Pas sans l'autre - Journée Santé 2012
Journée de la santé le dimanche 12 février
2012 - 25° ANNIVERSAIRE DU DIMANCHE DE LA SANTE
Il y a 25 ans, le 15 mars 1987, le diocèse d’Arras célébrait son premier dimanche de la santé.
Eglise d’Arras l’annonçait de cette façon : «nous sommes habitués à des dimanches qui sensibilisent particulièrement à une question. Nous pensons spontanément au dimanche du Secours Catholique, des Missions, à la Journée Mondiale des Vocations etc…
A partir de 1987 il y aura pour le diocèse le dimanche « de la Santé». Cette journée, décidée par notre évêque et son conseil, aura lieu le dimanche 15 mars.
Deux objectifs étaient donnés à cette journée
- Permettre chaque année une meilleure connaissance de quelques aspects du monde de la santé, dans ses dimensions humaines et pastorales.
- Permettre aux partenaires du monde de la santé, professionnels, usagers, bénévoles, de se faire mieux connaître et entendre dans l’Eglise.
Ce qui commençait ne devait pas s’arrêter. Année après année nous sommes fidèles au rendez-vous du dimanche de la santé autour du 11 février. La date a évolué. Elle s’est stabilisée grâce à Jean Paul II. En 1992 il décida d’instituer une journée mondiale des malades, le 11 février, fête de Notre Dame de Lourdes, pour attirer l’attention du monde entier sur la nécessité d’entourer les malades et de leur apporter soutien et affection. La décision fut vite prise : le dimanche de la santé sera désormais célébré à la date la plus proche du 11 février, en gardant l’objectif initial, à savoir la prise en compte de tous les partenaires de santé.
Une initiative qui s’étend
En 1993 : nouvelle avancée. Le dimanche de la santé s’étend aux trois diocèses de Lille Arras et Cambrai sous l’impulsion des responsables de la pastorale de la santé avec l’accord de leurs évêques. L’initiative commence alors à être connue et reconnue, et, en l’an 2000, l’année du jubilé, le secrétaire national de la pastorale de la santé nous demanda de faire des propositions pour que le dimanche de la santé puisse être célébré dans toute la France. C’est ainsi qu’aujourd’hui, dans presque tous les diocèses des initiatives sont prises dans les paroisses et les établissements de santé, en lien avec la liturgie du jour, pour que comme le dit Benoît XVI « Celui qui souffre et qui a besoin de soins soit au centre de notre attention »
Hubert Renard
Pas sans l’autre/Autre
« Intouchables » bat tous les records de fréquentation pour un film de cinéma. Cette histoire d’un polyhandicapé fortuné mais complètement dépendant qui se lie d’amitié avec un marginal de banlieue mais d’une générosité désarmante pourrait illustrer le thème du dimanche de la santé « pas sans l’autre/Autre ». Comme chaque année il s’inspire de la liturgie. Or dans l’Evangile de ce dimanche le Christ brise le mur de l’exclusion d’un lépreux en le touchant, en supprimant la cause de sa mise à l’écart, en lui permettant de retrouver sa place dans la société. Son attitude est un appel à passer de l’exclusion des « lépreux » d’aujourd’hui à la reconstruction du lien social.
Des progrès remis en cause
Beaucoup est fait pour qu’aucune personne ne soit exclue de la santé. La CMU par exemple (Couverture Médicale Universelle) garantit l’accès aux soins pour tous. Les associations d’aide aux personnes malades et handicapées se multiplient avec le développement de l’APA (Aide Personnalisée à l’Autonomie). Les Auxiliaires de vie sociale contribuent de façon considérable à assurer un lien entre les personnes isolées et la société etc. Mais, de nouveau l’exclusion touche une fraction croissante de nos contemporains. Elle est due pour une part à l’évolution du système de soin vers une logique économique de plus en plus contraignante. Cela conduit à des dérives qui augmentent : déremboursement de médicaments et non prise en charge de certains soins, accès de plus en plus difficile aux soins oculaires, dentaires, pose de prothèses, etc. Ajoutons à cela le poids des ruptures familiales, du chômage persistant, du sort tragique des étrangers en situation d’expulsion etc. qui ont tous des conséquences sur la santé : dépression, addictions diverses, recours tardif aux soins. Ils sont légions ces « lépreux » d’aujourd’hui exclus du système social qui ont besoin que l’on aille à leur rencontre et que l’on prenne soin d’eux. L’enjeu du dimanche de la santé est de progresser dans l’attention à ces personnes exclues ou isolées, souvent silencieuses ou invisibles mais aussi de leur permettre de découvrir qu’elles sont aimées de Dieu, cet Autre qui vient à notre rencontre.
