3ème partie - Voyage des pères

Un chemin..., des conversions.

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3. - Un chemin… des conversions…
3.1 Ceux qui ont été appelés par Jésus
3.2 Ceux qui ont été guéris par Jésus
3.3 Ceux qui ont écouté Jésus
3.4 Ceux qui ont vu
3.5 Ceux qui croient 
 

3.   Un chemin… des conversions…

 

Une autre lecture de ce récit permet de déceler, tout au long du parcours que nous faisons avec les pères des disciples à la recherche de leurs fils, les conversions qui s’opèrent dans le cœur de certains qui ont rencontré Jésus. Qui sont-ils ? De quoi témoignent-ils ? Je propose de parcourir le récit à la rencontre de ceux qui manifestent une conversion, un changement de vie, un sens nouveau à la vie, un surcroît de vie,  suite à leur rencontre avec Jésus.

Nous le verrons, il y a ceux qui ont été appelés par Jésus, ceux qui ont été guéris, ceux qui ont écouté, ceux qui ont vu et ceux qui croient.

 

3.1 Ceux qui ont été appelés par Jésus

 

Ils ont été appelés par Jésus, il est venu les rencontrer chez eux, alors qu’ils étaient à leur ouvrage. Le récit fait mention de quelques-uns.

 

Les premiers que rencontre Jésus sont Pierre et André, fils de Jonas et Jacques et Jean, fils de Zébédée. Pierre rapportant à son père le fruit d’une pêche inattendu croit « Papa, je crois que c’est lui ! C’est le Messie» (ci-dessous T.1 p.6 cases 5 et 6).

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Puis « Jésus s’est mis à leur parler. Je ne sais pas bien ce qu’il a pu leur raconter… Toujours est-il que quand il est parti, ils l’ont suivi comme un seul homme» raconte Jonas. (T.1 p.7  cases 4 et 5).

 

C’est de la bouche d’Alphée que nous apprenons comment Jésus est venu appeler son fils Matthieu, « Mon fils était à son travail, au bureau des impôts, quand Jésus est venu le recruter. D’après les témoins présents, Matthieu a planté là tous ses encaissements en cours pour l’accompagner… personne ne l’a revu depuis. » (T.1 p.15 cases 1 et 2)

 

Quant au fils de Simon nous n’apprenons que son prénom « Judas », Simon n’en dira pas plus. (T.1 p.15 case 10)

 

« Ils seraient douze à le suivre en permanence. Douze à avoir tout lâcher pour lui», c’est Jonas qui donne cette information à Alphée et Simon. (T.1 p.14 case 3). Ces douze hommes, c’est le témoin de la tempête apaisée qui nous apprend qu’ils sont les « Apôtres » de Jésus (T.1 p.39 case 7). «Les Apôtres nous ont expliqué que c’était Jésus qui avait calmé la tempête. » (T.1 p.40 case 3) Ainsi nous apprenons que les Apôtres témoignent eux aussi de ce qu’ils perçoivent et comprennent de Jésus.

 

Les Apôtres (nous reconnaissons Matthieu) parmi la foule écoutent les enseignements de Jésus (T.1 p.48 case 4)

 

Alphée ayant retrouvé son fils Matthieu lui demande « Es-tu heureux dans ta nouvelle vie ? » et Matthieu de répondre « Tu ne peux pas imaginer ! J’ai l’impression d’avoir enfin un but ! De donner un sens à mon existence ! Regarde on est de plus en plus nombreux à suivre l’enseignant, les malades sont guéris. Les paralytiques marchent. Les aveugles recouvrent la vue. Les sourds entendent… c’est énorme ce qui est en train de se passer ! Enorme ! » Alphée demande « Et ça nous mène où tout ça ? »,  « A Jérusalem Papa…pour commencer» est la réponse que donne Matthieu. (T.2 p.18)

 

« Jésus ne serait plus le seul à faire des miracle. […] Il aurait transmis une partie de ses pouvoirs à ses Apôtres. » (T.2 p.38 case 2)

 

A la mort de Jésus, Esther raconte que «  tous les disciples se sont dispersés. Les Apôtres se terrent. Ils ont peur d’être traqués, arrêtés et... et exécutés. Ils ont peur de finir comme Jésus. » (T.3 p.22 case 2).

