Animer les rencontres lire Marc - 05
La section Marc 11-13. Zoom "les vignerons meurtriers" ch.12
Fiche de lecture-Section 5, "Pour aller plus loin"
La section 5, Marc, ch11 à 13
A Jérusalem, dans le Temple.
La section, lecture d’ensemble
Dans les ch 8 à 11, Jésus marche vers Jérusalem, et ses disciples le suivent, plus ou moins, sur le chemin, chemin physique et spirituel. Malgré les annonces de la passion, les disciples semblaient préoccupés par d’autres soucis. Dans la progression de son Evangile, Marc situe maintenant les récits à Jérusalem, dans le Temple.
« Veillez » sera le dernier mot de la section. Commençons donc par lire ces dernières lignes 13, 33-37 pour les garder en mémoire en lisant toute la section. Marc oriente le récit vers ce mot : “Veillez”, ayez l’esprit en éveil ! Ce même mot, nous le retrouverons dans la section suivante à Gethsémani. Pour lire ces chapitres, reprenons les questions posées dans la fiche 00, sans trop s’éloigner : qu’est-ce que j’ai remarqué, découvert, quelle question ai-je envie de poser à Marc. Nous n’aurons pas les réponses à toutes les questions, mais nous pourrons partager entre nous ce que chacun a découvert du texte de Marc, sur Jésus.
Chapitre 11
L’entrée à Jérusalem se termine dans le Temple (v.11).
Jésus observe les lieux, comme s’il en était propriétaire (Cf. le zoom). Nous avons en mémoire l’aspect « folklorique » de l’entrée, avec ânon, branchages et vêtements sur le sol. Mais avons-nous perçu la signification que Marc veut donner : Jésus entre à Jérusalem, dans le temple, en maître des lieux. Ce lieu doit devenir maison de prière pour toutes les nations. Marc est le seul à préciser ‘pour toutes les nations’. C’est ici le point de départ d’une guéguerre qui continuera au ch. 12. Jésus enseigne avec autorité, il ferme la bouche à ses détracteurs, grands prêtres, scribes et anciens ; pharisiens et sadducéens. Jésus reproche au culte du temple (représenté par le figuier), aux vendeurs, de ne pas produire de fruits. Les responsables religieux veulent contester ce Jésus qui leur fait dire en fin de discussion : « nous ne savons pas ! »
Maquette à Jérusalem. Le Temple, parvis des païens, parvis des juifs, ,(non visible: le saint des saints).
Chapitre 12
Le chapitre 12 contient de nouveaux motifs de conflits entre Jésus et les autorités religieuses, chargées de veiller à l’application de la Loi juive (la Torah). C’est à propos de l’impôt à l’empereur, de la résurrection, et des commandements. La parabole des vignerons commence le chapitre. Elle raconte l’histoire de Jésus sous forme imagée, en y associant l’histoire des prophètes mal reçus et finalement rejetés et condamnés. Nous y reviendrons dans le zoom.
L’épisode de l’impôt à César suppose qu’on sache qu’il est interdit à tout Juif de représenter ou de porter une figure humaine sur soi. Or la pièce présentée porte l’effigie de l’empereur. Jésus les prend donc en flagrant état de péché.
Cette histoire est une invitation aux pharisiens et hérodiens à mettre en accord leurs actes et leur enseignement. Il est peu probable que Jésus ait voulu faire séparer le temporel et le spirituel comme certains l’enseignent. C’était impensable à l’époque.
La résurrection : il y avait discussion entre différents courants juifs. Jésus apporte son regard. Plus important est le paragraphe sur le premier commandement. Jésus invite à remettre de l’ordre dans la multiplicité des commandements et règles (officiellement : 633) : aimer Dieu et son prochain passe avant tous les rites et règlements qu’on a rajoutés dans la religion. C’est valable pour aujourd’hui comme pour hier.
