Défendre les valeurs de la laïcité

Résumé de document

 

Dans le mensuel Savoir, de l’URCEAS (Union régionale Nord – Pas-de-Calais des centres d’étude et d’actions sociales), Jérôme Régnier aide à « Mieux comprendre la laïcité ».
Après un aperçu de  « l’histoire complexe de la laïcité » que nous laisserons de côté parce que abordé par ailleurs, il évoque quelques questions au sujet du développement de l’unité européenne;  il permet aux Français de dépasser les perspectives d’une laïcité trop étroite, par exemple dans le débat sur la constitution de l’Europe…

 

Interrogations
Dépassant le laïcisme ou une simple neutralité négative, la laïcité paraît, aujourd’hui, ouvrir un espace public au pluralisme des choix philosophiques ou religieux qui se posent nécessairement à chacun de nous. Mais, dans ce cadre, se posent aujourd’hui plusieurs interrogations : 

- l’ignorance massive de notre histoire religieuse, plus accentuée en France que dans les autres pays, doit-elle être corrigée par des cultures religieuses ? 

- une société de permissivité et de chacun pour soi évacue, de fait, les valeurs de la laïcité : civisme, solidarité, fraternité. Comment l’école peut-elle éduquer à ces valeurs ? 

- la présence d’un Islam plus nombreux et plus actif transforme, en France, la problématique traditionnelle. Comment représenter la religion musulmane face à l’État ?...

 

L’Église catholique a connu une évolution remarquable dans la seconde moitié du 20ème siècle… Signalons-en  trois perspectives :

- le concile  Vatican II définit à nouveau l’Église comme « peuple de Dieu ».

- Moins cléricale, l’Église propose davantage une vision évangélique au service de toute l’humanité. Elle se veut au cœur du monde.

- La modernité des valeurs évangéliques (Vatican II, Gaudium et Spes) semble de plus en plus évidente aux chrétiens soucieux de maintenir la cohésion d’une société qui se veut libre, égale et plus solidaire. L’Église ne cherche pas son propre succès mais celui de l’humanité….

 

Difficultés actuelles :
Au plan de la liberté, faut-il une économie rigoureusement libérale ou une régulation plus ou moins importante ? La liberté morale justifie-t-elle intégralement la « fin des tabous » ou faut-il maintenir une éthique incarnée par des institutions ou des lois (mariage, procréation technique, commerce d’organes humains..) ?
Les interdits fondamentaux nécessaires au « vivre ensemble », même, sont beaucoup moins respectés et moins compris : violences, glorification des kamikazes, infractions routières, tapage nocturne, voire « nique la police »…
Dans un temps de « chacun pour soi », la limite de ce qui nuit à autrui est vite franchie. La cohésion sociale souffre également du manque de respect des différences : recrudescence du racisme, de l’antisémitisme, des intolérances religieuses.

Interaction

En conclusion, avec pour appel « ensemble, défendre les valeurs de la laïcité », Jérôme Régnier constate que si la politique joue évidemment son rôle, les lois ne peuvent remplacer la conversion intérieure des mentalités : dépassement de l’individualisme, de la défense des privilèges ou des intolérances. « D’autre part, signale-t-il, les hommes politiques eux-mêmes, dépendent beaucoup de la mentalité générale de leurs électeurs ».

Aussi rappelle-t-il l’importance de l’éducation qui peut changer les mentalités, expliquer le sens des lois, des structures et l’importance des avantages sociaux, de la solidarité sociale aussi ; éducation qui peut aussi ouvrir aux réalisations internationales comme à la signification des traditions religieuses.

Il prône un retour aux sources humanitaires et religieuses. Et de citer Lionel Jospin (La Croix du 20 novembre 2001) : « La civilisation porte la marque du religieux, spécialement du christianisme… Je suis convaincu qu’il existe une parenté entre les valeurs judéo-chrétiennes et la morale laïque ».
Et Jérôme Régnier finir par cette profession de foi : « Retrouver les valeurs évangéliques pour en témoigner au cœur de la société est particulièrement d’actualité. Le primat de l’amour, le sens personnaliste de la sexualité, du travail et de la vie en société sont tellement adaptés aux déficiences de notre temps ! Y travailler c’est aussi rejoindre tous les hommes de bonne volonté qu’évoquait Jean XXIII dans Pacem in terris.