Histoire locale
LA MORINIE, TERRE DE SAINTETE, MARIALE ET MONASTIQUE
La région s’appelle la Morinie. Elle a pour capitale Thérouanne (voir carte grand format).
Au IIIe siècle, Saints Fuscien et Victoric sont les premiers apôtres des Morins. Ils ont, en particulier, évangélisé le village d’Helfaut, près de Wisques, dont l’église leur est consacrée et qui en conserve des reliques. Ils furent martyrisés ainsi que Gentien, leur hôte. Victoric et Fuscien se rendaient à Amiens pour rencontrer saint Quentin, quand un vieillard, Gentien leur apprit qu'il venait d'être martyrisé. Il les reçut chez lui. Arrêté, on lui trancha la tête. Victoric et Fuscien furent lourdement enchaînés et torturés avant d'être décapités. Fêtés le 11 décembre.
Au IVe siècle, Saint Victrice, ami de saint Martin et de saint Ambroise de Milan, il fut missionnaire dans l'Artois et la Flandre. Né probablement dans la région de l'Escaut, il embrassa d'abord la carrière des armes ; il la quitta pour suivre le Christ. Il évangélisa la région des Morins et celle des Nerviens. Évêque de Rouen, vers 386, il mourut vers 407. Fêté le 7 août.
Vers 633 arrivée en bateau sur la côte de Boulogne d’une Vierge à l’Enfant.
Vers 640, Saint Omer. Formé par saint Eustase à l'abbaye de Luxeuil, il était moine avec saint Bertin quand, en 637, le roi Dagobert l'envoya comme premier évêque de Thérouanne dont les habitants étaient redevenus païens. Saint Omer rechristianisa l'Artois et la Flandre.
Le seigneur franc Adroald lui offrit son domaine de Sithiu, qui deviendra la ville de Saint-Omer. Là, sur la colline, Omer dédie une église à la Vierge Marie, autour de laquelle se constituera le "monastère d’en haut". Il y recrutait ses missionnaires. Devenu aveugle vers la fin de sa vie, il répondait à ceux qui l'en plaignaient : "Ne prenez point souci de mes yeux. Dieu s'en occupe et il sait mieux que moi ce qui me convient." Il mourut à Wavrans-sur-l'Aa vers 670 au cours d'une visite pastorale et fut enterré, comme il l’avait demandé, à l’abbaye Sainte-Marie de Sithiu (Saint-Omer). Fêté le 9 septembre.
Saint Bertin, saint Mommelin et saint Ebertramme, eux aussi moines de Luxeuil, vinrent se mettre au service de saint Omer, pour travailler à la conversion des Morins et fonder, un peu plus bas sur le domaine de Sithiu, une autre abbaye, d’abord dédiée à saint Pierre ; c’est le "monastère d’en bas". Pendant près de quarante ans, saint Bertin présida aux destinées de l'abbaye qui prit par la suite le nom de Saint-Bertin. L’abbaye Saint-Bertin a pour devise "Deum solum sequor – Suivre Dieu seul". Saint Bertin mourut un 5 septembre, vers 698. Au IXe siècle, à l’église Sainte-Marie, les moines sont remplacés par des chanoines.
Saint Winnoc était venu se placer sous la direction spirituelle de saint Bertin, abbé de Sithiu (Saint-Omer) avec ses compatriotes bretons saint Ingenoc, saint Madoc et saint Quadranoc. A leur intention, saint Bertin fonda une abbaye non loin de Sithiu, à Wormhoudt (59470). Winoc fut abbé de son monastére où il décéda en 717. Auparavant Saint Bertin l'avait envoyé pour évangéliser la région sur le Groenberg, colline de 22 mètres, qui par la suite deviendra la ville de Bergues. L'on a conté bien des miracles dans la vie de saint Winnoc. Quand il fut âgé et n'ayant plus de forces, il fut aidé par les anges pour tourner la meule du moulin de son monastère. Pour cette raison, il est devenu en Bretagne le protecteur des meuniers. Fêté le 6 novembre.
Au VIIe siècle :
- Saint Wulmer né dans la région de Boulogne-sur-Mer, il devint moine à l’abbaye de Hautmont en Hainaut. Il fonda l’abbaye de Samer pour les hommes, et celle de Wierre-au-Bois, pour les femmes. Il mourut vers 700. Fêté le 20 juillet.