 

Jonas et Simon retrouvent les Apôtres au sommet du promontoire d’où Jésus vient de monter aux cieux, les Apôtres ne disent alors pas grand-chose si ce n’est que Jésus ne reviendra pas. (T.3 p.44)

 

 

Par la discrétion et le mutisme des Apôtres à ce moment, l’auteur laisse les personnages et le lecteur avec leurs questions comme dans l’attente…d’un événement dont il n’y a aucune référence dans ce récit…mais que nous connaissons pour être la Pentecôte.

 

 

3.2 Ceux qui ont été guéris par Jésus

Celles et ceux qui ont été guéris par Jésus, ils sont nombreux à être évoqués dans le récit. Certains témoignent d’une rencontre qui a changé leur vie, l’auteur fait le choix de montrer des visages radieux sans davantage de commentaires,  Jésus les a guéris : l’homme qui avait la main sèche (T.1 p.16 case 5), les aveugles ayant recouvert la vue ( T.1 p.41 cases 2 et 3), la fille de Jaïrus réveillée alors qu’elle était morte (T.1 p.43) Ce n’est pas dans les propos de ces personnes que l’auteur a mis une parole de foi mais dans la vie dont ils rayonnent.

 

3.3 Ceux qui ont écouté Jésus

 

Le récit réfère tant dans l’image que dans le discours à de nombreuses personnes qui ont écouté Jésus, l’auteur choisit parmi elles  des personnages essentiels à l’histoire, il s’agit des « filles ».

 

Les prostituées auxquelles Jésus a parlé et qui depuis « refusent de travailler et si on les essaie de les forcer, elles se mettent à hurler des prières », ce sont ces femmes qui sont montrées aux pères par le Phénicien proxénète comme contagieuses de la foi (T.1 p.24 et 25). L’auteur a choisi de faire de ces personnages féminins des compagnons de route des pères une fois qu’elles se sont échappées, « On a réussi à s’enfuir de chez le Phénicien, il paraît que vous cherchez Jésus. On peut venir avec vous ? » (T.1 p.31 case 6). Alors que nous ne savons pas de prime abord ce que leur a dit Jésus, nous comprenons au fil du récit qu’elles détiennent certaines clés. « Il nous a pardonnées » ces quelques mots lâchés à la nuit tombée par Esther toute émue à l’évocation d’une vie à laquelle elle a pu s’arracher, le focus fait sur le regard et le visage empathique d’Alphée et  celui incrédule  mais quelques peu émerveillé de Jonas, et le silence qui couvre 5 cases de suite soulignent le poids et la valeur du pardon accordé par Jésus à ces filles et la vie nouvelle possible qu’elles ont saisie (ci-dessous T.1 p.33 cases 1 à 6).

 

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 Esther, à l’évocation de son amie tuée des mains du Phénicien proxénète expose  emplie d’espoir  sa foi en la résurrection  « le Seigneur la ressuscitera dans son royaume aux derniers jours. » (T.1 p.34 case 9). C’est Esther et son amie qui apprennent à Jonas et Simon la destination du chemin de Jésus « Puisque Jésus est le futur roi des Juifs…  c’est forcément à Jérusalem que tout va se dénouer. » (T.2 p.14 case 8)

 

 

Il semble qu’Esther ait été présente lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem, elle en témoigne à Simon quand les pères arrivent eux aussi à Jérusalem « Si tu avais vu comment la population l’a accueilli ! C’était incroyable ! », « Les gens étendaient des feuilles de palmier sur son chemin. C’était trop beau ! ». (T.2 p.45 case 7). C’est l’amie d’Esther qui annonce l’arrestation de Jésus (T.2 p.46). Ce sont elles qui, dans la foule massée réclamant à grands cris la libération de Barrabas devant le palais de Pilate où Jésus est montré, crient d’arrêter et que c’est une folie que de vouloir faire libérer Barrabas au lieu de Jésus. (T.2 p.48 cases 2 et 3). C’est Esther que l’auteur a choisi comme une des premières personnes à  croire en la résurrection de Jésus sur le témoignage des femmes qui l’ont vu  « Jésus est vivant ! Elles lui ont parlé ce matin. » (T.3 p.35 case 8).

