Quelques notes explicatives...
Le vocabulaire relatif à la vie monastique n’est pas familier à tout le monde ! Vous trouverez ci-dessous quelques définitions et explications des mots d’usage courant dans un monastère.
Abbaye. L’abbaye, ou le monastère, est le lieu où vivent l’Abbé et sa communauté. Elle est constituée de plusieurs bâtiments dont l’église, le cloître, le chapître, le réfectoire… et est entourée d’une clôture.
Abbé. Comme son nom l'indique (qui vient de l'araméen abba, père), le Père Abbé est le père de la famille monastique. Élu par les membres du chapitre, il représente parmi nous le Christ, le Bon Pasteur qui conduit ses brebis, par son exemple et son enseignement. Il a la charge de gouverner le monastère au plan spirituel et au plan matériel, ce qu'il fait en s'appuyant sur ses conseillers. Saint Benoît lui consacre surtout deux chapitres dans sa Règle : le 2e et le 64e.
Dom Augustin Savaton
2e Abbé de Saint-Paul de Wisques
1928 à 1960
Angelus. Prière récitée trois fois par jour – matin, midi et soir – qui fait mémoire de l’incarnation du Verbe de Dieu dans le sein de la Vierge Marie suite à l’annonce de l’ange – en latin angelus – Gabriel envoyé d’auprès de Dieu. Cette prière est traditionnellement accompagnée par les cloches.
Bénédictin, bénédictine. Moine, moniale, vivant selon la Règle de saint Benoît († 547).
Cellérier. Moine qui est chargé par le Père Abbé de veiller à tout le temporel (les biens matériels) du monastère. Saint Benoît lui consacre tout un chapitre dans sa Règle (31e). Sa charge délicate permet aux autres moines d'être plus disponibles pour la prière.
Cellule. Petite chambre où le moine étudie, médite, prie et dort.
Chapitre. Le chapitre est le lieu où la communauté se rassemble chaque jour pour recevoir des enseignements spirituels ou diverses informations venant de l’Abbé. Son nom vient de la tradition encore en vigueur dans certains monastères qui consiste à y lire un chapitre de la Règle, qui peut être commenté ensuite par l’Abbé.
Chœur. Partie de l'église réservée aux moines. Elle se situe entre la nef, où sont rassemblés les fidèles, et le sanctuaire, où se trouve l'autel. Le chœur est aussi l'ensemble vocal de la communauté rassemblée pour la prière.
Le chœur de Saint-Paul de Wisques
Cistercien, cistercienne. Moine, moniale, appartenant à l’Ordre de Cîteaux ; Cîteaux étant une abbaye fondée en 1098 par un groupe de moines bénédictins de Molesmes en Bourgogne.
Cloître. Cour carrée située au cœur du monastère et entourée d’une galerie qui relie l’église, la sacristie, le chapitre, le réfectoire...
Le cloître de Saint-Paul de Wisques
Communauté monastique. Ensemble des moines ou des moniales qui vivent en commun.
Complies. Dernier office du jour, qui complète la journée, au cours duquel chacun se remet avec confiance entre les mains de Dieu pour la nuit. Cet office s'achève par une prière filiale à la Très Sainte Vierge Marie, puis le Père Abbé bénit chacun de ses fils avant d'aller dormir, ainsi que les fidèles présents.
Clôture. Enceinte qui marque les limites de la propriété de l’abbaye et réserve cet espace à la communauté.
Confédération bénédictine. Union de tous les monastères bénédictins autonomes. Formée en 1893 par le pape Léon XIII, elle a à sa tête l'Abbé-Primat, qui réside à l'abbaye Saint-Anselme à Rome. La Confédération compte actuellement dix-neuf congrégations bénédictines. Consultez l'atlas des monastères de la confédération bénédictine.
Congrégation. Terme qui peut désigner la communauté, mais que nous réservons plutôt aujourd'hui pour parler de l'ensemble des monastères qui font partie de la famille de Solesmes, et dont le Père Abbé de Solesmes est le président, ou les autres regroupements de monastères. Une congrégation monastique rassemble différentes maisons de moines, et éventuellement de moniales, qui vivent d'un même charisme, et suivent la même observance.
Carte des monastères de la Congrégation de Solesmes
Coule. Ample vêtement noir à longues manches en forme de croix, que le moine reçoit lors de sa profession solennelle et qu'il porte pour tous les grands offices. C'est l'habit traditionnel des moines, le scapulaire n'étant autrefois porté que pour le travail manuel.
