Fiche 02 Matthieu 3-4

Jean-Baptiste; baptême et tentations de Jésus

Préparation de la Bonne Nouvelle (II) 3,1 à 4,25.

Jean Baptiste ; baptême et tentations ; premiers disciples.

 

Remarque : pour rester attentifs au texte lu, n’oubliez pas de reprendre les questions telles qu’elles sont proposées dans le fiche 00. Il est conseillé de lire d'abord le texte de l'Evangile, ch. 1 et 2 de Matthieu avant de lire cette fiche. Le texte ci-dessous est proposé en format pdf en bas de page pour être imprimé en recto-verso

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Rappel de ce qui précède.
 

 

Les deux premiers chapitres de Matthieu commençaient par une généalogie qui situe Jésus dans l'histoire de son peuple, fils d’Abraham, descendant de David. Puis venait l'annonce faite à Joseph par l'ange du Seigneur : "Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d'Emmanuel, ce qui se traduit Dieu-avec-nous". C'était une citation d'Isaïe complétée par "Tout cela arriva pour que s'accomplisse ce que le Seigneur avait dit par le prophète". Pour Matthieu, c’est une manière de rattacher Jésus dans la continuité des Ecritures, faire comprendre que "enfin les promesses sont accomplies, enfin le Messie tant attendu est là".
Les épisodes suivants redisaient ce message d'accomplissement, chacun à leur manière : visite des mages, fuite en Egypte, massacre des enfants de Bethléem, retour d'Egypte et installation à Nazareth.

 

Lecture d’ensemble.
 

Voici maintenant la prédication de Jean-Baptiste, le baptême de Jésus et le récit des tentations ; tous ces récits sont truffés de citations explicites des Ecritures et d'une multitude d'allusions bibliques.
Même si nous sommes étonnés de telle ou telle citation, rappelons-nous qu’elles furent choisies par les prédicateurs chrétiens pour signifier que Jésus est porté par les Ecritures. Ces citations sont aussi les traces des conflits avec les Juifs qui niaient que Jésus puisse être le Messie attendu.

 

Jean le Baptiste 

 

Sur ls pas de Jésus en Terre sainte Méditation au bord du lac de Capharnaüm  
Sur ls pas de Jésus en Terre sainte
Sur ls pas de Jésus en Terre sainte
La séquence 3, 1 à 4, 17 commence et se termine par la même expression : “Le Règne des cieux s’est approché”. Cette parole dite par Jean est reprise ensuite par Jésus, ce qui peut signifier qu’il y a transition de l’un à l’autre, de Jean à Jésus… passage de flambeau ?

 

Cette reprise signifie surtout, pour la seconde génération de chrétiens, qu’il n’y a pas rupture mais continuité entre Jean-Baptiste et Jésus. Bientôt un nouveau temps va commencer, non plus au désert de Judée, mais au bord de la mer de Galilée (4,18).

 

Habillement de Jean
Si nous sommes étonnés de l’accoutrement de Jean (poil de chameau, ceinture de cuir et nourriture de sauterelles), il suffit de rappeler la représentation qu’on se faisait du retour du prophète Elie, qui marche en avant de Yahvé. Pour le contenu de la mission : “ Voici que je vais vous envoyer Elie le prophète. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils et le cœur des fils vers leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d'anathème” (Malachie 3,24). Pour la représentation physique : “C'était un homme avec une toison et un pagne de peau autour des reins” (2 Rois 1, 8). Ces quelques détails relient l’Evangile à l’Ancien Testament. Cependant, ce n’est pas l’habit qui fait le prophète, tout au plus y a-t-il dans la description une invitation à prendre au sérieux le contenu de ses paroles.

 

Les homélies de Jean le BaptisteJéricho lever de soleil Jéricho lever de soleil  
Il serait dangereux de se représenter Jean comme un excentrique à cause de son habillement. Ce qui frappait ses contemporains était le contenu de sa prédication : “Convertissez-vous, le Royaume des cieux s’est approché, il est devenu proche”. Pour les petites gens, le ‘peuple de la terre’, par opposition aux élites, c’était l’invitation à croire que Dieu s’intéressait à eux, qu’il venait pour eux, alors que les autorités religieuses du Temple affirmaient au contraire la grande distance entre eux et Dieu. Jean aussi laissait entendre cette grande distance, mais il annonçait une ouverture possible. Avec Jésus, les barrières sont abolies, non que le péché n’existe plus, mais que la miséricorde de Dieu surpasse tout le mal qui nous éloigne de Lui.
Jean garde un discours rugueux : “La hache est à la racine de l’arbre, et s’il ne produit pas de bon fruit, il sera coupé et jeté au feu”. Ou encore, “La pelle à vanner séparera le bon grain de la bale que l’on brûlera”. Dans l’Ancien Testament, l’image de la moisson était déjà le signe de la venue de Dieu, de la fin des temps. Matthieu utilise plusieurs fois l’image, par exemple pour le bon grain et l’ivraie (Mt 13.).

