Colossiens 3-4 fiche 6

Exhortations éthiques pour vivre à la suite du Christ ressuscité

Exhortations éthiques pour vivre à la suite du Christ ressuscité

Zoom : 3, 12-17 ; Vie nouvelle, parce que sanctifiés en Christ.

Section 6  Colossiens 3-4

 

 

Rappel du début de la lettre

Paul était on ne peut plus clair au début de sa lettre aux Colossiens quand il précisait le rôle du Christ et lui seul qui, par sa mort et sa résurrection, nous a obtenu le pardon de Dieu. Quand Paul affirme qu’il achève ce qui manque aux détresses du Christ, il évoque sa sollicitude et ses souffrances pour l’annonce de l’Evangile au milieu des nations, en faveur de L’Eglise à faire naître et grandir : achever l’annonce de la Parole (1, 24-25). Au cours de la lecture de la lettre aux Ephésiens, nous découvrirons qu’il y a bien des consonances entre les deux lettres Colossiens et Ephésiens.

 

Présentation générale de la section

Le corps de la lettre, ch.1-2, était consacré à l’enseignement, à l’argumentaire concernant la libération obtenue par le Christ : Christ apporte le pardon et la réconciliation avec le Père ; tout est créé par Lui et pour Lui. Paul rappelle que Christ libère de toute prescription ancienne (qu’elle soit juive ou païenne). Il fait une mise en garde contre “ce qui n’est que doctrines des hommes”. Le baptême est présenté comme circoncision spirituelle. Par le baptême nous acquérons une identité nouvelle (cf. vieil homme et homme nouveau).

Voici maintenant la partie exhortation, qui s’appuie sur le baptême. “Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ…”. Il y a bien un point de départ pour une vie nouvelle, le baptême. Paul insiste ici sur l’association entre Christ et nous. En Christ, par Christ, tout est réalisé, accompli. Pourtant il y a encore à faire : v.5 à 11… faire mourir ce qui appartient à la terre. La nouvelle vie résurrectionnelle n’est pas à chercher dans une pratique religieuse extatique, ni dans une liberté religieuse désincarnée, ni même l’observance de calendriers aux prescriptions rituelles, elle se trouve dans la vie concrète, quotidienne de la communauté. (Comportements à éviter 3, 5-11 ; comportements à rechercher 3, 12-17, puis les prescriptions domestiques : épouse/mari ; enfants/parents ; esclaves/maîtres.)

 

Paul joue des oppositions comme en-bas/en haut… Certaines spiritualités ont pu utiliser ce type de langage pour rejeter ce qui est charnel, matériel, pour rejeter la dimension corporelle de notre existence chrétienne, y compris dans ses dimensions associatives et politiques (ne pas se salir les mains disait-on). Or, Paul oppose le “penser comme humain” et le “penser à la manière de Dieu” et non l’opposition entre le matériel et le spirituel (relire la réflexion dans la fiche 4, lettre aux Galates….. à propos de la chair). Il n’est pas dans la pensée de Paul d’avilir la matière, mais une manière de penser et de vivre en humain qui éloigne de penser et vivre à la manière de Dieu. Ceci est précisé dans les listes au début du ch. 3.

 

La vie de l’homme nouveau se réalise par une aptitude à la prière, par exemple ‘Vivez dans l’action de grâce’, mais pas seulement. … On remarquera que l’essentiel des recommandations touche aux relations avec autrui : la vie familiale et sociale intégrée dans le Seigneur. Même les non-chrétiens y sont évoqués. Les anciennes catégories humaines qui divisent et opposent perdent de leur importance : grec/Juif, circoncis/incirconcis ; esclave/homme libre, à cause du Christ. C’est un appel à dépasser l’habituelle opposition “nous/les autres”, et cela concerne aussi les non-chrétiens ! (C’était déjà exprimé en Galates 3, 28. Aujourd’hui, notre société dite postmoderne est confrontée au communautarisme qui joue sur des distinctions qui opposent les diversités au lieu de chercher et proposer un vivre ensemble. Sommes-nous prêts à suivre Paul qui disqualifie ces distinctions ?). Dans la conclusion, à partir de 4,7, on trouvera les noms de nombreux chrétiens à saluer, et parmi eux, Marc et Luc !

