Annexes

Voyages des pères

Donner votre avis sur le voyage des pères 

 

 

 

 

Annexe 1 - Ouvrages de BD cités

 

Pour lire l'introduction du mémoire

 

 

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Emmanuel (Henri Balthasar pour le scénario et Jijé pour le dessin, première publication en 1946 aux Editions Dupuis)

La vie de Jésus en bande-dessinée

 

  

 

Zone de Texte: image002  La patrouille des castors (Jean-Michel Charlier et Mitacq série de 30 albums publiés de 1957 à 1993 aux Editions Dupuis)

Toutes les aventures se déroulent autour de cinq personnages centraux qui forment la patrouille des Castors :

Au cours de leurs aventures, les Castors connaîtront une évolution tant sur le plan graphique que sur le plan narratif. On peut voir les personnages vieillir. Au cours de la série, ils troqueront ainsi leurs chemises bleues de scouts-éclaireurs (douze-dix-sept ans) contre une chemise rouge de pionniers (quinze-dix-sept ans), suivant en cela la réforme de 1964 des Scouts de Belgique. Ils quitteront assez tôt les paysages nationaux pour s'envoler régulièrement à l'autre bout du monde.

 

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Le triangle secret  (série de 7 albums publiés de 2000 à 2003, Editions GLENAT, ouvrage collectif)

 Ce récit e nous plonge dans les origines du Triangle Secret, nous entraînant à Jérusalem, dans le tombeau de Thomas, le frère jumeau du Christ. C'est là, dans les profondeurs de la terre, que dort le plus improbable des mystères... Ceux qui s'en empareront et en décrypteront l'énigme détiendront le pouvoir de vaincre la mort. Le combat que se livrent l'église et les héritiers du Messie prend réellement naissance lorsque Hugues de Payns et ses quatre compagnons enchâssent dans la pierre rouge de leurs bagues cinq fragments du suaire de Thomas... Des reliques qui peuvent faire vaciller les propres lois  de la Nature. 

 

Zone de Texte: image004  Le troisième testament  (série de 4 albums publiés de 1997 à 2003, Editions Glenat, Alex Alice et Xavier Dorison.

T1 Marc ou le réveil du Lion ; T2 Matthieu ou le visage de l’Ange ; T3 Luc ou le souffle du Taureau ; T4 Jean ou le jour du Corbeau

1286. Le grand Inquisiteur Conrad Reinhardt Marcus, Comte de Marburg, est déclaré hérétique et est condamné au bûcher. Mais un énigmatique sauveteur lui permet de s’échapper. Pendant vingt ans, cet homme déchu va vivre dans la clandestinité. Ce n’est qu’à l’appel au secours de son ami, l’Archevêque Charles d’Elsénor, qu’il ne reprendra du service pour servir la cause qui fut la sienne de tout temps : préserver la Sainte Eglise du Malin.

Dans l’œil du cyclone qui se prépare se trouve un étrange carnet de voyage écrit de la main de Julius de Samarie, un érudit vivant au 1er siècle. Ce document d’une exceptionnelle valeur semble indiquer où se trouve caché un “Troisième Testament” qui pourrait remettre en cause les dogmes de l’Eglise.   

   Plus intéressant encore pour les forces en cause, ce “Troisième Testament”, d’inspiration divine, pourrait être la lumière permettant de rassembler toutes les brebis égarées, et ce, dans une même foi... et sous une même bannière !

Marburg va donc entrer dans la danse avec à ses côté, la fille adoptive de l’Archevêque, Elisabeth d’Elsénor, une jeune femme aussi cultivée qu’intrépide. Tous deux auront à affronter des adversaires de taille : l’Ordre Templier et la horde de l’Evêque Uther le Pourpre. Heureusement, ils pourront compter sur le Chapitre occulte des espions de l’Eglise. Mais tout s’achète et se vend, y compris les consciences et les alliances...

