Eglise d'Arras 05/2009
Dossier de témoignages, Eglise d’Arras n° 10
Temps de célébration avec Mgr Jaeger De nombreuses années, Mme Colette Vieillard a été responsable du Service diocésain des animateurs en pastorale. A ce titre elle recevait les différentes personnes sollicitées par les mouvements services ou paroisses avant leur embauche par l’Association diocésaine. Elle était aussi chargée d’accompagner leur réflexion et veiller à leur formation au cours de leur temps pour animateurs laïcs. Nous lui avons demandé ce qui lui tenait particulièrement à cœur pour ce service accompli. Qu’elle en soit remerciée.
Témoignage de Colette Vieillard, responsable du service
Un accompagnement humain et spirituel
Un animateur laïc en pastorale est un homme ou une femme de terrain. Quand l'Église va au devant de ceux qui sont en recherche, de ceux qui doutent ou de ceux qui veulent vivre leur foi, les animateurs sont souvent en première ligne. L'animateur exerce un service d’Église au titre de son baptême car le sacerdoce commun ou baptismal des Chrétiens, en tant que participation réelle au sacerdoce du Christ, constitue une propriété essentielle du Peuple de Dieu.
Les animateurs sont témoins d'un paradoxe. Alors que l'on entend partout que l'Église ou la foi sont en perte de vitesse dans notre société sécularisée, les demandes ne semblent pas baisser. La tâche des animateurs laïcs en pastorale ne se dégonfle pas. Pour éviter qu'elle ne s'alourdisse, il faut faire des choix. Une tendance naturelle consiste à négliger ce qui semble moins important. Le volet spirituel de la fonction d'animateur, peut apparaitre superflu, de l'ordre du plaisir personnel.
Est-ce que la fonction d'animateur en pastorale peut faire l'économie d'un enracinement spirituel ? Colette Vieillard, se dresse avec conviction contre cette idée. Selon elle, la dimension spirituelle de la fonction d'animateur est la plus importante. C'est une priorité. « Pourquoi je cours, pourquoi je fais tant d'heures, qu'est-ce qui me motive ? C'est tout simplement le spirituel » affirme-t-elle. Il est important que les ALP soient accompagnés pas seulement dans leur travail, mais aussi dans leur personne : ce qu'ils sont, qui ils sont, etc.
Se tourner vers l’essentiel
Ce combat de la reconnaissance de l'enrichissement spirituel, Colette le mène depuis plus de vingt ans. Elle a tant œuvré dans ce sens que la formation spirituelle est maintenant prise en compte pendant le temps de travail. Dans les lettres de mission délivrées aux ALP, une petite phrase riche de sens est apparue : veiller à son ressourcement personnel. Dans le Guide pratique pour les ALP, délivré à chaque animateur, le dernier chapitre est intitulé : Équilibre de vie.
Les diocèses d'Arras et de Lille sont considérés comme précurseurs dans le domaine.
Bien malgré elle, Colette a récolté les fruits de cet accompagnement spirituel quand la maladie s'est invitée dans son foyer. Elle a fait sienne la phrase du Christ : N'aies pas peur. Sa formation professionnelle lui a apporté une force qui sert aussi sa vie privée. Colette souhaite cette grâce à tous les animateurs.
Ce qui est le plus douloureux à entendre, ce sont les souffrances des lycéens. Face au monde des adolescents, un animateur laïc en pastorale a besoin d’outils. La formation spirituelle en est un. Elle permet à l’animateur d’acquérir une capacité d’écoute, et si l’occasion se présente, de devenir accompagnateur spirituel.
