Décès de la mére Abbesse Gertrude Oger

Abbaye de Wisques

Abesse Gertrude Oger Abesse Gertrude Oger  

Mére Abbesse émérite Gertrude Oger est décédé le mardi 29 janvier 2013.

Ses funérailles auront lieu le vendredi 1er février 2013 à 15h00 en l'Abbaye de Wisques présidé par Mgr Jaeger.

 

Homélie du Père Armand des funérailles du 1er février 2013

 

Funérailles de Mère Gertrude OGER     1° Février 2013
 
Alleluia. Laetatus sum
 
Nous venons de le chanter : ‘Quelle joie quand on m’a dit : Nous irons à la maison du Seigneur’.
 
Confiant en la miséricorde de Dieu et en la toute-puissance de la prière de Jésus notre Grand prêtre, nous ne doutons pas que c’est une telle joie que notre vénérée Mère Gertrude connait désormais, alors qu’elle vient d’arriver au but de son pèlerinage et qu’elle a franchi définitivement le seuil de la maison du Seigneur. N’avons-nous pas entendu Saint Pierre, dans la 2° lecture, nous inviter nous-aussi à pareille joie : « Vous aimez Jésus Christ sans l’avoir vu, vous croyez en Lui, sans le voir encore et vous tressaillez d‘une joie inexprimable qui vous transfigure », ou plus exactement ‘une joie remplie de gloire’, de la gloire de Dieu bien évidemment, une joie qui est le fruit de la présence de l’Esprit en nous.
 
Malgré la tristesse qui habite nos cœurs lorsque nous venons de perdre un être cher à qui nous devons beaucoup (même Jésus a pleuré son ami Lazare qui venait de mourir), nous sommes pourtant remplis d’une joie profonde, aujourd’hui ; et nous proclamons  nous-aussi avec le prince des Apôtres : « Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus Christ, car dans sa grande miséricorde il nous a fait renaître, grâce à la Résurrection de Jésus Christ, pour une vivante espérance » : Oui, nous espérons et nous attendons une autre vie, une ‘vie qui ne connaitra ni destruction, ni souillure, ni vieillissement’. Et c’est bien cette espérance que nous mettons dans la personne de Jésus ressuscité, capable de nous redonner vie, qui nous fait tressaillir de joie nous-aussi.
 
Reconnaissons-le, lorsque nous sommes plutôt moroses et tristes n’est-ce pas parce que nous avons perdu de vue la grande nouvelle de Pâques : à savoir que l’amour et la vie sont plus forts que tout ; que Dieu est présent près de nous et qu’il veille sur nous à chaque instant; lorsque nous oublions cet « héritage qui nous est réservé dans les cieux, à nous qui sommes protégés par la puissance de Dieu, gardés par le ‘dynamisme de l’Esprit saint’ pour reprendre la devise abbatiale de Mère Gertrude, ‘en vue d’obtenir le salut qui est prêt à se révéler au moment de la fin’, au moment où le Seigneur viendra frapper à notre porte, car il viendra, et il viendra à une heure que nous ignorons !
 
C’est bien pour cela que Jésus nous demande d’être vigilants. « Restez en tenue de service » ou plus concrètement  « Gardez vos ceintures autour des reins », comme des serviteurs en train de travailler. St Pierre disait de son côté : « Ceignez les reins de votre esprit » i.e. ayez l’esprit prêt pour le service. Cette image de la ceinture autour des reins entend exprimer la disponibilité pour le service. « Gardez vos lampes allumées ; soyez comme des gens qui attendent leur maitre à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. » Chaque jour, à chaque instant, le Seigneur nous demande de nous tenir prêts à le rencontrer, et même de désirer sa venue ; car chaque jour il vient et il nous invite à son repas de noce. Heureux sommes-nous si le Seigneur nous trouve vigilants, luttant contre la torpeur, la négligence, l’oubli ; s’il nous trouve disponibles, ‘en tenue de service’, comme de loyaux et fidèles serviteurs.
Est ‘disponible’ celui-là précisément dont on peut disposer à tout moment, celui dont on peut faire ce que l’on veut à chaque instant. Sommes-nous ainsi disponibles envers le Seigneur, envers nos frères  et sœurs ? Jésus nous affirme que si nous sommes disponibles pour l’accueillir, sous quelque manteau qu’il se présente à nous - le frère malade, la sœur qui a soif d’attention et d’affection, le supérieur qui ne nous comprend pas très bien, l’obédience qui nous apparait difficile ou même que nous jugeons ‘impossible’ -, si nous sommes disponibles à faire la volonté du Seigneur en tout,  alors, lui, il ‘prendra la tenue de service, il nous fera passer à table ; il se fera ‘serviteur’, il servira lui-même celui qui l’aura accueilli. Jamais le cœur de l’homme n’aurait pu penser que Dieu se ferait un jour notre serviteur, qu’il se mettrait à notre disposition, au point de se faire notre nourriture, notre boisson. Il nous « servira chacun à notre tour » ; cela veut dire que notre béatitude sera précisément de jouir éternellement de cet amour de Dieu qui comblera notre désir au-delà de toute attente. 
 
