Journée de réflexion des prêtres

sur leur retraite.

retraite pretres retraite pretres    Une cinquantaine de prêtres et les doyens ont participé à une journée de réflexion proposée par madame Nicole Maerten, assistante sociale, sur la préparation au temps de la retraite. L’intervenante était Mme Caroline Dry, des Hauts de Seine, psychologue clinicienne. Le sujet devait être abordé avec beaucoup de prudence et de tact, ne serait-ce que par la difficile séparation entre la fonction, assurée par les prêtres, et leur être propre.

 
Savoir dissocier la fonction et l’être
retraite pretres retraite pretres  Certains prêtres peuvent avoir l’impression de n’être plus rien parce qu’ils ne font plus rien ou ne sont plus en responsabilité de… Ceci est vrai aussi pour les paroissiens, qui s’interrogent sur le devenir de leur communauté en l’absence de prêtre et souhaitent maintenir des liens spirituels et affectifs avec celui qui les a accompagnés de nombreuses années durant. Que devient l’identité propre du retraité, dépouillé de ce qui remplissait son existence quotidienne ou hebdomadaire ? Quelle est son identité propre et l’image (la représentation) qu’il a de son ministère, de son existence. Pour tout prêtre, il peut y avoir identification de soi-même avec le projet que l’on a (avait) pour le monde, pour l’Eglise.
 
La retraite comme passage
Il ne suffit pas de le savoir pour vivre cette étape positivement. Passage et rupture : la discontinuité est sans doute plus importante que lors des changements d’affectation. C’est une étape autre, où la responsabilité (et l’autorité) sur une paroisse n’est plus. Dans le même temps, la multiplicité des relations acquises au cours du ministère, qui est une richesse, se trouve modifiée. Ce peut être l’occasion de valoriser certaines relations familiales ou amicales, trop peu honorées de nombreuses années durant, à cause des responsabilités multiples.
 
Rester ou changer de lieu.
La question est très souvent posée. Certains font remarquer qu’un logement de fonction est repris lorsque son locataire arrive à l’âge de la retraite. Vouloir maintenir sa présence comme prêtre se comprend… mais cela ne prend pas compte les relations, souvent délicates avec le successeur. Ceci n’est pas à entendre en termes d’amitiés, mais en termes de responsabilité : à qui est confiée la charge curiale (responsabilité de la paroisse) ? Comment gérer l’ancien et le nouveau ?
 
Percevoir les signes de l’âge qui vient
Si les fonctions intellectuelles demeurent vivent, le corps fait peu à peu sentir ses limites, et impose ses exigences… qu’on le veuille ou non. Fragilité. C’est l’occasion de revoir le sens donné à la vie, à ma vie… C’est une dimension spirituelle à gérer, à trouver ou retrouver : la cohérence avec soi-même et son histoire, l’équilibre, l’unité et la paix en soi. Ce moment de la retraite favorise le temps de relecture de sa vie, temps d’action de grâce, temps qui permet de visiter tout ce qui a été inscrit comme réalité de vie, savoir y déceler tout le trésor d’expérience qu’elle contient. Ici on perçoit le double sens du mot retraite : retrait et retraite. C’est l’occasion de découvrir quels sont les piliers de sa vie.
Changer d’activité est toujours occasion de craintes, de doutes. Il est important de pouvoir les partager avec d’autres (confrères ou non). Il faut donc faire exister un lieu de parole et, sur ce point, on ne peut se résigner à un manque de lieu de parole.
 
Savoir se préparer
Préparer sa retraite c’est enfin accepter de vivre davantage dans l’instant présent, de reconnaitre qu’on est vivant, et pas seulement “j’ai été” : c’est le moment présent qui fait de moi un vivant. Si l’on parle de passage, il faut aussi relire ce temps de l’histoire personnelle comme un temps où la Pâques du Christ est à l’œuvre. L’acceptation (ou deuil), l’adaptation à une situation autre doivent donner dynamisme et non entraîner vers les regrets et les comportements compulsifs où la maladie l’emporterait sur le désir de vivre. Chacun est amené à comprendre qu’il n’y a pas de retraite pour Dieu, ni pour son serviteur, ni pour le désir de vivre avec son Seigneur. La relecture et l’action de grâce font partie de la vie spirituelle, et il y a encore et toujours des charismes personnels à mettre en œuvre, éventuellement des transmissions d’expérience à faire, tout en sachant qu’il faut se désapproprier des valeurs dont on est porteur : entre fougue et sagesse, voici un nouveau temps à vivre et à inventer.
 
Les nombreuses questions posées à Mme Dry témoignent de l’intérêt pour son apport, et de l’utile réflexion qui s’est développée pour chacun. Cette journée fut donc une ouverture de l’esprit sur des questions que l’on ne se pose guère ensemble, parfois même elles sont évacuées de la conscience au prétexte qu’il ne faut pas penser soi. Les carrefours ont permis aux uns et aux autres de proposer des outils, des chemins pour vivre ce passage.
 
E.H.
 

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