Vie spirituelle et mission
Le diocèse de Lille a mis en route un cycle de ressourcement appelé Vie spirituelle et mission. Vie spirituelle et mission a été mise en route par des sœurs auxiliatrices et des jésuites. Ils font prendre conscience que vie spirituelle et mission sont liées. Ce sont des formations, dix retraites sur deux ans. Ils se déplacent dans les diocèses qui le souhaitent. À la lumière de l’Évangile, ils nous apprennent à prier, à prier avec la parole de Dieu. Colette se souvient d’une animatrice qui avait l’air de s’ennuyer à Vie et Mission : Qu’est-ce que je fais dans cette galère. Je suis incapable de prier, de me retrouver seule face à Dieu… Vie et mission lui a appris à se poser devant Dieu. Elle lui a apporté une capacité d’écoute accrue. Elle lui a appris à prendre du recul face à une situation difficile. Les formations Vie et Mission son proposées à tout le monde. Les formateurs eux-mêmes sont étonnés de la qualité d’écoute entres les animateurs qui vient de milieux très différents : enseignement catholique, mission ouvrière, etc.
« Dans la fonction qui est la mienne, l’accompagnement de la personne est très important, explique Colette. Autrefois, j’étais toujours appelée pour éteindre le feu. Depuis Vie spirituelle et mission, c’est fini Les animateurs ne m’appellent plus de la même façon. »
Sept équipes de huit à dix animateurs ont déjà vécu les enrichissements de Vie spirituelle et mission. Ces sessions de ressourcement se passaient à Condette. Les deux prochaines sessions se dérouleront à Arras.
Journée des nouveaux animateurs laïcs en pastorale
Journée des nouveaux animateurs17 mars. Le matin, après le temps de prière animé par des animatrices au service de l’ACE, nous avons fait connaissance des uns et des autres de manière originale : en effet, il nous a été demandé de ramener un objet et à l’aide de celui-ci , nous nous sommes présentés : Certains avaient ramené leur agenda, d’autres des graines, d’autres encore leur portable... et tout cela en 2 minutes chrono... par personne.
Colette nous a ensuite présenté le livret « Guide pratique pour les animateurs laïcs en pastorale du diocèse d’Arras », livret de chevet de chaque ALP.
La parole fut donnée au Père Evêque qui a remis en mémoire les orientations diocésaines, nous a rappelé que tout baptisé se doit d’exercer une responsabilité dans l’Eglise que les ALP ont une mission plus structurante et déterminée au sein de celle-ci, sans oublier le rôle essentiel du ministère ordonné.
Il a précisé le rôle des ALP : accueillir, fonder, réguler, écouter, témoigner de Jésus Christ ressuscité, former, organiser, accompagner, discerner, être aux avant-postes... ce qui demande aux ALP d’être compétents, formés, être membre à part entière de notre Eglise catholique, de vivre de l’eucharistie et de penser à se ressourcer spirituellement.
Puis, en toute simplicité, chacun a pu poser ses questions :
- Que faire suite au départ d’un ALP ?
- Insertion des prêtres étrangers
- Mission des ALP en école catholique pas toujours simple. Lien école-doyenné-paroisse ?
- Communication difficile par rapport aux médias
- Comment ne pas être dévoré dans notre organisation interne ?
- Etc...
Monseigneur Jaeger a répondu à chacun en rappelant que les ALP doivent repérer les personnes susceptibles de continuer la mission, aller vers, ne pas rester cloisonner, faire des passerelles,
de ne pas oublier la « base », de favoriser la proximité, de montrer qu’il peut y avoir débat au sein de l’Eglise mais que nous devons donner une image belle de notre Eglise, de varier nos propositions auprès des jeunes...
Ce temps a été perçu comme des plus enrichissants parmi les personnes présentes et pourquoi pas le réitérer dans les prochaines années ?
L’ après-midi a été consacré à la visite de la maison diocésaine, la présentation de l’AGAPA et du comité d’entreprise.
Pour le Service diocésain des animateurs en pastorale
Arras, le 22 avril 2009
Un ministère laïc de la présence. Damien Godin
Parmi les animateurs laïcs, Damien a une fonction très particulière. Il entre dans le cadre prévu par le Canon 517-2. (l'Evêque confie à un baptisé laïc une participation à l'exercice de la charge pastorale d'une paroisse, sous la responsabilité d'un prêtre modérateur). Il n’est pas spécialisé dans une pastorale spécifique. Il est animateur laïc territorial.