Telle est, nous l’espérons, l’expérience que vit désormais Mère Gertrude qui fut essentiellement, ici-bas, une ‘personne spirituelle’, une vraie ‘moniale’, dont toute la vie était ramassée et orientée vers l’unique nécessaire. Attirée dans sa jeunesse par le tout de Dieu et le don de soi aux autres, elle comprit que c’était dans la vie contemplative qu’elle réaliserait cela, avec le plus de vérité et de totalité. Par la suite, goûtant dans les premières années les biens de la vie régulière, elle eut à renoncer à ses goûts personnels pour accepter les charges de Maitresse des Novices, puis d’Abbesse.
Les épreuves ne lui manquèrent pas ; elle les traversa avec une force d’âme remarquable, une patience silencieuse. Le secret en était sa foi, limpide, simple, reflétée par sa devise de profession « Invisibilem tamquam videns - comme si elle voyait l’invisible », et aussi parce qu’elle s’appuyait uniquement sur Dieu, selon sa devise d’abbesse : « In virtute Spiritus Sancti – sous l’emprise du dynamisme de l’Esprit saint ».
On ne s’étonne pas dès lors de ses qualités d’humilité, d’oubli de soi, qui la rendaient rayonnante auprès de ceux qui s’approchaient d’elle. Elle rayonnait la joie parce qu’elle était disponible, servante du Serviteur, à l’image de Marie. Elle a beaucoup aimé la Règle de St Benoît, l’a enseignée et surtout s’est appliquée à la vivre : « Elle a cherché à se faire aimer plus qu’à se faire craindre…Aussi, ayant bien administré [sa famille], elle a entendu du Seigneur ce qu’entendit le bon serviteur qui, en temps voulu, donna de la nourriture à ses compagnons de service : « En vérité je vous le dis, il l’a établie sur tous ses biens. »
Permettez-moi d’ajouter un petit souvenir personnel. Presque chaque fois que je rencontrais Mère Gertrude, - pratiquement tous les 15 jours,- elle terminait notre entretien en m’assurant avec insistance qu’elle priait beaucoup pour la communauté de Saint Paul, pour son avenir. Aussi je suis persuadé que la solution qui se met en place pour que notre Abbaye continue sa mission dans notre diocèse, est une réponse du Seigneur à sa prière fraternelle, ou plutôt à sa prière maternelle, car en priant pour Saint Paul elle savait bien que le destin de Notre Dame est lié au nôtre, et cela depuis les origines de nos deux monastères.
Et maintenant qu’ « elle resplendit comme une étoile », je ne doute pas que du haut du ciel elle va continuer sa mission d’intercession pour nos deux abbayes, avec tous nos autres frères et sœurs qui nous ont précédés et qui nous attendent.
Il y a à peine deux ans, alors que nous fêtions son double jubilé de profession monastique et d’abbatiat, nous disions à Mère Gertrude : « Vous avez cru à Jésus ressuscité, et vous avez conformez votre vie à la sienne. Avec vous nous sommes dans la joie et nous rendons grâce à Dieu qui a marché devant vous dans une ‘colonne de feu’ pour vous éclairer la nuit. »
Aujourd’hui nous disons avec elle : « ‘Jésus est vraiment ressuscité’ et il veut nous faire part de sa résurrection et de sa vie. C’est un Vivant que nous voulons servir ; c’est un Vivant en qui nous croyons et espérons, un Vivant que nous voulons aimer et à qui nous avons consacré toute notre vie.
Avec elle nous disons aussi :
‘Trahe nos, Virgo Immaculata, Vierge immaculée, attire-nous à ta suite, attire-nous à Jésus’. Amen.

 

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