Récits des prêtres

 

En novembre 2006, une enquête auprès de 1200 prêtres était publiée par le père François Boursier sous le titre : « Un voyage intérieur dans l’Eglise ». A l’origine de ce livre blanc, l’Association Protection Sociale et Caisse des Cultes.

Voici quelques extraits des témoignages recueillis.

 

J'ai 40 ans et j'ai été ordonné en 1990. J'ai été aumônier de lycée et coopérateur paroissial. Je suis curé depuis 5 ans, en secteur rural, dans une paroisse de 61 000 habitants composée de 14 communes. Je suis par ailleurs responsable des lycéens pour le doyenné, aumônier diocésain du SEM, chargé d'un cours au séminaire.

Je vis au presbytère. JI faut de la discipline pour s'isoler. les locaux sont trop justes. Je dois souvent recevoir du monde dans ma salle de séjour personnelle. J'ai beaucoup de trajet pour partager un peu de vie commune avec des confrères (environ 40 km par jour). Je suis seul dans l'exercice de mes missions et j'ai un lieu de partage. À certaines périodes je suis surchargé.

Je suis partiellement en communauté: c'est important psychologiquement, mais fatiguant physiquement du fait des kilomètres à parcourir.

Ces dernières années, j'ai parfois ressenti une fatigue psychologique, liée au poids de la contradiction ambiante… p. 31

 

 

 

Un nouveau ministère se profile: coordination, orientation pastorale, manager, gestionnaire d'entreprise, modérateur de communauté de paroisses. Beaucoup regrettent ce qui fut leur raison d'être prêtre: un ministère de proximité, la relation avec les gens, avec le peuple de Dieu. Une appréciation: « les gens pensent encore qu'il faut que le curé sache tout... et ça modèle encore pour une part notre travail ».Dans l’exercice du ministère, on est passé de prêtre leader à prêtre accompagnateur…P.34

 

 

 

Ordonné en 1973, depuis toujours en milieu urbain, après vingt ans en quartiers difficiles, je suis responsable (modérateur) d'une paroisse avec neuf communautés urbaines et six rurales. J'ai de plus en plus de responsabilités diocésaines. Après trois années au Conseil presbytéral, j'ai refusé un autre mandat. Importance d'un logement indépendant, où l'on puisse accueillir parents et amis. Je ne crois plus à la vie en équipe pour les prêtres diocésains. J'ai des activités innombrables, mais j'arrive à gérer, je sais me protéger (par exemple du téléphone). C'est difficile d'être responsable, mais le fait d'arriver à dire les choses avec humour, cela sauve bien des choses.

Sur le plan matériel, tout est mis en commun au niveau du diocèse (messes...), et réparti à chaque prêtre. Tous les prêtres reçoivent le même salaire. Par contre, il peut y avoir certains avantages matériels suivant le lieu d'implantation (ainsi en rural les denrées alimentaires).

Nous sommes trois à partager notre mission. Je suis responsable (modérateur) et nous nous réunissons régulièrement pour partager. Nous mangeons ensemble chez chacun à tour de rôle. C'est assez sympa, nous nous disons les choses en vérité.

De temps en temps je suis en surcharge, mais je tiens à garder mon équilibre … p.91