Témoignages Fragilités et précarités
Journée diocésaine de la Pastorale de la santé
voir la journée diocésaine du 11 mai 2012
Fragilité en santé et précarité, des appels à la solidarité - 11 mai 2012
1er témoignage : Valérie
Quand Hubert m’a demandé de vous parler du lien entre fragilité en santé et précarité chez des personnes de la grande résidence à Lens et des solidarités dont elles ont besoin, tout de suite des visages me sont apparus.
D’abord celui de cette maman venant chercher ses filles qui tout en mettant leur manteau, crient un peu fort. La maman leur dit alors : « un peu de silence, j’ai mal à la tête ». Je lui demande : « Vous avez pris un comprimé ? ». Elle me répond : « Je n’en ai plus, et j’ai plus de sous pour en racheter… tu comprends, c’est la fin du mois, il y a déjà plus rien dans le frigo. Faut que je donne à manger aux filles avant de penser à moi. »
Me vient aussi le visage de Mike, un petit garçon de 10 ans, né avec des malformations, il va très souvent à l’hôpital. Il habite avec sa maman et son beau père, dans sa famille personne ne travaille. Mike semble bien vivre sa maladie, et ses séjours à l’hôpital de Lens. Pourtant un jour il semble très triste, il nous raconte qu’il va encore aller à l’hôpital, mais cette fois ce sera à Lille. Il poursuit en disant : « tu comprends quand je vais à Lille, je suis tout seul, c’est une ambulance qui m’emmène et mes parents, ils ne peuvent pas venir me voir, parce qu’ils n’ont pas de voiture, et pas de sous pour prendre le train. Alors moi je suis triste et je pleure. » Santé et précarité une double peine, être malade et dans la précarité, rajoute des soucis. Mais est-ce une fatalité n’y a-t-il rien à faire ?
Je pense à cet autre petit garçon Julien, qui venait au club ACE, il se plaignait souvent de mal aux dents. Un jour j’en parle à sa maman, elle dit qu’il se plaint aussi souvent chez elle. Je lui demande alors si elle a pris rendez-vous chez le dentiste, elle me répond qu’elle va le faire. Au club suivant Julian, se plaint encore de ses dents, j’en reparle à la maman, qui semble gênée, et me promet de prendre rendez-vous dès cet après midi. Quand Julian revient au club, je lui demande s’il est allé chez le dentiste, il me dit non. Je retourne voir la maman, pleine de questions, pourquoi laisse-t-elle souffrir son fils. Toute honteuse elle finit par me dire, je n’ai pas de mutuelle, et le dentiste c’est trop cher. Elle vient de quitter le papa de Julian, ne travaille pas…. je lui parle de la CMU, elle n’a pas l’air de savoir ce que c’est. Je lui explique que la CME, Couverte Maladie Universelle permet l'accès aux soins, le remboursement des soins, prestations et médicaments, à toute personne résidant en France et qui n’est pas déjà couverte par un autre régime obligatoire d’assurance maladie. Dès l’après midi j’ai obtenu, un rendez-vous avec une assistante sociale du droit au travail. Les papiers sont remplis et envoyés rapidement. C’est l’été, il n’y a plus de club ACE, je ne revois plus pour l’instant Julian mais Je sais par l’assistante sociale que la maman a eu sa carte CMU. On peut retenir deux choses essentielles :
- la première c’est l’importance de ne pas en rester aux apparences, ne pas juger. Cette maman n’est pas une mauvaise mère, seulement une maman prise dans une foule de problèmes, qui culpabilise de ne pas pouvoir aider son enfant
- la deuxième c’est l’importance d’informer les gens sur leurs droits
L’histoire pourrait s’arrêter là, mais elle se poursuit, Julian participe au grand camp d’été départemental de l’ACE. Il se plaint une nuit de mal de dents, le lendemain, la directrice obtient un rendez-vous chez le dentiste. Son verdict est sans appel, il ne peut pas soigner les dents de Julian, qui a plusieurs caries qui demandent de grands soins, mais il faudrait avoir la certitude que les parents, poursuivront les soins, pour les commencer. Il lui prescrit des antidouleurs. Je ne suis pas présente au camp, mais sachant que je connais bien la maman, la directrice m’appelle. Je prends contact avec la maman, après une longue discussion, je cerne le problème. Pour aller au dentiste il faut prendre le bus, et puis le premier et seul dentiste contacté, refuse les gens de la CMU. Alors, elle est allée voir son médecin, qui a donné des antidouleurs. Il lui a bien dit d’aller au dentiste mais comme son fils avec les cachets ne se plaignait plus, elle a cru que c’était passé. J’avais cru que les papiers obtenus, le problème était résolu, mais il fallait encore accompagner cette maman. Avec elle, j’ai pris rendez-vous pour Julian, chez mon dentiste, et me suis proposée pour l’accompagner au premier rendez-vous. Ensemble ensuite on a vu pour résoudre le problème du bus.
