Mgr Rodhain et la diaconie
Former à une authentique charité qui dépasse la démarche humanitaire.
En 1946, au sortir de la guerre, l'Assemblée des cardinaux et archevêques crée le Secours catholique pour qu'il soit le visage officiel de la charité de l'Église de France. L'abbé Jean Rodhain, fort de son expérience de JOCF et d'aumônier général des prisonniers de guerre, est nommé secrétaire général du nouvel organisme.
Mettant en application la méthode de l'enquête, chère à l'Action catholique, Jean Rodhain parvient à faire du Secours catholique une pédagogie de la charité pour un travail harmonisé de l'ensemble des forces de l'Église de France. Il s'agit d'allumer partout le feu de la charité !
La particularité de l'Église est qu'elle ne peut consentir à cette extraction, car il en va de sa nature et de sa raison d'être. Si la diaconie s'autonomise par rapport à l'ensemble de l'Église, à l'apostolique, alors elle ne donne plus à percevoir la charité de Dieu. L'autonomisation du caritatif induit un mouvement de dé-théologisation de la charité et rejoint l'humanitaire. Et la foi confessée et célébrée est amputée si elle ne se donne pas, dans un mouvement immédiat et visible, comme une foi pratiquée dans l'amour. Parce que le christianisme est moins une religion qu'un chantier de reconstruction du monde dans la charité de Dieu manifestée en Jésus-Christ, alors l'Église doit toujours tenir ensemble l'annonce de la Bonne nouvelle, la célébration de la joie pascale, et l'amour de Dieu à vivre, tant au quotidien que dans toutes ses déclinaisons sociales, économiques et politiques. Aujourd'hui, nos paroisses et nos mouvements, avec le Secours catholique, CCFD, et le conseil diocésain de la solidarité, peuvent toujours mieux tisser les liens qui font l'Église pour que le monde soit vraiment aimé.
Quelques citations :
- La charité de l'Église et la charité du Christ, c'est tout un ! Une Église au service des pauvres, c’est le Christ continué ! Eucharistie et charité, c'est tout un ! Jean Rodhain
- Lors de la messe de clôture du concile, le pape remettait un chèques à cinq évêques du Tiers-monde. « Il ne s'agit pas d'un discours prononcé après la messe : c'est dans la liturgie même de la messe célébrée par le pape que ceci s'est réalisé en présence des évêques de tous les diocèses du monde entier : il n'y a pas besoin de chercher des arguments ailleurs pour savoir s'il est permis dans les messes paroissiales d'insérer à l'offertoire un don symbolique pour les plus pauvres, en signe de lien entre le pain partagé et le pain consacré. » Mgr Rodhain
- Comment les incroyants reconnaîtraient-ils le visage du Christ dans une communauté où la charité s'est refroidie ? Jean Danièlou
- L'initiative des actions, des thèmes d'année, échappe à l'évêque… tout ça c'est national… Nous sommes trop dépendants d'une organisation nationale. Je souffre un peu, je m'interroge sur le fait qu'on ait délégué un peu facilement le service de la charité à des organisations nationales qui coiffent un peu les diocèses. Mgr Derouet
- « La charité n’est pas, pour l’Église, une sorte d’activité d’assistance sociale qu’on pourrait aussi laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature, elle est une expression de son essence elle-même, à laquelle elle ne peut renoncer » Benoît XVI
- « Le Secours catholique est fait pour cela : harmoniser les charités individuelles vers des réalisations collectives. Chaque âme serait-elle remplie de charité, si l’unité du travail n'est pas réalisée, il y a division, il y a dispersion, il y a déperdition. Jean Rodhain
- L'éparpillement d'une richesse devient une pauvreté. L'effritement d'une présence devient vite une absence. » Mgr Rodhain
- Former à une authentique charité qui dépasse la démarche humanitaire. La place des fidèles du Christ et de l'Église dans le service du frère. 4ème chantier des orientations de Mgr Jaeger.