En Eglise avec d’autres
L’Eglise, avec beaucoup d’autres organismes, participe à cette restauration de la relation des personnes souffrantes avec les autres et avec Dieu. Le dimanche de la santé permet d’entrer en dialogue avec ceux qui sont engagés dans la pastorale de la santé. Le SEM (Service Evangélique des Malades) rejoint des personnes souffrantes à domicile mais il vieillit et a besoin de nouveaux membres pour persévérer dans sa mission. Des EHPAD (Etablissement pour Personnes Agées Dépendantes) se développent de façon considérable, des équipes d’aumônerie permettent aux résidents de vivre en Eglise jusqu’au terme de leur existence mais comment assurer une présence dans de nouveaux établissements de plus en plus nombreux ? les équipes d’aumônerie hospitalière participent aux soins en répondant aux multiples questions que l’on se pose quand on est affronté à la souffrance, à la maladie grave, à la proximité de la mort. La PPH (Pastorale des Personnes Handicapées) la FCPMH (Fraternité Chrétienne des Personnes Malades et Handicapées), Amitié Espérance accompagnent des personnes fragiles dans leur corps, leur cœur, leur tête. Ce service et ses mouvements organisent à Lille les 10 et 11 février un colloque : « pas sans l’autre/Autre ou bâtir une société du vivre ensemble ». C’est l’occasion de nous interroger sur la façon dont nous savons nous rencontrer en frères avec nos différences. De nombreux chrétiens sont engagés professionnellement ou bénévolement dans la santé. Certains se retrouvent dans des mouvements comme l’ACMSS (Action Catholique des Milieux Sanitaires et Sociaux) ou des équipes de Médecins. Le Christ Bon Samaritain inspire leur engagement afin qu’ils puissent manifester la tendresse de Dieu à ceux qu’on laisse à demi-mort au bord de la route.
Mais la santé c’est l’affaire de tous et le 12 février c’est l’ensemble de nos communautés qui seront invitées à faire un pas pour passer de la relation altérée à la relation retrouvée avec les autres et avec l’Autre.
Hubert Renard
Quatre témoignages.
1987 : 1er dimanche de la santé dans le diocèse.
Dans la paroisse Notre Dame des Ardents à Arras, quelques personnes (médecin, visiteurs de malades, et moi-même –membre de l’ACMSS -) se réunissaient autour duré, l’abbé G. Dollé pour préparer ce 1er évènement. Il fut décidé ce serait au cours de la célébration eucharistique. Le but était de sensibiliser les chrétiens à prendre conscience de l’ensemble du monde de la santé que chaque personne aurait à aborder un jour ou l’autre. Ce monde est présent en 3 catégories : les professionnels, les bénévoles, les usagers. Un panneau présentait, autour de l’affiche du dimanche santé, chaque mouvement ou service d’Eglise où se retrouvent ces personnes.
La célébration était animée par des partenaires. Les témoignages de soignants, de personnes malades et de leurs visiteurs fut émouvant. A la sortie, l’image du dimanche de la santé et un tract avec les coordonnées des mouvements et services existants sur la paroisse furent distribués.
Cette journée fut une prise de conscience et le point de départ de la pastorale de la santé dans le diocèse. Merci au Père P. Lafon qui en a été l’instigateur dynamique et au Père H. Renard son fidèle successeur.
Ainsi des COmités de COordination de la PAStorale de la SAnté (Cocopassa) se sont mis en place dans le diocèse, permettant de travailler ensemble au service de l’homme et de coordonner les actions pour le bien de tous.
Thérèse Thuet
Le monde de la santé à la portée de tous.