 

Le baptême de Jean
A la sortie du lac Le Jourdain  
A la sortie du lac
A la sortie du lac
Beaucoup de Juifs de Palestine et de la diaspora attendaient un renouveau. Le baptême de Jean était reçu une fois, et signifiait l’idéal de pureté. La conversion intérieure était indispensable, dans l’attente d’une purification radicale à venir. Ce baptême est différent des aspersions d’eau rituelles et quotidiennes pratiquées par des mouvements ultras comme les Esséniens ou les Pharisiens. Les premiers chrétiens parleront du baptême d’eau et d’esprit pour distinguer le baptême des chrétiens du baptême de Jean.

 

Le baptême de Jésus.

En exigeant d’être baptisé, Jésus manifeste qu’il n’est pas différent de l’ensemble du peuple pour qui il est venu et avec lequel il se solidarise. En même temps, il écarte l’idée de certains qui voudront faire de lui un Messie triomphant et au-dessus de tous. En signalant que les cieux s’ouvrent, Matthieu signifie que désormais, avec Jésus, la relation entre le Ciel (Dieu) et la terre (les hommes) est rétablie. La vision de la colombe et la parole “Celui-ci est mon Fils bien-aimé” viennent préciser, avant le commencement de la mission de Jésus, qu’il est bien l’envoyé de Dieu, le bienaimé. On retrouvera semblable affirmation lors de la transfiguration.

 

Zoom. Tentations, 4,1-11.


Ce n'est pas immensité de sable, mais rocaille, lieu de vie, dépouillé, mais fertile. Au désert, Gorges d'Ein Avdat  
Ce n'est pas immensité de sable, mais rocaille, lieu de vie, dépouillé, mais fertile.
Ce n'est pas immensité de sable, mais rocaille, lieu de vie, dépouillé, mais fertile.
Matthieu place au tout début du ministère de Jésus trois tentations. Notre lecture risque d’enfermer ces trois tentations comme un seul et unique moment de l’existence de Jésus. Mathieu veut attirer notre attention sur le fait que toute la vie de Jésus est un combat. Il ne veut pas dire que Jésus n’a eu que trois tentations : le chiffre trois comporte une dimension symbolique, c’est une manière de dire “beaucoup”, de même qu’on dit “Dieu trois fois saint” pour “très, très saint”. De même pour le reniement de Pierre : par trois fois, peut-être plus ; ou encore pour la triple question “Pierre m’aimes-tu ?” : trois fois c’est-à-dire beaucoup.

 

Il n’échappe pas à notre lecture que la formulation des trois tentations est modélisée. Chacune commence par l’action du diable qui attise l’orgueil : “Si tu es fils de Dieu !” Ce à quoi Jésus répond par une fin de non-recevoir, par l’intermédiaire d’une citation biblique : “Il est écrit… !” C’est un peu comme si Jésus mettait en avant les textes de l’Ecriture pour trouver l’argument qui fait autorité, un argument qu’il ne tire pas de ses propres compétences, mais de la Parole de Dieu. Le tentateur, que l’on appelle aussi diable (diabolos en grec, le contraire de symbole “qui unit”), est celui qui cherche à diviser, à séparer l’homme de son Dieu. Jésus lui oppose la Parole de Dieu.

 

Quand nous disons être tentés de faire le mal, nous devrions plutôt dire : tentés de nous éloigner, de nous séparer de Dieu. Et la réponse ne dépend pas que de notre seule force mais de la force sur laquelle nous nous appuyons : la Parole de Dieu. C’est peut-être ici l’occasion de vérifier quelle nourriture nous apportons à notre foi. Il ne suffit pas d’être baptisé et d’avoir reçu quelque chose pendant notre enfance, encore faut-il se donner du solide tout au long de notre vie.

 

Une première étape pour interpréter ce récit, c’est de voir comment Jésus, Fils de Dieu est concerné par le risque d’être séparé de son Père, de découvrir que sa réponse est fidélité Ecritures qu’il médite. Jésus se nourrit d’elles et c’est par elles qu’il répond. Première tentation : compter sur sa seule toute-puissance ; seconde tentation, laisser toute responsabilité dans la main de Dieu et de ses anges ; troisième tentation : se laisser mener par la tentation du pouvoir et des richesses.
Une seconde étape de l’interprétation, c’est de voir comment, au-delà de la figure du Christ, nous sommes nous-mêmes concernés par le risque de nous éloigner de Dieu notre Père. Au-delà du Christ, c’est la figure de tout disciple, de tout chrétien qui se profile. En faisant de l’Ecriture une nourriture, le chrétien peut vaincre celui qui cherche à le séparer de son Dieu.

