Amos et Osée fiche 04

 

Osée 1-3. Le mariage d’Osée, symbole de la relation ‘Le Seigneur-Israël’.

Osee, Gomer et Amos couleur Osee, Gomer et Amos couleur  Zoom 2, 16-25 : nouvelles fiançailles.

 

Avant de commencer la lecture d’Osée, il est souhaitable de lire les deux paragraphes ci-dessous : de quel mariage parle-t-on ? De quelle prostitution parle-t-on ?

  

Le prophète Osée prophétise à la même époque que Amos, mais cela dura près de 20 ans, aux environs de -740 -722, avant la destruction de Samarie en -721 par Tiglat-Pilézer III de Ninive. Osée, lui aussi, accuse le peuple d’Israël de s’être détourné de Dieu (Yahvé). Quand ses paroles furent mises par écrit, bien après la fin de sa proclamation, une introduction en forme de parabole fut rédigée, ch.1-3 : la parabole du mariage. Certains biblistes estiment que c’est l’histoire réelle d’Osée : peut-être ? D’autres y voient une parabole de l’histoire d’Israël qui a abandonné Yahvé pour se prêter à l’adoration d’autres divinités (les Baals). Osée, tout comme Amos, a une certaine idée de Yahvé : un Dieu amoureux de son peuple qu’il a sorti d’Egypte. Mais son peuple le délaisse. Osée aura un autre style qu’Amos, mais il évoque bien des catastrophes.

[A la même époque, en Juda, vers -735 un autre prophète se lève : Isaïe. Le livre d‘Isaïe rassemblera plusieurs prédicateurs, sur plusieurs générations (Isaïe 1, 1-39. Second Isaïe, 40-55 ou livre de la Consolation. Troisième Isaïe, 56-66)].

 

L’époque où vit Osée est politiquement troublée. Il y a les menaces de l’Assyrie qui se précisent, jusqu’à l’occupation de la région qui doit payer un tribut, jusqu’à la destruction de Samarie ; il y a aussi les meurtres successifs de plusieurs rois. (4 en 15 ans). C’est le règne de la corruption, religieuse et morale. Mais la dimension politique apparaît peu dans le livre d’Osée. Il est davantage préoccupé à exprimer l’amour de Yahvé pour un peuple qui se détourne de Lui, un peuple infidèle. Osée s’en prend surtout aux classes dirigeantes. Les rois, choisis contre la volonté de Yahvé, ont, par leur politique séculière, dégradé le peuple élu au rang des autres peuples. Les prêtres ignorants et rapaces conduisent le peuple à sa perte. Comme pour le livre d’Amos, les prédications d’Osée seront retenues, colportées et rédigées, après coup, en Juda. L’image matrimoniale de Yahvé sera ensuite reprise par Jérémie, Ezéchiel et Isaïe II. On la retrouve aussi dans le Nouveau Testament. Osée n’est pas qu’un prophète de malheur. Il espère des fiançailles entre Dieu et son peuple enfin purifiées.

Nouveauté : pour la première fois dans la Bible, le langage de l’amour humain est utilisé pour évoquer les rapports que Dieu entretient avec son peuple.

 

A plusieurs reprises, il est question de prostitution. Cela peut évoquer l’infidélité matrimoniale, mais cela peut aussi évoquer l’infidélité religieuse, quand le peuple participe à d’autres cultes ou dévotions que ceux de Yahvé. Les pratiques de prostitution sacrée visaient à réactualiser le mariage entre la divinité de fécondité et sa partenaire terrestre. Les trois premiers chapitres d’Osée peuvent être compris comme un livret indépendant. Cependant ils viennent donner de l’ampleur aux prophéties qui dénonçent un peuple dévoyé loin du Dieu de l’Alliance, un peuple qui préfère la religion des Baals. Au ch.4, v. 13-14, on retrouvera, plus détaillées, des pratiques religieuses qui n’ont rien à voir avec le Dieu de l’Alliance : “sur les sommets des montagnes, sur les collines ou sous les chênes…”. Les mots amour et alliance que le prophète va mettre en avant, résonneront dans d’autres textes bibliques, ainsi quand Jérémie ou Ezéchiel appeleront à une religion du cœur, quand Isaïe parlera des épousailles en 62,5.