 

Alors qu’ils cherchent tous Jésus ressuscité dans Jérusalem, l’ami d’Esther assure à un homme  qui fait le constat d’échec de Jésus, qu’ « il a donné sa vie pour nous. Pour racheter nos péchés. » (T.3 p.40 case 5)

 

3.4 Ceux qui ont vu

 

Celles et ceux qui ont vu Jésus sont nombreux dans le récit. L’auteur fait le choix de mettre en scène quelques témoins particuliers.

L’épisode de la tempête apaisée  est racontée par un homme dont le regard est visiblement nouveau, plus lumineux, « Je l’ai vu ! De mes yeux vu ! » (T.1 p.39 case 5).Témoin de l’arrivée du bateau, il s’en réfère à  ce dont les apôtres ont témoigné  pour expliquer le phénomène, ayant  été un des premiers à entendre ce que les apôtres ont expliqué : « les apôtres nous ont expliqué que c’était Jésus qui avait calmé la tempête ».

 

C’est par le biais d’un soldat romain que l’auteur nous permet de saisir un autre type de conversion. Nous découvrons ce personnage parmi ses compagnons alors qu’ils sont de permanence, tuant le temps en jouant aux dés  dans un casernement,  le jour de la crucifixion, « vous avez du boulot au Golgotha ! » un autre soldat vient les chercher. (T.3 p.3)

 

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L’auteur choisit de dissimuler le visage de celui qui avec ce qui semble être la froideur de l’habitude retire le marteau du râtelier et saisit la caissette de bois emplie de clous de fer, professionnalisme de cet homme anonyme accentué par ces mots « J’aime bien les prophètes. En général c’est pas épais. » ; l’auteur jouant à la fois sur ce qu’il nous donne à voir de cet homme et le ton du discours pour nous dépeindre un personnage qui n’a pas notre sympathie (ci-dessous T.3 p.4 cases 2 et 3). 

 

 

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Dans une case en ombre chinoise, en contre-jour, c’est parce qu’il joue avec son marteau que nous pouvons reconnaître ce soldat, sa désinvolture souligne le caractère incongru de l’habitué, de celui qui sait ce qu’il a à faire (T.3 p.8 case 5). La contre-plongée de la case suivante nous livre enfin son visage et marque de même la violence du coup de marteau sur le pieu et la froideur du visage de celui qui l’assène (T.3 p.8 case 6)[1].

 

Plus tard dans le récit, les soldats romains sont de retour de la crucifixion (ci-dessus T.3 p.19 cases 1 à 3), le focus est fait sur ce même soldat, montré en premier plan, puis il jette sur une table le marteau ayant servi à clouer les suppliciés, il semble alors par ce détail en opposition avec le personnage professionnel qui a tiré le marteau du râtelier où lui-même, on peut le supposer, l’avait bien rangé... Nous pouvons imaginer qu’il pense alors ne plus jamais avoir à faire subir ce type d’exécution. Son visage est soucieux, son regard sombre. Il se pose des questions et livre ses pensées à ses camarades« Je crois bien qu’on vient de tuer le fils d’un dieu. », « vous avez vu comme moi, l’obscurité, la terre qui tremble » auquel un autre répond « Oui. On a vu » confirmation laconique... les mots semblent manquer à ces soldats pour en exprimer davantage. Il ajoute « Je ne sais pas qui c’était vraiment ce type. Mais je crois qu’aujourd’hui, il s’est passé quelque chose de grave... et qu’on a pas fini d’en entendre parler... ». Quelque chose a changé, ce personnage semble seul et saisi d’un trouble, d’un sentiment qu’il ne peut exprimer que par un « je crois » lié aux événements qu’il vient de vivre.

 

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Le regard écarquillé, comme perdu, ce soldat croise Simon et ses amis revenant du tombeau vide ( ci-dessus T.3 p.35 case9), il s’arrête se tourne vers eux et les interroge : « Il a ressuscité, n’est-ce pas ? » (T.3 p.36 case 1). Simon comme gêné d’être à la fois interrogé par un soldat Romain et sur cette question craint avoir mal compris « Heu... plaît-il ? », le soldat confirme sa question qui porte en elle l’espoir d’une affirmation « Votre prophète il a ressuscité, hein ? ». C’est Esther qui répond « Oui » comme un élan du cœur, avec confiance. (T.3 p.36 case 3). Comme satisfait de la réponse, le soldat d’ajouter « c’est bien ». Puis de reprendre sa marche, rassuré, « c’est bien », répète-t-il tout haut à lui-même, empruntant son propre chemin sous le regard confiant et un peu surpris de Simon et des filles (ci-dessous T.3 p.36 cases 1 à 6).
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3.5 Ceux qui croient

 

« Certains refusent encore de voir la vérité qui leur crève les yeux. Il faut juste leur laisser un peu de temps. » C’est ainsi que Jaïrus finit d’exposer sa rencontre avec Jésus et la résurrection de sa fille devant l’incrédulité de Jonas (T.1 p.46 case 4).
 