Dans un quartier démuni, fortement sécularisé par son passé minier, les animateurs laïcs essaient de garder une présence d’Église qui s’adapte au contexte du lieu. « Nous faisons des propositions pastorales qui sont attentives à cette vie. La façon de proposer le baptême en est un bon exemple. Les baptêmes sont célébrés le dimanche, lors de la messe, au milieu de la communauté paroissiale. Cela prend la forme d’une catéchèse adaptée à des familles qui ne connaissent pas bien les textes bibliques. Les textes proposés sont peu nombreux, mais ils sont choisis pour qu’ils les rejoignent. Nous faisons une célébration qui parle de leur vie. Après la célébration, ils ont beaucoup de mal à exprimer ce qu’ils ont reçu. C’est là où l’on se rend compte que la pauvreté est surtout culturelle. Ils viennent vers nous avec un sourire ou avec leurs mots maladroits. C’est à nous de saisir où ils ont été touchés. Mais il est certain que célébrer le baptême de cette façon, ça leur parle. »
Même si les mentalités évoluent, Damien doit encore pendre du temps pour expliquer que les baptêmes ne se font plus de façon individuelle ou que les funérailles sont assurées par des équipes de laïcs. « Comme il n’y a plus de prêtres facilement accessibles, je fais partie de ceux qui ont la compétence pour accueillir et aider les habitants de la paroisse, chrétiens ou non. Quand on dit que les chrétiens doivent prendre en charge l’Église, il y a, je l’espère, des endroits où c’est facile, mais j’ai l’impression que l’ex-bassin minier est plus en difficulté qu’ailleurs. » Selon Damien, les difficultés viennent de la pauvreté et surtout de l’âge des paroissiens engagés dans l’Église. Devant les conflits sociaux qui planent sur Bruay et Auchel, les jeunes chrétiens ont du mal à se manifester. Ce sont parfois des octogénaires qui prennent l’initiative de sensibiliser leurs frères chrétiens.
Au-delà des tâches administratives qui lui prennent une grande partie de son temps, Damien à clairement l’impression que sa mission première est la présence. Il sait que celui qui sonne au presbytère est heureux de voir quelqu’un qui ouvre la porte et qui prend le temps d’écouter. « être là ! C’est ma meilleure façon de résumer ma mission. J’appelle ça le ministère de la présence. Dans une Église où il y a moins de prêtres et où les diacres sont appelés à d’autres missions, il est important qu’il y ait un ministère de présence et de visibilité. »
Le vocable maintenant écarté de permanent convenait tout à fait à Damien. Dans une situation où il y a de moins en moins de prêtres et de bénévoles, la présence permanente d’un laïc dans un presbytère est une richesse. Autrefois, ce travail était assuré par les prêtres qui étaient plusieurs par presbytère. Maintenant, ça demande du temps. Cela permet d’assurer entre autre une gestion pastorale et d’être garant des choix pastoraux sur la paroisse.
J.C.
Témoignage de Denise Colson
Les ouvriers de Dieu
La mission d’une animatrice laïque n’est pas gravée dans le marbre. Elle évolue en fonction des besoins locaux ou de la formation. La première mission de Denise Colson était très vaste. Elle était PPP, permanente polyvalente de pastorale. Ses activités la conduisaient dans tout ce qui se présentait tout au long de l’année : liturgie, catéchèse, fêtes, mises en place d’équipes, etc.
Denise a le sens du contact et de l’accueil. À Isbergues, la Mission ouvrière et le Secours catholique partageaient les mêmes locaux. Les jours d’affluence au Secours catholique, les familles en difficulté trouvaient chez Denise, dans les locaux de le Mission ouvrière, un peu de réconfort en attendant de remplir leur dossier dans le bureau d’en face : une écoute, un café ou un petit gâteau. Le point-accueil Mission ouvrière était né.