Diacre. (du grec diakonos : serviteur) Personne masculine ayant reçu le premier degré du Sacrement de l’Ordre et à qui revient de proclamer l’Évangile, d’assister l’évêque et les prêtres dans la célébration de l’Eucharistie, et de rendre divers services de charité, notamment aux pauvres et aux malades.
Diocèse. Peuple chrétien confié à un évêque. Par extension, le territoire correspondant. Le diocèse porte en général le nom de la ville où réside l’évêque et où se trouve la cathédrale.
Ermitage. Habitation à l’écart du monde où vit un ermite.
Ermite. Solitaire se livrant à la prière, à la méditation, au travail manuel et intellectuel, et à la pénitence.
Évangile. Le mot évangile vient du grec euangelion qui signifie bonne nouvelle. Pour les chrétiens, la Bonne Nouvelle, c'est l'annonce de l'amour de Dieu pour les hommes, qui s'est manifesté en Jésus-Christ. Par extension, on appelle évangiles les quatre livres où sont consignés les événements de la vie de Jésus et les paroles qu'il a prononcées. Un extrait de l'un de ces quatre livres est lu lors de la célébration de la messe.
Évêque. Successeur des apôtres, possédant la plénitude du Sacrement de l’Ordre. A ce titre, il est docteur de la foi, chargé de l’enseigner et de la transmettre avec fidélité. Il exerce ses fonctions spirituelles au sein d’une circonscription appelée diocèse. Il y réside dans la ville où se trouve sa cathédrale ; cette ville et sa demeure épiscopale sont appelé évêché. Il est chargé d’enseigner, de sanctifier et de gouverner tous les fidèles de son diocèse en coopération avec des prêtres et des diacres.
Hôtellerie monastique. C'est le bâtiment du monastère réservé au logement des hôtes (hommes) qui veulent venir partager la vie de prière des moines pendant quelques jours et vivre un temps de retraite par rapport à leurs activités habituelles. Saint Benoît en parle au chapitre 53e de sa règle.
Hôtellerie monastique de Saint-Paul de Wisques
Hôtelier. C'est le moine qui est chargé d'accueillir les hôtes du monastère au nom de l'abbé et de toute la communauté. Saint Benoît demande que cette charge soit confiée à un frère dont l'âme est remplie de la crainte de Dieu (Règle 53, 21). C'est lui qui veille à ce que rien ne manque aux hôtes et qui les présente au Père Abbé lors de leur première entrée au réfectoire.
Laudes. Office du matin qui se récite au lever du jour. Il tire son nom des laudes (en latin), les trois derniers psaumes du psautier (Ps 148 ; 149 ; 150) qui invitent toute la création à louer Dieu, c'est donc l'office de la louange par excellence. Y est célébrée quotidiennement la victoire de la lumière sur les ténèbres, image de la victoire du Christ sur la mort par sa résurrection.
Lectio divina. Littéralement “lecture divine”, la lectio divina est une lecture priante des saintes Écritures que les moines pratiquent tous les matins et qui nourrit notre prière tout au long de la journée. Cette lecture est avant tout une écoute attentive et aimante de ce que Dieu nous dit aujourd'hui dans sa Parole révélée (la Bible), complétée éventuellement de commentaires que la tradition vivante de l'Église a fait parvenir jusqu'à nous.
Liturgie. "L'oeuvre propre et distinctive du bénédictin, son lot, sa mission, c'est la liturgie. C'est à elle que se réfère tous les autres travaux monastiques, c'est elle qui détermine tout notre horaire, elle réclame presque toutes les heures de notre journée et les meilleures" (Dom Delatte, 3e Abbé de Solesmes).
Matines (ou vigiles). Office de la fin de la nuit dans la règle bénédictine, il correspond à un aspect essentiel de notre vocation de veilleurs. En effet, cette prière matinale est une réponse à l'appel du Seigneur de veiller, pour ne pas être surpris par son retour. Récité recto tono, cet office commence tous les jours par le psaume 94e qui invite les fidèles à venir adorer Dieu. Outre le chant de psaumes, cet office comprend d’assez longues lectures de la Bible, des Pères de l’Église, d’écrivains ecclésiastiques et du Magistère de l’Église.
Maître des novices ou Père Maître. Moine chargé par le Père Abbé de l’accueil des postulants et de la formation des novices. Saint Benoît demande qu’il vérifie si le candidat à la vie monastique désire vraiment chercher Dieu. Il guide les premiers pas des novices dans la vie spirituelle au monastère et les prépare à prononcer leurs vœux, en les initiant notamment à la Règle de vie (celle de saint Benoît pour les Bénédictins).