« Deux éminents membres du sanhédrin », « deux Pharisiens qui se convertissent ça les a pas trop fait rigoler au sanhédrin », c’est en ces mots que les hôtes des pères à Jérusalem évoquent la conversion de « Joseph d’Arimathée qui a récupéré le corps de Jésus. Et avec l’aide de Nicodème, il l’a mis dans une tombe neuve qu’il venait d’acheter. » (T.3 p.26 cases 2 et 3).
Un autre personnage est remarquable dans le récit par sa conversion, il s’agit du Phénicien. Nous le rencontrons tout d’abord comme le proxénète des filles auxquelles Jésus a parlé, un homme certainement habitué à la violence eu égard à son aspect physique massif, imposant et intimidant (cicatrice sur la joue condamnant son œil droit et une jambe de bois).
 
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Le discours qu’il tient auprès des pères n’est pas de bon augure non plus « ce gars-là [Jésus] faudra pas qu’il vienne pleurer s’il se retrouve avec un contrat sur la tête. » (ci-dessus T.1 p.23 cases 3 et 4). Jésus a mis sa vie en danger avec le discours qu’il a tenu à quelques prostituées depuis « elles refusent de travailler. Et si on essaie de les forcer, elles se mettent à hurler des prières [...] Je vais devoir les tuer » (T.1 p.24 case 4 et 5). Quand les pères tentent de s’opposer à ce sombre projet, le Phénicien rétorque, en une succession de bulles dénotant sa colère que « la foi, c’est pire que la gangrène ! Ça se répand plus vite que la peste ! Impossible de lutter ! Une vraie plaie pour le business ! » (T.1 p.24 case 2).
Il est coupable de meurtre, puisqu’il a tué l’une des filles, c’est ce que rapporte Esther après sa fuite de chez lui. (T.1 p.34 cases 6,7 et 8)
 
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Nous partageons la même stupeur qu’Esther et son amie quand elles s’approchent d’un pauvre hère assis dans la rue qui « chiale depuis deux jours, depuis que Jésus est mort » (ci-dessous T.3 p.30 cases 3 à 7) et qu’elles reconnaissent le Phénicien, celui-là même qui a été leur proxénète.
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« Aucun doute [sur le fait] que ce type est un disciple de Jésus. » Ce n’est plus du tout le même homme, il est prostré en pleurant « Jésus !», son œil unique a perdu son éclat de violence et de colère au profit d’une certaine douceur, il inspire la pitié. « le Phénicien devenu disciple » c’est « hallucinant » et témoigne « de la miséricorde du seigneur [qui] était infinie » ce sont les mots de foi que prononce Esther surprise de devoir admettre la conversion de son ancien bourreau (T.3 p.31 case 6). Comment Jésus a-t-il réussi à rejoindre le cœur et l’humanité de cet homme ? Nous sommes tout comme Esther et son amie en droit de nous poser la question... tout comme elles, nous ne pouvons que le constater, l’auteur fait le choix de passer sous silence l’événement qui a fondé la foi du Phénicien.
 
« Il est revenu ! », « Il est partout ! Partout ! » le Phénicien dans les buissons près du tombeau vide est tout à sa joie, une euphorie qui lui donne un large sourire béat (ci-avant T.3 P.35 cases 2,3 et 4). Encore une fois, nous sommes, avec les pères et celles qui les accompagnent, des témoins et pouvons nous poser cette question : est-il devenu fou ou quelle expérience de la résurrection de Jésus le Phénicien a-t-il faite pour ne pouvoir contenir une telle joie ?
« Il s’en va » c’est par ces mots répétés que le Phénicien, dans un vif empressement et une émotion qu’il a visiblement besoin de partager, invite plus tard Jonas à le suivre au sommet du promontoire d’où Jésus dans une grande lumière s’élève au ciel. (T.3 p.42 et 43)