 

Zoom : Vie nouvelle, parce que sanctifiés en Christ. 3, 12-17 

L’exhortation pressante de Paul (ch 3) est la suite logique de la vie nouvelle obtenue par le baptême en Jésus-Christ. C’est dans la vie concrète, quotidienne, que cette vie nouvelle s’exprime. Les listes de vices et de vertus sont classiques chez les moralistes de l’Antiquité et Paul est fidèle à leurs habitudes. Rien d’extraordinaire cependant dans le contenu de ces listes. Le v.5 met plutôt l’accent sur les déviances sexuelles typiquement païennes, tandis que le v.8 dénonce les comportements qui dérèglent la vie communautaire des chrétiens.

11-12. Il y a cependant une originalité dans le rapport à l’autre : “Christ est tout et en tous”, ce qui tend à invalider les divisions ethniques (Grecs/Juifs) ou religieuses (circoncis/incirconcis), ou culturelles (civilisés ou hellènes et barbares ou Scythes), ou sociologiques (esclaves et hommes libres). Il vaudrait la peine de prendre le temps d’imaginer les oppositions ordinaires de notre temps : chrétiens et musulmans, gens cultivés et périphéries ; salariés ou chômeurs et cadres de la société. A quoi sommes-nous appelés, si réellement nous prenons à la lettre ces quelques lignes ? Recevoir le baptême modifie (devrait modifier) nos relations au sein de la société. Ne serait-ce pas pour aujourd’hui le signe d’un passage du vieil homme à l’homme nouveau ? Il y a sans doute là quelque chose de l’universalité de l’Eglise et du monde à faire advenir.

Les mœurs nouvelles préconisées dans les recommandations (exhortations) sont présentées par Paul comme une conséquence directe de l’adhésion/appartenance à Christ ressuscité 3,1-4. L’expression revêtir n’est pas à comprendre comme une simple apparence externe surajoutée, comme un vêtement que l’on change : c’est l’être même qui est transformé, appelé à être transformé.

16-17. Le culte chrétien, ce n’est pas seulement le temps de l’assemblée. C’est plus large qu’on ne le pense : “Chantez à Dieu dans vos cœurs votre reconnaissance”. C’est au sein de la vie quotidienne, en toute occasion, dans nos cœurs, que s’exprime la prière de reconnaissance.

 

Pour aller plus loin.

Paul divise son code domestique 3, 18 à 4,1) en trois parties : Épouses/maris ; enfants/parents ; esclaves/maîtres. Ce sont les relations habituelles et en opposition auxquelles Paul s’intéresse, comme c’est d’usage dans l’Antiquité. Et nous, en hommes du XXIème siècle, nous regrettons que ce ne soit pas remis en cause par Paul Peut-on reprocher à Paul de ne pas contester l’esclavage ? Pourtant quelques inflexions peuvent être repérées. Par exemple Paul innove dans la réciprocité épouse/mari, (comme en Corinthiens). De même pour la relation esclave/maître se trouve les prémices d’un autre regard. En utilisant le mot kurios (maître/seigneur), Paul fait intervenir du neuf dans la relation du maître à l’esclave. Dans la relation binaire esclave/maître, il ouvre la place à un troisième, le Christ. Kurios a un double sens : maître et Seigneur. Paul fait donc intervenir une composante religieuse qui, jusqu’alors n’était pas pensée. (Cette remarque est une interprétation qui n’était sans doute pas perçue par tous. Il faudra attendre les catholiques sociaux du XIXème siècle et les mouvements de l’Action catholique du XXème siècle, pour introduire aussi fortement la dimension religieuse dans les rapports sociaux.

 

Les termes opposés. Arrêtez-vous à tout ce qui est présenté en termes opposés dans la lettre : autrefois et maintenant ; choses d’en haut ; monde ancien ; vieil homme et homme nouveau. Pour Paul, c’est une manière de signifier les changements opérés par le baptême : il y a un avant et un après.

