4eme partie - Voyage des pères
Des pères à la recherche de leur(s) fils… un chemin avec le Fils…
4. Des pères à la recherche de leur(s) fils… un chemin avec le Fils…
C’est en mettant les pères des disciples sur les routes à la recherche de leur(s) fils que l’auteur trouve le fil conducteur de son récit en une manière originale d’entendre ce qui est dit de Jésus par de nombreux témoins et personnes qui en ont entendu parler.
Les pères, personnages à part entière du récit font eux aussi une expérience, un chemin avec le Fils, Jaïrus, par exemple, l’exprime en ces mots « Soyez bénis ! Et béni est le fruit de vos entrailles ! » (T.1 p.44 case 4).
Essayons d’en souligner les grands traits pour chacun en laissant dans un premier temps la parole à leur créateur, David Ratte « pour la petite histoire, il se trouve que Jonas, Alphée et Simon sont pratiquement les seuls parents d’apôtres dont les noms sont mentionnés dans les Evangiles. »[2]
Nous découvrons le trio des pères alors qu’ils sont assis près d’un feu, de nuit, assurément en chemin et qu’ils font connaissance, Jonas racontant qui sont ses enfants, comment et pourquoi il s’est mis à leur recherche (T.1 p.3 cases 1, 3 et 4). Cette scène, filant sur plusieurs pages (T.1 p.14 cases 1 et 6 à 9 ; p.15 cases 3 à 10) entrecoupée des récits des uns et des autres, inaugure ainsi leur voyage.
4.1 Alphée
« Son fils, Mathieu, est collecteur d’impôts. Et malgré un cynisme de façade, c’est une situation qu’il assume assez mal. Il faut dire qu’à l’époque, les collecteurs d’impôts travaillaient à la solde des Romains et n’avaient pas la réputation d’être très honnêtes. Le personnage d’Alphée, malgré un physique peu avenant et un caractère assez froid, se révélera être le plus sensible et le plus émotif du trio. »7
A l’évocation que fait Jonas du groupe de douze à suivre Jésus il dit aussi que l’un d’eux serait collecteur d’impôts, ce qu’il met en doute. Alphée prend la parole « c’est pourtant la vérité. C’est mon fils... Matthieu» déclenchant de vives démonstrations d’hostilité dont il dit avoir l’habitude (T.1 p.14 cases 7 à 9). Ses compagnons le retiennent alors qu’il manifeste le désir de partir seul «ça vaudra mieux pour tout le monde. »(T.1 p.15 cases 6,7 et 8).
Alphée semble chercher du sens à tout cela dans le silence, le recueillement, la prière (T.1 p.26 cases 3, 4 et 5) et commence à douter du succès de leur quête, « tout ça, ça nous dépasse, on récupérera jamais nos gamins. » (T.1 p.27 case 2)
Etre père d’un collecteur d’impôts lui vaut régulièrement la réprobation de ses interlocuteurs. Jonas son compagnon de route retombe dans cet écueil, l’attaquant sur le fait qu’il soit riche (T.1 p.27).
Alphée avoue que « les collecteurs d’impôts travaillent pour l’envahisseur ! Oui ils détournent l’argent des Juifs à leur propre profit ! Et Matthieu autant que les autres ! » Alphée s’arrange de la question morale de ces avantages. (T.1 p.28 et 29). « Depuis que Matthieu est parti, on s’est retrouvé sans ressource. Je dois absolument le retrouver et le ramener à la maison. »(T.1 p.29 cases 5 et 6).
Et puis il avoue à Simon son inquiétude pour son fils (T.1 p.29 case 7).
Il semble touché par le témoignage que donne Esther et curieux du pardon que Jésus leur a donné. (T.1 p.33 case 4).
Dès lors, Alphée semble poursuivre un autre but... rencontrer Jésus
« Et si c’était vrai ? A propos de Jésus... si c’était vraiment le Fils de Dieu ? Le Messie.» il interroge Simon qui lui ne préfère pas y penser (T.1 p35 case 5).