Messe lue. Messe que chaque moine prêtre de la communauté (mis à part le célébrant qui chante la messe conventuelle) célèbre à voix basse au lever du jour (à la fin de l'office des Laudes, vers 6h45). Accessibles aux fidèles, ces messes matinales sont un moment d'intense piété eucharistique. Bien des âmes en ont été profondément saisies voire converties ! Chacun peut venir faire l'expérience de la plénitude qui émanent de ces messes.
Messe conventuelle. Messe chantée au milieu de la matinée (10h00), qui unit la communauté autour du sacrifice du Christ, elle est ordinairement précédée de l'office de Tierce. C'est le centre et le sommet de notre journée, aussi un soin particulier est apporté à son bon déroulement dans la paix et la beauté, notamment par le chant grégorien.
Moine, moniale. Homme, femme menant la vie monastique. On distingue le moine/la moniale cénobite – c’est-à-dire qui vit en communauté – du moine ou de la moniale ermite qui vit seul(e). Chacun, selon sa vocation propre, cherche uniquement Dieu et tend ainsi à réaliser son unité intérieure et la communion avec les autres ; d’où ces noms de “moine” et “moniale” venant du grec monos, “un”.
Moine convers. Le terme "convers" vient du latin "conversus" qui signifie "converti". À partir du XIe s, on appelle "convers" le religieux qui vit la vie monastique sans être chargé de l'intégralité de l'office divin. Sa vie est caractérisée par le service : gardien de l'office divin en assurant de nombreuses tâches indispensables à la marche du monastère, il mène une vie cachée cherchant Dieu dans la simplicité et l'humilité.
Moine de chœur. C'est le moine qui est consacré en vue de la prière liturgique ; c'est là sa mission. Par sa profession monastique, le moine appartient totalement à Dieu, il prête son cœur et ses lèvres à la Sainte Église qui y dépose sa prière liturgique. Le moine se rend à l'église sept fois le jour et une fois la nuit pour la récitation des psaumes, pour chanter les louanges de Dieu, pour l'adorer, le glorifier et lui rendre grâces. "Le chœur" est le lieu de l'église où se trouvent les moines pendant les offices.
Monastère. (Prieuré, Abbaye) Nom générique pour désigner une maison de moines ou de moniales. On parle de prieuré pour les monastères ayant un prieur à leur tête, et d’abbaye quand c’est un abbé.
Monastère ou Abbaye Saint-Paul de Wisques
None. Office de la neuvième heure du jour selon la manière de compter les heures des anciens, qui correspond au milieu de l'après-midi. Nous récitons cet office après la récréation communautaire.
Novice. Nouveau venu dans un monastère que le Maître des novices initie à la vie monastique tout en discernant avec lui si sa présence dans la communauté correspond à la volonté de Dieu. Au chapitre 58e de sa Règle, Saint Benoît souligne que l’on devra être attentif si le novice cherche vraiment Dieu, s'il est assidu à la prière et à l’office divin, et prompt à l’obéissance. Dans la congrégation de Solesmes, la période du noviciat dure entre un an et un an et demi.
Noviciat. Au sens strict, ce mot désigne l'année de formation qui précède immédiatement les premiers vœux, au cours de laquelle le futur profès éprouve sa vocation et approfondit sa relation personnelle avec Dieu. Ce mot désigne aussi le lieu où nos frères novices suivent leur formation et ont leurs cellules : nous y vivons en général cinq années de notre entrée au monastère jusqu'à ce que nous rejoignions la communauté.
Observance. Terme qui désigne la manière de pratiquer (d'observer au sens latin du mot) la Règle de saint Benoît dans une communauté. L'observance varie d'une famille monastique à l'autre.
Opus Dei - Œuvre de Dieu ou Office divin ou Liturgie des Heures. Expression que Saint Benoît emploie pour désigner les célébrations liturgiques de la communauté en dehors de la Messe. Elle désigne de manière spécifique les temps de prière commune à l'église au long de la journée, qui forment comme une couronne autour de la Messe, et par lesquels la communauté se rassemble pour louer Dieu et intercéder auprès de Lui en faveur de tous les hommes. L’Œuvre de Dieu comprend les Matines, les Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, les Vêpres et les Complies.