C’est avec une angoisse délectable que le lecteur suit les héros à travers un monde déchiré par la violence et les chocs culturels, héros qui n’ont qu’un but, celui de défendre leur Foi et la Chrétienté. Leur dangereuse aventure les mène à Tolède, à Stornwall en Ecosse, à Dantzig et enfin dans la partie la plus septentrionale du monde connu à cette époque. Elle trouve son épilogue dans un ultime combat qui ne dépare pas l’ensemble, tant il est grandiose...

 

 

Zone de Texte: image005  Qumran  (déjà 2 albums publiés depuis 2002, Editions Glenat, Eliette Makyo Abecassis et Stéphane Germine)

Les premiers rouleaux qui constituent ce qu'il est convenu d'appeler ''les Manuscrits de la mer Morte'' ont été découverts en 1947. Il s'agit de la découverte archéologique la plus sensationnelle des temps modernes. L'étude des rouleaux et fragments trouvés dans des jarres scellées se poursuit encore actuellement. Elle a donné lieu, depuis une cinquantaine d'années, a toutes sortes de controverses passionnées et d'affrontements théologiques parfois violents. La disparition d'un des rouleaux les plus importants, le rouleau du messie, n'est pas faite pour calmer les esprits. Il est vrai que, selon certains chercheurs, ce rouleau manquant contiendrait des révélations susceptibles de bouleverser les bases mêmes de la civilisation judéo-chrétienne !

 

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Dieu en personne (paru en 2009, Editions Delcourt, Marc-Antoine Mathieu)

Dans une file d'attente, un petit bonhomme attend patiemment son tour. Au moment de décliner son identité, il se présente sous le nom de "Dieu". Il n'a pas de domicile, pas de papiers, ni de numéro de sécurité sociale. L'irruption de cette énigme métaphysique "en personne" déclenche un phénomène médiatique majeur... Un procès géant est bientôt organisé contre ce "Coupable Universel".

 

 

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Dieu n’a pas réponse à tout ( mais Il est bien entouré) (2007),

Dieu n’a pas réponse à tout ( mais Il sait à qui s’adresser) (2008),

Editions Dargaud, Benacquista et Barral

Dieu résout chaque jour les millions de petits problèmes qui se posent aux humains dans leur vie quotidienne. Pour ce faire, il est aidé d'une myriade d'assistants : tous les habitants du Paradis, et quelques-uns de l'Enfer par dérogation spéciale. Mais si le choix de la bonne personne est difficile, les réactions des bénéficiaires sont toujours imprévisibles.

 

 

Annexe 2

Interview de david ratte réalisée par Phibes en octobre 2007 pour scenario.com

 

Sceneario.com : Le voyage des pères, ta dernière production, est sorti il y a peu. Pourrais-tu en parler un peu ? Comment t'es venue l'idée de te lancer dans cette aventure biblique ? A-t-il été nécessaire de te documenter, de demander conseil à des spécialistes ?

 

David Ratte : Le sous-titre de cette série pourrait être : « Imaginons ensemble les coulisses de la Grande Histoire ». L’idée de base était d’essayer de savoir comment les familles des apôtres ont pu réagir face au phénomène Jésus. 2000 ans après, croyants ou non, on sait tous quelle importance ont eu ces évènements dans l’histoire de l’humanité. Mais ceux qui vivaient à l’époque n’en avaient aucune idée. Même les apôtres ne l’ont vraiment compris qu’après la mort du Christ. Je me suis dit qu’au lieu de braquer la caméra sur Jésus, il serait intéressant de la tourner un peu sur le côté. Et puis la question principale était : « Comment aurais-je réagi dans une situation pareille ? ».

 

Je voulais aussi démontrer qu’on peut parler de religion sans faire du « Da Vinci Code », sans foutre un coup de pied dans tout le bazar ou sans piétiner gratuitement les croyances de millions de gens.


Il fallait aussi éviter à tout prix de véhiculer l’idée simpliste et dangereuse selon laquelle « Les Juifs ont tué le Christ ». Certains ont souhaité sa mort, d’autres ont cru en lui, d’autres ne l’ont pas cru mais l’ont respecté, et enfin beaucoup ne se sont même pas intéressés à la question. Toutes ces réactions étaient représentatives des réactions humaines en général. L’histoire se serait passé en Gaule, en Grèce ou dans une toute autre nation antique, l’issue finale aurait été vraisemblablement la même.
 

