Dis-moi ton espérance
Colloque régional de la Mission ouvrière, avec Jean-Claude Guillebaud
Colloque à l'initiative de la mission ouvrière de Lille,
en partenariat avec les mouvements d'Action catholique
des trois diocèses de Lille, Arras et Cambrai, aux Archives du Monde du Travail, à Roubaix. Le 25 octobre 2008
avec la participation de
Guy Coq, philosophe
Jean-Yves Baziou, théologien,
Pascal Verbeke, philosophe
Marc Jaob bibliste
Danel-Marie Cartiaux, sociologue
Mgr Jean-Luc Brunin, évêque d'Ajaccio.,
“Dis-moi ton espérance”
Le colloque de la mission ouvrière
a été accueilli à Roubaix, dans le lieu symbolique
qu’est le « centre des archives du Monde du Travail », créé dans ce qui était la filature Motte-Bossut, une des plus grandes filatures de coton de France, qui a fermé ses portes en 1975.
Roubaix est une ville qui a été et reste marquée par les luttes et les avancées sociales grâce à l’action du mouvement ouvrier. C’était la capitale du textile. Elle a été frappée de plein fouet par la crise, comme d’autres industries de base dans la région.
Depuis un siècle et demi, elle a accueilli de nombreuses personnes d’origines étrangères. On dit souvent que Roubaix est une ville « du tissage et du métissage ». Ici comme ailleurs, le vivre ensemble est vécu au quotidien.
Nous étions réunis jeunes et adultes des différents points des diocèses de Lille, d’Arras et de Cambrai. Membres de la mission ouvrière : de l’Action Catholique Ouvrière (A.C.O), de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (J.O.C.), de l’Action Catholique des Enfants (A.C.E.). Etaient également présents des prêtres ouvriers, des religieux et religieuses, des diacres et prêtres en monde populaire, le GREPO (Groupe de Recherche en Pastorale Ouvrière), des nombreux partenaires en Eglise et en quartiers populaires, du Catéchuménat, de la Catéchèse, de l’aumônerie de l’Enseignement public, de l’Enseignement catholique, de la pastorale des migrants, du secours catholique, d’ATD Quart-Monde, des militants syndicaux, politiques, associatifs, migrants de toutes origines, personnes sans papiers et même, par l’intermédiaire de leurs aumôniers, des personnes en détention… Nos évêques, le père Jaeger et le père Delannoy, Maurice Carré, secrétaire national de la mission ouvrière, Xavier Pottier Président national de l’ACO . Jean Luc Brunin évêque d’Ajaccio mais roubaisien d’origine…
Le colloque avait débuté le jeudi soir avec la conférence de Jean-Claude Guillebaud, sur le thème de : « cette espérance qui nous habite ».
Le travail du colloque s’est appuyé sur une démarche originale à partir de la parole du prophète Jérémie: « Ton avenir est plein d’espérance »., parole qui, dans la situation actuelle, peut paraître folle… Elle nous avait bousculés en 2005 pour préparer la rencontre nationale de la Mission ouvrière. Elle nous avait invités à être à l’écoute et à ouvrir les yeux sur les actes et les paroles des enfants, des jeunes et des adultes avec lesquels nous vivons.
L'année 2007 a été marqué en mission ouvrière et en pastorale en quartiers populaires par la démarche "Dis-moi ton espérance" sur le diocèse de Lille. Des fêtes ont été réalisées en sept lieux du diocèse de Lille, le 17 novembre 2007. Une belle espérance a été vécue et proclamée.
Avec le diocèse de Lille , les diocèses d’Arras et Cambrai se sont réjouis des partenariats vécus avec de multiples acteurs de l'Eglise dans cette démarche missionnaire, notamment avec des personnes des divers services au niveau diocésain ou dans des zones pastorales.
La relecture de ces fêtes, des dynamismes parfois méconnus et plus largement de l'espérance vécue en milieux populaires les ont invités à approfondir théologiquement l'originalité de ce que nous vivions. C'est pourquoi il a été décidé de réaliser un colloque intitulé "Dis-moi ton espérance" ce 25 octobre 2008. Des équipes se sont mises au travail au lendemain des fêtes de 2007 et des experts ont été associés à cette recherche. Aussi, il a été convenu par les trois Délégués Diocésains en Monde Ouvrier que ce colloque devait être un colloque régional pour Lille Arras Cambrai.
