Amos et Osée

Présentation

Amos Osée Amos Osée  Avec la lecture de deux “petits” prophètes, Amos et Osée, nous entrons dans une autre partie de notre héritage de croyant. Nous avons, plusieurs années durant, parcourru les Evangiles, les Actes, quelques lettres de saint Paul. Avec les lettres de Paul, nous avons dû revoir nos habitudes de lire et de penser. Paul ne fait pas de la narration comme les Evangiles ou les Actes. Il s’adresse surtout à de nouveaux chrétiens de culture grecque ou romaine. Paul a ouvert la connaissance de Jésus à des personnes étrangères, pour la plupart, au monde juif. Nous avons apprécié retrouver chez lui certaines hymnes que l’on chante encore. Mais le changement de culture, de civilisation, a pu nous surprendre. A l’étonnement il faut aussi ajouter la découverte d’un univers que nous ne connaissions pas. Par exemple, que signifie l’affirmation de Paul  : “Je me suis fait Juif avec les juifs… Je me suis fait sans loi avec les sans loi… faible avec les faibles, etc.” (1 Co 9, 20-22) ?

Peut-être avons-nous mieux compris que l’ouverture aux païens fut un réel combat de Paul et d’autres au sein du judéochristianisme. Paul fut le témoin d’une Eglise ouverte aux étrangers. Cela supposait de notre part d’entrer dans sa logique, dans son univers. La foi, c’est croire que nous sommes justifiés par Dieu, sauvés en Jésus et non par nos propres actes.  

 

Dates des rencontres de l’année :

 

Hénin-Beaumont 

lundi 14h30 et 19h.

Berck jeudi 14h30

Aire/Lys  mardi à 9h15, Hucqueliers mardi 14h30

Arras - MDA

A 14h et 20h le mardi

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15 octobre

11 octobre

13 novembre

16 octobre

2

7 janvier

10 janvier

29 janvier

15 janvier

3

4 février

7 février

5 février

26 février

4

11 mars

14 mars

19 mars

26 mars

5

29 avril

2 mai

7 mai

30 avril

 

 

L’an dernier, avec la saga d’Abraham nous avons abordé la figure d’un ancêtre, nous avons ouvert les premières pages du livre du Pentateuque avec les chapitres 12 à 25 de la Genèse. Nous avons dû accepter de revoir les datations que les aînés nous avaient transmises. En effet, depuis les années 1970, suite aux nouvelles et meilleures connaissances sur les civilisations antiques (études de l’Egypte, de l’Assyrie, etc. ), la datation des évènements anciens s’est trouvé bouleversée et le système de datation basé uniquement sur la Bible était à revoir. En même temps, nous avons été amenés à lire ces textes, à double niveau : non plus l’histoire de “monsieur Abraham”, de ce qui se serait réellement passé, mais l’effort de croyants du 6ème siècle avant Jésus-Christ, qui s’adressaient aux exilés juifs de Babylonie. Des rédacteurs ont voulu donner espérance et confiance au Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob. Dieu ne les abandonnait pas loin de son Temple et de sa ville sainte. Cette rédaction s’est faite au cours des 7ème, 6 ème et 5 ème siècles, même si, parfois, le texte porte la trace d’histoires plus anciennes véhiculées dans l’une ou l’autre des tribus de l’ancien Israël. L’épreuve sur le mont Moriah, appelé ligature d’Isaac ou non-sacrifice d’Isaac, Genèse 22, est une invitation à croire au Dieu de la Promesse envers et contre tout.

 

Cette année, le livret propose la lecture de deux “petits prophètes”, Amos et Osée, auxquels nous avons joint le conte religieux intitulé Jonas. Amos est le plus ancien des prophètes dont les actes et les paroles ont fait l’objet d’un recueil biblique particulier, le livre d’Amos. Amos et Osée sont contemporains et ont prophétisé au Nord, au royaume d’Israël. Ce sont deux prophètes-écrivains, c’est-à-dire que leurs paroles et leurs actes sont présentés dans deux ouvrages à leur nom, rédigés par leurs disciples. Amos et Osée sont à situer au 8ème siècle avant Jésus-Christ, vers -750 pour Amos, vers -740-722 pour Osée, dans l’Israël du Nord, à Samarie et Béthel. Les rédacteurs portent davantage attention aux paroles du prophète plutôt qu’à leurs actes, à leur biographie.

 

 

 

 

Qu’est-ce que le prophètisme ?

