La foi, une question de goût ?
Pré-rentrée en catéchèse à La Malassise
Les animateurs en catéchèse, catéchuménat et enseignement privé ont fait leur “pré-rentrée” à La Malassise le 28 août. Plus de 450 participants ont pu entendre le père Luc Mellet, responsable national pour la catéchèse et le catéchuménat.
Sous le titre : “La foi, une question de goût”, la journée était une invitation à découvrir comment chacun vit, d’abord pour lui-même, l’écoute de la Parole comme une initiation au goût de Jésus-Christ. Autrefois, on chantait “Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !”. Cela est peut-être devenu trop rengaine et le refrain est parti aux archives, tandis que la question du “comment transmettre” continue d’habiter chacun de nous.
Transmettre quoi, transmettre qui… ?
Le père Mellet nous empêche de ronronner quand il demande si l’on peut “transmettre le goût” : Peut-on donner le goût de l’Evangile ? Exemples à l’appui, il nous fait découvrir que le mot juste serait plutôt “éduquer le goût, initier le goût”. Pour vive l’éducation du goût de l’Evangile, il faut soi-même en avoir le goût. Insensiblement, il nous fait passer de la question de la transmission à la question de l’éducation du goût de Dieu…. Mais pour cela il faut aussi et d’abord avoir le goût de la vie, le goût de la beauté.
De haut en bas pour se relever avec Dieu
La journée ne fut pas une conférence sur la technique catéchétique, mais davantage l’expérience de goûter et vivre la Parole de Dieu… autrement. Le récit de Naaman le Syrien fut révélateur d’une lecture inspirante. Le chemin de la rencontre et du service de Dieu pour ce général d’armée est parsemé de nombreuses personnes que l’on ne peut discerner si l’on ne prend pas le temps de s’arrêter au texte lui-même : une fillette, la femme du général, des servants et des servantes, etc. sans oublier les coups de colère et les incompréhensions qui ont failli tout faire rater. Visualiser le textre n’est pas inutile. Ainsi, Naaman, du haut de sa hauteur, est invité à plonger au plus profond de la rivière.
Il parait que c’est le chemin habituel de Dieu pour venir à notre rencontre. “Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles” Luc 1. C’est aussi ce que dit Paul à propos de Jésus : « Lui, de condition divine, s’est fait homme, esclave, jusqu’à mourir… c’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessous de tout. » (Philippiens ch 2). Saint Jean l’exprime à sa manière : Le Verbe qui était Dieu s’est fait chair, a planté sa tente au milieu de nous. A ceux qui le reçoivent il donne de devenir enfants de Dieu (Jean ch.1).
La manière dont Dieu se présente et marche à nos côtés, c’est ce à quoi nous devons être attentifs, dans nos lectures de l’Ecriture, dans l’expérience de nos vies. Appelés à être éducateurs de la foi, nous réaliserons notre mission si d’abord nous avons pu éduquer notre goût de Dieu. Les connaissances ne suffisent pas.
Le père Mellet nous invite à nous tourner vers nous-mêmes, pour (re)découvrir l’expérience de notre rencontre personnelle du Christ. N’est-ce pas lui qui étaie et soutient les choix et décisions que nous prenons ?
Question de goût, question de foi ?
Les deux ! Moi-même, quand je grandis dans la foi, j’en témoigne et je donne goût. Le mot foi est à revisiter, car nous en avons fait une somme de connaissances, alors qu’ll est d’abord un va et vient entre la Parole vivante entendue, célébrée vécue et nous-mêmes. La foi n’est donc pas un acquis. La foi c’est reconnaître le Christ qui frappe à notre porte et à qui nous répondons. A quand une journée du goût de Dieu ?
Grandir dans l’acte de foi. Le cœur et l’intelligence ont à répondre à l’appel. On grandit dans la foi au fur et à mesure des étapes dans la vie (penser aux différents itinéraires proposés par le service diocésain de catéchèse et catéchuménat). La question, pour nous et les communautés, c’est “Comment les communautés chrétiennes peuvent-elles se saisir de ces moments” (devenir père ou mère ; ou lors d’un mariage, où lorque quelqu’un nous a quittés) Ce sont des temps bien particuliers vécus et nous pouvons inviter à partager le bonheur (ou la souffrance) devant et avec Dieu. Le but n’est pas de “faire croire l’autre”, mais de partager en quoi cette nouvelle étape dans la vie est une nouvelle manière de se poser et d’accueillir la Parole de Dieu.
Les connaissances sont nécessaires, et mêmes certaines sont très pointues. Elles peuvent permettre d’accéder à la Parole de Dieu, mais ne confondons pas connaissance et foi en chemin.
Dimension ecclésiale de l’acte de croire.
Le passage obligé pour tout croyant est un passage de “la réponse personnelle” à “l’expérience de foi partagée avec d’autres”. Cela s’expérimente bien souvent de toutes petites cellules d’Eglise, maisons d’Evangiles, équipes d’action catholique, rencontres de malades. Cela oblige aussi à rendre parlants nos lieux de vie avec le Christ (liturgies, eucharisties, célébrations). Il revient aux communautés chrétiennes que nos lieux soient ouverts, qu’ils aient le langage ouvert à la périphérie (expression du pape François). S’ils ne sont ouverts qu’à nos propres sensibilités cela ne sert de rien. A cause de nos habitudes, nous devenons inconscients de la difficulté que la périphérie a à entrer dans nos cercles. De fait peu de personnes entre dans nos cercles “à nous”. Question de culture, question de civilisation, sans doute, mais aussi allergie de notre part, à entrer dans un monde autre que le nôtre.
Nous sommes donc appelés à faire que nos lieux soient ouverts à ceux qui n’y sont pas. Benoit XVI insistait, à la fin de l’encyclique sur l’eucharistie (Sacramentum caritatis, 2007, n°s, 89-92) pour que l’Ite missa est ne soit pas une fin de messe, mais trouve sa suite indispensable dans le déploiement de l’effort missionnaire et dans le déploiement au quotidien de la solidarité. Il nous faut revisiter le sens vécu dans les communautés : communautés chrétiennes, sommes-nous le Corps du Christ, dans le concret de nos existences ?
Les propositions catéchétiques actuelles.
L’Eglise grandit avec les les intuitions catéchétique, pour que la proposition de la foi devienne audacieuse. Le Texte National pour l’orientation de la catéchèse en France, les parcours proposés pour différents âges ou circonstances de la vie sont des possibilités déjà offertes dans le diocèse. Le projet diocésain de catéchèse et d’évangélisation participe à cet effort de renouveau. Nous sommes appelés à passer « de l’entretien de la foi déjà là » à une position où l’on se réjouit (où l’on tressaille de joie) de voir que l’autre fait un bout de chemin, de petits pas vers le Christ. C’est autre chose que d’enseigner la parole de vérité.
A quand une journée du goût de Dieu ?
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Un DVD est disponible pour retrouver les richesses partagées au cours de la journée. Le demander au service de la catéchèse
En fin de journée, a été présenté une vidéo témoignage de participants en maisons d'Evangile... A partager sans modération.
http://arras.catholique.fr/video-maisonevangile