Depuis, nous avons poursuivi le dialogue au quotidien dans les quartiers, les lieux de travail. Des groupes de travail se sont mis en place dans les différents points de la région. Ils ont travaillé à l’aide d’un outil de dépouillement : « nous choisissons la vie ». Un carnet de bord a permis de continuer la recherche à partir des manières de vivre et d’exprimer une espérance que nous avons rassemblées. Aujourd’hui, des germes se lèvent, parfois sans nous en apercevoir…
C’est à partir de toute cette vie, de nos pratiques, de notre expérience en monde populaire que nous avons pu approfondir, et mettre des mots sur cette espérance qui nous habite. Et tout au long de ce colloque la parole a été donné aux acteurs sur le terrain. Nous avons pu entendre des choses merveilleuses.
En effet, le but de notre colloque était l’action : notre action citoyenne et notre mission d’annoncer l’Evangile. Ce colloque n’était pas une parenthèse dans notre vie. Il était au service de l’Espérance qui habite déjà les jeunes, les enfants, les adultes des classes populaires. Il était au service de l’Espérance dont sont porteurs nos divers collectifs, particulièrement les mouvements apostoliques. C’est le sens de la « mission ouvrière » que nous voulons construire avec tous nos partenaires.
Qu’est-ce qu’un « colloque » ? Le colloque que nous avons eu l’audace de réaliser ensemble, n’était ni une conversation de salon, ni un club fermé pour spécialiste de la migraine. Notre colloque était avant tout un grand lieu fraternel de réciprocité entre jeunes et adultes, hommes et femmes qui, tous et chacun, ont une compétence particulière.
Qui est plus compétent en action que les acteurs de terrain ?
Qui est plus compétent en vie évangélique que les passionnés d’évangiles ?
Qui est plus compétent pour donner du sens au « vivre ensemble » que ceux qui construisent au jour le jour ce « vivre ensemble ».
Qui est plus compétent en espérance que ceux qui espèrent ?
Nous étions tous rassemblés acteurs de terrain et praticiens des sciences de l’homme et de la Parole de Dieu… Nous étions tous des acteurs de terrain, des passionnés de l’Evangile, des tisserands du vivre ensemble et des prophètes de l’Espérance, chacun à votre manière. Nous avons pris conscience que nous avions tous besoin du témoignage et de la réflexion des uns et des autres pour accueillir et partager l’Espérance. Pour lui donner corps dans notre société, avec toutes celles et tous ceux que notre société compte pour rien. Ce sont eux les premiers prophètes, les premiers « experts » de l’Espérance.
Nous avons vécu un moment historique. Il est très rare, dans nos régions, d’organiser un collo qui réunisse à la fois des acteurs de terrain, habitants des quartiers populaires, membres du peuple des travailleurs d’une part…, des responsables de l’Eglise et de tous les collectifs qui la composent, d’autre part… et des philosophes, sociologues, biblistes et théologiens
En réalisant ce défi, nous nous sommes rapprochés de la pratique des communautés de base d’Amérique Latine. Ce sont elles, qui dans le dynamisme des théologies de la libération, ont inauguré ce genre de colloque. Et cela, depuis de longues années. Ce sont elles qui nous ont montré que c’était possible et qui nous ont donné le goût de le réaliser.
Plusieurs personnes se sont donc succédées à la tribune au long de la journée, dont Guy Coq qui a été pour nous un authentique passeur d’Espérance. Mais nous avons eu aussi le regard du philosophe Pascal Verbéke , le regard du bibliste Marc Jacob , le regard du sociologue Daniel Marie Cartiaux, le regard du théologien Jean Yves Baziou. Il est difficile ici de redonner tout ce que nous avons partager. Mais ce qui est sure c’est que toute cette espérance , nous devons la dire, et la pratiquer dans le quotidien de nos vies. Cette espérance qui vient de l’autre qui nous vient d’un Autre. Nous devons nous contaminer les uns les autres de cette espérance. Car Tous, nous sommes de ceux et de celles qui, dans les luttes et souvent dans les galères les plus dures, voulons tenir debout ensemble et nous entretenir mutuellement.
Cette journée a été un moment privilégié de cet « entretien » pour vivre debout.
Alors, avec tous ceux qui espèrent au-delà de tout, nous membres de la mission ouvrière de Lille – Arras – Cambrai nous choisissons la Vie !
Anne-Sophie Marle le 29 /10/08