FAQ-7 L'enfer? Les paraboles Mt 13
Questions complémentaire à propos des paraboles.
Il est utile de lire d'abord le texte de l'Evangile, ch 13, ainsi que la fiche 7, accompagnant la lecture
Là seront les pleurs et les grincements de dents!
Cette phrase se lit à l'occasion du Jugement dernier. Notre mémoire visuelle nous renvoie immédiatement aux représentations de l'enfer que l'on peut voir sur les portails des cathédrales, ou encore dans certains tableaux de la Renaissance : des flammes et les touements de l'enfer, le tout dans un univers d'anges cornus maniant avec dextérité leur fourche pour entraîner les damnés vers le supplice.
Mais notre mémoire reste partielle, car la première fois où Matthieu emploie cette expression, c'est dans le dialogue de Jésus avec le centurion. Or il n'y est pas question d'enfer ni de souffrances physiques horribles! Relisons ce récit, en Mt 8, 5-13. Jésus exprime :"je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux, tandis que les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures. Là seront les pleurs et les grincements de dents. La souffrance ici évoquée est toute intérieure: les fils du Royaume (Israël) enrageront à l'intérieur d'eux-mêmes, il s'en voudront à eux-mêmes de n'avoir pas su reconnaitre la venue du Fils. La phrase de Jésus sur les pleurs et grincements est trés compréhensible en dehors de toute soufrance physique telle que représentée à partir du Moyen-âge. Se découvrir rejetés loin de Dieu, alors que des étrangers accèdent à Dieu est une épreuve bien suffisante!
Tympan de l'église de Saint Eugène près de Condé-en-Brie.
Les tympans avaient pour mission d'instruire les fidèles qui ne savaient pas lire, mais savaient «voir». Quelquefois, les illustrations dépassent de beaucoup ce que les évangiles ont dit. Ainsi la vision de l’enfer est typiquement une amplification dont les paroles du Christ ne sont en rien porteurs.
Le tympan est comme divisé en deux parties séparées par une ligne ciselée. La voûte fait penser au ciel. Au centre du tympan, dans la partie supérieure, nous voyons Celui qui nous ouvre le chemin de la rencontre avec Dieu, notre Père: le Christ Seigneur assis, les bras levés: il intercède pour nous. Il est entouré des symboles des quatre évangélistes, grâce à qui nous pouvons découvrir et méditer les gestes, les paroles de Jésus, le fils de Marie, frère des hommes, Fils de Dieu. La Vierge Marie est à la droite du Christ ; debout à gauche du Christ, l'apôtre Jean.
La partie inférieure est séparée verticalement par une balance : pour mesurer le poids de nos vies : ce que nous avons cherché à faire de bien, ce que nous avons fait de mal ; pour mesurer ce qu'il y a eu de « lourd» comme le chante Abd Al Malik(l) - celle du jugement. On repère dans la partie droite l’enfer, vers lequel sont envoyés les non-élus. Mais peut-on encore parler d’élection (par la grâce de Dieu), s’il s’agit de faire l’addition des pour et des contre… dans ce cas, aux yeux de Dieu, nul ne peut prétendre à faire parti des élus. L’enfer de feu est caractérisé par un chaudron entouré de flammes issues de la gueule du dragon. Cette représentation nous éloigne donc de la miséricorde divine.
Que vient faire Jean-Baptiste à la fin de cette section?
Le ch. 14 fait intervenir Jean baptiste, de manière imprévue… L'explication logique probable se trouve sans doute si l'on met cette mort d Jean-Baptiste avec le récit qui précède (13, 53-58) ) où Maztthieu parle de Jésus contesté à Nazareth…. En associant ces deux récitss, c'est une manière de faire entendre que le chemin de Jésus, contesté, oriente vers ce qui peut arriver à Jésus, comme cela est arrivé pour Jean-Baptiste.
Bientôt nous verrons Jésus annoncer ce qui va arriver. Les annonces de la passion vont se multiplier, à partir du ch. 16, 21. Dans ces mêmes versets, il est aussi fait allusion à Jean-Baptiste/Elie, celui qui vient en avant du Seigneur, et à ce qu’on lui a fait subir, section suivante. L’histoire de la mort de Jean n’est pas là par hasard, elle annonce ce qui va bientôt être exprimé plus clairement par Jésus : annonce de la passion, et aussi occasion de rapprocher Jésus de textes et personnages de l’Ancien Testament.
Qui est Elie? Pourquoi les apôtres associent Jean et Elie?
On situe le prophète Elie au 9ème siècle avant J-C. On parle de ses activités dans le premier livre des Rois et au début du 2ème livre des Rois. De cette épopée on retient surtout les conflits avec Achab et Jézabel, Elie et les prêtres massacrés sur la colline du Carmel; ou encore la rencontre avec Yahvé dans la montagne de l'Horeb. . On donne le nom de “cycle d’Elie” à cet ensemble. La vérité historique de cette épopée a été remaniée par les rédacteurs successifs qui ont embelli ce qui a dû être un conflit très dur entre les tenants de la religion du Dieu unique (Yahv2) et ceux qui croyaient en plusieurs Dieu. En même temps, on y découvre, sur kla meme montagne, un visage de Dieu dans la brise, trés différent du Dieu tempétueux du Sinaï avec Moïse.
Selon la tradition, Elie avait été emporté au ciel sur un char de feu, (2 Rois, 2, 11) et son retour coïnciderait avec la venue de l’envoyé de Dieu (Malachie 3). D’où l’hypothèse de certains courants pour dire que Jean était Elie revenu, sous-entendu : la venue du messie est proche. On trouve trace de cette attente aux dernières lignes du dernier livre de l’Ancien Testament en Malachie ch. 3, 22-23. "Souvenez-vous de Moïse..." ET "Voici que je vais vous envoyer Elie le prophète, avant que n'arrive le Jour de Yahvé, grand et redoutable”.
Ceux qui attendaient la venue toute proche du Messie étaient à la recherche de signes de sa venue. La figure de Jean-Baptiste, suivi par beaucoup de petites gens, pouvait correspondre à cette espérance, à cause de son enseignement, d’autant plus qu’il était mort comme bien des prophètes. Il faut aussi penser à la parole : “vient après moi quelqu’un dont je ne suis pas digne de dénouer la sandale”. Les premiers chrétiens ont ainsi associé la figure de Jean et celle de Jésus, ce qui pouvait se comprendre d’après l’interprétation des Ecritures; c'est ce que refuseront les pharisiens et prêtres de Jérusalem.