Je pense à toi Christelle, toi ce sont tes problèmes de santé qui t’ont entrainé dans la précarité. Tu as dû arrêter ton travail, sortir est devenu pénible, tu as connu les fin de mois difficiles… peu à peu tu n’as plus eu de lien social, et une grande solitude s’est installée, si grande que tu n’as plus supporté la vie, tu n’as pas eu la force de rebondir. A travers ton histoire, je sens un appel à regarder autour de moi ceux qui sont seuls, qui n’ont plus de visite, à ne pas oublier mon frère malade, à faire un pas vers lui. Une petite visite, un bonjour, un petit mot ce n’est pas grand chose, et ça fait plaisir. C’est une invitation à prendre le temps d’une rencontre, de l’écoute….
Je pense à une petite fille de 9 ans : ils sont 7 enfants dans la famille, vivent dans un appartement avec 3 chambres, la maman s’occupe de la petite tribu, et le papa cherche désespérément un travail depuis quelques années. Son histoire à elle c’est celle de la précarité qui entraine des problèmes de santé. Son papa régulièrement boit trop… Au club alors qu’elle était invitée à dire un petit bonheur et un petit malheur, elle raconte qu’une fois, elle a eu très peur, parce qu’en rentrant de l’école il y avait une ambulance en bas de sa tour, et elle a vu les pompiers emmener son papa. Une fois de plus, il avait trop bu, mais cette fois il avait mis le feu, et respiré des fumées toxiques. Son petit bonheur, c’est d’avoir dit à son papa que même si parfois il est méchant quant il est saoul, elle l’aime beaucoup. Je ne sais pas si ce papa, se rend compte de la chance qu’il a, cette petite fille qui lui dit je t’aime, c’est peut-être sa bouée de sauvetage. L’amour comme réponse, comme cadeau, une petite goute d’eau qui peut tout changer….
2ème témoignage : Témoignage de la FRAT (FCPMH)
La Fraternité Chrétienne des Personnes Malades et Handicapées a été créée en 1945 par le Père Francois à Verdun. Elle est partenaire et en communion d'Eglise avec les services et mouvements de la Pastorale de la santé.
C'est un mouvement qui rejoint les personnes malades et handicapées là où elles vivent afin de cheminer avec chacune, dans le respect de ce qu'elle est et de ce qu'elle vit,pour lui permettre de s'épanouir, de vivre pleinement et d'agir en solidarité avec d'autres;ceci pour annoncer à tous que le Dieu de Jésus Christ est un Dieu d'Amour et de Vie,qui veut le bonheur de tous ... La Fraternité se veut égalementde défendre la dignité des frères malades et handicapées.
Dans notre diocèse la Fraternité Chrétienne des Personnes Malades et Handicapées organise chaque année une retraite fraternelle de 3 jours. C'est un temps fort de foi et de vie spirituelle vécu très fraternellement dans la simplicité, le respect et l'accueil de chacun.
Il ya une vingtaine d'années,l'Equipe diocésaine de notre mouvement a souhaité accueillir à cette Retraite des personnes grandement handicapées,venant de Berck notamment.Mais comment réaliser matériellement ce projet un peu fou ! La bonne idée nous est venue de demander l'aide de l'Hospitalité de Lourdes,qui a immédiatement accepté notre « appel au secours ».
Et depuis,chaque année, ces bons samaritains sont fidèlement présents répartis à tour de rôle en équipe.Ils arrivent à 7 h le matin pour assurer les toilettes et l'accompagnement au petit déjeuner. Le soir pour 21h ils reviennent pour aider au coucher après avoir participé à notre petite veillée
Engagée, à divers titres, dans la Pastorale de la Santé, il a été demandé à l'hospitalière de Notre Dame de Lourdes que je suis, de développer le lien qui nous unit aux personnes malades et handicapées, membres de la FCPMH (Fraternité Chrétienne des Personnes malades ou (et) handicapées) ou non.
Dans de nombreux cas, nous rencontrons simplement des hospitalières et hospitaliers dans divers mouvements et services de la Pastorale de la Santé ce qui, à mon avis, est pure logique chrétienne. Quand on se réfère à la Sainte écriture : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force ».... « Et ton prochain comme toi-même. » (Mc 12,30-31) Je pense sincèrement que c'est au nom de nôtre foi en notre Dieu-Amour que nous agissons non pas pour être vus de lui mais pour pouvoir le regarder ensemble.