Il n’était pas question non plus de faire du prosélytisme. Alors je me suis concentré sur l’aspect humain des choses, ce qui me permet de faire de l’humour sans blesser et de pousser le lecteur a une certaine réflexion personnelle.

Pour un tel projet, la documentation a vraiment eu une place importante. Même si ce n’est pas du « Alix », il s’agissait d’être cohérant historiquement et géographiquement parlant. C’était particulièrement vital pour que les anachronismes que j’emploie au niveau du langage et de certaines situations soient efficaces. J’ai aussi passé du temps à me documenter sur la mentalité de l’époque. Par exemple, la façon de considérer les collecteurs d’impôts est bien réelle, même si le running gag du crachat est une pure invention.
 

Sceneario.com : Le voyage des pères est-elle une histoire que tu as « toujours » eu envie de raconter ou bien le succès de Toxic Planet t’a-t-il incité à cibler un lectorat en fonction de thèmes fédérateurs ou d’actualité ?

 

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David Ratte : Cette histoire était certainement déjà cachée dans un coin de ma tête sous une forme ou une autre. Après avoir terminé le 1er tome de Toxic Planet, j’ai parlé à Pierre PAQUET de mon envie d’entamer un projet très différent avec une histoire en plusieurs parties, avec des décors, des visages ( !) et une mise en scène plus libre. Je lui ai alors proposé plusieurs scénarios … mais je n’ai pas senti d’enthousiasme particulier pour ces histoires. Alors, je me suis creusé les méninges et un beau matin (sous la douche) l’histoire de Jonas et de ses copains m’est apparue comme une évidence. J’ai envoyé immédiatement un mail à Pierre (après m’être séché et habillé quand même) et je lui ai raconté mon histoire en 4 lignes. Il m’a immédiatement répondu : « J’achète !! ». Voilà ! Le « Voyage des pères » était né.

Quand je me lance dans un projet, je ne pense pas au lectorat. Je pense avant tout à moi, à mon plaisir et à mes envies. J’essaye de raconter les histoires que j’aurais envie de lire.

Par exemple, au départ « Toxic Planet » n’était pas du tout destiné à être publié. J’avais réalisé une dizaine de gags pour moi, comme une sorte de défouloir face à la désinformation qui existait alors en ce qui concerne l’environnement. Rappelons qu’il y a encore à peine 2 ans, certains scientifiques considéraient que le réchauffement climatique était une vue de l’esprit, tandis que les Américains nous expliquaient que couler un porte-avion dans l’Atlantique était une solution écologique !

 

Tout ça m’énervait beaucoup. Je m’étais donc défoulé avec ces quelques strips … et je pensais avoir fait le tour du sujet. Quelques mois plus tard, j’ai envoyé un autre projet à 10 éditeurs et j’ai joint Toxic Planet à mes envois, juste pour les étoffer un peu. Personne n’a voulu de mon joli projet, par contre j’ai reçu 3 offres de contrat pour Toxic.

Je te laisse imaginer ma surprise ! Pour le « Voyage des Pères », il y a encore quelques semaines, quand j’ai reçu mes exemplaires de l’album, j’ai eu une grosse crise de panique. Je me disais : « Mais qu’est-ce qui m’a pris d’écrire un truc pareil ? Ca n’intéressera absolument personne ! ».

Donc, je le revendique haut et fort : Aucun calcul dans mes projets !!! Je parle simplement de sujets qui ’intéressent'.

 

Sceneario.com : As-tu « révisé tes classiques » avant de choisir les anecdotes que tu fais apparaître dans Le voyage des pères ?

David Ratte : J’ai lu les évangiles dans plusieurs versions ou traductions en essayant de bien comprendre l’ordre chronologique des évènements.

Sceneario.com : Artistiquement, que doit Le voyage des pères à Toxic Planet ?