- Saint Vulgan, anglais de naissance, envoyé en Gaule, il accosta dans la région de Wissant et évangélisa les environs de Boulogne et de Thérouanne. Il se serait ensuite fait ermite près de l'abbaye Saint Waast d'Arras. Fêté le 2 novembre.
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Saint Aubert fut évêque d'Arras et de Cambrai de 633, date probable de sa consécration épiscopale, à 669. On lui attribue la fondation de l'abbaye de Saint-Vaast d'Arras. Il fut en relations avec saint Landelin, sainte Waudru, sainte Aldegonde et saint Ghislain. Saint Aubert est ordinairement représenté en Belgique, ayant près de lui un âne, chargé de deux paniers remplis de pain, et portant à son cou une bourse destinée à recevoir le prix de la livraison. Cela pourrait expliquer qu'il soit le patron des boulangers. Fêté le 12 décembre.
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Sainte Austreberthe, née à Marconne près d'Hesdin, reçut le voile des vierges des mains de saint Omer. Moniale de l'abbaye de Port-le-Grand, en Ponthieu, elle fut choisie comme abbesse du monastère de Pavilly, près de Rouen. Son souci d'une stricte observance lui valut beaucoup d'oppositions dans l'exercice de sa charge. Elle mourut le 10 février 704. Ses restes furent transportés à Montreuil, où un monastère prit son nom. Fêtée le 9 février.
Sainte Berthe naquit dans la région de Thérouanne. Après la mort de son mari, elle se consacra à Dieu et se retira avec deux de ses filles, Gertrude et Déotile à Blangy-sur-Ternoise où elle fonda un monastère dédié à la Vierge Marie. Elle y vécut en recluse dans la prière et la contemplation. Elle mourut le 4 juillet 725. Fêtée le 4 juillet.
1553 : en représailles Charles Quint détruit Thérouanne.
1559 : Saint-Omer remplace Thérouanne comme siège épiscopal de la Morinie ; c’est l’Abbé de Saint-Bertin, Gérard d'Haméricourt qui, en 1562, est choisi comme premier évêque de Saint-Omer. L’église Sainte-Marie devient alors cathédrale.
1785 : démolition de la chapelle abritant la statue de Notre-Dame des Miracles ; celle-ci est alors solennellement installée dans la cathédrale.
15 août 1791 : 55 moines, dont le Grand Prieur, protestent de vouloir mourir enfants de saint Benoît ; s’ensuivent une brutale dispersion et des démolitions, qui ne cessèrent qu’après 1830.
WISQUES AVANT LES MONIALES ET LES MOINES
Wisques fait partie des dépendances de la villa de Sithiu, donnée à saint Omer par Adroald. Son nom latin "Wiciaco" se lit dans une charte de la première moitié du VIIe siècle.
XIIe-XIVe siècles : Seigneurs de Wisques. La descendance mâle s’éteint au XIVe siècle. Construction de la tour Saint-Antoine et de la tour Saint-Bertin au XIIIe siècle, de la tour Saint-Michel au XIVe siècle.
Depuis 1325 environ, jusqu’au début du XVIIIe siècle (ou à la fin du XVIIe) : la famille de Sainte-Aldegonde réside à Wisques. Elle connaît son apogée au XVIe siècle, sous la monarchie espagnole. Le grand homme de la famille est Philippe Noircarmes, qui joue un rôle important dans le gouvernement des Pays-Bas ; il meurt le 5 mars 1574, à Utrecht.
Le donjon est construit vers 1490.
Dans la première moitié du XVIe siècle est rattachée au domaine une petite terre où se trouve "L'Ermitage" (de style gothique), situé à la sortie de Wisques, sur la route d’Hallines, près d’une fontaine ; sa chapelle est dédiée à "Jésus flagellé".
1715 : le château et la terre de Wisques passent à la famille de Pan.
Vers la fin du XVIIIe siècle le fils de l’acquéreur restaure le donjon, surélève le bâtiment central et le flanque de deux ailes perpendiculaires.
1770 : construction du Petit Château, doté en 1790 d’une chapelle.
Philippe Max Leroux (né en 1742), vicaire à Longuenesse, dernier desservant de l'Ermitage, réfugié à Ypres, est arrêté dans la nuit du 25 au 26 juin 1794. Conduit à Arras, il y est jugé et guillotiné avec quinze autres victimes le 30 juin, laissant une réputation de martyr pour la foi.
1832 : le château de Wisques passe à Cauvet de Banchonval, de triste mémoire. Après sa mort en 1878, le domaine passe à la famille Desclée de Tournai, en Belgique.