Y a t-il un monde rural?
Journée Formation Enjeux et Questions
Y a-t-il un monde rural ?
Marc Boulnois
Maire de Norrent Fontes : 1 400 habitants
Vice-président des questions sociales et européennes
Membre fondateur de l’AFIP (Réseau Associatif de Formation et d'Information au Service des Initiatives rurales)
Documents : « Ça m’intéresse » : Que vont devenir nos campagnes ?
et « Le Pèlerin ».
En 2004, un sondage dit que l'on vit mieux aujourd'hui dans le monde rural.
Les atouts du rural :
- l’environnement - le cadre de vie - le rythme de vie - un coût de vie plus bas
- les solidarités de voisinage - le niveau de sécurité élevé - l’accès au logement
Les handicaps :
- le transport collectif - le manque de commerces de proximité
- l’emploi - les services publics - la solitude
- le vieillissement - le manque de loisirs
Le développement du monde rural est prioritaire. Beaucoup de financements, de politique publique sur cette question.
L’optimisme : Nous sommes ambivalents là-dessus.
La confiance des/aux acteurs :
- les maires - les agriculteurs
- les conseils régionaux - les conseils généraux - les parlementaires
Nous sommes dans une réflexion assez positive sur le monde rural. Mais il y a aussi de réelles questions sur sa reconnaissance.
Place des services, de la production et notamment l’agriculture.
Le rapport au temps, à l’espace.
C'est quoi le monde rural? son évolution
Dans notre hymne national, on parle de campagnes et non de villes.
L’INSEE, après la grande guerre mondiale, se pose la question du rurale et de l’urbain.
Au départ, toutes les communes de moins de 2 000 habitants.
Dans les années 60, effet inverse : phénomène de péri-urbanisation.
Nous sommes dans un habitat dispersé. On parle de pôles ruraux.
Les campagnes se repeuplent.
Baisse du monde rural agricole - Multiplication des déplacements.
L’INSEE considère que pour être en zone rurale il faut avoir moins de 5 000 actifs.
Les zones pôles : à dominante rurale – moins de 5 000 habitants y travaillant.
Les autres territoires sont considérés comme à dominante urbaine.
C’est un changement radical dans la perception des économistes.
Qui vit dans le monde rural?
Une densité de personnes les plus riches (ceux qui payent les impôts).
Et aussi une proportion de catégories socio-professionnelles les plus défavorisées.
Nous sommes à la fois dans une complexité : les plus riches / les plus faibles revenus.
Dans l’agriculture, on retrouver aussi cette double tendance.
Le monde rural est différent du monde agricole.
La question du monde rural n’est pas liée au monde agricole.
L’espace est très rendu au monde agricole dans les années 60.
Les migrations :
- bobo pour le cadre de vie, la sécurité - l’accès à la propriété - plus de solidarité, de proximité
Les enjeux du monde rural?
La santé : les médecins généralistes sont dans les communautés urbaines.
Seul 10 % exercent dans le monde rural.
Concernant les spécialistes, c’est plus dramatique.
La mortalité prématurée avant 65 ans
Pourquoi ? Quels facteurs ?
- moins d’accès aux soins
- moins de moyens de prévention (ex. la MSA et la santé des agriculteurs)
- la précarité
Le système français a deux aspects négatifs :
- les aspects territoriaux, l’accès aux soins
- les ressources : moins on est riche, moins on va aux soins
Le foncier :
- Nous avons un espace dominé par l’agriculture et la production agricole.
Dans d’autres régions, il y a 30 % d’espaces naturels : bois, marais ; 16 % chez nous.
- L’étalement urbain : comment ne pas artificialiser les espaces ?
- Besoin de plus en plus de terres pour nourrir le monde.
La question du foncier n’est pas laissée qu’aux seuls agriculteurs.
- En milieu rural, il y a de plus en plus de personnes qui veulent s’installer. D’où les conflits de personnes.
- L’artificialisation des surfaces.
Dans le 59-62, l’artificialisation (perte de surface à la production ou à la zone naturelle) a été fait avant 1992. L’évolution est beaucoup plus forte qu’avant.
En France, tous les 6 ans, on perdait un département rural.
Les lois du Grenelle posent des repères. Territoire de liens/foncier.
Le numerus clausus a été trop important et ne reviendra qu’en 2040 au chiffre de 80.
Il y a apparemment des contradictions. Regroupement des centres de maternité/création de centres.
L'intercommunalité
Toutes les communes du Pas-de-Calais sont couvertes par l’intercommunalité.
Logique de répondre à un besoin : SIVO, communauté de communes – coopération d’abord sur l’eau.
Fin des années 90, nouvelle vague de regroupement des intercommunalités, nouvelle vague de développement de projets.
Aujourd’hui, nous vivons une autre question :
- L’État ne souhaite plus les pays et veut revenir à une dynamique institutionnelle.
- La carte des communautés de communes va devoir bouger.
Le préfet a décidé que les communautés de communes de moins de 20 000 habitants vont devoir disparaître.
Comment conservera-t-on sur des projets de développement ?
Aujourd’hui, on veut re-centraliser après la décentralisation.
La loi est promulguée le 16 décembre… Les décrets sont parus et avant mars, tout doit être calé. Donc la participation des gens n’est pas possible.
Quelle est la place de la commune par rapport au regroupement ?
La collectivité intercommunale n’est pas constituée d’élu(e)s directement.
Sur les communautés de communes, s’il y a fusion, on additionne les compétences.
La mobilité
Nous essayons de faciliter la mobilité des personnes et notamment les personnes défavorisées.
