix. Sélection ‘naturelle’ ? ou plutôt, à l’usage, certains documents tombent en désuétude, puis dans l’oubli, car ils ne correspondent pas à l’intuition reçue, transmise par les apôtres et leurs successeurs. Pensez à Paul : « vous avez reçu ce que moi je vous ai transmis et que j’avais moi-même reçu… » Il n’y a pas d’autorité qui impose les choix, mais plutôt un consensus qui s’installe dans la durée, par décantation. (Ceci contre l’opinion trop répandue que l’autorité a interdit !Tout au plus des conciles locaux mettent en garde, mais c’est tardif : 4-6ème siècles).

 

La réception des textes
En raison des modes d’écriture, des pseudégraphies, beaucoup de textes canoniques subissaient en continu des modifications (tout comme pour l’AT dans les scriptorium de Qumran). Ils sont retravaillés, déformés volontairement ou non par les copistes, avec des ajouts etc. (critiques de Celse, d’Origène). A Alexandrie, dès le 3ème siècle, se met en place un travail de critique et d’exégèse pour fixer les principales traditions du texte canonisé, à partir des différents manuscrits.

 

Dès lors les textes non retenus se trouvent, de fait, dévalorisés non réécrits ! Un autre travail de critique scientifique existera à partir du 17ème siècle, avec les bollandistes (à partir de 1643, pour les vies de saints), puis avec l’exégèse et la critique textuelle, est revisité le texte de la Vulgate. Aujourd’hui ce travail est quasi définitif. Il ne suffit donc pas de dire « Que c’est beau ! Admirable, gentil, merveilleux !, pour que ce soit conforme à la vérité. La vérité suppose discernement.

 

Tomber en désuétude.
Saint Augustin, (vers 400), interrogé pour savoir quels textes retenir, invite à suivre l’autorité des textes en faveur desquels la majorité des Eglises catholiques s’est prononcée. On pourrait dire qu’il utilise un critère d’universalité.


Certains textes peu usités ne seront pas recopiés, tomberont dans l’oubli et disparaitront sans qu’il y ait eu complot à leur égard. Ainsi en sera-t-il de l’Evangile selon les hébreux, des nazaréens, des Ebionites). Les filières de transmissions sont avant tout épiscopale et monacale. La transmission est plus large et indulgente dans le monachisme, tandis que la filière épiscopale est plus rigoureuse dans ce qu’elle reçoit ; les évêques exercent leur responsabilité à l’égard du Peuple de Dieu.

 

Concile de Trente (1545-1563).

Le concile de Trente est le moment d'une réforme profonde de l'Église et de ses institutions. On définit et fixe les normes etc. C’est l’époque de la fixation définitive du canon des Ecritures. Au moment où le protestantisme diffuse les Ecritures grâce à l’imprimerie, et protestants Il faut L’Eglise éprouve le besoin de mettre des règles. Ce sera le canon des Ecritures, liste officielle et estampillée de ce qu’il faut retenir comme saintes Ecritures contenant la Révélation. 27 livres pour le NT, la Vulgate (traduction latine de St Jérôme) comme texte de référence. Cela ne diminua pas l’usage des apocryphes, mais il y a désormais les textes reconnus et les autres, qui deviendront pour une certaine presse les textes que l’Eglise veut cacher. Ils continuent à nourrir la dévotion et la piété privées, d’autant plus qu’ils peuvent être traduits dans la langue du pays. Certains textes seront cependant expurgés comme trop peu conformes au contenu des Ecritures (les sages-femmes de la nativité)  

Conclusion :


1. Les apocryphes restent fort utiles pour comprendre l’histoire des premiers siècles chrétiens, le développement de la foi, des pratiques et des dogmes. La discrétion des évangiles sur des sujets que nous voudrions voir valorisés a entrainé le besoin d’en savoir et de raconter plus. On y ajoute de l’insolite, du secret, du merveilleux, ce sont les ingrédients parfaits d’un succès populaire pour certains romans.


