Aller vers...un mois auprès des migrants de Calais
Témoignage de trois belles rencontres
Aller vers, Accompagner, Aider
Voici le Témoignage de Michel Naty, travailleur socioculturel, bénévole au Secours Catholique auprès des migrants de Calais.
- Accompagner à la PAS (soins gratuits à l'hôpital) ou au Pôle Emploi
- Aider au local du Secours Catholique: faire des cours d'alphabétisation
C'est sur ce camp, que j'ai fait les trois rencontres, elles ont été possibles, parce que au fil des jours, ils me voyaient, ils discutaient avec moi et me faisait confiance. Ils ont bien senti que mon intention n'était pas d'assouvir une curiosité ou de rencontrer des migrants, mais bien de les aider. Ces rencontres n'ont donc pas été provoquées, elles sont venues à moi.
1 – Cérémonie du 15 août: l'espoir dans la foi, célébrée par les érythréens chrétiens le 21 aout toute la journée dans un gymnase.
Une dizaine de personnes ont fait une collecte d'argent deux jours avant, pour la distribution gratuite d'une tartine de confiture et un verre de soda à toute personne qui rentrait dans le gymnase, l'achat de bougies etc..
Cette rencontre a été un choc pour moi, car voir des personnes qui n'ont rien, offrir de la nourriture, trouver dans la foi une force pour avancer dans la vie, m'a subjugué. J'ai parlé avec ces personnes, j'ai appris des choses sur leurs pratiques, leurs visions de la foi. Aujourd'hui, je trouve dans le souvenir de cette rencontre, des enseignements, des conseils pour avancer dans la vie.
2 - K. 5 ans, une enfant pleine de vie: l'espoir qui se communique
Cette enfant de 5 ans, je l'ai rencontré, au local du Secours Catholique avec sa famille. Ils n'avaient pas mangé depuis plusieurs jours. K. avait toujours le sourire aux lèvres, elle débordait de vie. Au milieu des ordures du camp, trouver quelqu'un qui passe son temps à faire rire, à être joyeux est une expérience particulière.
Avec les autres bénévoles, on trouvait en K. une énergie qui nous donner la force de continuer notre mission, quand je pense à K., je retrouve la motivation et je chasse les idées noires.
3 - Un restaurant géré par trois femmes : l'espoir que l'on se crée soi-même
Le plat 2€, le café ou le thé 0,50€. Les trois femmes qui avaient crée cet endroit investissaient tout l'argent gagné pour acheter les ingrédients, du matériel. En discutant avec elles, j'ai appris qu'elles voulaient à terme proposer plusieurs plats à la carte. Toute la journée, elles préparaient la cuisine pour le midi et le soir, ainsi que le service, vaisselle etc. très organisées elles ne voulaient pas d'aide extérieure. La seule chose que j'ai pu leur demander, pour les aider, a été une autre marmite. La cuisine préparée était un plat traditionnel érythréen appelé "shiro" préparation à base de farine de pois chiche, tomates et œufs préparés en ragoût, sur une grande galette appelée "injira".
Que retenez-vous de cette expérience ?
Au contact quotidien, j'ai été frappé par leur optimisme, leur joie de vivre, leur volonté d'exister. Il y a chez eux une lumière très forte de vie. Avec le recul, quand je parle des migrants et de mon expérience, je choisis l'angle de l'espoir et non celui de la révolte (et pourtant, je suis révolté). Depuis la "crise migratoire, nous sommes informés sur cette détresse, cette pauvreté qui est inhérente aux camps de réfugiés. Or, c'est principalement l’angle qui est choisi par les médias, des groupes de paroles ou des personnes pour parler des migrants.
Propos recueillis par Colette Delannoy - Regard en Marche
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