David Ratte : C’est assez difficile à dire. Le Voyage et Toxic sont très différents et très semblables à la fois. Quoi que je fasse, je le fais à ma façon et je crois que ça se perçoit même si la forme est très distincte. C’est pas très clair ce que je raconte là, non ?

Plus concrètement, je dirais que le langage utilisé par les personnages est sensiblement le même dans les 2 séries. Dans beaucoup de BD les personnages parlent comme des livres, et ça me gêne un peu. Moi, j’essaye de faire exactement le contraire, d’écrire comme je parle. Je pense que ça donne un côté plus humain aux personnages … ils sont plus proches du lecteur.

Enfin, d’un point de vue artistique, « Toxic Planet » m’a permis de faire la connaissance d’une coloriste exceptionnelle (Sylvie Sabater) et de l’embarquer avec moi dans « le Voyage des Pères ». Sans elle, mes albums ne seraient pas ce qu’ils sont. J’estime qu’elle y fait véritablement œuvre d’auteur.

Sceneario.com : Te plais-tu plus dans la réalisation de strips ou d’une histoire longue ?

David Ratte : Les 2 me plaisent. Quand j’ai fait un album de strips, je suis content d’en finir et de passer à une histoire longue … et inversement.

Sceneario.com : Ce qu’on voit de Jésus dans le tome 1 ne trahit pas ce qu’un catéchiste ou un prêtre voudrait dire de lui. As-tu pensé, même furtivement, à ta série biblique comme une future référence pour le catéchuménat moderne ?

David Ratte : Hein ? Tu peux répéter la question ?

Plus sérieusement, ça me paraît peu probable. De toute façon, la matière première de cette série n’est pas la religion chrétienne, mais les évangiles. Ce que je veux dire c’est que je me suis basé uniquement sur le récit biblique sans prendre en compte les dogmes de l’église qui pour certains ont été rajoutés des siècles plus tard.

Sceneario.com : Le scénario de la trilogie "Le voyage des pères" est-il ficelé ou reste-t-il à ce jour ouvert ?

 

David Ratte : Disons que je sais ou je vais et quelles sont les grandes étapes de mon récit. Mais je me laisse une grande liberté au niveau des détails. Quand j’ai débuté la réalisation du tome 1, je ne savais pas encore comment il allait se terminer. J’ai presque été aussi surpris que vous par la fin !!!

Pour les tomes 2 et 3, ce sera un peu différent. Chaque fin d’album est déjà écrite et mise en scène. Par contre, je ne sais pas encore comment je vais y arriver. En général, les meilleures idées me viennent quand je suis dans l’ambiance de l’histoire.

Sceneario.com : D’autres maisons d’édition que Paquet t’ont-elles fait de l’œil ?

David Ratte : Oui, mais je préfère ne pas en parler pour l’instant. Par contre Pierre PAQUET est évidemment au courant. Pas question de lui faire un enfant dans le dos ! C’est un professionnel et il a parfaitement conscience qu’une aventure avec un autre éditeur (voire plusieurs) peut être très bénéfique tant pour moi que pour lui. Et puis Pierre reste avant tout un ami, qui a eu confiance en moi et qui me laisse presque entièrement carte blanche dans mes créations. Le contrat sur le « Voyage des pères » a été signé uniquement sur la base d’un pitch de 4 lignes. Qui dit mieux ?

Sceneario.com : Merci d'avoir bien voulu nous répondre et bon courage pour la suite !

 

 

Annexe 3


En février 2008, David Ratte répond aux questions de Roland FRANCART  du Centre Religieux d’Information et d’Analyse de la BD de Bruxelles à l’occasion d’une interview.