 

Lecture d’ensemble : le pays se prostitue, il a abandonné le Seigneur

Jisréel ou Yizréel. C’est le nom donné au premier fils : “Dieu sème”. Ce nom est aussi le nom d’une résidence des rois d’Israël, où Jéhu massacra la femme et les descendants d’Achab (cf.Achab et Jézabel). La vallée de Yisréel est une voie de communication entre l’Egypte et l’Assyrie, avec la ville de Meggiddo, forteresse et passage obligé, lieu de nombreuses confrontations armées. Evoquer Jisréel, c’est renvoyer le lecteur aux souvenirs tragiques et aux souvenirs de prospérité. En quel sens fallait-il l’entendre ? Le v.5 donne la réponse : “je briserai l’arc d’Israël”. Les autres noms donnés : Lo-Ruchama et Lo-Ammi ont aussi une portée symbolique négative : “non-aimée”, et “pas-mon-peuple”. Les noms donnés dans ce premier chapitre annoncent le rejet par Dieu de cette famille, de ce peuple à qui Osée s’adresse. S’agit-il du mariage réel d’Osée ou du mariage symbolique et bien mal parti, entre Yahvé et Israël ? Telle est l’entrée en matière du livre d’Osée.

Le début du ch.2 rappelle la promesse faite au temps d’Abraham, mais c’est pour évoquer, immédiatement après, la distance entre cette parole et la réalité exprimée, en parlant de procès. C’est un procès pour adultère, ou, plus exactement pour infidélité religieuse. Qui donne le pain et la nourriture, l’huile et le lin, sinon Yahvé ? Mais ce peuple d’Israël préfère honorer les Baals, divinités païennes. La seconde partie du ch.2, c’est Dieu qui reprend tout ce qu’il a donné. Il transforme la région en désert et repaire de bêtes sauvages, jusqu’à ce que vienne une alliance nouvelle, quand la parole est reçue dans un coeur à cœur nouveau.

Quand nous avons lu les premiers chapitres d’Amos, nous les avons trouvé cruels. Nous préférons chanter “Dieu est amour !”. Mais les premiers chapitres d’Osée ne sont-ils pas aussi cruels, quand il envoie l’épouse au désert ou donne aux enfants des noms impossibles à porter, ou quand il transforme la plaine en lieux d’épines et de lions ?

Sans doute sommes-nous aujourd’hui habitués à des prédications doucereuses au point de ne plus être capables de supporter le langage dur qui fut celui des prophètes ? Nous avons aussi reçu en héritage d’autres paroles sur Dieu, beaucoup plus positives. Cela fait partie de l’évolution du langage sur Dieu, évolution de la foi sur 2.500 ans, découverte progressive de qui est Dieu.

 

Zoom 2, 16-25 : nouvelles fiançailles

L’introduction du livre d’Osée, ch. 1-3, ressemble à une méditation de l’histoire de l’Alliance de Dieu avec son peuple, mais les Israélites d’alors n’avaient pas encore concience de construire cette histoire. Aujourd’hui, nous pouvons méditer cette longue histoire, avec les fiançailles, avec la parabole de la vigne (Mt 21, 33-46). Ce peut être aussi l’occasion pour chacun de méditer sa propre relation à Dieu, avec ses moments forts et ses moments d’éloignement. Le renouvellement de l’alliance, tel que le présente Osée, est une initiative qui vient de Dieu : c’est lui qui relance son épouse. On pourrait aussi méditer la parabole de la brebis égarée : c’est bien le berger (Jésus) qui part à la recherche de celui/celle qui est perdu (e).

Alors que 2,15 parle encore de châtiments, dès le v. 16, c’est un tout autre langage, où il est question de renouvellement, de restauration, de nouvelles fiançailles, comme aux premiers jours. Les prénoms des enfants sont changés. Au ch.3 il est précisé qu’ils chercheront le Seigneur. Osée est aussi un prophète d’espérance.

 

Pour aller plus loin.

Un amour trahi. On peut comparer 2, 4-7 et 2, 16-17 : apparait alors la transformation entre la situation initiale, de prostitution, et celle du retour. Est-il seulement question du rapport homme/femme, ou bien le prophète invite-t-il Israël à relire les relations tumultueuses entre Dieu et son peuple ? Une autre parabole en forme d’élégie sera chantée par Isaïe : mon bien-aimé avait une vigne (Is 5, 1-7 : “La vigne, c’est Israël. Yahvé en attendait le droit, et voici l’iniquité, la justice et voici les cris” ; voir aussi Mt 21).

