FAQ-8 Ch 14-16 section des pains

Pourquoi deux multiplications des pains?

Mosaïque du 4-5ème siècle Tabga  
Mosaïque du 4-5ème siècle
Mosaïque du 4-5ème siècle
 Comme en Marc, Matthieu rapporte deux récits du pain partagé? Y a-t-il eu deux fois l'évènement, ou bien ce récit est-il écrit de manière différente, ou bien Matthieu a-t-il un projet catéchétique bien précis en fais ant ainsi, nul ne sait.

Une des hypothèses est de considérer le second récit comme une catéchèse destiné aux païens où Matthieu fait moins de référence à l'Ancien Testament. Cette même hypothèse signale qu'entre le premier et le second récit s'intercale un vif débat à propos du pur et de l'impur e tla rencontre avec la cananéenne. N'y aurait-il pas là une catéchèse d'ensemble sur l'ouverture nécessaire des communautés chrétiennes juives pour qu'elles acueillent dans leurs communautés eucharistiques ceux qui ne sont pas devenus Juif par la circoncision.

Il faudrait alors comprendre le fil cpnducteur de la secteur de la manière suivante:

  • Récit du partage des pains à destination des chrétiens d'origine juive (indices: les chiffres 12, faire asseoir sur l'herbe, la liturgie pascale juive duv.19) les pains et les poissons)
  • Le débat sur le pur et l'impur où Jésus remet en place ses contradicteurs pharisiens... suivi d'une mise en oeuvre avec l'acceptation -difficile- de mla demande d'une cananéenne
  • Le second récit davantage à destination des païens (indices: désert, chiffres 4 et 7, corbeilles (et non paniers). 
  • A ceux qui n'auraient pas compris, la finale invite à se méfier des enseignements des pharisiens, c'est-à-dire ceux qui refusent d'ouvrir a communauté aux non-juifs ( 16, v.11-12)

On pourrait relire le ch. des Actes où le débat est clairement posé à l'assemblée. Voir aussi Galates 2, ou Paul reproche à Pierre de se mettre à distance des non-juifs...

 

"Ne mourront pas avant de voir le Fils de l'homme". De qui parle-t-on?

Cf. 16, 28. La même difficulté de compréhension se retouve à la fin de l’évangile de Jean 21… au sujet de Jean. Mettons-nous quelques instants dans la pensée des premiers chrétiens des années 70-80. Ils se souviennent que Jésus a dit "encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, encore un peu de temps vous me reverrez". Pour un certain nombre il était évident que le Christ reviendrait trés bientôt… au point que certains ne travaillaient plus, faisant confiance à la charité communautaire (Paul devra se mettre en colère contre eux: celui qui ne travaille pas, qu'il ne mange pas non plus!). Les Thessaloniciens (que Paul n’avait pu enseigner que quelques semaines) se demandent ce qui se passera pour ceux qui sont déjà morts (réponse de Paul Thess. 4). D'où l'explication probable à la question :

Au temps où Matthieu écrit, certains avaient dépassé l’âge habituel de vie. A cause de l'attente du retour tout proche, on supposait qu'ils ne pourraient pas avant ce retour… Pour nous aujourd’hui, la question n'existe plus: nous avons reporté loin devant nous le retour du Christ “à la fin des temps”, dont on ne sait ni le jour, ni l’heure… Ce verset est la trace historique de l’espérance d’un retour proche du Christ. 

 

Je n'ai envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël... envoyé par qui?

 

Envoyé par qui ? En monde juif, la formule passive, sans nommer le sujet de verbe, est une habitude pour éviter de prononcer le nom de Dieu. Mais chacun faisait de manière quasi automatique le rétablissement “envoyé….. par Dieu”. Pour nous, ce n’est pas automatique.

15, 24 : Envoyé aux seules brebis de la maison d'Israël fait question, car cela semble contraire à notre présentation de Jésus envoyé pour tous. Cette question se posait déjà lors du premier envoi des apôtres. On pouvait alors considérer que, dans la première éducation des apôtre, Jésus fait au plus simple. L'envoi à toutes les nations se fera à la fin de 'lEvangile (28, 28).

Dans la rencontre avec la cananéenne, il s'agit d'autre chose, qui peut surprendre. Certains ont supposé que Jéus le fait exprés, dans une démarche pédagogique, pour obliger les apôtres à réagir. C'est possible, mais peu probable. Il vaut mieux comprendre ainsi Matthieu: il adresse son Evangile aux communautés chrétiennes issues du judaïsme et sollicitées par les fidèles du judaïsme classique de revenir aux restrictions de la loi de Moïse (le pur et l'impur). Matthieu utiliserait les expression de ceux qui, de sa communauté, plus tradi, utilisaient des expressions désobligeantes à l'égard des non-juifs. Ces mots, mis dans la bouche de Jésus deviennent choquant et entrainaient une réaction salutaire (peut-être) de la part de ses destinataires récalcitrants à l'ouverture universaliste du message de Jésus.

 

Pas de miettes aux chiens!

Comme pour l'expression ci-dessus "aux seules brebis de la maison d'Israël", cette expression est choquante. Est-ce l'attitude du Christ de déconsidérer les étrangers... certes non! Mais Jésus comme Matthieu auront bien du mal à faire comprendre l'universalisme de Dieu envers l'humanité. Nous sommes encore loin d'avoir accepté le texte d'Isaïe où Dieu rassemble les gens de toutes nations sur sa montagne pour un festin (Isaïe 25,6). Mais au-delà des temps bibliques, n'y a-t-il pas encore à balayer devant notre porte, au XXIème quand on traite l'étranger de chien ou de raton, et quand on leur reproche de venir manger le pain des français (avec chocolat ou non).

 

Vous transgressez le commandement de Dieu” !

 

Matthieu 15, 3-6: "pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au nom de votre tradition ?" Le Christ polémique avec les pharisiens sur leur esprit tatillon et étroit. Jésus reproche à ses adversaires, qui connaissent bien la Loi, de trouver des astuces pour ne pas la mettre en œuvre ! Il les accuse de faire des tours de passe-passe pour ne pas s’occuper de leurs parents âgés. C’est l’exemple ici donné par Jésus : l’honneur (ou le devoir) à rendre aux parents, vous le détournez par le fait que certains estiment ne pas être tenu à l’obligation d’assistance envers leurs parents âgés, du fait qu’ils auraient promis leurs biens en don/offrande pour le Temple. Ils ne respectent donc pas le commandement d’honorer son père et sa mère. Au ch. 23, on aura une accumulation de reproches contre les scribes et pharisiens pour leur esprit toujours tatillon et parfois hypocrite, bien éloigné de la justice, de l’amour de Dieu.