Es-tu chrétien ? Pratiquant ? Catho ou protestant ou orthodoxe ?
DR- C'est une question qu'en général, j'essaye plus ou moins d'éluder. Tout simplement parce que dans le Voyage des Pères j'ai essayé d'être neutre à ce sujet.
Tous mes personnages ne deviennent pas chrétiens et présentent une palette de réactions face au phénomène "Jésus" que j'ai voulu la plus large possible. Après. il appartient à chaque lecteur d'y retrouver ses propres convictions. D'ailleurs ce qui est amusant, c'est que mes lecteurs athées ont interprété mon histoire comme étant antireligieuse, alors que les croyants y ont plutôt vu un hommage à la foi. Et c'est très bien comme ça.
Mais pour satisfaire quand même ta curiosité, sache que je suis croyant, de culture chrétienne, mais je ne suis pas ce qu'on peut appeler "un paroissien".
En fait, je l’avoue, je ne sais même pas quelles différences fondamentales il y a entre les Catholiques, les Protestants et les Orthodoxes !

- Tu as fait ça par hasard ? Voulant cadrer la caméra ailleurs que sur Jésus lui-même ?
- Disons que depuis longtemps j'avais envie de traiter d'un sujet biblique. Qu'il soit considéré comme religieux ou simplement historique, je trouve que la Bible est un livre absolument incontournable dans notre culture et que c'est une véritable mine d'or pour un scénariste. D'ailleurs beaucoup de films ou de romans sont plus ou moins des dérivés d'histoires bibliques. Sans compter que la Bible constitue la base de nos valeurs morales.
2000 ans après ces évènements, il est facile d’avoir une opinion sur le sujet. Par contre ça n’a pas du être simple pour les gens de l’époque. Donc je trouvais intéressant de me concentrer sur les personnages secondaires plutôt que sur Jésus lui-même.

- Tu as lu les évangiles et ton texte de fiction est cohérent avec l'évangile As-tu fait relire par un "conseiller spirituel" ?
- Je me suis acheté 2 Bibles et elles m'ont servi de fil conducteur pendant toute la réalisation de l'album. Le plus difficile a été de recouper le récit des 4 évangiles afin de bien comprendre la chronologie des événements et de capter l'ambiance de l'époque. Je me suis également servi d'une encyclopédie biblique et d'Internet pour les détails historiques.
Je ne me suis pas fait aider lors de la réalisation de l'album, mais après j'ai eu l'occasion d'en discuter avec un Pasteur de Genève qui m'a signalé quelques petites erreurs ... mais rien de grave.

-  Quelle a été ta réaction en apprenant que tu avais le Prix de la meilleure BD chrétienne parue en français en 2007 ?
- J'ai bien sûr été très agréablement surpris. D'une part parce que c'est très agréable de voir son travail récompensé, et ensuite parce que cela confirmait que j'avais réussi à créer une histoire originale sans pour autant froisser la sensibilité des personnes les plus croyantes.
Personnellement je n’apprécie pas beaucoup la mode actuelle consistant à se moquer des convictions religieuses ou à réinventer l’histoire avec des théories de plus en plus rocambolesques. Je n’ai pas aimé le Da Vinci Code, pas plus que je n’ai approuvé les caricatures de Mahomet. Le fameux « droit d’expression » est un droit qui implique aussi des responsabilités, à commencer par le respect de l’autre. D’un autre côté, je ne voulais pas tomber dans le prosélytisme. Donc, comment parler de religion sans la critiquer, ni lui faire de la publicité ? C'est un équilibre que je voulais absolument maintenir dans mon écriture, sans savoir si j'y parviendrais vraiment. Les réactions de mes lecteurs m'ont rassuré à ce sujet.

- le prix est mérité. Et pourtant as-tu voulu faire une "BD chrétienne", qui serait vendue dans les librairies religieuses, et dont parlerait Radio-Vatican ?
- En dehors du prix, je ne savais pas qu'il existait un "marché" (le mot n'est pas joli, je le reconnais) de la BD chrétienne. En recevant le prix j'ai découvert un monde que je ne soupçonnais pas. J'imaginais encore moins que Radio Vatican pouvait parler de BD ! Donc, pour répondre à ta question, non, je n'ai pas voulu faire une BD "chrétienne". Ce qui m'intéressait c'était de faire une BD "humaine" avant tout.
Il se trouve que mon album est lié à la fois chrétienne (et je suis heureux que les Chrétiens l’apprécient) ,  mais il aurait pu tout aussi bien être lié à un autre type de foi. Finalement, le christianisme n’est qu’un des sujets abordés dans le Voyage des Pères. On y trouve d’autres thèmes, qui pour moi, sont tout aussi importants, tel que « La relation père-fils », « la tolérance », « la remise en cause de ses certitudes »,etc...

