La vocation
Mystère et don...
… Pour accomplir sa propre vocation, il est nécessaire de développer, de faire pousser et grandir tout ce que l’on est. Il ne s’agit pas de s’inventer, de se créer spontanément à partir de rien, mais de se découvrir soi-même à la lumière de Dieu et de faire fleurir son propre être. Dans le dessein de Dieu, chaque homme est appelé à se développer car toute vie est vocation. Ta vocation t’oriente à tirer le meilleur de toi pour la gloire de Dieu et pour le bien des autres. “Être pour les autres”…
Pape François, Exhortation apostolique ‘Christus vivit’
Qu'est-ce qu'une vocation religieuse ?
Dans l’Evangile, nous voyons beaucoup de monde autour de Jésus. Mais certains sont plus proches : ils forment un petit groupe d’hommes et de femmes qui le suivent de plus près (les douze Apôtres, Marie-Madeleine, Marie, Marthe, Lazare…). Jésus les invite à demeurer avec Lui.
Aujourd’hui encore, c’est toujours Jésus qui appelle à sa suite. Il a un projet d’amour pour chacun d’entre nous et ce projet d’amour unique peut contenir un appel plus particulier… la ‘Sequela Christi’ – la suite du Christ – c’est-à-dire une invitation à Le suivre de plus près.
La vocation à la vie religieuse est un don personnel. C’est Lui qui nous choisit. Dieu propose, Il ne force jamais. Comme pour la Vierge Marie, lors de l’Annonciation, Jésus attend notre ‘oui’ libre… « Si tu veux… viens… ». Le Seigneur appelle parce qu’Il aime.
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est Moi qui vous ai choisis » Jean 15, 16
Tel est le sens de la vocation à la vie consacrée : une initiative qui vient tout entière du Père, qui demande à ceux qu'il a choisis la réponse d'un don total et exclusif. L'expérience de cet amour gratuit de Dieu est à ce point intime et forte que la personne comprend qu'elle doit répondre par un don inconditionnel de sa vie, en consacrant tout, à ce moment-là et pour l'avenir, entre ses mains.
Saint Jean Paul II
Quelques caractéristiques de l'appel
Tout d’abord, nous l’avons vu, c’est un appel personnel d’'amour de la part de Jésus.
« Jésus fixa son regard sur lui et l'aima. Il lui dit : ‘va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; et viens, suis-Moi’ » Marc 10, 21.
Cette rencontre avec l’amour de Jésus suscite une soif ardente dans le cœur. C’est le signe d’un appel à une vie d'union profonde avec le Christ.
Le ‘jeune’ homme riche de Marc 10, 17-31 vivait conformément aux dix commandements de la Loi de Dieu, il avait de grandes richesses. Néanmoins, il n'était pas satisfait. Il y avait une soif en lui, une soif que seul le Seigneur pouvait étancher. Ceux qui sont appelés à suivre le Christ de plus près ressentent cette soif, ils comprennent au plus intime que, seul un ‘oui’ à cette déclaration d’amour de Jésus pourra l’étancher.
Cet appel est aussi une invitation à tout laisser pour suivre le Christ.
Cela entraîne des sacrifices, notamment le sacrifice de soi, de ses idées, de ses projets pour embrasser les projets du Seigneur, ‘son’ grand Projet de la Rédemption du monde !
Lorsque le Seigneur a appelé les apôtres, ils ont dû quitter leur famille et leur foyer, abandonner leur carrière et quitter le monde dans lequel ils vivaient et travaillaient. L’appel du Seigneur entraîne des sacrifices. Pourtant, ce sacrifice, uni à celui du Christ, apporte une grande joie.
L’appel peut donc engendrer un combat dans le cœur de ceux qui sont appelés, un combat entre la grâce de Dieu, pour laquelle rien n'est impossible et qui attire, et notre libre arbitre, nos désirs, nos plaisirs qui tirent dans une autre direction.
Le Seigneur s’adresse à notre liberté et à notre amour. Nous savons que le ‘jeune’ homme riche n'a pas accepté l'invitation du Seigneur : « il est parti tout triste », nous dit l'Évangile. Il est passé à côté du grand bonheur que le Seigneur désirait lui donner.
Quel est ce grand bonheur ?
Le Seigneur nous le dit : "Quiconque a quitté des maisons ou des frères ou des sœurs ou un père ou une mère ou des enfants ou des terres, à cause de mon nom, recevra au centuple et héritera la vie éternelle" Matthieu 19, 29.
Ce grand bonheur, c’est la vie d'union profonde avec le Seigneur réalisée au sein d'une communauté de frères et de sœurs.
Enfin, une vocation n'est jamais pour soi tout seul.
La vocation comprend toujours une mission, une tâche, une responsabilité envers les autres. Ceux qui sont appelés à une vie plus intime avec Jésus reçoivent une mission pour amener les hommes à rencontrer le Sauveur. Le Seigneur nous fait la grâce de vouloir nous associer à sa grande Œuvre.
C’est comme cela que les religieuses contemplatives, même cloîtrées, sont toujours en sortie : elles vont jusqu’aux périphéries de l’existence les plus inaccessibles, jusqu’aux profondeurs du cœur humain.
Chères sœurs contemplatives, sans vous, qu’en serait-il de l’Eglise et de ceux qui vivent dans les périphéries de l’humain et travaillent aux avant-postes de l’évangélisation ? L’Eglise apprécie beaucoup votre vie entièrement donnée… L’Eglise a besoin de vous !