Chapitre 13
Le chapitre 13 est écrit dans un tout autre langage que les récits précédents. Le langage, apocalyptique nous est étranger. Il était fréquemment utilisé par certains écrivains religieux autour du premier siècle (livre de Daniel, d’Hénoch, Apocalypse de Jean). Nous sommes décontenancés par ce mode d’écriture et il faut être prudent dans son interprétation. Il faut d’abord se rappeler que la communauté de Rome pour qui Marc écrit, a encore sous les yeux les traces des persécutions de Néron, la mort de Pierre, de Paul et de bien d’autres. Elle a eu aussi écho du siège de Jérusalem (66-70), et l’ardeur meurtrière de la Xème légion romaine. Alors, nous pouvons mieux comprendre les mises en garde pour ne pas se laisser égarer par toutes sortes de rumeurs. En lisant ces paroles, il ne faut pas les séparer de la phrase de conclusion : « après cette détresse… le Fils de l’homme rassemblera ses élus ». Chez Marc, comme dans les livres prophétiques et les psaumes, c’est toujours une parole d’espérance qui a le dernier mot. Il en est de même dans l’apocalypse de Jean où l’on parle de 144.000 élus et, derrière, une foule immense qu’on ne savait pas dénombrer, (Apocalypse 7, 1-17). Voir aussi le récit de de la victoire de l’Agneau et la splendeur de la Jérusalem nouvelle (Ap. 19-21).
ZOOM 12, 1-12.
La parabole des vignerons meurtriers
Commençons par lire lentement ces v. 1 à 12. A qui Jésus s’adresse-t-il ? Aux grands-prêtres, scribes et anciens, c’est-à-dire à ceux qui composent le grand sanhédrin, le tribunal suprême, celui qui bientôt jugera Jésus. A la fin de la parabole, “ils ont compris et cherchent à l’arrêter”.
Reprenons le texte avec les questions habituelles : “Qui ?” (noter tous les personnages cités), puis “qui fait quoi ?” : à côté des noms, écrivons ce qu’ils font : Jésus, les destinataires des paroles de Jésus, un homme (le maitre de la vigne), les vignerons, le fils bien-aimé, la foule. Cela ne semble pas trop compliqué, il suffit de lire et relire. La parabole commence et se termine pas une citation de l’Ancien Testament, ce n’est pas un hasard (Un homme planta une vigne… puis la pierre rejetée ; Isaïe 5,1-7 et Psaume 118,23).
Cette parabole est une aide apportée aux premiers chrétiens pour comprendre le sort qui a été fait à Jésus et pour signifier en même temps que Jésus n’est pas le mal-aimé de Dieu, bien au contraire : Jésus est dans la lignée des prophètes trop souvent rejetés. (Pouvons-nous dire “les prophètes d’hier, et les prophètes d’aujourd’hui” ?)
Marc invite à méditer l’histoire de l’alliance entre Dieu et son peuple, et son aboutissement en Jésus. Les destinataires (grands prêtres, scribes et sadducéens) ont vite compris qu’ils sont visés par cette parabole. Le prophète Isaïe avait déjà présenté l’histoire amoureuse de Dieu pour son peuple, comme celle d’un vigneron déçu par sa vigne amoureusement entretenue. Jésus n’a pas de peine à évoquer le sort des prophètes, que ce soit Elie, le premier ou Jean-Baptiste, le dernier. La plupart ont souffert et plusieurs sont morts pour être restés fidèles à leur mission. Il en sera de même pour Jésus. Le figuier (le Temple) n’a pas produit les fruits attendus. Les vignerons ne rendent pas de comptes au propriétaire de la vigne : Dieu. Sans doute y aurait-il à méditer pour aujourd’hui sur l’histoire de l’Eglise d’hier et d’aujourd’hui : certaines pratiques ecclésiales ne passent-elles pas avant la foi en Dieu et l’amour du pauvre ? La parabole est une invitation à tout mettre en œuvre pour changer les mentalités et le cœur et s’accorder au cœur de Dieu qui veut le bien pour sa vigne.
Arrêtons-nous un peu !
A partir des différents textes lus en maison d’Evangile : qu’est-ce que Jésus est venu déranger, au point d’être exclu de l’humanité par son exécution ?
Pour aller plus loin
Les citations de l’Ancien Testament
Les évangiles font souvent référence à l’Ancien Testament. C’est pour situer Jésus dans la continuité de ce qu’ont fait les prophètes et Moïse. Après la mort de Jésus, les responsables juifs affirmaient que Jésus ne pouvait pas être l’envoyé de Dieu puisqu’il avait été condamné. Les premiers chrétiens ont contesté ce regard contre Jésus. Leurs méditations, les polémiques engagées avec les responsables de la Synagogue utilisent beaucoup de citations de l’Ancien Testament. En les appliquant à Jésus, ils veulent dire que Jésus est dans la continuité de leur Bible : la plus célèbre des citations : « la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue pierre angulaire… c’est l’œuvre de Dieu ». psaume 118
Cette manière de relire l’Ecriture est décrite par Luc, dans le récit des disciples d’Emmaüs. En racontant les évènements au sujet de Jésus, les disciples sont amenés à établir des rapprochements avec l’Ancien Testament. Cette méthode fut un moyen, pour les premiers chrétiens, de découvrir que Jésus n’était pas « hors-Bible », comme l’affirmaient ceux qui avaient condamné Jésus. La foi des chrétiens s’est consolidée, dans la mise en rapport des évènements avec les paroles de l’Ecriture. Marc n’a pas abusé du procédé des citations, parce que nombre de ses lecteurs, venus du monde païen, ne connaissaient pas la Bible. Ce procédé est plus visible dans l’Evangile de Matthieu et dans les Actes des Apôtres. Les chrétiens d’aujourd’hui sont invités, à leur tour, à relire leur vie à la lumière de l’Ecriture.