 

 

Annexe 4              

David RATTE dans une interview à Canal BD n°76 mars-avril 2011*

 

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Annexe 5              

Article de Raphaël d’Yvoire paru dans La Croix le 1 décembre 2010

La BD chrétienne prend le virage du manga

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À Bruxelles, où le jésuite Roland Francart anime un Centre religieux d’information et d’analyse de la bande dessinée, se tient une exposition « Manga, le Messie »

 

Depuis soixante-dix ans, «l’Évangile est aussi dans les bulles ». Et depuis vingt-cinq ans, le Frère Roland Francart, jésuite, belge, professeur de géographie, et passionnément bédéphile, s’emploie à le proclamer !

Initiateur en 1985 du prix de la bande dessinée chrétienne (exporté à Angoulême à partir de 1987 dans le cadre du Festival de la bande dessinée) puis du « prix du jury œcuménique », qui récompense chaque année un auteur pour la « valeur humaine » de son travail, il s’est entouré depuis vingt-cinq ans d’une dizaine de bénévoles, tout aussi passionnés, qui se démènent avec peu de moyens pour recenser et archiver les bandes dessinées chrétiennes qui existent, et les promouvoir auprès des librairies religieuses et du public 2 000 bandes dessinées chrétiennes.

image012 image012  Situé à Bruxelles, au cœur du collège Saint-Michel (qui scolarise 2 500 élèves en primaire et secondaire), le salon de lecture du Centre religieux d’information et d’analyse de la BD (CRIABD) met aussi à disposition des élèves et du public 2 000 bandes dessinées chrétiennes, en 40 langues, et s’emploie à compléter régulièrement la collection. « Une vingtaine de bandes dessinées chrétiennes sortent chaque année », explique le Frère Francart.

Du premier Don Bosco, dessiné par Jijé en 1941, aux mangas actuels, il analyse avec finesse l’histoire et l’évolution de la bande dessinée chrétienne : vingt ans d’« âge d’or » jusqu’en 1960, suivis au contraire d’années moroses où « le monde de la BD et le monde religieux ne s’apprécient pas mutuellement » ; un renouveau ensuite sous l’impulsion des catéchistes, toutefois « cantonné dans le petit monde clos des catholiques », et enfin, le tournant des années 1990, où des éditeurs classiques s’emparent de la bande dessinée chrétienne, en y injectant un véritable souffle nouveau.image012 image012  

"Des élèves non croyants ont découvert l’Évangile par le manga"

image012 image012  Les nouvelles tendances ? Il les évoque sans nostalgie : « Les jeunes d’aujourd’hui n’empruntent plus que des mangas. Ils ont grandi dans les dessins animés japonais, le manga est donc leur langage BD, même si cela déroute souvent leurs aînés. » « Je peux vous parler d’élèves non croyants qui ont découvert l’Évangile par le manga », renchérit Roselyne Chevalier, administratrice du centre, en brandissant le troisième tome de la série Bible en Manga, qui a remporté cette année le prix du Festival d’Angoulême.

Alors, pour fêter ses vingt-cinq ans, tout en témoignant des chemins d’avenir, le CRIABD présente – outre une exposition sur la « BD chrétienne en Chine » et une analyse passionnante des bandes dessinées consacrées à la vie du P. Emmanuel d’Alzon – l’exposition « Manga, le Messie » réalisée par les éditions protestantes BLF Europe.

De grandes pages de ces dessins japonais ont donc été suspendues temporairement dans l’église du collège, pour représenter l’histoire du Nouveau Testament dans un style moderne mais pas déroutant. Et plus qu’un simple outil de catéchisme, Roland Francart rêve que le 9e art acquiert ses lettres de noblesse en matière d’ouverture universelle aux religions et à la spiritualité.