La fonction de Denise a sensiblement changé, le Secours catholique d’Isbergues a déménagé, mais le Point accueil existe toujours. Denise y est restée fidèle. Elle est fidèle à la catéchèse des élèves de sixième et participe à l’accompagnement des catéchumènes du Pays de la Lys.
Actuellement, Denise est sans doute l’animatrice qui accueille le plus de monde dans le diocèse. Elle a en charge le sanctuaire d’Amettes qui reçoit quelque 15000 pélerins par an, et presque autant lors de la neuvaine. « Je rencontre surtout des enfants et des jeunes, explique Denise. Ils viennent pour un temps fort ou tout simplement pour découvrir saint Benoît-Joseph Labre. »
Les explications sur la vie du saint d’Amettes sont l’occasion pour Denise de faire de la catéchèse. « C’est incroyable de voir le nombre de personnes qui viennent à Amettes avec un besoin de catéchèse, constate Denise. Ils ont besoin de parler de leur vie. Ils ont besoin d’entendre une parole de réconfort» Denise profite de ces moments de rencontre privilégiés pour dire des paroles de foi. Elle dit que Dieu les aime et qu’il les accompagne dans la souffrance. Elle promet de prier pour eux, et suivant le cas, elle les invite à prier avec elle.
Denise a le souci de travailler avec le plus de monde possible. Elle aime aller au-devant des bénévoles. C’est sa façon de faire Église. Elle ne se connaissait pas ce talent-là. Maintenant, elle a le contact facile. Même Omer, son mari, s’y est mis. Il est maintenant son bénévole le plus fidèle.
À force d’accueillir, Denise s’est fait une idée sur ce qui rend malade la société. Les gens sont en majorité solitaires. « Les bons moments, on sait les partager, constate-telle. Mais quand on est dans la souffrance, alors que l’on a besoin d’écoute, on se retrouve tout seul. »
Selon Denise, ce qu’elle fait est tout simple, mais elle constate avec étonnement que souvent, les gens ne trouvent pas les mots pour la remercier. « Je me sens missionnaire en témoignant de Jésus qui ne veut que notre bonheur. Je fais partie des ouvriers de Dieu. »
JC
Savoir se "vendre" même dans l'église !
Témoignage de Véronique Darré
L’expression peut sembler bien peu catholique, mais elle résume une intuition dite de manière évangélique : on ne peut mettre sous le boisseau la lumière qui nous est donnée. A Calais, l’Action Catholique des Enfants vit à sa manière la proximité et apporte sa petite bougie en partenariat avec bien d’autres, une manière de vivre la proximité. Véronique témoigne.
Etre animatrice laïque en pastorale, c'est Super mais... en voyant certaines réactions, j'ai l'impression que je ne fais "rien", que l'on ne comprend pas bien ma "mission". En effet ce n'est pas toujours "visible".
Alors pensez ! quand j'ai su que l'A.C.E (du Pas de Calais et d' Arras) venait à Calais... il fallait que j'en profite ! que ce soit rapide, clair et... pas ennuyeux... D'abord, j'ai présenté la Ville, ensuite sous forme de flash avec une photo pour chaque action...
En deuxième, chic ! Une intervenante de la télévision locale : Ginette, pour une rétrospective et les projets à venir sauf surprise !...c'était moi, déguisée (genre les vamps) !
Pour finir hélas Ginette est partie, Véronique est revenue pour présenter un film sur les "Paroles d'habitants" à l'occasion de l'ANRU (Reconstruction Urbaine), démolition-reconstruction d'un quartier, celui du Beau-Marais.
Tout le monde a écouté, ri, bref a été scotché !
Le panneau rempli... Toutes ces richesses, toute cette diversité, ces rencontres, ces passerelles, enfants, jeunes, adultes, associations et structures de la Ville, les galères aussi...
Toutes ces "actions" ou petits "signes"... tout cela, ce n'est pas "rien" ! Ce n'est pas "rien"
non plus d'aller vers, d'être présent au nom de Dieu.
Quel bonheur de pouvoir le partager.
Véronique Darré