Dans la plupart des civilisations anciennes, il existe un pouvoir représenté par un Roi. Le pays, (ville ou royaume) trouve ses fondements grâce au culte d’une divinité. Le Roi est souvent le prêtre suprême, l’intermédiaire entre le peuple et son dieu. Le prophète est un homme inspiré par Dieu pour manifester une chose secrète. La parole des premiers prophètes d’Israël porte en elle une dimension politique et sociale. L’étymologie du mot prophète invite à comprendre qu’ils sont les porte-parole de Dieu : celui qui parle en avant, par devant le roi ou le Dieu (pro-phéte, de pro-phémi ou parler en avant). Par sa parole, le prophète fait connaître la volonté de Dieu, son attente. C’est de manière détournée qu’on fait du prophète celui qui annonce l’avenir. Amos et Osée vont apparaitre comme contestaires des actions du Roi et des autorités. Ils interviennent au nom de la conscience qu’ils ont de Dieu (tout comme Nathan pour David à qui il reproche le meurtre d’un officier et le mariage avec Bethsabée ; tout comme Samuel, à l’origine de la royauté à Jérusalem). Ils rappellent les fondements du peuple d’Israël créé par Yahvé. D’où l’évocation de la relation à Dieu en termes de trahisons ou d’adultères. Les prophètes ont souvent un langage en images, à mettre en rapport avec le contexte, le temps historique, la géographie, “Vous avez fait boire du vin aux nazirs ?” Amos 2 ou “génisses de Bashan” Amos 4,1?

 

Le prophète AMOS

Vers 760 avant Jésus-Christ, Amos, un éleveur de troupeaux du royaume de Juda, va au royaume d’Israël, au nord, pour y parler de la part de Dieu. Jéroboam II est roi depuis plusieurs années. Le pays vit dans le calme, car l’Assyrie le laisse tranquille. Le roi fait du commerce avec les peuples étrangers et le pays est de plus en plus riche. Dans cette situation de richesse et de paix, Amos annonce la fin du royaume d’Israël (2, 6-16 ; 3-6 ; 7,11 ; etc.).

Amos parle de façon très dure contre les Israëlites : il annonce leur condamnation par Dieu. En effet, les Israélites ne respectent pas les lois que Dieu a données pour que tout le monde puisse vivre : Ils méprisent les règles du droit. Les plus forts écrasent les plus faibles, et la justice est traînée par terre (voir 5,7). Alors, aux yeux d’Amos, les pratiques religieuses et les grandes liturgies ne veulent plus rien dire (4,4-5 ; 5, 21-27). Les fautes des Israélites les mènent à la mort (voir ch.5). Pour ces raisons il sera contesté par les prêtres du Temple de Béthel.

Amos parle en particulier à Samarie, la capitale, centre du pouvoir et de la richese. Il parle aussi à Béthel, le principal lieu saint du Royaume d’Israël. Là, il entre en conflit avec le prêtre Amasias (7, 1-17). Il sera contesté et expulsé. Sa prédication contestaire n’a pas duré un an.

 

On trouvera trois grandes parties dans le livre d’Amos :

·         Les chapitres 1 et 2 placent la condamnation d’Israël dans le cadre d’un jugement qui atteint les peuples voisins de Juda et d’Israël (1,1 à 2,3). Amos dénonce les pratiques de la guerre : à cause de trois crimes et de quatre... Ces peuples seront jugés pour des crimes contre l’humanité. Juda, au sud, est jugé pour sa désobéissance à Dieu (2, 4-5). Le péché d’Israël, au nord, est à la fois social et religieux (2, 6-16). Dans notre lecture, il faut prendre du temps pour bien comprendre les accusations émises par le prophète (par exemple, brûler et réduire le corps d’un roi en cendres (Am 2,    ) ou éventrer les femmes en cendres, 1, 13 ;  réduire en esclavage un peuple et le livrer à son adversaire.

·         Les chapitres 3 à 6 développent les reproches faits à Israël en 2, 6-16. Le peuple choisi et libéré par Dieu (2, 10-11 ; 3, 1-2, etc) est devenu un peuple qui écrase les plus faibles. Il insulte Dieu par sa conduite. C’est pourquoi Dieu le condamne.

·         Le chapitres 7 à 9 racontent cinq visions du prophète. Les deux premières (7, 1-3 ; 3, 4-6) montrent la patience de Dieu. Les deux suivantes (7,7-9 ; 8, 1-3) concernent la condamnation du peuple par Dieu. La dernière (9, 1-4) indique comment Dieu réalise son jugement.

La fin du chapitre 9, versets 11-15, parle du temps où Dieu redonnera la vie à son peuple. Tout au long du livre, le prophète affirme sa foi dans le Seigneur, le Dieu qui crée, dirige et juge l’univers (1,2 ; 4, 13 ; 5, 8-9 ; 9, 5-6).