 

Femme et prostitution.  C’est la terre qui donne les biens essentiels à toutes les civilisations antiques, aux prises avec la famine, d’où la tendance à diviniser la terre. Pour amener les forces surnaturelles à fertiliser la terre, les contemporains d’Osée utilisent des rites qu’on retrouve dans toutes les sociétés agraires de l’Antiquité et, parmi eux, la prostitution sacrée. Il est probable que Gomer, l’épouse d’Osée, ait été une prostituée sacrée dans un sanctuaire cananéen.

Pour les cultes, “femme” et “terre” fécondées ne font plus qu’un. Prendre en compte l’origine des expressions “femme et prostitution” peut ici nous éviter de faire une erreur de sens, d’y voir du machisme ou de l’antiféminisme, ce qui n’est pas le cas à l’origine des pratiques. Pour dénoncer l’infidélité d’Israël, Osée utilisera un langage basé sur l’infidélité de la femme : adultère, prostitution, amants. En revanche, pour exprimer l’amour de Dieu, ce sont des mots de tendresse : connaître, aimer, revenir, retourner, se convertir, séduction, faire grâce.

 

Le mariage d’Osée et de Gomer.

Dans le texte que nous lisons, Osée et Gomer ne sont que des exécutants. L’acteur principal se trouve être Yahvé : c’est lui qui est à l’initiative du mariage, du don des noms et de leurs motivations. C’est un artifice littéraire, car Dieu n’intervenait pas plus hier qu’aujourd’hui. Il semblait même sourd et muet et les Juifs lui reprochaient son silence. Ce sont les rédacteurs qui ont relu la folie amoureuse du prophète pour Gomer comme “ordonnée”, “dictée” par Yahvé. C’est elle qui fait lire à nouveaux frais l’histoire des rapports de Dieu avec son peuple. Histoire trop humaine, pourrions-nous dire. Histoire divine et humaine tout à la fois que Saint Jean transcrira par : “Dieu est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu” Jn 1.

 

Non-aimée et pas-mon-peuple. Les noms donnés aux deux derniers enfants ne peuvent exprimer les sentiments d’une mère envers ses enfants. Et pourtant, c’est ceux-là qui sont choisis, pour dire le drame ressenti par Osée où la relation d’alliance et d’amour de Dieu avec son peuple est détruite. Cette façon de percevoir les rapports d’alliance semble tout à fait nouvelle. Chez Amos, Dieu apparait comme un juge intraitable, un guerrier qui massacre. Chez Osée, va naître un nouveau discours sur Dieu dans ses rapports avec son peuple : relire le zoom, en 2, 18-25.

Un jour, Dieu, en Jésus, viendra épouser la condition humaine, non pour la condamner, mais pour en faire une humanité sauvée, son épouse : l’Eglise. Ce sera la nouvelle Alliance (cf. Jérémie 31).

 

En ce jour-là. Expression fréquente chez les prophètes pour signifier une intervention décisive de Dieu

 

Baal : divinité cananéenne (Syrie-Palestine) connue grâce aux découvertes d’Ougarit. Il est le dieu de l’orage et de la pluie, donc de la fécondité et de la fertilité, procréateur par excellence, représenté par un jeune taureau. Les liturgies autour des sanctuaires devaient être accompagnées de libations, dons des fruits de la terre et prostitutions sacrées.

 

Ephod et théraphim : équivalent des encensoirs et des amulettes

 

Prier la Parole

 

Peuple de prêtres, peuple de rois, assemblée des saints,

Peuple de Dieu, chante ton Seigneur. (C 49).

 

Nous te chantons, ô fils bien aimé de ton Père,

Nous te louons, sagesse éternelle et Verbe de Dieu.

Nous te chantons, ô fils de la Vierge Marie,

Nous te louons, ô Christ, notre frère, venu nous sauver.

 

Nous te chantons, Messie annoncé par les prophètes,

Nous te louons, ô fils d'Abraham et Fils de David.

Nous te chantons, Messie attendu par les pauvres,

Nous te louons, ô Christ, notre Roi, doux et humble de cœur.

 

Nous te chantons, médiateur entre Dieu et les hommes,

Nous te louons, ô route vivante, chemin du ciel.

Nous te chantons, ô prêtre de l'Alliance nouvelle,

Nous te louons, tu es notre paix, par le sang de la croix.

 

Nous te chantons, berger qui nous conduis au Royaume,

Nous te louons, rassemble les brebis en un seul bercail.

Nous te chantons, ô source jaillissante de grâce,

Nous te louons, fontaine d'eau vive pour notre soif.

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 2434 visites