Lorsque éconduit avec hostilité du fait du métier de son fils, par l’amie d’Esther et qu’avec humour Jonas lui dit « finalement... peut-être que toi aussi tu devrais te faire pardonner par Jésus... », Alphée lui répond « Ne rigole pas avec ça. » (T.1 p.37)
Chez Jaïrus, il est confus par le comportement de Jonas. Puis sort de la maison, alors que tout le monde dort, comme travaillé par ce qu’a dit Jaïrus repris en écho par un Simon songeur « Certains refusent encore de voir la vérité qui leur crève les yeux. Il faut juste leur laisser un peu de temps. » (T.1 p.46). C’est là, alors qu’il semble interroger du regard le ciel étoilé, que le retrouve l’homme qui a vu le bateau arriver après la tempête apaisée « Tu veux que je te conduise à Jésus ? » (ci-contre T.1p.46 cases 12 et 13)
Alphée de répondre « Oui » le regard plein d’espoir (ci-dessous T.1 p.47 cases1 et 2).
C’est dans la foule massée pour écouter l’enseignement de Jésus que nous retrouvons Alphée le regard porté tant vers Jésus que vers son fils Matthieu qui ne l’a pas reconnu. (T.1 p.48)
Père et fils écoutant les mêmes paroles. Jusqu’à ce que Matthieu distribuant du pain aux personnes assises dans l’herbe rencontre le regard de son père, de la surprise il passe à la colère « je te préviens si tu es venu pour... » Alphée le coupe tout net « Non. Avant oui...mais plus maintenant ». Nous comprenons tout comme Matthieu, dont le regard se fait bienveillant pour son père, qu’Alphée vient de trouver l’objet de sa propre quête...Jésus est là non loin, enseignant à la foule (ci-après T.2 p.11 cases 4 à 11).
Matthieu et son père ont une conversion, à la faveur de la nuit, face à la mer, un moment privilégié dans lequel Alphée invite son fils à lui parler de son nouvelle vie, « Comment vas-tu ? Es-tu heureux dans ta nouvelle vie ? » (T.2 p.18 case 4), Matthieu confirme qu’il a « l’impression d’avoir enfin un but ! De donner un sens à [son] existence ! » (T.2 p.18 case 5) et qu’il se rend avec Jésus à Jérusalem « ...pour commencer. » (T.2 p.18 case 8)
A Jérusalem, c’est dans la foule qui vocifère de libérer Barrabas devant le palais de Pilate qu’Alphée mu par l’injustice qu’il ressent (et son amour pour Jésus ?) hurle d’arrêter et crie de toutes ses forces le nom de Jésus (T.2 p.48). Un coup de poignard anonyme le fait taire, il s’écroule.
Dans un lit, à la maison, Alphée est en train de succomber à ses blessures, il appelle « Jésus... » (T.3 p.17 case 9) et demande à Jonas « Où est Jésus ? Qu’est ce qu’ils lui ont fait ? » (T.3 p.18 cases1 et 2). Jonas lui raconte que « Dieu est apparu [...] de la fumée, des éclairs, une grosse voix venue du ciel [...] que les Romains ne savaient plus où se mettre [...] du coup ils ses ont excusés et l’ont relâché. » , Alphée lui répond dans un souffle le qualifiant de « menteur. »(T.3 p.18 cases 4 à 9).
Alphée s’éteint, en des cases qui blanchissent, perdent de leurs couleurs en se succédant comme vidées peu à peu de la vie, nous lisons la stupeur et la tristesse des personnages (T.3 p.20).
Alphée est enterré par ses amis et son fils Matthieu (p.45 cases 3 à 6).