 

Relations entre époux : Paul ne s’attarde pas sur le rapport homme/femme, comme il l’a fait en 1 Co 7, où la question était abordée sous l’angle des états de vie, états qu’il passe en revue dans leur diversité. Le contexte est ici à l’exhortation réciproque ! La foi au Christ imprègne profondément ces relations humaines, relations matrimoniales comme relations sociales ou enfants/parents. Aujourd’hui quelles sont les relations sociales auxquelles nous nous intéressons, et les relations sociales que nous délaissons (domaine familial, caritatif, les domaines économiques, politiques et financiers…). Nous avons sans doute réagi à “Epouses, soyez soumises…”, ce qui a limité notre attention pour la phrase suivante “Maris, aimez vos femmes”. Que le mari soit invité à “aimer” sa femme faisait rarement partie des recommandations de l’Antiquité pour décrire la relation entre époux et épouse. La réciprocité introduite dans les recommandations est peut-être le début d’un regard neuf sur la vie du couple. Paul est-il aussi misogyne qu’on veut bien le dire ? C’est à cette même époque que, suite aux exigences du Christ (cf. Marc 10), la question du divorce commence à se poser dans le monde chrétien. Mais cela dépasse notre étude.

 

Le ch. 4 permet de se faire une petite idée sur le fonctionnement des premières communautés chrétiennes : d’abord de nombreux collaborateurs –une dizaine- sont nommés, dont certains devaient une fonction importante, dont Tychique : il est appelé frère, ministre fidèle et “mon compagnon de service”. La communication des lettres les uns aux autres devait être une habitude entre les communautés. Le fait que Marc et Luc soient nommés garantit la dimension apostolique (proximité des apôtres) pour le ministère accompli par Paul. Il n’est pas un solitaire, coupé du groupe des Douze, même vingt ans après sa conversion. On trouve cependant peu de noms d’origine juive, signe que Paul n’a pas été trop bien reçu par ses compatriotes. La conclusion témoigne de l’intensité des liens entre Paul et la communauté destinataire.

 

Mystère Col 1, 26 ; 4, 3… Le mot mystère revient une dizaine de fois en Colossiens et Ephésiens. Il ne faut pas l’entendre au sens habituel qui est le nôtre, d’inaccessible à la raison. “Ce mystère chez les païens : c'est le Christ parmi vous”. En Ephésiens 1,9, le mystère est le dessein bienveillant de Dieu à notre égard. Pour Paul il est évident que l’intérêt de Dieu pour nous, l’amour de Dieu pour nous, manifesté en Jésus-Christ ça ne s’explique pas. Le mystère est l’objet spécifique de l’Evangile de Paul, dont le contenu central est le Christ. (On retrouve ce mot mystère dans le même sens dans la Lettre aux catholiques de France : “ll est grand le mystère de la foi”, c’est la présence de Christ à son peuple et le lien qui rattache Dieu à l’homme. Il n’y a d’autre réponse à ce choix de Dieu que l’action de grâce. Rien ne peut expliquer que les païens soient appelés au salut, ni que les Juifs soient réconciliés avec les nations dans un même corps.

 

 

Prier la Parole

D18-73  Baptisés dans le même Esprit

Refrain :

Baptisés dans le même Esprit

Rassemblés dans un même corps,

Nous vivons de la même vie,

Nous chantons d’une même voix.

 

Un seul Seigneur, premier-né dans la lumière,

Un seul Sauveur, Jésus Christ ressuscité,

Nous proclamons que sa Pâque nous libère.

Louange à Dieu par son Fils aux mains levées.

 

 Un seul Berger nous recherche et nous rassemble,

Un seul bercail pour la paix de ses brebis.

Nous entendons son appel à vivre ensemble.

Louange à Dieu dont la voix nous réunit.

 

Le même Dieu nous dévoile son visage,

La même soif nous invite à le chercher.

Nous apprenons que l'amour est son message.

Louange à Dieu notre Père en vérité.

 

La même Vigne et des grappes différentes1

Le même Cep aux sarments bien émondé.

Nous préparons les raisins de la vendange.

Louange à Dieu par le chant du Bien-Aimé !

 

Claude Bernard ; Michel Wackenheim

 

 

 

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 1811 visites