J’ai participé au dimanche de la santé dès ses premières années. On distribuait dans les paroisses le livret publié à cette occasion. Cela mobilisait du monde et faisait prendre conscience de ce que vivent les malades. On donnait la parole à des gens qu’on n’entend pas habituellement. Je me souviens par exemple du témoignage d’une personne polyhandicapée qui se battait avec un courage extraordinaire et qui en aidait d’autres à se mettre debout. L’assemblée était abasourdie. Aujourd’hui encore j’ai des exemples plein la tête de personnes qui ont pu s’exprimer à cette occasion et qui se sont senties reconnues avec leur handicap ou leurs problèmes de santé. Le dimanche de la santé c’est mettre le monde concerné par la santé à la portée de tous et cela aide au développement de la pastorale de la santé.
Jacqueline Jore, ancienne responsable diocésaine de la fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées.
Le dimanche de la santé dans la paroisse Mère Teresa en Morinie
Il n’est pas possible de reprendre ce que nous avons vécu ces dernières années à l’occasion du dimanche de la santé. Il permet d’y associer des professionnels de la santé (médecins, infirmières, aides-soignants, travailleurs sociaux) et les membres des mouvements services d’Eglise (Service Evangélique des Malades, hospitalité de Lourdes, pastorale des personnes handicapées).
Je pense :
- à la joie des jeunes et adultes déficients intellectuels quand ils ont amené à l’offertoire un travail réalisé au CAT à L’IME ou à la maison ;
- à cette célébration où l’on a associé les résidents de la Maison d’Accueil Spécialisée (MAS) toute proche par le témoignage d’une bénévole et d’un professionnel qui ont exprimé leur joie et leur passion d’être au service des personnes polyhandicapées de cette maison d’accueil ;
- au témoignage poignant d’une personne non-voyante et à l’étonnement des enfants qui découvrent qu’il lit un texte rédigé en braille.
- aux enfants du caté, en lien avec le Service évangélique des malades (SEM), qui amènent à la célébration leurs dessins qui sont ensuite partagés avec les personnes âgées ou malades qui ne peuvent pas quitter leur domicile.
Le dimanche de la santé est vraiment l’occasion de découvrir des vies riches, souvent difficiles animées de convictions humaines et chrétiennes les plus fortes et les plus profondes.
Jean-Paul Brame
Témoignage d’un prêtre
Depuis plus de 20 ans, je vis le dimanche de la santé et pour moi c’est un réel bonheur et une grande grâce ! Dès le mois de décembre, des membres des équipes SEM (service évangélique des malades) se mobilisent : ils regardent le contenu du livret proposé, se nourrissent de la prière et préparent la liturgie en lien avec les équipes liturgiques locales.
Des initiatives sont prises pour se mettre davantage à l’écoute des souffrants et collecter leurs intentions de prière ; à l’écoute des professionnels de la santé (médecins, infirmiers et infirmières, aides soignants, auxiliaires de vie…) et rendre grâces pour leur travail auprès des personnes malades ; à l’écoute des bénévoles qui s’activent dans différents groupes d’Eglise.
Ainsi les habitués de la messe du dimanche sont informés et interpellés : que faites-vous pour tous ceux et celles qui souffrent dans leur corps ou dans leur cœur ? Il ne suffit pas d’écouter la parole de Dieu, encore faut il la mettre en pratique : comme le dit l’Evangile : « j’étais malade et vous m’avez visité »
Abbé Gabriel Berthe
_____________________________________________________________________________
Prière pour la journée de la santé
Pas sans l'Autre
Seigneur, tu es la lumière et la vie,
Mais comment aller vers Toi quand on est en survie?
Ils sont toujours là ces exclus, ces demi-morts,
ceux dont la route est sans aurore.
Tu veux qu'ils se lèvent, marchent, relèvent la face
mais comment et pour qui veux-tu qu'ils le fassent?
Il suffit de peu de choses pourtant
pour redonner cœur à ces frères souffrants:
le regard d'un passant, la prévenance d'un soignant.
Du voisin qui, simplement, dit bonjour,
au travailleur social qui recommence jour après jour,
ils sont légion à être reliés par l'amour
Ils puisent aux sources de la vie,
et, ensemble, cheminent avec tes enfants meurtris.
Seigneur, donne à tous tes serviteurs
d'avancer en frères et sœurs sur ta route, vers le bonheur.
Hubert Renard
Un dossier pour préparer cette journée est disponible auprès de la Pastorale de la santé du diocèse Maison diocésaine BP 1016 - 62008 Arras cedex.
nicolemaerten(at)yahoo.fr ou marie-claude.blary(at)orange.fr