2. Dans les évangiles il est souvent question d’un choix de vie, pour ou contre Jésus, pour être avec Dieu, un choix qui se traduit par des actes. (Mtt 5, les béatitudes ; ou ch7 : “ce ne sont pas ceux qui disent Sgr ! mais ceux qui font la volonté de mon Père ; ou encore Mtt . 25 : “j’avais faim et vous m’avez visité”. Voilà des critères retenus par les chrétiens pour leurs choix de lecture et choix de vie. L’itinéraire de Jésus au milieu des siens et vers la Croix jusqu’à la Résurrection est chemin de vie pour qui marche à sa suite sur les routes des hommes.


3. Dans l’évangile de Marc, les premiers chapitres ne sont pas des discours, mais l’expression des actes et les gestes de Jésus qui signifient sa proximité avec les petits, les rejetés, exclus et pécheurs.


4. Beaucoup de textes apocryphes sont tombés en désuétude, parce qu’ils ne correspondaient pas à l’attente des chrétiens pour vivre leur foi. Certains, considérés comme hérétiques ont été rejetés vite et fermement, d’autres ont continué leur chemin avec plus ou moins de bonheur. La réédition de la légende Dorée a relancé pour quelques temps le goût pour une littérature pieuse mais pas toujours très catholique.


5. Au siècle des Lumières, puis au 19ème siècle, les apocryphes et écrits gnostiques ont été utilisés pour contester l’authenticité et l’ancienneté des évangiles. Cette bataille est aujourd’hui terminée, au moins dans les milieux scientifiques, mais les courants ésotériques ont encore de beaux jours devant eux, épiant la crédulité d’un public avide de sensations pieuses sans pour autant se sentir concerné par l’appel « viens, suis-moi ! ».

Emile Hennart février 2009

 

A lire: Les récits de l'enfance de Jésus Cahiers Evangile n°18, par Charles Perrot.

Les textes, collection de la Pléiade: Ecrits apocryphes chrétiens; Ecrits gnostiques; La Bible, Ecrits intertestamentaires.

 

On peut consulter: http://www.info-bible.org/histoire/jesus.htm  
En prévision: citations et références de quelques textes apocryphes

 

 

Deux exemples, cités par le père Ch. Perrot dans Cahiers Evangiles n°18:

  

Evangiles apocryphes. la fuite en egypte:  pseudo Matthieu

 


Texte de l'évangile :  Après le départ des mages, voici que l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : "Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et fuis en Egypte ; et restes-y jusqu'à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr."[14] Il se leva, prit avec lui l'enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte ; [15] et il resta là jusqu'à la mort d'Hérode; pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : D'Egypte j'ai appelé mon fils. (Mtt 2, 13-15)

 

Texte du pseudo-Matthieu. Les lions et les léopards l'adoraient et les accompagnaient dans le désert; partout où Marie et Joseph allaient, ils les précédaient, montrant la route, et, inclinant la tête, ils adoraient Jésus. Mais le premier jour où Marie vit des lions autour d'elle et toutes sortes de fauves, elle eut une grande frayeur. Mais l'enfant Jésus, la regardant le visage tout éclairé de joie, lui dit: « Ne craignez pas, Mère; car ce n'est point pour vous faire du mal mais pour vous servir qu'ils s'empressent autour de vous». Et, par ces paroles, il dissipa toute frayeur de leur cœur.


Les lions faisaient route avec eux, et avec les bœufs, les ânes et les bêtes de somme qui portaient leurs bagages, et ils ne leu faisaient aucun mal; mais ils étaient pleins de douceur parmi les brebis et les béliers, que Joseph avait amenés de Judée, et même ils les gardaient avec lui. Et ceux-ci marchaient au milieu des loups, et ils ne craignaient rien et nul n'éprouvait de mal. Ainsi s’accomplit ce qui avait été dit par le prophète (Isaïe): « Les loups paîtront avec les agneaux, le lion et "le bœuf mangeront ensemble du fourrage ». Car il y avait deux bœufs et le chariot pour transporter les objets usuels et c'étaient les lions qui les gardaient sur leur route.