J'en veux pour exemple les déplacements bénévoles que nous pouvons effectuer chaque année ; je ne parle pas seulement de Lourdes qui est un gros morceau mais les temps de rencontres de personnes malades, handicapées, avec la frat' en particulier. Prenons un exemple : Les retraites annuelle de la frat' qui, après la Maison Diocésaine de Wardrecques maintenant fermée, se déroulent à la Maison Diocésaine de Merville. Pour le déroulement de la journée nous sommes quelques accompagnants et çà n'est pas là un problème mais les personnes que nous accompagnons doivent se lever le matin, faire leur toilette et se coucher le soir, mission quasi impossible pour notre petit groupe d'accompagnants. C'est là que des hospitaliers et hospitalières ont décidé, il y a de nombreuses années de former un groupe et de rejoindre le lieu de la retraite chaque matin et chaque soir pour prendre en charge ces tâches matérielles indispensables.
Merci Seigneur de ce vécu avec nos frères et soeurs malades et handicapés. Donnes-nous toujours assez d'amour pour nous permettre d'oublier notre moi, notre égo et vouloir ainsi le bien de tous nos frères et soeurs.
Leur service terminé, ils rejoignent l'Equipe diocésaine et le prédicateur pour un agréable partage autour d'un pot ; moment important permettant d'échanger les « merveilles »recueillies auprès des personnes soignées qui expriment leur merci et leur bonheur de vivre ces belles journées. C'est parfois le moment des confidences favorisé par ce climat si chaleureux et si fraternel. Leur simplicité,leur humilité,leur ferveur, leur patience sont autant de richesses offertes aux hospitalières et hospitaliers,dont certains portent aussi le poids de la vie.
Il faut ajouter que durant toute la journée,un ou deux hospitaliers nous accompagnent pour assurer les éventuels besoins. L'un ou l'autre est parfois présent toute la retraite, heureux de bénéficier de ce temps de grâce.
Il faut encore souligner la continuité harmonieuse de ce service si précieux pour nous.Au départ nous étions accueillis à la Maison de l'Ave Maria de Wardrecques .Et là nous avions l'aide des hospitaliers de la région d'Aire. Actuellement nous sommes à Meville, le relai est assuré par ceux de Laventie,Lestrem,et environs avec autant de générosité et d'amabilité. C'est beau ! Le Père François, notre fondateur, dirait avec
bonheur : « Comme ça sent bon l'Evangile !
Ainsi grâce à nos frères et soeurs hospitaliers de Lourdes, nous pouvons ,chaque année assurer l'accueil des personnes fortement handicapées, montrant ainsi qu'ils ont la première place dans notre chère Fraternité.
3ème témoignage : quelques témoignages des hospitaliers nous accompagnant.
Engagée, à divers titres, dans la Pastorale de la Santé, il a été demandé à l'hospitalière de Notre Dame de Lourdes que je suis, de développer le lien qui nous unit aux personnes malades et handicapées, membres de la FCPMH (Fraternité Chrétienne des Personnes malades ou (et) handicapées) ou non.
Dans de nombreux cas, nous rencontrons simplement des hospitalières et hospitaliers dans divers mouvements et services de la Pastorale de la Santé ce qui, à mon avis, est pure logique chrétienne. Quand on se réfère à la Sainte écriture : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force ».... « Et ton prochain comme toi-même. » (Mc 12,30-31) Je pense sincèrement que c'est au nom de nôtre foi en notre Dieu-Amour que nous agissons non pas pour être vus de lui mais pour pouvoir le regarder ensemble.
J'en veux pour exemple les déplacements bénévoles que nous pouvons effectuer chaque année ; je ne parle pas seulement de Lourdes qui est un gros morceau mais les temps de rencontres de personnes malades, handicapées, avec la frat' en particulier. Prenons un exemple : Les retraites annuelle de la frat' qui, après la Maison Diocésaine de Wardrecques maintenant fermée, se déroulent à la Maison Diocésaine de Merville. Pour le déroulement de la journée nous sommes quelques accompagnants et çà n'est pas là un problème mais les personnes que nous accompagnons doivent se lever le matin, faire leur toilette et se coucher le soir, mission quasi impossible pour notre petit groupe d'accompagnants. C'est là que des hospitaliers et hospitalières ont décidé, il y a de nombreuses années de former un groupe et de rejoindre le lieu de la retraite chaque matin et chaque soir pour prendre en charge ces tâches matérielles indispensables.
Merci Seigneur de ce vécu avec nos frères et soeurs malades et handicapés. Donne-nous toujours assez d'amour pour nous permettre d'oublier notre moi, notre égo et vouloir ainsi le bien de tous nos frères et soeurs.
Marie-Claude Blary