Exemple : sur le territoire des 7 Vallées, absence de moyens de transports collectifs.
Il y a eu la création d'une association qui a mis en place :
* La location de cyclomoteurs pour accéder à l’emploi.
* D'une voiture avec chauffeur (9 places) pour accéder à l’emploi, à la formation pour les exclus du travail. (160 places par an, 3 000 voyages réalisés)
* L’accès aux lieux de santé et de démarches administratives. (130 utilisations par an, 1100 voyages)
* Cette structure est l’une des plus grosses de la région. 10 salariés / 10 chauffeurs
* Plus le développement des transports classiques. Notre but est de générer du transport collectif.
Témoignages :
Franck est arrivé en milieu rural il y a 2 ans.
Il est entré par la porte associative. La terre joue un rôle fédérateur. La mobilité de tous, l’égalité.
Les freins du milieu rural : nous sommes éloignés des lieux de décision – difficulté de compréhension de notre problématique – difficile de faire venir les institutions sur les territoires.
Les défis à relever : les nouveaux ruraux : manque d’accueil outre la vie associative – les enjeux de la campagne sont liés à la ville, il y a une interdépendance.
Financièrement : les usagers participent de manière symbolique – les collectivités locales (nous sommes à la limite du service public) – prestations de déplacements
Nous avons pris des habitudes sur le transport.
Il y a des habitudes de développement individuel à combattre.
Au niveau du conseil général, le développement des transports en rural est une priorité non effective.
Valérie Robert : "La halte d’autrefois" à Hesmond.
Charles et Valérie : Ils produisent, accueillent et animent le projet qu'ils ont mis en place : un cheptel de 30 chèvres labellisés bio. "La Halte d'autrefois"
Ils font aussi chambres d'hôtes pourtant Valérie n’est pas de la région, ni du milieu de l’agriculture.
Grâce à un réseau d’associations, la rentabilité n’est pas le critère de base pour être écouté.
Les chèvres sont nourries localement, et la vente est locale.
La SAFER = intermédiaire entre ceux qui ont beaucoup et ceux qui ont moins.
Notre projet s’autofinance.
La surface sera de 3 ha 30.
Apportons-nous plus au territoire ?
- Nous voulons rester à ces tailles-là - Nous créons des liens. Nous mettons du lien.
- Les productions sont des prétextes à la création de liens.
- Acheter localement.
Nous avions le désir d’investir chacun dans l’avenir des territoires.
À l’issue d’un colloque, désir de vivre la démocratie, désir de ne pas porter seuls les pouvoirs.
- La gestion des conflits est facilitée par la démocratie participative.
- L’expertise est un enjeu à création d’une intelligence collective : l’absence d’agir gène dans un lieu de décisions.
- Développer l’intérêt général.
L'abbé Pierre-Marie Leroy, l'abbé Jean-Pierre Pollart, et Xavier Bonvoisin Doyenné des 7 Vallées/Ternois
La vie de l’Eglise aujourd’hui et celle qu’elle a à voir sur ce territoire-là.
Frévent/St Pol/Auxi : 3 cantons – 5 communautés de communes.
- Un territoire marqué par la culture de la terre.
- Une identité communale très forte.
- Une culture du clocher à isolement important, problème de mobilité.
- Les jeunes vont ailleurs à la fuite des cerveaux.
- Être en rural, c’est ne pas avoir accès à la culture.
- Fermeture d’entreprises.
- Pôle industriel alimentaire : Herta, Ingredia.
Frévent : 20 % de chômage.
- Mais des éléments : le tourisme vert (accueillir des gens de passage) – projet éolien sur Fruges à que faire de cette manne ?
- Un tissu associatif dense.
- Des regroupements de services, des associations intercommunales.
Le réseau Eglise traverse ces réalités-là : les chrétiens sont dans les associations, les conseils municipaux.
Importance de calculer en temps et pas en kilomètres. Les territoires sont gigantesques.
Entre deux offices, tout doit être prêt.
Dans la vie associative, beaucoup de chrétiens investis marqués par le passé de l’Action catholique.
Dans toutes les associations, il y a des chrétiens actifs.
Toute cette génération a été rejointe, il y a 30 ans. Mais aujourd’hui, nous avons très peu de liens. Comment renouveler ces équipes ? Funérailles, EAP…
Comment porter ensemble la pastorale locale ?
Comment animer la vie chrétienne des nos villages ? Comment associer être proche-se rassembler ?
Quelle utilisation du patrimoine religieux ? Si l’église ne sert qu’aux funérailles, comment permettre des rassemblements au plous près des personnes ?
La messe de Toussaint décentralisée…
Il y a des occasions à ne pas perdre pour tisser des liens.
Communauté chrétienne – communauté humaine ? Comment maintenir une vie dans ces multiples villages ?
Et les jeunes ? Les Scouts vivent bien avec une centaine.
Mais beaucoup de difficultés à rejoindre cette minorité de jeunes.
L’expérience des prêtres : Nous sommes partout et nulle part.
Le lieu d’habitation n’est plus le lieu de la relation.
Aujourd’hui, nous sommes fédérateurs de personnes mais cela n’est pas toujours facile à vivre.
Nous sommes dans des réalités de petit troupeau. Il ne faut pas trop de sel pour donne du goût. On a été appelé à d’autres perspectives.
Demain, ce seront des familles qui porteront cette réalité. Nous sommes dans un monde indifférent. Où trouver un certain dynamisme ?
Cela touche à la vie de l’Eglise et à la vie locale.