Or, il advint que le troisième jour de leur déplacement, Marie se trouva fatiguée par l'ardeur du soleil dans le désert. Apercevant un palmier, elle dit à Joseph : « Je me reposerai un peu sous son ombre ». Joseph s'empressa de la conduire auprès du palmier et la fit descendre de l'ânesse. Quand Marie fut assise, elle regarda vers la cime du palmier et la vit chargée de fruits. « Je voudrais, s'il est possible, dit-elle à Joseph, goûter des fruits de ce palmier ». Joseph lui répondit. « Je m'étonne que tu parles ainsi; tu vois à quelle hauteur sont les palmes, et tu te proposes de manger de leurs fruits! Quant à moi, c'est bien davantage le manque d'eau qui m'intéresse, car il n'yen a plus dans nos outres, et nous n'avons pas de quoi nous abreuver, nous et nos montures ».


Alors le petit enfant Jésus, qui reposait calmement sur le sein de sa mère, dit au palmier: « Penche-toi, arbre, et nourris ma mère de tes fruits!». Et obéissant à ces mots, le palmier inclina aussitôt sa cime jusqu'aux pieds de Marie, pour qu'on y cueillît des fruits dont tous se rassasièrent. Quand tous les fruits eurent été cueillis, l'arbre demeurait incliné, attendant l'ordre de celui qui lui avait commandé de s'incliner, Alors, Jésus lui dit: « Redresse-toi, palmier, reprends ta force! Tu partageras désormais le sort de mes arbres qui sont au Paradis de mon Père. Ouvre de tes racines la source cachée au fond de la terre et que des eaux en jaillissent pour notre soif! » Aussitôt le palmier se redressa, et d'entre ses racines se mirent à jaillir des sources d'eaux très limpides, très fraîches et très douces. Et, voyant ces sources, ils furent pleins d'une grande joie, ils se désaltérèrent, eux, leurs gens. et toutes leurs bêtes, et ils rendirent grâces à Dieu. (Évangile du Pseudo Matthieu, 19-20, VIème siècle).

 

 

Miracles de Jésus enfant

Un jour, après que Jésus avait accompli sa septième année, il jouait avec ses petits camarades, c'est-à-dire des enfants de son âge. Ils s'amusaient avec de l'argile et en faisaient des figurines représentant des ânes, des bœufs, des oiseaux, etc... Chacun d'eux se montrait fier de son habileté et vantait son ouvrage. Et le Seigneur Jésus dit aux petits garçons: «-Voyez ces figurines que j'ai faites, je vais leur ordonner de marcher ». Les petits garçons lui dirent: « Etes-vous donc le fils du Créateur ?».


Or donc, le Seigneur Jésus commanda à ces figurines de marcher et aussitôt elles se mirent à sauter. Puis il les rappela et elles revinrent. Et Jésus avait fait des figurines représentant des oiseaux et de petits moineaux. Il leur ordonna de voler, et elles volèrent; de se poser, et elles se posèrent sur ses mains. Il leur donna à manger et elles mangèrent, à boire et elles burent. Les petits garçons s'en furent raconter le fait à leurs parents. Ceux-ci leur dirent: « Enfants, ne fréquentez plus celui-là; c'est un magicien. Gardez-vous de lui, ne l'approchez plus et dorénavant ne jouez plus avec lui ». (Evangile arabe, 26, 1-2 VIIème siècle).

 

Remarque: C'est mignon tout plein, c'est un décalque du récit de création en Genèse...

C'est un récit édifiant, mais qui ne vise en rien à la vérité historique selon nos catégories.