Messe sur le monde d' aujourd’hui

 

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La situation que nous vivons aujourd’hui m’a inspirée cette reprise d’un texte célèbre de Charles Teilhard de Chardin « Messe sur le monde »

 

 

 

Puisqu’une fois encore Seigneur, au milieu de ma paroisse, je célèbre seul, sans peuple, je penserai à chacun, à chacune, je les porterai dans ma prière et dans mon cœur de pasteur. Je vous offrirai sur l’autel le travail et la peine de notre monde

 

Le soleil se couche au terme de cette journée de combat contre le virus.

Le soleil couchant étend son halot rouge sur nos maisons qui bientôt s’ensommeilleront.

Je placerai, ô mon Dieu, sur ma patène cette moisson abondante de gestes remplis d’humanité.

Je voudrais déposer devant Vous, Seigneur tous ces efforts de cette journée, « fruit de la terre et du travail des hommes »

Sur mon calice et ma patène, je dépose tous ces efforts des soignants …Ces soins prodigués avec savoir –faire, compétence et minutie. Ces malades qui luttent pour la vie …Ces infirmières passant de maisons en maisons pour soulager leur douleur. Ces infirmières qui quelquefois enferment leur patient décédé dans la housse de la mort avec ce sentiment d’échec. Ces médecins qui luttent d’arrache- pied contre la maladie. …Ces brancardiers qui disent un mot de réconfort… Ces malades qui ont du mal à respirer et à trouver leur air…. Ces personnes esseulées qui s’ennuient parce que confinées. Ces familles qui ont hospitalisé leur proche qui ne le verront peut- être plus. Ces familles en deuil qui n’ont pas pu revoir leurs proches dans ses derniers moments.

 

Un à un, Seigneur, je les vois et je les aime, comme toi, Seigneur tu les aimes !

Je les évoque dans cette Eucharistie, ce merci à vous Seigneur !

Je les évoque devant vous, Seigneur, ceux qui forment cette foule immense des vivants et des morts d’aujourd’hui, ceux qui naissent et ceux qui s’en vont, ceux surtout qui croient au progrès et poursuivront passionnément la lumière demain encore.

 

Cette multitude agitée, cet océan humain dont les lentes oscillations jettent quelquefois le trouble dans les cœurs les plus croyants, je veux qu’en ce moment, mon être profond résonne à ce murmure profond. Tout ce qui a grandi, tout ce qui a diminué, tout ce qui est mort ou qui va mourir. Seigneur, je m’efforce de le ramasser en moi pour vous le tendre dans un geste d’offrande. Que toute cette vie, en votre mystère devienne histoire sainte, histoire sanctifiée par vous Seigneur !

 

Recevez, Seigneur cette Hostie totale que la création vous présente.

Ce pain ce soir, reste inachevé et attend sa bénédiction Ce vin attend encore Cana pour se muer en fête.

Mais au fond de cette masse informe, vous avez mis dans les cœurs cette prière

« Viens Seigneur Jésus pour nous faire Un ! »

 

                                                                                                         Abbé Henri Alglave