La vigne
En continuité avec l’Ancien Testament, Jésus dépeint Dieu sous la figure du propriétaire d’un vignoble, et sa sollicitude amoureuse, mais déçue. La vigne, Israël, aurait dû produire un bon fruit, fruit de justice et de sainteté La dépossession pour confier la vigne à des vignerons fidèles évoque la communauté nouvelle issue de l’Eucharistie ; elle sera le nouveau peuple de Dieu. Jean-Paul II reprend et médite l’image de la vigne, comme un champ où nous sommes appelés à travailler.
Foi, croyance, crédulité, (à propos des apocalypses). Hier comme aujourd’hui, plus ça va mal, et plus les gens sont prêts à croire n’importe qui, n’importe quoi, à aller n’importe où… pourvu que ça puisse (peut-être) marcher. Toute histoire humaine comporte des épreuves ; de faux messies peuvent apparaître à toute époque. “Ne les croyez pas”, “ne soyez pas effrayés” est une invitation au discernement. “Il faut d’abord que l’Evangile soit proclamé à toutes les nations”. Cela nous renvoie aux paraboles de la croissance de la semence, à l’espérance. Quelle est notre foi, de quel visage de Dieu sommes-nous témoins ? Les croyants ne sont pas garantis contre les épreuves et les souffrances, mais ils marchent, éveillés sur le sens de leur vie, à la suite de Jésus.
Proposition pour le temps de prière
Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? L 82-3
Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi, fils de la terre ?
Qui donc est Dieu, si grand, si fort, pourtant si vulnérable ?
Qui donc est Dieu, si grand, si fort, pourtant si vulnérable ?
Qui donc est Dieu épris d’amour, lié à part égale ?
Qui donc est Dieu, s’il faut pour le trouver un cœur de pauvre ?
Qui donc est Dieu, s’il faut pour le trouver un cœur de pauvre ?
Qui donc est Dieu, s’il vient à nos côtés, prendre nos routes ?
Qui donc est Dieu, qui vient sans perdre cœur, à notre table ?
Qui donc est Dieu, qui vient sans perdre cœur, à notre table ?
Qui donc est Dieu, que nul ne peut aimer s’il n’aime l’homme ?
Qui donc est Dieu, qu’on peut si fort blesser, en blessant l’homme ?
Qui donc est Dieu, qu’on peut si fort blesser, en blessant l’homme ?
Qui donc est Dieu, toujours perdant, livré aux mains de l’homme ?
Qui donc est Dieu, qui pleure notre mal comme une mère ?
Qui donc est Dieu, qui pleure notre mal comme une mère ?
Qui donc est Dieu, qui tire de sa mort notre naissance ?
Qui donc est Dieu pour nous ouvrir sa joie et son Royaume ?
Qui donc est Dieu pour nous ouvrir sa joie et son Royaume ?
Qui donc est Dieu, pour nous donner son Fils né de la Femme ?
Qui donc est Dieu qui veut, à tous ses fils, donner sa Mère ?
Qui donc est Dieu qui veut, à tous ses fils, donner sa Mère ?
Qui donc est Dieu, pour être notre Pain à chaque Cène ?
Qui donc est Dieu pour appeler nos corps jusqu’en sa gloire ?
Qui donc est Dieu pour appeler nos corps jusqu’en sa gloire ?
Qui donc est Dieu ? L’Amour est-il son nom et son visage ?
Qui donc est Dieu qui fait de nous ses fils à son image ?
Qui donc est Dieu qui fait de nous ses fils à son image ?
Note:
Nos lectures en maison d’Evangile sont itinéraires de découverte ou de re-découverte. C’est un parcours d’ensemble et non une revue de détails. Il est heureux que surgissent de nombreuses questions. Elles témoignent de la nécessité d’aller plus loin, de se familiariser avec le langage de l’Ecriture, pour comprendre Jésus et entendre son appel : « viens, suis-moi ».
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