Comme le marin en haute mer a besoin du phare qui montre le chemin pour rejoindre le port, ainsi le monde a besoin de vous. Soyez phares, pour ceux qui sont proches et surtout pour ceux qui sont loin. Soyez flambeaux qui accompagnent le chemin des hommes et des femmes dans la nuit obscure du temps. Soyez sentinelles du matin qui annoncent le soleil levant. Par votre vie transfigurée et par des paroles simples, ruminées dans le silence, montrez-nous Celui qui est chemin, vérité et vie, l’unique Seigneur qui donne la plénitude à notre existence et la vie en abondance. Criez-nous, comme André à Simon : ‘Nous avons trouvé le Seigneur !’ ; annoncez, comme Marie de Magdala au matin de la résurrection : ‘J’ai vu le Seigneur’. Tenez vivante la prophétie de votre existence donnée. N’ayez pas peur de vivre la joie de la vie évangélique selon votre charisme.
Pape François
… Je compris que l'Église avait un Cœur et que ce Cœur était brûlant d'AMOUR. Je compris que l'Amour seul faisait agir les membres de l'Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang... Je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations, que l’Amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… Oui, j'ai trouvé ma place dans l'Église et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… . Dans le Cœur de l'Église, ma Mère, je serai l’Amour…
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus
L'Église à conscience et proclame sans hésitation et avec force qu'il y a un lien intime entre la prière et la diffusion du Royaume de Dieu, entre la prière et la conversion des cœurs, entre la prière et la réception fructueuse du message de l'Évangile.
Saint Jean-Paul II
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Comment discerner sa vocation ?
Nous avons déjà donné quelques critères : une soif qui naît en nous, un désir de travailler avec et pour Jésus au salut des âmes.
Discerner sa vocation, ce n'est pas attendre une vision ou une apparition ; ce n'est pas un message extraordinaire que nous recevons de manière sensible. C'est une rencontre intime avec le Christ dans les différentes circonstances et situations de la vie et qui peu à peu s’approfondit.
C’est un peu comme si quelqu'un frappait à la porte de notre cœur ou de notre esprit, surtout dans les moments de silence de prière et d'adoration… Dans de tels moments, nous pouvons percevoir une voix, une voix sans paroles, mais claire et pénétrante. Les choses du monde deviennent fades, nous avons besoin d’autre chose.
Cet appel de Dieu peut nous rejoindre de diverses manières. Le plus souvent, à travers les circonstances de la vie ordinaire : lors d’une lecture, au cours d’une liturgie, à la suite d’ un échange avec son père spirituel, à la lecture de la Parole de Dieu, dans la prière, pendant une Adoration Eucharistique etc.
Jésus appelle à toute heure de la vie : pour certains, c’est dès l’enfance ou au cours de l’adolescence, pour d’autres, c’est à l’âge de la maturité. Chaque personne a son histoire, différente, merveilleuse. Chaque vocation est une histoire unique, une histoire sainte, un Mystère de miséricorde.
Les difficultés et les obstacles
Les difficultés ne manquent pas non plus. Le diable connaît l'immense bénédiction qu’est une personne consacrée au Seigneur. Il n’est donc pas surprenant, comme Notre Seigneur lui-même l'a dit dans l'Évangile, que des difficultés et des obstacles surgissent, venant à la fois de nous-mêmes et des autres : doutes, peurs, conflits avec les parents, manque de compréhension des autres etc.
Mais ce qui semble impossible aux hommes est possible à Dieu ; quand Dieu appelle, tout devient possible, Il est capable d’ouvrir les portes qui semblent fermées à double tour !
Il est également normal d'éprouver une certaine réticence voire même de la résistance. La ‘certitude’ d'être appelé n'est pas d’ordre scientifique. Elle peut coexister avec des moments d'incertitude, de remise en question, de trouble etc.
Et pourtant, si le désir revient, lancinant, à condition de rester à l’écoute de l’Esprit-Saint, la force et la paix suffisantes sont données pour faire le pas suivant…
Oui! La vocation à servir le Christ seul dans son Église est un don inestimable de la bonté divine, un don à implorer avec insistance et humilité confiante. Le chrétien doit être toujours plus ouvert à ce don, en veillant à ne pas perdre ‘le temps de la grâce’ et ’le temps de la visite’ (cf. Luc 19, 44)
Saint Jean-Paul II
Ce qui peut aider à discerner
- La fidélité aux sacrements de l'Eucharistie et de la Réconciliation. Le sacrement de réconciliation nous libère du péché et de nos faiblesses, c'est une grande aide pour dissiper les nuages des doutes et des peurs et laisser entrer la lumière dans sa vie. L'Eucharistie nourrit et fait grandir notre vie d’union au Christ, elle nous donne la grâce et la force dont nous avons besoin pour avancer.
- La simplicité et l’humilité. Nous ne devons pas nous attendre à ce que le Seigneur nous donne la trame de notre vie à l'avance. Il nous dévoile son projet étape après étape. Cependant, il nous appartient d’être fidèle à la lumière du moment, et c’est cela qui permet le pas suivant.
- Exprimer son désir profond à quelqu’un de confiance et d’expérimenté dans les questions spirituelles est une grande aide pour voir plus clair et avancer dans la découverte du projet de Dieu sur sa vie.
- Une retraite de discernement. Le silence et la disponibilité sont nécessaires pour se mettre à l’écoute de Dieu et de son appel. Faire une retraite de discernement, c’est prendre quelques jours à l’écart pour réfléchir, prier et se poser les bonnes questions.