Oraison. Prière personnelle qui s’appuie sur la Parole de Dieu méditée dans la lectio divina, écoutée et célébrée dans l’Œuvre de Dieu, et par laquelle celui qui prie tend à s’unir toujours plus à Dieu sous l’action de l’Esprit Saint.
Petites Heures. Temps de prière commune d’environ un quart d’heure qui comprennent les offices de Prime (première heure), Tierce (troisième heure : neuf heures), Sexte (sixième heure : midi) et None (neuvième heure : quinze heures), ainsi nommés d’après la façon de mesurer le temps dans l’antiquité qui faisait commencer la journée à six heures.
Portier. Moine chargé de tenir la porterie et le magasin qui s'y trouve. Il reçoit en outre toutes les communications téléphoniques qui arrivent au monastère et se charge d'appeler un moine prêtre pour les personnes qui désirent se confesser. Saint Benoît demande au portier d'avoir toujours une bonne parole à donner à tous ceux qui se présentent au monastère.
Postulant. Candidat à la vie monastique qui demande à devenir novice. Dans la congrégation de Solesmes, la période de postulat s’effectue au monastère, elle dure au moins six mois et ne dépasse pas deux ans ; après quoi, l’Abbé peut, avec l’avis de son conseil, admettre le candidat au noviciat.
Profession (vœux). Acte public par lequel le moine s'engage dans la vie monastique, d'abord pour trois ans (profession simple), puis définitivement (profession solennelle). Cet acte consiste en l'émission, au cours de la Messe, des trois vœux de stabilité, de conversion des mœurs (qui comprend la chasteté et la pauvreté), et d'obéissance, fixant ainsi le moine dans la recherche de Dieu.
Profès simple ou profès temporaire ou jeune profès. Moine ayant prononcé des vœux de chasteté, de pauvreté, d’obéissance et de stabilité pour une période de trois ans après un temps de probation – environ trois ans – au noviciat de l’abbaye.
Profès solennel. Moine ayant prononcé des vœux de chasteté, de pauvreté, d’obéissance et de stabilité jusqu’à la mort. La profession solennelle intervient après au moins six ans de vie monastique.
Règle de Saint Benoît. Écrite au VIe s, la Règle de Saint Benoît se compose d’un prologue et de 73 chapitres qui organisent tant la vie liturgique et spirituelle que la vie matérielle du monastère. Bossuet disait d’elle qu’elle est « un précis du christianisme, un docte et mystérieux abrégé de la doctrine de l’Évangile ».
Prologue de la Sainte Règle : " Écoute ô mon fils..."
Sexte. Office de la sixième heure du jour selon la manière de compter les heures des anciens, qui correspond au milieu de la journée. La communauté se rend ensuite au réfectoire pour le déjeuner.
Scriptorium. Du latin scribere, “écrire”, ce terme désignait au Moyen Âge l’endroit où certains moines reproduisaient par écrit des manuscrits bibliques ou autres. De nos jours, il fait référence, notamment dans les monastères cisterciens, à la salle où les moines/les moniales font leur lectio divina en commun.
Tierce. Office de la troisième heure du jour selon la manière de compter les heures des anciens, qui correspond au milieu de la matinée. Cet office est récité ordinairement au début de la Messe conventuelle, ce qui manifeste l'harmonie qui unit le cycle de l'office et le sacrifice eucharistique.
Vêpres. Prière du soir – vesper en latin – qui fait pendant à la prière du matin, les Laudes.
Vêture. Cérémonie au cours de laquelle le Père Abbé donne l'habit monastique à un postulant après lui avoir lavé les pieds en signe d'accueil. À partir de ce moment, le postulant est appelé frère : si l'habit ne fait pas le moine, il y contribue !
Vigile. Au singulier, une vigile désigne le jour précédant une grande fête liturgique.
Vœux. Promesses temporaires ou à vie faites par un moine au cours d’une cérémonie publique à l’église. L’on distingue le vœu de chasteté (renoncement au mariage pour se donner corps et âme à Dieu), le vœu de pauvreté (renoncement à tout bien personnel pour manifester à quel point Dieu, comme Bien Suprême, est seul capable de combler le cœur humain), le vœu d’obéissance (renoncement à sa volonté propre pour adhérer à la volonté divine, source de la vraie liberté, médiatisée par le Supérieur), le vœu de stabilité (engagement à demeurer dans une même communauté ou dans une même congrégation pour signifier le mystère de l’Église comme communion des hommes avec Dieu et entre eux).