Amos est avant avant tout le prophète de la justice de Dieu. Il dit avec force ce que Dieu n’accepte pas. En cela ses paroles concernent tous les peuples et tous les temps.

 

D’origine campagnarde, Amos n’est ni illétré ni inculte. Au contraire, il médite les évènements de son pays et des peuples voisins. Il pressent la puissance montante qu’est l’Assyrie. Son langage sait rejoindre la sagesse tout comme l’ampleur solennelle des liturgies. Pourtant ce langage reste sobre : il proclame son message avec quelques mots pointus. L’objet du message est d’abord la grandeur de Dieu, son pouvoir et sa justice qui s’étendent à toutes les nations. Son message rappelle les directives de Dieu en particulier concernant le culte, les droits des pauvres et des indigents. Amos proclame aux riches, aux puissants, aux juges et aux prêtres ce qu’on retrouvera dans l’Evangile : Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait… Amos rappelle aussi que le culte qui plait à Dieu s’exprime dans l’humilité et la justice, et ce devrait être la réponse d’Israël à l’amour de son Dieu. Certaines expressions font penser au langage de saint Paul : Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi t’enorgueillir (1 Corinthiens 4,7) ?

 

Le Dieu d’Amos est un Dieu exigeant, qui ne se laisse pas vaincre par le poids du péché et les exigences folles des pécheurs. Le péché peut attirer sur les pécheurs les pires catastrophes, mais le pardon et la grâce l’emporteront. Ainsi les dernières lignes, comme pour la plupart des textes de la Bible, se terminent par des paroles d’espérance et de confiance : “Ce jour-là, je relèverai la hutte croulante de David, j’en relèverai les ruines, je la dresserai comme aux jours d’autrefois”. Amos n’est pas qu’un prophète de malheur, il annonce un avenir possible, voulu par Dieu.

 

Le prophète Osée

Osée est contemporain d’Amos. Son ministère durera plus de vingt ans, jusqu’à la destruction de Samarie par le roi de Ninive (Tiglath-Piléser III). Son livre révèle une période sombre, où la situation morale et sociale est toute de corruption. La situation religieuse est toute d’infidélité. La situation politique est désespérée avec la pression croissante de l’Assyrie. La manière de proférer les reproches de la part de Dieu est sur le ton d’un amour déçu. Ainsi le mariage d’Osée avec une prostituée, aux ch. 1 et 2,  ressemble à une parabole pour décrire l’amour de ce Dieu déçu… La mise par écrit du livre ne commencera qu’après la destruction de Samarie. Il sera alors relu dans le sud, en Juda, où les cataclysmes annoncés ont été réinterprétés en fonction des évènements annonçant la fin de Jérusalem (597-587). En lisant en continu ce livre, nous découvrirons de nombreuses allusions aux traditions fondatrices : la sortie d’Egypte, le temps au désert, l’épopée de Jacob (Gn 25-36), l’entrée dans le pays.

 

On peut diviser le livre en trois parties : 1-3 : la femme prostituée du prophète, symbole de la relation difficile entre Yahvé et Israël ; 4-11 Faux culte et fausse politique d’Ephraïm (Israël); 12-14 Les erreurs, annonces de mort pour Ephraïm ; annonce de la restauration. Chaque partie s’ouvre sur l’annonce d’un procès et son jugement correspondant. Cependant le jugement  n’est pas le dernier mot : ces ensembles se terminent par l’annonce d’une restauration.

 

Livre de Jonas.

Le livre de Jonas est un conte religieux, écrit après le retour d’Exil, au 4ème ou 3ème siècle. Ce conte gentillet interroge ceux qui refusent la miséricorde de Dieu envers les pays qui furent oppresseurs des Juifs (Ninive, mais aussi Babylone). Ainsi Jonas refuse de répondre à sa mission en choisissant d’aller à l’opposé de ce qui lui est demandé. Si nous nous arrêtons à l’histoire de la baleine, nous n’avons rien compris au dernier dialogue entre Dieu et Jonas, 4, 9-11 : “Et moi, dit Dieu, n’aurais-je pas pitié de la grande ville… ?”

 

Le livre de Jonas, très court, n’est pas un récit de prophète, mais un conte religieux rédigé par un groupe de croyants choqués de voir les exilés refuser de croire une possible conversion de l’univers et être pardonné par Yahvé, Dieu de l’Univers. Ainsi le début du livre présente Jonas qui prend une direction opposée à sa mission pour ne pas précher à Ninive. En fin de mission, la leçon du ricin qui ne donne plus d’ombre fait comprendre à Jonas (et au peuple élu) quels sont les souhaits de Dieu.