4.2 Simon
« Simon est un bon gros nounours. Un brave homme, avenant et tolérant. Son seul défaut est d’avoir donné naissance à Judas...et franchement, il ne méritait pas ça. C’est ce personnage que j’ai créé en premier. Depuis le début, j’ai imaginé comment il allait vivre la trahison de son fils. »7
Simon semble soucieux et sur la réserve quand Jonas lui rappelle qu’il n’a pas parlé de son fils et il ne donne que son prénom « Judas » (T.1 p.15 case 10). Lors de la rencontre avec l’informateur, il se montre curieux de savoir si « ce type [Jésus] est en train de créer une nouvelle religion ». (T.1 p.21 case 3)
Il qualifie d’amoral le travail de collecteur d’impôts qui fait vivre la famille d’Alphée (T.1 p.29 case 1), mais accepte d’entendre l’explication que lui donne ce dernier.
Alors que Jonas s’y oppose à corps et à cris, Simon semble accepter de bon gré que les filles se joignent à eux, cherchant même à raisonner son compagnon « Allons ! Tu sais bien qu’elles ne se prostituent plus. C’est bien pour ça qu’elles ont dû se sauver. » (T.1 p .32 cases 5 et 6)
Interrogé par Alphée à savoir si Jésus était vraiment le Fils de Dieu, le Messie, il répond « franchement, je préfère ne pas y penser. »(T.1 p. 35 case 6)
Chez Jaïrus, il répète songeur ce que vient de dire leur hôte« Certains refusent encore de voir la vérité qui leur crève les yeux. Il faut juste leur laisser un peu de temps. » ajoutant « c’est profond ça »(T.1 p.46 case 6)
Il semble tombé des nues quand il apprend d’Esther et de son amie «que puisque Jésus est le futur Roi des Juifs...c’est forcément à Jérusalem que tout va se dénouer »( T.2 p.14 case 8) et il s’exclame « Roi des Juifs !? Rien que ça !? » (T.2 p.15 case 1)
« Des fois, il faut savoir balancer ses préjugés aux orties !! », c’est sur cette base que Simon s’autorise quand même à parler avec un homme, Habib, qui n’est pas Juif, car à moitié Samaritain. (T.2 p.25, 26 et 27). Habib lui dit que Jésus « c’est un mec bien » il ne voudrait pas qu’il lui arrive du mal, Simon le rassure « Mon fils est parti avec lui. Je voudrais le retrouver...essayer de comprendre. » (ci-contre T.2 p.27 case 9).
Habib lui dit aussi que « Jésus aurait transmis une partie de ses pouvoirs à ses apôtres. », Simon en doute « aux douze ? », « même à mon fils ? » Habib confirme « Ben oui, ça a l’air de t’étonner. ». Simon soucieux « Moui...je sais pas...Judas est un bon garçon. C’est pas la question. Mais aider les autres comme ça, gratuitement... ça ne lui ressemble pas. » Habib d’ajouter « Comme quoi, on ne connaît jamais vraiment ses enfants. » (T.2 p.38)
A Jérusalem, Simon semble pressé de voir Jésus et de retrouver son fils par la même occasion « Alors c’est sûr ? Jésus est à Jérusalem ? » demande-t-il à Esther qui lui raconte l’arrivée de Jésus acclamé par la foule. (T.2 p.45 cases 5,6,7). Comme s’inquiétant du sort de Jésus il demande « Et les Pharisiens ? Et les Romains ? Ils disent rien ? » ce à quoi Esther répond « Qu’est-ce que tu veux qu’ils disent ? Jésus ne fait de mal à personne ! » (T.2 p.45 case 8)
Il semble que Simon voit pour la première fois Jésus alors qu’il est entre les mains de Pilate. (T.2 p.47 case 8)
Simon atterré, porte contre sa poitrine Alphée gravement blessé courant avec ses amis vers la maison (T.3 p.5).
A la maison, il apprend que « Jésus aurait été trahi par un de ses Apôtres...un certain Judas Iscariote...pour trente derniers. » (T.3 p.7) abasourdi puis entrant en colère, il fait confirmer ces dires puis se précipite dehors claquant la porte. La case suivante nous le montre totalement désorienté, comme pétrifié devant la maison qu’il vient de quitter avec fracas. (T.3 p.8 case 1)