Eglise et fin de vie
Quelques réflexions sur Eglise et fin de vie
« Selon la conception catholique, la vie est un don de Dieu à respecter, à aider dans son développement et à soigner depuis son origine jusqu’à sa fin. L’origine divine de la vie humaine fonde la dignité inaliénable de l’homme, indépendamment de son état du moment. » Voilà ce que disait la commission des épiscopats de la communauté européenne, le 6 juin 1991.
Comme cadeau de Dieu, l’homme est à respecter, soigner et aimer tout au long de sa vie. Le but fixé à la médecine et aux soins est la restitution, à la personne malade, de la plénitude de ses forces, de son pouvoir créateur et de sa capacité à vivre son existence.
Respecter sa dignité, c’est voir la personne humaine dans sa globalité. C’est être attentif à sa maladie et à son corps. C’est aussi faire en sorte qu’elle puisse rester un être pensant. C’est prendre en considération ses convictions, sa spiritualité et ses croyances.
Mais toute personne humaine a une finitude que l’on ne peut, sans cesse, repousser ; même si aujourd’hui, on attend toujours plus de la science et des techniques que l’on voudrait infaillibles.
Déjà en 1957, le Pape Pie XII, dans un discours à un groupe international de médecins, développait l’idée que si le mourant y consent, il est permis d’utiliser avec modération des narcotiques qui adoucissent les souffrances mais entraînent aussi une mort plus rapide.
Nul part, il n’est question d’acharnement thérapeutique, mais d’adoucir les souffrances, d’accompagner les personnes médicalement, humainement, spirituellement, religieusement, si elles le souhaitent.
Pourquoi devenir déraisonnable et aller jusqu’à l’acharnement, Dieu ne veut-il pas leur bonheur ? Mais reste une question éthique évidente : Où commence l’acharnement ?
Être là, humblement, pour rompre leur solitude, leur permettre quelques échanges de paroles, de sourires, de prières puis de regards et de caresses, quand la parole n’est plus possible. Poser quelques gestes d’amitié et savoir respecter le silence, leur silence.
N’est-ce pas ce qui se vit dans les services de soins palliatifs ? C’est d’actualité, mais c’est cela qu’il faut de plus en plus développer à l’hôpital, comme au domicile.
Dans les équipes pluridisciplinaires, où réfléchissent ensemble des médecins, des soignants, des psychologues, des bénévoles et des aumôniers, pour veiller au mieux être possible des personnes en fin de vie, jusqu’à leur dernier jour, se vit quelque chose de l’évangile, de l’amour et de la tendresse de Dieu.
Là, chaque homme, malade ou âgé, est vraiment regardé comme une histoire sacrée.
Lors des accompagnements de fin de vie : « quoi dire ou ne pas dire ? »
Lorsque nous accompagnons des personnes en fin de vie, avant de se poser la question de ce que l’on peut ou ne peut pas dire, je crois qu’il faut se dire :
« Accompagner, c’est écouter, écoouter, écouter! »
Ecouter les angoisses, les peurs, les révoltes, les douleurs, les espoirs…
Être tout simplement une présence et oser de temps en temps, une parole fraternelle.
Accompagner, c’est marcher au rythme de l’autre, ni devant, ni derrière, et aller là où il désire aller, respecter son chemin.
Et quand quelque fois, nous osons dire, nous ne disons que ce qui est vrai, nous n’avons pas le droit de tricher. Mais nous ne disons pas forcément tout de la vérité, seulement ce que la personne malade ou âgée peut entendre, aujourd’hui.
Accompagner demande beaucoup de temps, les choses douloureuses, difficiles à dire ne peuvent se partager, avec douceur, qu’au cœur de ce temps gratuit offert.
Et puis beaucoup de choses, beaucoup de sentiments n’ont pas besoin de mots pour se dire. Cela passe par des regards, des sourires, des caresses et rien n’est plus parlant que le silence, quand il est habité de la présence de Dieu et qu’il devient prière.
Myriam Jaupitre
aumônière diocésaine des aumôneries hospitalières de Lille