 

Pour aller plus loin


 Lever de soleil près de la Mer Morte Lever de soleil près de la Mer Morte   De l’anecdotique au symbolique. Les précisions de type géographique (désert, Zabulon) risquent de nous faire passer à côté de la signification voulue par Matthieu dans le choix des mots.
Désert de Judée… le lieu où paraît Jean est imprécis. On se doute que c’est quelque part, au bord du Jourdain. Cette imprécision renvoie plutôt à l’expérience spirituelle du désert, celle du peuple hébreu qui découvre, au cours de ses pérégrinations, que Dieu l’accompagne nuit et jour. Sans doute faut-il aussi penser aux dons accordés par Dieu : l’eau du rocher, la nourriture tombée du ciel. Sans doute faut-il se rappeler l’expérience d’Elie quand il rencontre Dieu dans le silence après la tempête et le feu (1 Rois 19).

 

Zabulon et Nephtali
Ce sont les noms de tribus qui n’existaient plus au temps de Jésus, situées dans les territoires très au nord et annexées en territoires païens. Ajoutez l’expression Galilée des nations (c’est-à-dire carrefour des nations païennes, porte ouverte sur le monde), et vous découvrez ainsi que, dès le début, le ministère de Jésus s’adresse aux lointains, c’est-à-dire aux païens, qui verront la Lumière (Cf. Luc 2,32 : Jésus, lumière des nations). Les courants juifs sacerdotaux de l’époque n’acceptaient pas l’idée d’un Messie venu “pour toutes les nations” (Isaïe 60, 3-7).

 

Appel des premiers disciples et rencontre de la foule 4, 18-25
Avec 4,18 commence une nouvelle étape, dans un nouveau lieu, au bord de la mer de Galilée et avec de nouveaux personnages. Jésus prend des initiatives en vue du Royaume : il appelle Simon et André, Jacques et Jean. Ce ne sont pas des individus isolés, mais des êtres de relation, habitués à travailler ensemble. Les appelés en vue de la mission ne sont pas des solitaires. L’image employée “pécheurs d’homme” peut surprendre ces premiers appelés, car des prophètes utilisaient cette image pour annoncer la fin des temps. Nous, aujourd’hui, nous connaissons la suite qui consistera à rassembler des hommes de toute race, de toute langue, pour le festin de Dieu. Nous n’en sommes pas encore là. L’évangéliste Jean reprendra la comparaison du filet de pêche plein à se rompre, pour signifier la multitude de ceux qui entreront dans le Royaume.

 

Dernières lignes: Un résumé de l’activité de Jésus termine ce récit : annonce de la Bonne Nouvelle et guérisons, bon accueil des foules qui accueillent et suivent Jésus. Le cadre est préparé pour entendre un premier enseignement.

 

Prier la Parole.
 

 

Devant la tentation, viens à mon secours !
Chaque jour de ma vie,
Je voudrais te prier dans le secret.
Trouver un lieu retiré au fond de ma maison,
Au coin de ma chambre.
Un abri calme, un clair-obscur, un lieu de silence,
La porte fermée, le téléphone coupé.
Je voudrais te prier, Père, toi qui vois ce que nul autre ne voit,
Toi qui entends dans le secret.

 

Je voudrais écouter ta voix, toi qui parles dans le secret.
Je voudrais être là, tout simplement.
Seigneur, je veux marcher dans tes voies,
Écouter, garder tes commandements, t'aimer,
Te servir en mon prochain
Et ainsi choisir vie et bonheur, c'est extrêmement difficile!

 

Tu connais ma faiblesse, mes chutes et mes tentations.
Viens à mon secours.
Rends mon cœur humble pour accueillir avec joie
Ceux que tu mets sur ma route,
Voir en eux des frères à aider pour ainsi te reconnaître.
Anonyme

 

Faites parvenir vos questions ou découvertes à :
Lire l’Évangile, Maison diocésaine BP1016 – 62008 Arras cedex
Ou par mail à hennart-eh@orange.fr


Les fiches sont publiées dans Eglise d’Arras, n° 14 à 21/2011
et dans le site diocésain : http://arras.catholique.fr/Matthieu  
disponibles à la Maison diocésaine


 

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 4158 visites