Le Fils de l'homme

Expression utilisée par les premiers chrétiens pour désigner Jésus comme l'envoyé de Dieu

Nouveau Testament

L’expression “Fils de l’homme” est souvent reçue comme une énigme pour nommer Jésus, “le Vivant”. Dans le contexte de la première Eglise, la condamnation et l’exécution du Christ sont un scandale et restent incompréhensibles. Il ne suffit pas d’avoir le mot ressuscité à la bouche pour convaincre, en particulier les communautés juives, mais aussi se convaincre soi-même qu’ils ne se sont pas égarés en suivant le chemin de Jésus. Un travail de relecture de la Bible s’est opéré pour discerner qu’elle parle aussi d’un messie souffrant. Ainsi on utilisera les “chants du serviteur” d’Isaïe. De même, les nombreuses citations bibliques qui parcourent les Evangiles, les lettres et les Actes des apôtres témoignent de la réinterprétation de l’Ecriture à la lumière du Christ mort et ressuscité.

 

Ancien testament

L’expression Fils de l’homme existait dans l’Ancien Testament, chez Ezéchiel et dans le livre de Daniel. L’expression faisait partie du langage d’apocalypse par lequel on désignait la venue d’un envoyé de Dieu, à la fin des temps, qui balaierait l’ennemi et jugerait le monde. La rédaction de récits d’apocalypses s’était fort développée en Israël, confronté à la persécution (époque des Maccabées, puis présence de l’occupant romain, destruction de Jérusalem, Massada etc.). Dans ces courants de pensée on attendait, tout proche, un libérateur, un messie. Les premiers chrétiens se sont inspirés de cette littérature et l'ont réinterprétée. L’espérance que le Christ avait fait naitre auprès des petites gens (les anawims) ne pouvait disparaitre avec la mort du Christ. Un autre avenir lui était réservé par Dieu. C’est ainsi que les premières communautés chrétiennes ont réinterprété l’expression “Fils de l’homme” pour désigner Jésus. Jésus a-t-il lui-même employé l’expression ? il est difficile de le savoir.  

 

 

 

Texte de Daniel

Le texte de Daniel, 1,13-14. « Je regardais dans les visions de la nuit, et voici qu'avec les nuées du ciel venait comme un Fils d'Homme ; il arriva jusqu'au Vieillard, et on le fit approcher en sa présence.  Et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté : les gens de tous peuples, nations et langues le servaient. Sa souveraineté est une souveraineté éternelle qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera jamais détruite.

 

L’expression, dans le livre de Daniel est aussi employée pour désigner soit Daniel lui-même, soit des êtres célestes. Au premier siècle, le livre d’Hénoch réinterpréte la figure du Fils de l’homme, comme l’élu, envoyé par le Seigneur pour vaincre les forces du mal. C’est donc dans un contexte flou que les premiers chrétiens ont voulu identifier Jésus comme celui dont l’Ecriture a annoncé la venue. Aujourd’hui l’expression ne fait plus partie du langage ordinaire des chrétiens.

 

 Hier et aujourd'hui

 

 

 

Pourtant, ils sont nombreux, hier comme aujourd’hui ceux qui luttent au quotidien pour un monde d’humanité, de justice, de fraternité, souvent dans l’obscurité, souvent déçus. Ils vivent une expérience semblable à celle des premiers chrétiens : une foi et une espérance fragilisée dans et par un monde de brutes civilisées. Pour eux, comme pour les premiers chrétiens, il faut des mots, des expressions qui soutiennent leur foi : vivre l’humanité et la fraternité à la suite du Christ n’est pas sans avenir, même si cela ne semble pas évident. Si l’on avait dit seulement Fils de Dieu, on aurait oublié l’humanité d’un Dieu qui s’est fait l’un de nous.